El Gouna 2025 : Netflix s’associe au festival pour un atelier exclusif d’écriture de séries
Le Festival du film d’El Gouna (GFF) a annoncé une collaboration ambitieuse avec Netflix, leader mondial du streaming, pour organiser un atelier inédit intitulé « Ever After: Developing a Series (Et après : développer une série)». Cette initiative, prévue dans le cadre de la 8e édition du festival qui se tiendra du 16 au 24 octobre 2025, se déroulera sur trois jours, du 18 au 20 octobre, et réunira scénaristes, producteurs et réalisateurs professionnels autour d’une expérience immersive au cœur du processus d’écriture sérielle.
Cet atelier sera dirigé par Leonard Dick, scénariste et producteur canadien primé aux Emmy Awards, dont la carrière est jalonnée de séries cultes comme Lost, House, The Good Wife ou encore Truth Be Told. Originaire de Toronto, Leonard Dick a développé plusieurs projets pour des chaînes prestigieuses telles que HBO, FX ou Fox, et a accompagné Netflix dans le développement de productions internationales. Sa présence à El Gouna illustre la capacité du festival à attirer des figures influentes du secteur et à offrir aux participants un accès direct à l’expérience des plus grands showrunners.
Le concept de l’atelier est audacieux : plonger les participants dans l’énergie d’une writers’ room (salle d’auteurs) et leur confier la mission de concevoir collectivement une série dramatique d’une heure intitulée Ever After. La question fondatrice est à la fois provocante et inspirante : « Que se passe-t-il après le conte de fées, lorsque la Belle au bois dormant est réveillée par le Prince charmant ? » Au fil de trois jours, les participants apprendront à bâtir des personnages, définir un ton et des thématiques, imaginer une intrigue pilote et dessiner les grandes lignes de la première saison.
L’atelier, conduit en anglais, s’adresse à des professionnels confirmés ayant déjà travaillé sur au moins deux films ou séries diffusés. Les candidatures sont ouvertes via le site officiel du Festival du film d’El Gouna, avec une date limite fixée au 10 septembre 2025.
Amr Mansi, cofondateur et directeur exécutif du festival, a souligné l’importance de cette collaboration : « Cette collaboration entre le GFF et Netflix reflète l’engagement du Festival à encourager la créativité et à offrir une plateforme aux talents régionaux et internationaux pour interagir directement avec les leaders mondiaux de l’industrie. En proposant une telle opportunité, le Festival confirme son rôle de carrefour culturel reliant les professionnels émergents aux standards les plus élevés de la narration mondiale. »
Un partenariat porteur d’enjeux pour la région MENA
Au-delà de son caractère prestigieux, cette initiative revêt une signification particulière pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Alors que les plateformes mondiales, comme Netflix qui compte plus de 300 millions d’abonnés payants dans 190 pays, cherchent à diversifier leurs récits et à inclure davantage de voix issues de différentes cultures, le GFF s’affirme comme un catalyseur essentiel. En donnant accès aux talents arabes aux méthodes d’écriture américaines et internationales, le festival ouvre une passerelle précieuse entre la créativité locale et les standards mondiaux.
Dans un contexte où les séries arabes connaissent un essor sans précédent grâce à la diffusion numérique, cet atelier permet aux scénaristes et réalisateurs de la région de perfectionner leurs outils narratifs tout en restant ancrés dans leurs spécificités culturelles. L’objectif n’est pas seulement de reproduire des modèles venus d’ailleurs, mais de trouver les moyens d’élever des récits locaux au rang de productions capables de séduire un public global.
Des précédents déjà prometteurs : l’expérience arabe avec Netflix
Le partenariat entre Netflix et le GFF s’inscrit dans une dynamique déjà amorcée, puisque la plateforme a investi ces dernières années dans plusieurs projets arabes ayant trouvé un écho international. Parmi les plus marquants, trois séries se distinguent particulièrement.
- Ola cherche sa voie/Finding Ola : sortie en 2022, cette série égyptienne marque le retour d’un personnage culte de la télévision, Ola Abdel Sabour, interprétée par Hend Sabry, également productrice exécutive. Le récit suit Ola, quarantenaire divorcée et mère de deux enfants, qui se lance dans une quête de reconstruction et d’indépendance. La saison 2 a accueilli l’acteur tunisien Dhafer L’Abidine, renforçant encore l’écho régional de la série.
- L’amour, la vie, etc… /Love, Life & Everything in Between (2022) : cette anthologie en huit épisodes mêlant humour noir et drame a rassemblé des cinéastes arabes de renom. Pour la Tunisie, une signature se distingue : Kaouther Ben Hania, déjà célébrée à Cannes et aux Oscars, et est en voie de s’envoler encore une fois à Hollywwod. La série illustre comment des récits ancrés dans des réalités locales peuvent résonner bien au-delà de la région.
- Catalogue (Kitâlûj) : lancée en 2025, cette série comique-dramatique égyptienne signée Ayman Wattar raconte l’histoire de Youssef, veuf et père de deux enfants, qui s’appuie sur les vidéos laissées par sa défunte épouse, influenceuse, pour apprendre à élever ses enfants. Ce mélange d’humour et d’émotion a immédiatement séduit le public, propulsant la série en tête des tendances dans de nombreux pays arabes.
Ces expériences ne sont pas isolées. Netflix a déjà exploré différents horizons arabes avec Jinn et AlRawabi School for Girls en Jordanie, Paranormal en Égypte, Dollar au Liban, ou encore Crashing Eid et la série animée Masameer en Arabie saoudite. Des titres récents comme The Exchange, The Matchmaker, Alkhallat+ ou Dubai Bling prolongent cette dynamique, confirmant l’intérêt croissant de la plateforme pour des récits portés par des créateurs arabes.
Le GFF, incubateur de talents et pont vers l’international
En quelques années, le Festival du film d’El Gouna s’est imposé comme un acteur clé de l’écosystème cinématographique dans la région MENA. Par ses sélections, ses rencontres professionnelles et ses initiatives, il ne se contente pas d’être une vitrine : il agit comme un incubateur, révélant et accompagnant les talents émergents. En s’associant à Netflix et en accueillant Leonard Dick, le festival confirme cette vocation et s’ouvre davantage à l’international, tout en mettant en avant la richesse et la diversité des voix arabes.
En initiant ce partenariat, le GFF franchit une nouvelle étape : il ne s’agit plus seulement d’accueillir des films, mais d’accompagner activement la création de récits appelés à voyager bien au-delà des écrans régionaux. Pour les créateurs arabes, cette rencontre avec Netflix et Leonard Dick pourrait marquer le début d’une nouvelle ère où leurs histoires, nourries de leur culture et de leur singularité, trouvent un écho universel.
Neïla Driss
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