Le metteur en scène, comédien et journaliste Ridha Azaïez est décédé, ce dimanche 17 novembre 2024, suite à une longue lutte contre la maladie, a annoncé le ministère des Affaires culturelles dans un communiqué.
Natif de Sahline, ville de la région du Sahel située entre Sousse et Monastir, le défunt a fait du théâtre à tous les niveaux scolaire, amateur et professionnel. Il a aussi joué dans plusieurs feuilletons et films tunisiens («La fille du potier», «Khadhra et trésor», «Dhafaier», «Le parfum de la colère», «Gamret Sidi Mahrous», «Pour les yeux de Catherine»).
Il a eu de nombreuses contributions à la scène culturelle et médiatique, notamment en étant correspondant de Shems FM dans sa région.
Amnesty International Tunisie a exprimé sa profonde préoccupation face aux peines de prison prononcées contre de nombreux influenceurs des réseaux sociaux pour des accusations liées aux valeurs morales. Et appelé les autorités à mettre fin à ce qu’elle qualifie de «campagne punitive».
Dans une note sur Facebook, Amnesty International Tunisie rappelle que les expressions qui pourraient être considérées comme offensantes ne constituent pas des infractions pénales au regard du droit international et ne doivent pas faire l’objet de poursuites pénales ni entraîner de peines de prison.
Amnesty «appelle donc les autorités tunisiennes à mettre un terme à la campagne punitive et à la répression de la liberté d’expression et de publication et met en garde contre les manœuvres visant à faire taire et limiter toutes les voix dissidentes au niveau social et culturel».
L’association souligne également «la nécessité de garantir le droit à la dissidence et à l’égalité pour tous, indépendamment de l’identité, de l’expression ou du choix de genre, et de se concentrer sur le respect des normes internationales des droits de l’homme et du droit à la liberté d’expression».
Sur la base de l’article 226 bis du code pénal tunisien, plusieurs Instagrammers et TikTokers tunisiens ont récemment été jugés et condamnés à des peines de prison allant d’un à cinq ans. Certains sont incarcérés, d’autres sont toujours à l’étranger.
L’article 226 bis prévoit que «quiconque viole publiquement les bonnes mœurs ou la moralité publique par des gestes ou des paroles ou gêne intentionnellement autrui d’une manière ou d’une autre, est puni de six mois d’emprisonnement et d’une amende de mille dinars pour atteinte à la pudeur.
«Quiconque signalera publiquement la possibilité de commettre des troubles par des écrits, des enregistrements, des messages audio ou visuels, électroniques ou optiques, sera puni des mêmes sanctions prévues à l’alinéa précédent.»
Tandis que l’article 231 du même code prévoit : «En dehors des cas prévus par la législation en vigueur, les femmes qui, par des gestes ou des paroles, s’offriront aux passants ou se prostitueront, même occasionnellement, seront punies de six mois d’emprisonnement et d’une amende de 20 à 200 dinars».
Après avoir comparu lundi dernier devant la Brigade criminelle de Ben Arous puis laissée en liberté, la journaliste Khaoula Boukrim a de nouveau été convoquée pour une confrontation avec le plaignant
Dans un post publié sur sa page Facebook, la journaliste a indiqué ce mercredi 13 novembre 2024 avoir reçu une convocation dans ce sens et qu’elle devra donc comparaître à nouveau demain devant ladite brigade dans le cadre de la confrontation.
Khaoula Boukrim a par ailleurs dénoncé « un harcèlement pour avoir simplement couvert une manifestation devant le siège du ministère de l’Intérieur… ».
L’Institut Pasteur de Tunis en partenariat avec l’Institut Pasteur de Paris et l’Institut Pasteur de Madagascar, annonce le lancement du Massive Online Open Cours (Mooc) intitulé «Sciences humaines et sociales & gestion des épidémies», en précisant que les inscriptions sont ouvertes depuis le 23 septembre 2024.
Le but de ce Mooc est de mettre à la disposition des chercheurs et des décideurs des approches permettant la mobilisation des données scientifiques en vue d’assurer que les interventions en santé soient adaptées aux contextes locaux.
Le Mooc est hébergé sur la plateforme France Université Numérique (FUN) sur le lien suivant.
Le cours est conçu par des experts du domaine des sciences humaines et sociales appliquées à la santé qui partagent leurs savoirs et expériences afin de doter les apprenants des outils méthodologiques et réflexifs dans les différentes étapes de la recherche qualitative en contexte d’épidémie.
Le cours se déroule sur treize semaines et autour des différents aspects des SHS et gestion des épidémies : “le rôle des SHS dans l’étude et le contrôle des maladies infectieuses émergentes” ; “les contributions majeures des chercheurs en SHS à la préparation et à la réponse aux épidémies”; “interdisciplinarité et spécificités de la recherche qualitative en contexte épidémique”; “la production des données qualitatives en contexte épidémique” ; “enjeux éthique de la recherche qualitative en contexte épidémique”; “renforcer l’impact de la recherche scientifique et la prise de décision éclairée en contexte épidémique”.
Chaque chapitre est composé de 4 à 6 sessions, contenant des textes et des vidéos avec des sous-titres en anglais et en français. Chaque session est suivie de deux questions à choix multiple (QCM), permettant aux apprenants de tester leur compréhension des différents modules. A la fin de chaque chapitre, un ensemble de QCM est à nouveau proposé.
Le développement du Mooc s’inscrit dans le cadre du projet Alliances SHS Afrique financé par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères et vise à améliorer la capacité de réponse des instituts de santé africains aux crises épidémiques pour une meilleure prise en compte des différentes dimensions des épidémies.
Ce cours s’adresse principalement aux étudiant·es-chercheur·euses en master et doctorat, aux chercheurs et chercheuses en SHS, ainsi qu’aux professionnel·les de santé. Il vise également les acteurs et actrices opérationnel·les chargé·es de la préparation et de la réponse aux épidémies.
Les inscriptions au MOOC sont ouvertes sur la plateforme FUN.
La journaliste Khaoula Boukrim (au centre de l’image), l’une des dernières voix de la presse libre en Tunisie, vient d’être rattrapée, elle aussi, par l’implacable radar d’un régime qui supporte de moins en moins les journalistes qui croient pouvoir encore exercer leur métier en toute indépendance et en toute neutralité.
Khaoula a en effet reçu, samedi 9 novembre 2024, une convocation pour comparaître devant la brigade criminelle de Ben Arous, banlieue sud de Tunis, demain, lundi 11 novembre, en tant que «suspecte». De quoi au juste ? Notre consœur, qui a annoncé cette nouvelle sur les réseaux sociaux, ne l’a pas précisé car elle ne le sait pas elle-même. Mais on ne tardera pas à le savoir. On imagine cependant que le «crime» dont elle serait soupçonnée est en lien avec sa profession de journaliste.
Il faut dire que malgré que tous les clignotants rouges qui ont obligé la majorité de ses collègues à rentrer dans les rangs et à éviter de publier la moindre information ou opinion qui dérangerait le pouvoir en place, Khawla Boukrim a continué à faire son travail comme le lui dictent les règles du métier, ainsi que sa conscience de femme et de citoyenne qui refuse de céder sur ses droits les plus élémentaires.
La journaliste a donc continué à informer sur la situation des droits en Tunisie et à donner la parole aux opposants et aux familles des détenus politiques, comme le lui dicte d’ailleurs la déontologie de la presse, dont l’un des principes les plus sacrés reste la neutralité, et la neutralité vis-à-vis de toutes les parties, y compris, bien entendu, celles au pouvoir.
En attendant d’en savoir plus sur les «reproches» faits à Khaoula Boukrim ou les «crimes» dont on la soupçonne, formons l’espoir qu’elle ne sera pas, à son tour, incarcérée et qu’elle n’ira pas grossir les rangs des journalistes incarcérés pour des «délits» en lien avec l’exercice de leur métier, comme Chadha Haj Mbarek, Mohamed Boughalleb, Mourad Zeghidi, Borhen Bsaies ou autres Sonia Dahmani.
Rappelons que Khaoula Boukrim avait reçu en 2021 le Prix Lina Ben Mhenni de la liberté d’expression, décerné par la Délégation de l’Union européenne en Tunisie, pour un article intitulé : «La loi sur les drogues: un sort obscur pour les jeunes dans les prisons, et le remède est inexistant.»
Dans un communiqué publié jeudi 7 novembre 2024, une Ong tunisienne basée en France dénonce le sort réservé aux deux journalistes Mohamed Boughaleb et Chadha Haj Mbarek, incarcérés depuis plusieurs mois dans des conditions très difficiles et souffrants de plusieurs maladies.
Le Comité pour le respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) «dénonce le meurtre à petit feu» des deux journalistes, tient l’État pour responsable des nombreuses maladies dont ils souffrent, et condamne la situation de Chadha Haj Mbarek «qui mène une grève de la faim pour obtenir l’exercice d’un droit fondamental : consulter un médecin et soulager les douleurs qui l’affligent», lit-on dans le communiqué.
L’Ong rappelle aussi le sort des «prisonniers politiques qui sont détenus arbitrairement après l’expiration de la période de détention légale» et des «nombreux journalistes, tels que Mourad Zeghidi, Borhane Bsaies et Sonia Dahmani, [qui] sont également emprisonnés tandis que d’autres, comme le journaliste Zied El-Hani, sont l’objet de poursuites.»
«Des blogueurs aussi ont été arrêtés et lourdement condamnés sur la base du décret-loi 54», utilisé selon le CRLDHT pour «museler toutes les voix libres et opposées».
L’Ong reproduit dans son communiqué le témoignage suivant de la famille de Mohamed Boughaleb : «Mohamed a été transféré de la prison de Mornaguia à celle de Karaka, dans une cellule étroite partagée avec d’autres détenus de droit commun. Il souffre d’une infection cutanée grave, son oreille droite est enflée et il a perdu l’audition de ce côté-là. Son diabète s’aggrave, il est constamment exposé au froid, et les médicaments prescrits par son médecin ne lui sont pas fournis…»
Ainsi que celui de la famille de Chadha Haj Mbarek : «Depuis un certain temps, Chadha est en grève de la faim et sa condition se dégrade chaque jour. Elle demande des antidouleurs pour soulager ses maux et une consultation médicale pour soigner les nombreuses maladies qui affectent chaque partie de son corps à cause de la négligence sanitaire et de conditions de détention inhumaines. Alors qu’elle partageait initialement sa couchette avec une autre détenue, elle doit maintenant la partager avec quatre personnes, et elle tente de réprimer ses gémissements pour ne pas déranger ses codétenues. Elle ne demande plus la liberté qu’elle sait mériter mais qu’elle sait aussi impossible à atteindre pour l’instant ; elle demande simplement des soins pour soulager ses douleurs et un lit où reposer ce qui son corps.»