Me Nafaâ Laribi, avocat d’Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), a évoqué, lors d’une interview à la radio Son FM, la situation judiciaire de sa cliente, incarcérée depuis le 3 octobre 2023. Selon lui, la détention de la dirigeante politique repose sur des bases juridiques contestables.
L’avocat a indiqué qu’Abir Moussi était impliquée dans huit à neuf affaires distinctes, mais que seules trois d’entre elles justifiaient actuellement son maintien en prison. La première concerne son arrestation initiale liée à l’affaire dite du « bureau d’ordre de la présidence ». Les deux autres dossiers relèvent du décret-loi 54, portant sur des accusations de diffusion de fausses informations et de propos diffamatoires envers des institutions.
Dans l’une de ces affaires, Abir Moussi a écopé d’une peine définitive de seize mois de prison, une sanction qu’elle aurait purgée intégralement au 26 mai 2025, selon son avocat. Me Laribi estime donc qu’en l’absence d’un nouveau mandat de dépôt, sa cliente devrait être libérée depuis cette date. Il dénonce son maintien en détention malgré l’expiration de la peine.
Un second dossier, requalifié en crime par les autorités, a valu à Abir Moussi une condamnation à deux ans de prison. Cependant, le jugement ayant été contesté en appel, il n’est pas encore exécutoire. Me Laribi affirme que cette situation rend la détention illégale, en violation de l’article 4 de la loi 52 sur l’organisation pénitentiaire.
Par ailleurs, l’avocat a critiqué les transferts successifs de sa cliente entre les prisons de La Manouba, Belli (Nabeul) et Bulla Regia (Jendouba), effectués sans justification ni préavis à la famille, contrairement aux obligations légales. Il qualifie ces déplacements de décisions arbitraires.
Autre versant du problème
Les demandes de visite familiale ont également été refusées à plusieurs reprises, obligeant la défense à saisir le délégué à la protection de l’enfance pour permettre à la fille mineure d’Abir Moussi de voir sa mère.
Sur le plan médical, l’avocate aurait entamé plusieurs grèves de la faim, dont la dernière a été interrompue en août pour raisons de santé. Son avocat souligne qu’elle reste déterminée malgré l’affaiblissement de son état physique.
Sur le plan international, la défense a saisi le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, qui aurait déjà conclu à un caractère abusif de son incarcération au regard du droit international. Me Laribi en appelle aux autorités tunisiennes pour une résolution rapide et conforme à la loi.
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