Gabès malade de sa pollution : Le gouvernement répond par un pôle anticancer
Alors que Gabès suffoque toujours sous le poids de la pollution industrielle, le gouvernement tunisien tente de rassurer. Lors d’une séance plénière consacrée à la situation environnementale de la région, le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, a assuré que « la question de Gabès n’est pas seulement locale ou environnementale, mais une question nationale », rappelant qu’elle touche directement à « la santé des citoyens et à leur droit à un environnement sain ».
Le ministre a promis des « solutions pratiques » pour concilier développement économique et santé publique, évoquant le choix de « l’industrie propre » comme unique voie possible. Selon lui, il n’est plus question d’« opposer le droit au travail et le droit à la santé ». Une affirmation qui sonne comme un vœu pieux pour de nombreux habitants, lassés des promesses non tenues depuis des décennies.
Ferjani a également insisté sur la « responsabilité collective » et la « nécessité d’une coordination entre les ministères » afin d’assurer un suivi régulier de la situation environnementale et de garantir la mise en œuvre rapide des projets annoncés.
Mais au milieu de cette crise chronique de confiance et de gouvernance, une annonce a particulièrement retenu l’attention : celle de la création, d’ici deux ans, d’un pôle spécialisé dans les maladies cancéreuses à Gabès. Ce complexe médical, présenté comme une mesure phare, vise à offrir des soins intégrés aux patients de la région et à désengorger les grands hôpitaux.
Une annonce qui ne manque pas de soulever des interrogations. Car si la construction d’un centre anticancer témoigne d’une volonté de répondre à une urgence sanitaire, elle révèle surtout une réalité amère : Gabès est devenue, au fil des ans, l’un des foyers les plus exposés aux maladies chroniques liées à la pollution. Investir dans le traitement des cancers sans s’attaquer de manière radicale à leurs causes revient à panser les plaies sans fermer la blessure.
Le ministre a par ailleurs misé sur la « numérisation » pour améliorer la gestion des données médicales et le suivi des patients, évoquant le futur « hôpital numérique » du ministère. Mais sur le terrain, les habitants de Gabès attendent d’abord un air respirable, une mer non toxique et une industrie qui ne tue pas à petit feu.
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