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Pour tirer un meilleur profit des fonds transférés par les Tunisiens à l’étranger

18. November 2024 um 07:40

Les transferts de fonds des Tunisiens résidant à l’étranger ont dépassé 7 milliards de dinars au cours de l’année 2023, ce qui a permis de couvrir 65% de la dette extérieure du pays. Ces fonds bénéficient essentiellement aux familles et aux ménages. Comment faire pour en faire un maillon important de l’économie nationale en en orientant une partie vers l’investissement ?

C’est pour répondre à ce genre de question que le Bureau pour l’Afrique du Nord de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le ministère tunisien de l’Économie et de la Planification ont organisé, le 13 novembre 2024 à Tunis, un atelier de lancement d’un  programme visant à «Renforcer le lien entre migration et développement en Afrique – Tunisie».

La rencontre, qui a réuni une soixantaine de représentants de divers ministères et institutions, a permis d’explorer les options disponibles pour tirer le meilleur parti de l’engagement de la diaspora.

L’atelier s’est déroulé dans le cadre du nouveau programme de la CEA pour le renforcement du lien entre migration et développement en Afrique, qui vise à fournir un appui technique aux pays africains et accroître leur capacité à intégrer la contribution des diasporas aux plans socio-économiques nationaux et sectoriels par le biais des transferts de fonds.

Les envois de fonds des migrants sont restés stables malgré les chocs récents tels que la pandémie de Covid-19 et restent une ressource vitale pour le développement, a indiqué le Coordonnateur résident des Nations Unies en Tunisie, Arnauld Péral, qui a exprimé sa gratitude vis-à-vis de la CEA et des institutions nationales pour leur collaboration sur ce projet et souligné le rôle clé du ministère de l’Économie et de la Planification dans cette initiative.

Les institutions nationales doivent coordonner efficacement leurs interventions pour tirer le meilleur parti des envois de fonds, a appelé Samia Hamouda, économiste et responsable de programme au Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord. Les envois de fonds sont une opportunité qui doit être pleinement exploitée, a-t-elle ajouté, appelant à la tenue de discussions productives pour identifier les principales priorités de la Tunisie en vue de saisir au mieux les opportunités de contribution de la diaspora au développement.

Tarek Bouhlel, directeur de la Coopération africaine au ministère tunisien de l’Économie et de la Planification, a remercié la CEA pour son soutien et sa collaboration et remarqué que le programme est à la fois opportun et efficace. Il a confirmé que le plan national de développement 2025-2030 de la Tunisie sera l’occasion d’intégrer pour la première fois la contribution des envois de fonds comme source de financement du développement en Tunisie et a appelé à la poursuite de la collaboration pour assurer son succès. M. Bouhlel a également remercié les institutions nationales pour leur participation active à l’initiative.

L’atelier a réuni des parties prenantes de nombreuses institutions nationales publiques et privées dont des ministères, des agences gouvernementales en charge des expatriés tunisiens, des organismes de planification et d’investissement, des Nations Unies, des acteurs du secteur privé, et des organisations de la société civile.

Les échanges ont permis de mieux comprendre le processus de transfert de fonds, les canaux de transmission utilisés, les défis rencontrés et les éventuelles améliorations possibles. Et de réfléchir à des stratégies nationales et les plans sectoriels nationaux pour optimiser la contribution de ces fonds au développement durable.

I. B.

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DOSSIER SPECIAL (III) – Trump et le Maghreb : entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

13. November 2024 um 07:10

La présidence de Donald Trump, marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes. Tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM 3 – Troisième incertitude : immigration et sécurité… des politiques plus restrictives

Les politiques migratoires et sécuritaires adoptées sous la présidence de Donald Trump ont marqué une volonté claire de restriction, avec un renforcement de la surveillance des frontières et un resserrement des conditions d’accès aux États-Unis pour certaines catégories de migrants.

Dans ce contexte, les pays du Maghreb se trouvent à la croisée des enjeux migratoires et sécuritaires. Avec des impacts potentiels tant pour leurs diasporas aux États-Unis que pour leur coopération en matière de sécurité.

 

  • Effets des restrictions sur l’immigration et l’impact sur les diasporas maghrébines

La présidence de Trump a introduit une série de mesures visant à limiter l’immigration aux États-Unis, avec une forte attention portée aux migrations en provenance de pays considérés comme des sources de risques potentiels pour la sécurité nationale.

Les diasporas maghrébines, constituées en majorité de communautés marocaines, algériennes et tunisiennes, pourraient faire face à des restrictions accrues pour les demandes de visas de travail, de regroupement familial ou même de visas étudiants. Ces restrictions risquent de réduire les opportunités de mobilité pour les Maghrébins. Ce qui pourrait affaiblir les liens économiques et culturels entre les diasporas et leurs pays d’origine.

Pour de nombreux Maghrébins, les États-Unis représentent une destination pour des opportunités académiques et professionnelles. Et ce, notamment dans des secteurs comme la technologie, l’ingénierie et les sciences. Cependant, des mesures restrictives pourraient freiner la participation des étudiants et des jeunes professionnels aux programmes d’échanges académiques ou de stages, réduisant ainsi le transfert de connaissances et d’expertise vers les pays du Maghreb.

La fermeture de certaines portes pourrait également limiter l’apport de fonds par les diasporas maghrébines vers leurs familles restées au pays. Ce qui aurait un effet indirect sur l’économie locale.

 

  • Effets de la priorité accordée à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme

La politique de sécurité de l’administration Trump a fait de la lutte contre le terrorisme une priorité stratégique, renforçant les pressions sur les pays partenaires, y compris ceux d’Afrique du Nord, pour intensifier leur coopération sécuritaire. Cette priorité pourrait se traduire par des demandes accrues de la part des États-Unis pour que les pays du Maghreb renforcent leurs dispositifs de sécurité intérieure. Et ce, notamment en matière de contrôle aux frontières, de partage de renseignements et de surveillance des flux migratoires.

Toutefois, malgré l’intensification de la coopération en matière de sécurité, les pays du Maghreb pourraient ne pas recevoir en retour un soutien financier ou technologique significatif. En d’autres termes, ils seraient encouragés à augmenter leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme, sans pour autant obtenir les moyens nécessaires pour renforcer leur infrastructure sécuritaire. Ce manque de soutien pourrait aggraver la pression économique et logistique sur les gouvernements du Maghreb. Surtout si ces mesures de sécurité exigent des investissements considérables.

 

  • Effets des conséquences pour les relations bilatérales et la stabilité régionale**

L’absence de soutien financier ou technologique substantiel dans le cadre de la coopération sécuritaire pourrait mettre à mal les relations bilatérales entre les États-Unis et les pays du Maghreb. Ces derniers pourraient percevoir la coopération sécuritaire comme un engagement unilatéral, dans lequel ils assument les coûts opérationnels sans bénéficier des avantages de ressources ou de formation.

À long terme, ce déséquilibre pourrait affaiblir la stabilité régionale. Car les États du Maghreb seraient contraints de détourner des ressources de projets de développement vers des programmes sécuritaires. Et ce, au détriment des investissements dans les infrastructures, la santé ou l’éducation.

Par ailleurs, une pression sécuritaire accrue pourrait exacerber la surveillance des populations locales et engendrer des tensions internes, en particulier si des politiques de contrôle et de répression sont mal perçues par les citoyens.

Dans un contexte social souvent fragile, ces mesures pourraient générer des sentiments de frustration et d’injustice, affectant la confiance envers les gouvernements locaux.

 

  • Effets des répercussions sociales et perte de capital humain

Les politiques restrictives de Trump en matière d’immigration affectent également le capital humain du Maghreb.

De nombreux talents maghrébins, qui pourraient contribuer à des secteurs clés aux États-Unis ou y acquérir des compétences avancées avant de retourner dans leurs pays d’origine, pourraient voir leurs parcours compromis.

La limitation des échanges académiques et professionnels réduit les perspectives pour les jeunes générations et affaiblit la compétitivité des pays maghrébins, en freinant l’accès aux connaissances technologiques de pointe et aux réseaux internationaux.

Dans un monde globalisé, ces restrictions se traduisent par une forme d’isolement intellectuel, qui pourrait compromettre la capacité des pays maghrébins à rester compétitifs sur le marché international.

En privant les jeunes talents d’opportunités de développement à l’étranger, les États-Unis risquent de couper un lien essentiel entre les diasporas et leurs pays d’origine. Avec des conséquences de long terme pour le développement humain de la région.

 

En définitive, les politiques migratoires et sécuritaires restrictives de l’administration Trump posent des défis majeurs pour le Maghreb.

En limitant les opportunités de mobilité pour les diasporas et en exigeant une coopération sécuritaire sans soutien financier accru, ces mesures risquent d’affaiblir les relations bilatérales, de réduire le capital humain et d’accroître les pressions internes dans les pays du Maghreb.

Dans ce contexte, les gouvernements maghrébins devront naviguer avec prudence pour équilibrer leur engagement sécuritaire avec la protection de leurs intérêts économiques et sociaux. Tout en cherchant des partenariats alternatifs pour pallier les restrictions imposées.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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