Carrefour plie face au boycott et quitte le Koweït, après la Jordanie, Oman et Bahreïn
La filiale koweïtienne du géant français de la distribution a annoncé, mardi 16 septembre 2025, la cessation de ses activités au Koweït, remerciant ses clients pour leur fidélité. Ce départ s’inscrit dans une série de retraits régionaux, après la Jordanie (novembre 2024), Oman (janvier 2025) et Bahreïn (14 septembre 2025).
Le groupe Majid Al Futtaim (MAF), détenteur des droits exclusifs d’exploitation de Carrefour depuis 1995 dans douze pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, a enregistré une baisse de 11% de son chiffre d’affaires au premier semestre 2024 (2,66 milliards d’euros) et une chute de 47% de son EBITDA (63,9 millions d’euros).
Le groupe explique ce recul par « la baisse de confiance des consommateurs suite aux conflits géopolitiques dans la région ». Comme Starbucks en Malaisie, Carrefour paie les conséquences du boycott lié à une perception de complicité avec Israël.
Pour assurer la continuité de ses activités, MAF a lancé sa nouvelle enseigne HyperMax au Koweït, déjà inaugurée en Jordanie en novembre 2024 lors du retrait de Carrefour. Sur un total d’environ 390 magasins sous licence Carrefour, 56 ont été rebrandés en HyperMax en moins d’un an, soit près de 14% du parc régional.
Mercredi matin, les sites officiels de Carrefour Koweït et Bahreïn n’étaient plus accessibles, symbolisant la fin de l’ère Carrefour dans ces pays et illustrant l’impact concret du boycott sur les multinationales présentes au Moyen-Orient.
Le boycott, une arme économique et politique
Depuis octobre 2023, la guerre à Gaza a déclenché une vague de boycott contre les multinationales accusées de soutenir Israël. En Tunisie comme au Moyen-Orient, des marques telles que KFC, Coca-Cola ou Carrefour subissent la pression des consommateurs.
Les réseaux sociaux, notamment TikTok et Instagram, relaient massivement le hashtag #boycottcarrefour, qui cumule des millions de vues et témoigne de l’ampleur du mouvement. Les vidéos d’allées désertes se multiplient. En Tunisie, un magasin à La Marsa a même été le théâtre d’une manifestation appelant au boycott.
Cette pression constante affecte directement les performances commerciales : les supermarchés constatent une baisse des ventes, tandis que les restaurants de chaînes internationales voient leur fréquentation chuter. Les experts soulignent que ce boycott est devenu une forme de résistance économique et politique, durable et structurée, qui oblige les multinationales à adapter leurs stratégies dans la région.
En Tunisie, le boycott dépasse l’acte d’achat et se traduit par des manifestations dans les magasins et des campagnes sur les réseaux sociaux. L’impact sur l’image des entreprises est tel que certains points de vente envisagent des ventes ou des fermetures, illustrant la portée concrète et symbolique de ce mouvement citoyen.
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