Une flottille internationale a pris la mer depuis plusieurs ports, dont la Tunisie. Selon le site officiel de la Global Sumud Flotilla, 39 navires sont actuellement en route vers Gaza. Cette mobilisation s’inscrit dans une série d’initiatives visant à briser le blocus israélien imposé depuis 2007. Les organisateurs espèrent que cette traversée attirera l’attention mondiale et permettra d’ouvrir un couloir humanitaire.
Les origines du mouvement (2008)
Le Free Gaza Movement avait lancé en 2008 les premières missions maritimes. Deux bateaux avaient alors atteint Gaza avec succès, transportant des fournitures médicales et des activistes. Cette percée symbolique a marqué le point de départ d’une mobilisation citoyenne internationale par la mer.
Le traumatisme du Mavi Marmara (2010)
Le 31 mai 2010, l’assaut du navire Mavi Marmara par l’armée israélienne fait neuf morts et 28 blessés parmi les militants. L’opération, menée en haute mer, choque l’opinion mondiale et est condamnée par de nombreux États. L’ONU juge l’intervention « excessive et déraisonnable », même si le rapport Palmer estime que le blocus reste légal. Cet épisode donne au mouvement une visibilité inédite.
Une mobilisation persistante malgré les interceptions
Depuis 2010, plusieurs flottilles ont tenté de rejoindre Gaza, souvent interceptées avant d’atteindre leur objectif. Ces initiatives sont portées par des coalitions internationales composées de médecins, artistes, parlementaires et militants. Leurs missions visent à acheminer de l’aide humanitaire et à mobiliser l’opinion publique contre le blocus.
La Flottille Soumoud (2025)
En 2025, le mouvement prend une ampleur inédite avec la Flottille Soumoud. Initialement annoncée avec plus de 60 navires et 1 000 participants, elle compte aujourd’hui 39 bateaux en route, selon les chiffres communiqués officiellement. Les départs ont eu lieu depuis la Tunisie, mais aussi l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Des personnalités comme Mandla Mandela et Adèle Haenel participent à cette mobilisation, qui se veut à la fois humanitaire et politique.
Une diplomatie populaire en mer
Au-delà des cargaisons de vivres ou de médicaments, ces flottilles représentent une forme de diplomatie citoyenne. Elles démontrent la volonté de citoyens venus de 44 pays de défendre la dignité humaine malgré des obstacles géopolitiques majeurs. En choisissant la mer, les organisateurs affirment leur engagement pour une résistance pacifique et une solidarité universelle.
Vingt navires ont pris le large depuis différents ports tunisiens, dont Sidi Bou Saïd, pour rejoindre la Flottille Sumud pour Gaza. Objectif affiché : briser le blocus israélien imposé à la bande de Gaza. À bord, des militants venus de plusieurs pays se sont embarqués pour porter un message de solidarité.
Le symbole du navire « Deir Yassin »
Parmi les bateaux engagés, l’un porte le nom de « Deir Yassin ». Ce choix rappelle le massacre éponyme et incarne la volonté des organisateurs de mettre la mémoire et l’histoire au service de la cause palestinienne.
Une mobilisation internationale
La flottille rassemble des activistes originaires de Tunisie, d’Algérie, du Royaume-Uni ou encore des États-Unis. Au total, des participants issus de 44 nationalités prennent part à l’initiative. Plusieurs figures du mouvement maghrébin de solidarité figurent également parmi les embarqués.
Nouvelle stratégie après l’échec terrestre
Cette action marque un changement de stratégie. Après l’échec de la caravane terrestre, les organisateurs ont opté pour la voie maritime. Ils espèrent que la pression internationale permettra à au moins une partie de la flottille d’atteindre Gaza.
Un message adressé aux habitants de Gaza
Dans leurs déclarations, les militants reconnaissent les retards et les difficultés rencontrés. Mais ils affirment leur détermination à poursuivre, en réaffirmant leur promesse d’espoir et leur volonté de rencontrer la population de Gaza.
Le week-end dernier, un raid aérien israélien a ciblé un rassemblement auquel participait des officiels houthis. Douze d’entre eux ont péri dont le Premier ministre, neuf ministres et deux autres responsables. Les Israéliens attaquaient jusque-là des infrastructures portuaires ou des centrales électriques mais souhaitent aujourd’hui hausser le ton contre le groupe chiite yéménite en recourant aux assassinats ciblés. L’État hébreu semble vouloir en découdre avec les Houthis comme cela a été le cas avant lui avec le Hamas et le Hezbollah et poursuit sa stratégie de démantèlement de l’Axe de la Résistance. (Ph. Navire grec coulé en mer Rouge par les Houthis).
Le Wall Street Journal (WSJ) est revenu dans une enquête sur le bombardement par l’aviation israélienne d’un rassemblement de responsables houthis quelques heures seulement après que les services de renseignement israéliens en ont eu connaissance. Il précise que l’attaque montre qu’Israël a renforcé ses renseignements sur le groupe rebelle et sa volonté de frapper tôt et fort.
L’enquête de Dov Lieber et de Saleh al-Batati indique que les services de renseignement israéliens ont capté une nuit un signal concernant un rassemblement prévu auquel allait assister des ministres du gouvernement houthi dans un quartier de Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par le mouvement. Quelques heures plus tard, des avions israéliens s’apprêtaient à frapper une salle de conférence où ces responsables étaient réunis pour assister à un discours du chef du mouvement Abdul-Malik al-Houthi. Douze responsables ont été tués dans l’attaque dont le Premier ministre houthi, Ahmad Ghaleb al-Rahwi, mais aussi, selon la radio de Tsahal, qui cite des sources sécuritaires israéliennes, le chef de cabinet du Premier ministre et les ministres de la Justice, de l’Économie et du Commerce, des Affaires étrangères, de l’Agriculture et des Relations publiques, rapporte le Jerusalem Post.
Le WSJ, proche des cercles de pouvoir à Tel Aviv,a obtenu des détails sur l’attaque auprès de deux responsables de la sécurité au courant de l’opération qui ont déclaré qu’elle s’inscrivait dans le cadre des efforts israéliens pour améliorer sa connaissance du groupe rebelle soutenu par l’Iran.
Le journal affirme que ce raid reflète la position intransigeante d’Israël et envoie un message à ses ennemis qu’il est capable de répondre à toute menace potentielle. Cette position reflète une nouvelle doctrine, abrégée en «Fafo», signifiant «trouver et chercher». «Israël a abandonné la vieille formule des représailles proportionnelles», déclare Oded Ailam, ancien responsable du Mossad.
Jusqu’aux raids de jeudi dernier, la réponse israélienne s’est concentrée sur la destruction des infrastructures. Les experts yéménites estiment que cette dernière attaque était symbolique plutôt que substantielle, soulignant que le mouvement militaire houthi, et non son gouvernement, est la principale source de pouvoir. «Le raid israélien a touché l’interface administrative et non son infrastructure profonde», a déclaré Mohammed al-Basha, fondateur du cabinet de conseil en sécurité américain Pasha Report qui ajoute: «Ce n’est pas une victoire sécuritaire exceptionnelle».
Les analystes yéménites, cependant, estiment que les dirigeants houthis seront contraints de prendre les précautions nécessaires pour éviter que les services de renseignement israéliens ne soient informés de leur localisation. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré que «ceux qui restent des dirigeants houthis fuient Sanaa» et a menacé de les cibler à l’avenir.
Le WSJ rappelle que les Houthis ont prouvé leur résilience par le passé. La campagne aérienne saoudienne de la décennie passée n’a pas réussi à stopper le groupe tandis que le mouvement a résisté aux campagnes lancées par les administrations de Joe Biden et de Donald Trump pour mettre un terme aux attaques des Houthis contre le trafic aérien depuis la guerre de Gaza. En mai, l’administration Trump a fini par sceller un cessez-le-feu avec les Houthis en échange de l’abstention de cibler les navires américains, bien qu’ils aient visé un navire en juillet, en violation de cet accord.
Pendant plusieurs mois, les dirigeants houthis ont tenté de contourner les capacités des services de renseignement israéliens en éteignant les téléphones portables, en évitant les rencontres face-à-face ainsi que l’utilisation des réseaux sociaux et en changeant de lieu, parfois chaque nuit.
Après la fin de la guerre de 12 jours menée par Israël contre l’Iran, Israël a décidé selon un responsable israélien de créer une unité spéciale consacrée aux Houthis. Cette nouvelle unité comprend 200 officiers et soldats.
Les responsables israéliens anticipent une riposte des Houthis qui ont continué à lancer des drones et des missiles balistiques sur Israël. Dimanche, ils ont tenté de cibler un navire près du détroit de Bab el-Mandeb mais ont raté leur cible.
Samedi 30 août, Mahdi al-Mashat, président du Conseil politique suprême, a déclaré: «Bien que l’ennemi perfide ait causé souffrances et pertes, nous nous engageons devant Dieu, le fier peuple yéménite et les familles des martyrs et des blessés à nous venger, et du plus profond de nos blessures, nous remporterons la victoire».
Avant les frappes contre leur gouvernement, les Houthis avaient tiré une roquette transportant des armes à sous-munitions, selon un responsable militaire israélien. Israël espère que ces frappes dissuaderont les Houthis et d’autres groupes de la région de l’attaquer. Il espère également inciter le peuple yéménite à s’opposer aux Houthis.
Les Houthis contrôlent un tiers du territoire yéménite et les deux tiers de sa population. Israël sera probablement confronté aux mêmes défis que ceux rencontrés lors des campagnes saoudo-émiraties et américaines. Les analystes israéliens affirment qu’Israël a besoin du soutien des États-Unis dans cette guerre. «Israël ne peut pas mener une guerre à long terme contre les Houthis et a besoin que les États-Unis reviennent sur le territoire et les soutiennent», affirme Oded Ailam.