Le film « THE VOICE OF HIND RAJAB » de Kaouther Ben Hania a marqué l’histoire du 82ᵉ Festival du film de Venise en recevant une ovation debout exceptionnelle de plus de 23 minutes, la plus longue jamais enregistrée dans ce prestigieux rendez-vous du cinéma. Porté par une distribution internationale réunissant James Wilson, Joaquin Phoenix, […]
Avec son dernier film, ‘‘The Voice of Hind Rajab’’, sur une fillette palestinienne tuée à Gaza en janvier 2024 par l’armée israélienne, la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania crée l’événement à la 82e Mostra de Venise, où son film sera projeté ce mercredi 3 septembre 2025. Samedi dernier plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la cité italienne pour exhorter le festival à prendre clairement position contre les actions d’Israël dans la bande de Gaza. Nous reproduisons ci-dessous l’article que lui a consacré aujourd’hui l’agence AFP.
Les enregistrements de l’appel de Hind Rajab aux secours avaient suscité une émotion internationale et sont au cœur du film de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, déjà remarquée avec ‘‘Les filles d’Olfa’’.
En lice pour le Lion d’or, le film va conforter la dimension politique de la 82e Mostra.
(…) Âgée de 5 ans, Hind Rajab a été retrouvée morte à l’intérieur d’une voiture criblée de balles dans la ville de Gaza, plusieurs jours après avoir passé des heures au téléphone, le 29 janvier 2024, avec le Croissant-Rouge palestinien, alors que le véhicule dans lequel elle voyageait avec des membres de sa famille avait été visé par des soldats israéliens.
La réalisatrice a raconté sur Instagram qu’elle avait entendu presque par hasard les extraits des appels à l’aide d’Hind Rajab et contacté le Croissant-Rouge.
«J’ai longuement parlé avec la mère de Hind, avec les personnes qui étaient [avec elle] à l’autre bout du fil, ceux qui ont essayé de l’aider. J’ai écouté, j’ai pleuré, j’ai écrit», a ajouté la réalisatrice, qui a obtenu le consentement de la famille.
Le film de 1H30 se déroule dans le centre d’appel du Croissant-Rouge, sous tension entre volonté de secourir la fillette et nécessité de respecter les protocoles d’urgence et ne pas mettre en danger les sauveteurs.
Kaouther Ben Hania, qui aime brouiller les frontières entre réel et fiction, utilise les véritables appels d’Hind mais fait rejouer les scènes dans le centre d’appel par des acteurs, tous Palestiniens.
‘‘The Voice of Hind Rajab’’ bénéficie déjà de soutiens de poids et compte les acteurs Brad Pitt, Joaquin Phoenix, Rooney Mara, et les réalisateurs Alfonso Cuaron, Jonathan Glazer comme producteurs exécutifs. «Ils ont vu le film et ont été impressionnés», a confirmé l’équipe de presse du film à l’AFP.
Jointe par téléphone à Gaza-ville, la mère de Hind Rajab, Wissam Hamada, espère de son côté que «ce film contribuera à arrêter cette guerre destructrice et à sauver les autres enfants de Gaza», a-t-elle déclaré à l’AFP. Après Venise mercredi, le film sera présenté aux festivals de Toronto, Londres, Saint-Sébastien et Busan. Son nom est déjà évoqué pour les Oscars.
Le Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI) a annoncé ce 27 août 2025 que la Tunisie présenterait pour la prochaine édition des Oscars, dans la catégorie du Meilleur Film International, le dernier long-métrage de Kaouther Ben Hania, La voix de Hind Rajab. Ce choix souligne l’importance croissante de la réalisatrice sur la scène internationale et témoigne de l’ambition tunisienne de briller dans la compétition mondiale.
La voix de Hind Rajab raconte le destin tragique de Hind Rajab, une fillette palestinienne de six ans, au cœur du conflit à Gaza. Hind se trouvait en voiture avec sa famille, qui tentait de fuir les bombardements. Des tirs israéliens ont d’abord coûté la vie à plusieurs membres de sa famille. Dans un ultime geste de survie, Hind et sa cousine ont réussi à contacter les secours par téléphone. Cet appel désespéré a été enregistré par le Croissant-Rouge et largement diffusé sur Internet, donnant un écho mondial à l’horreur vécue par les civils palestiniens.
Plusieurs jours plus tard, les voitures de la famille Rajab et des secouristes ont été retrouvées. Sur la voiture de la famille, 355 impacts de balles ont été relevés, témoignant de la violence extrême qui a frappé cette famille. Kaouther Ben Hania, à travers ce récit bouleversant, expose l’impact du conflit palestinien sur les vies des enfants et des familles, et offre au public international une œuvre qui donne voix à ceux que l’on entend rarement sur la scène mondiale.
Le film tunisien rejoint ainsi la compétition pour les Oscars 2026, dont la première liste restreinte de 15 films sera publiée le 16 décembre 2025, suivie de la liste finale le 22 janvier 2026. La 98ᵉ cérémonie des Oscars se tiendra à Los Angeles le 15 mars 2026.
Avec ce long-métrage, Kaouther Ben Hania confirme sa capacité à mêler exigence artistique, engagement et portée internationale, en plaçant la Tunisie au cœur de la scène cinématographique mondiale.
En 2025, le Prix du Meilleur Film International avait été attribué au Brésil pour I’m Still Here de Walter Salles, rappelant que les films combinant puissance narrative et impact universel ont toutes leurs chances dans cette compétition.
La voix de Hind Rajab s’annonce ainsi comme un événement cinématographique majeur, alliant force émotionnelle et engagement, et pourrait devenir un jalon historique du cinéma tunisien contemporain.
Un drame palestinien porté par les plus grandes voix du cinéma mondial
Brad Pitt, Joaquin Phoenix, Rooney Mara, Alfonso Cuarón et Jonathan Glazer viennent de rejoindre le projet The Voice of Hind Rajab /La voix de Hind Rajab en tant que producteurs exécutifs. Ce soutien massif de figures majeures d’Hollywood propulse le film de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, déjà deux fois nommée aux Oscars, au rang d’événement majeur de la Mostra de Venise. Plus qu’un simple geste de solidarité, il s’agit d’un engagement artistique et politique qui place le destin de la petite Hind Rajab au cœur des préoccupations du cinéma mondial.
Hind Rajab, six ans, est morte à Gaza en janvier 2024 après avoir été piégée dans une voiture bombardée, entourée des corps sans vie de ses proches. Son dernier appel au Croissant-Rouge palestinien, enregistré et diffusé sur Internet, résonne encore comme un cri d’impuissance. Kaouther Ben Hania a raconté combien ce moment avait bouleversé son propre parcours : « Puis, tout a basculé. J’ai entendu un enregistrement audio d’Hind Rajab implorant de l’aide. À ce moment-là, sa voix s’était déjà propagée sur Internet », confie-t-elle. « J’ai immédiatement ressenti un mélange d’impuissance et de tristesse immense. Une réaction physique, comme si le sol s’était effondré sous mes pieds. Je ne pouvais plus continuer comme prévu. »
Tourné dans un seul lieu, le film refuse la reconstitution spectaculaire pour se concentrer sur la peur, le silence et la solitude de l’enfant. « La voix de Hind Rajab est une histoire de perte profondément personnelle, mais elle a également une résonance plus large. Cette histoire ne concerne pas seulement Gaza. Elle témoigne d’un deuil universel. Le cinéma peut préserver la mémoire. Le cinéma peut résister à l’amnésie. Puisse la voix d’Hind Rajab être entendue. »
Quand Hollywood s’engage
La force du film a convaincu de véritables géants du cinéma international de se joindre au projet en tant que producteurs exécutifs. Brad Pitt et sa société Plan B — aux côtés de ses associés Dede Gardner et Jeremy Kleiner — figurent en tête de ce soutien inédit. Leur bannière a déjà porté des films oscarisés comme 12 Years a Slave, Moonlight ou The Tree of Life.
À leurs côtés, Joaquin Phoenix et Rooney Mara, figures hollywoodiennes connues pour leur engagement artistique et politique, apportent leur notoriété et leur conviction. Alfonso Cuarón, réalisateur oscarisé de Gravity et Roma, ajoute son aura d’auteur universellement respecté. Et enfin Jonathan Glazer, auréolé de l’Oscar du meilleur film international en 2024 pour The Zone of Interest, donne à ce projet une profondeur politique et mémorielle singulière.
Des propos qui avaient déclenché une polémique, certains le qualifiant d’antisémite. Mais une lettre ouverte signée par plus de 150 personnalités juives, dont Joaquin Phoenix, était venue défendre le cinéaste et dénoncer une attaque injuste, rappelant que l’attention devait se porter sur la tragédie en cours à Gaza. En rejoignant le projet de Kaouther Ben Hania, Jonathan Glazer poursuit sa réflexion sur la mémoire, la déshumanisation et la nécessité de témoigner.
Une production internationale
Aux côtés de ces figures majeures, d’autres personnalités influentes se sont engagées : Jemima Khan, Frank Giustra, Sabine Getty, ainsi que des producteurs de renom tels qu’Odessa Rae (Navalny), James Wilson (The Zone of Interest) et Nadim Cheikhrouha, collaborateur fidèle de Ben Hania. Le projet a également reçu l’appui de Sunnyland, Geralyn Dreyfous, Jorie Graham, Amed Khan, Rambourg, du ministère tunisien des Affaires culturelles, de Watermelon, Sawsan Asfari, 1888 Films, du Doha Film Institute et de Barc Productions.
Le casting rassemble Saja Kilani, Motaz Malhees, Clara Khoury et Amer Hlehel. Les ventes internationales sont assurées par The Party Film Sales et CAA.
Un film déjà annoncé comme marquant
Alberto Barbera, directeur de la Mostra, a d’ores et déjà présenté The Voice of Hind Rajab comme l’une des œuvres les plus puissantes de cette 82ᵉ édition. En compétition pour le Lion d’or, le film affrontera notamment Frankenstein de Guillermo del Toro, No Other Choice de Park Chan-wook et A House of Dynamite de Kathryn Bigelow.
Le parcours du film ne s’arrêtera pas à Venise : il est déjà annoncé à Toronto, Saint-Sébastien, Busan et Londres, confirmant son statut de véritable événement mondial.