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FILT 2025 : Tahar Bekri dévoile une sélection inédite de poètes tunisiens traduits en français

29. April 2025 um 15:52

Rendez-vous incontournable pour les amoureux du livre, la Foire internationale du livre de Tunis (FILT, 25 avril-4 mai 2025) offre une mosaïque d’ouvrages venus d’horizons variés. Parmi les nouveautés tout juste publiées et disponibles à cette 39ème édition, le tout récent opus “Poètes tunisiens: textes choisis, traduits de l’arabe” du poète tunisien Tahar Bekri, publié aux Editions Nehed.

Comme le précise l’auteur, ce livre n’a pas pour ambition de constituer une anthologie complète de la poésie tunisienne de langue arabe, si riche et si profondément enracinée dans l’histoire littéraire mais de rapprocher les deux expressions poétiques existant en Tunisie, au delà de la question de la langue, invitant le lecteur francophone à découvrir, à travers des voix singulières, la richesse souvent méconnue de la poésie tunisienne de langue arabe.

Le livre rassemble des poètes traduits au fil des années, dans le sillage d’une fréquentation constante de la poésie tunisienne à travers la lecture, la recherche, l’attention et l’écriture.

Sans prétendre à l’exhaustivité, Tahar Bekri souhaite faire découvrir des voix qui ont marqué ou marquent encore le paysage littéraire, certaines étant demeurées méconnues, à quelques exceptions près.

Il s’agit d’un choix restreint, destiné à offrir un aperçu représentatif de la poésie tunisienne contemporaine, plutôt que de dresser un inventaire complet.

Ce travail vise à porter à la connaissance du lecteur francophone une production restée largement réservée à un lectorat arabophone, inscrit dans une sphère géographique et linguistique spécifique : le monde arabe. L’objectif est de réparer, note Tahar Bekri, une injustice et de combler certaines lacunes. Pour Tahar Bekri, ce livre est comme un devoir envers la poésie tunisienne, pour témoigner de sa vitalité, de sa dynamique, de son ambition, et de sa capacité à exprimer l’être intime et collectif dans une vision critique et exigeante.

Tous les genres poétiques, ou presque, sont représentés : qu’il s’agisse de formes classiques, modernes ou expérimentales et d’avant-garde, l’enjeu est de donner une image aussi fidèle que posasible de ce qui s’écrit aujourd’hui en langue arabe en Tunisie.

Le livre, de plus de 190 pages, réunit des textes traduits de 29 poètes, toutes générations confondues. Pour chacun, une brève présentation du style d’écriture et une courte biographie accompagnent les textes traduits. L’opus couvre une large période, depuis l’érudit Ali Al-Hocri (né vers 1042 à Kairouan), en passant par Abou el Kacem Chebbi, Hassine Al-Jaziri, un humoriste de la poésie tunisienne, jusqu’à Mnaouar Smadeh, Souf Abid, Mohamed Agina, Mustapha Habib Bahri, Midani Ben Salah, Mustapha Kraief, Jaafar Majed, Fadhila Chebbi, Ammar El Arbi, Adam Fathi, Amel Moussa, Sghaier Ouled Ahmed, Habib Zannad, voix marquante de la poésie d’avant-garde des années 1970 etc.

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Vient de paraître | ‘‘Poètes tunisiens’’ de Tahar Bekri

26. April 2025 um 08:47

Le poète Tahar Bekri, qui anime depuis des années la rubrique ‘‘Poème du dimanche’’ sur Kapitalis, vient de publier aux éditions Nehed une anthologie intitulée ‘‘Poètes tunisiens’’.

Ce choix de poètes tunisiens, traduits de l’arabe, voudrait porter à la connaissance du public de langue française des voix aussi riches que différentes, de Aboulkacem Chebbi à Ahmed Sghaier Ouled Ahmed, en passant par Mnaouer Smadah, Ahmed Laghmani, Jâafar Majed, Noureddine Sammoud, Habib Zanned, Jamila Mejri, Moncef Louhaibi et autres Mohamed El-Ghozzi, pour n’en citer que quelques uns, qui participent au paysage littéraire national ou du monde arabe et qui méritent de trouver leur place au sein de la poésie mondiale.

Tous les courants se retrouvent dans ce choix, sans exclusivité ni prétention exhaustive. L’ambition de l’auteur étant de rapprocher les deux expressions poétiques existant en Tunisie, au-delà de la question de la langue.      

L’ouvrage se trouve au Stand 1612 de la Foire du livre de Tunis ouverte le 25 avril au Palais des Expositions du Kram, et se poursuivra jusqu’au 4 mai prochain.  

I. B.

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Tahar Bekri | La braise et la brûlure

23. April 2025 um 07:51

Avec son nouveau recueil, ‘‘Mon pays, la braise et la brûlure’’, composé de 53 brefs poèmes, Tahar Bekri nous livre des fragments se rapportant à différents épisodes de sa vie, allant de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Ils tournent autour de l’exil, l’attachement à la terre qui l’a vu naître et grandir, une terre qu’il a dû quitter, suite à différents aléas qu’il évoque en filigranes, qui demeurent, néanmoins, toujours présents dans sa mémoire. Tantôt d’une manière directe, tantôt suggérée. Ainsi, le pays quitté est présenté comme un paradis perdu ressenti avec la même intensité, la même charge d’amour et de tendresse. Un pays qui n’a jamais cessé de l’habiter.

Moncef Machta *

Le recueil est inauguré par le verbe «porter» conjugué, ici au présent «Je te porte pays», là, au passé «Je te portais pays», une patrie à laquelle il s’adresse tout le long de ce périple, d’une manière intime, en la tutoyant, une patrie qui se caractérise par le brassage des diverses civilisations qui l’ont traversée. Un pays «arc-en-ciel», «mosaïque solidaire», un paysage lumineux, dans lequel il se reconnait à travers les visages avenants des gens aimés qu’il a dû quitter à un moment crucial de sa vie et qui constituent le fondement même de son être.

L’exil vécu comme une déchirure

Son exil est d’abord vécu comme une douleur, une déchirure, celle d’être séparé de sa terre, des siens. Il se présente comme un moyen de déjouer une situation sans issue lorsque les portes de la faculté, où il étudiait, lui ont été fermées, à la suite du mouvement estudiantin auquel il avait participé.

Dans les affres de l’exil, il ne trouve meilleur remède que de s’adresser à son pays comme à un être cher. Le seul à même de le consoler, de le protéger, de compatir à sa souffrance :

«Dans la déchirure j’emportais ta voix

Baume contre la froidure

Je te cherchais.

Je cherchais ta Méditerranée

Sur l’Atlantique

M’arrivaient les cigognes

Me parvenait ta complainte».

Un exil qui va rendre encore plus fort son amour pour le pays. Son attachement est tel qu’il se compare à un oiseau qui cherche à survoler les longues distances qui l’en séparent afin de le retrouver :

«Avais-je des ailes pour survoler

Ce qui nous sépare

Et te rejoindre, pays?»

La séparation ne fait que raffermir le cordon ombilical qui le rattache à la mère patrie. Cette dernière va exacerber le désir de rejoindre le pays qu’il aime, d’où la métaphore de la «brûlure» et de la «braise» annoncée dans le titre du recueil.

«Nous guettions tes nouvelles

Dans les convictions juvéniles

Comme les aiguilles d’une boussole».

L’évocation du pays est assimilée à une musique harmonieuse qui le berce :

«J’entendais tes luths

Je libérais tes cordes

Pour faire vibrer tes sons».

Le pays devient ensuite un livre ouvert, une fontaine qui abreuve celui qui a soif de sa terre :

«Je lisais tes pages ouvertes

Comme des fontaines

Et m’abreuvais à toutes les sources

Les racines jamais satisfaites

De rester sous terre»

Enfance

Le passé vécu dans sa terre natale remonte à sa prime enfance, où il se revoit sur «les bancs de l’école», la nouvelle école de la république, fréquentée par des élèves de condition modeste, aux «corps menus» qui se tiennent «en rang» et auxquels le nouvel Etat indépendant offrait pendant les récréations du lait en poudre, servi dans des «tasses d’aluminium».

Le poète est reconnaissant à l’instruction qu’il a eue, il fait partie de ces enfants qui ont soif de connaissances, apprenant les mots nouveaux qui disent l’amour du pays.

L’enfance évoquée dans le recueil représente le début de l’éveil des sens, le plaisir de découvrir le monde à travers les voyages par train, évoqués dans l’un des fragments où nous retrouvons les sensations que tous les enfants du monde éprouvent dans un voyage par train: le plaisir de contempler des paysages qui défilent à l’infini. Ici c’est l’adulte qui se remémore, comme si c’était hier, l’émerveillement qu’il éprouvait quand il admirait son pays «Je reconnaissais tes paysages un à un», «Collé à la fenêtre». Le regard de l’adulte et celui de l’enfant se superposent et s’entremêlent. Evocation de «trains cahoteux» montés sur «des rails de fortune», regards «scrutant» des oliveraies s’étendant à l’infini. Les voyages partrain éveillent en lui des souvenirs douloureux, des souvenirs relatifs aux départs difficiles. Lepère muté, du fait de son emploi de cheminot, de ville en ville, de gare en gare. L’enfantdevait alors quitter des lieux familiers vers d’autres. Un arrachement qu’il avait du mal àvivre, un chagrin qui marque certains épisodes de son enfance. Presque déjà, l’exil et ledéchirement.

L’enfance est associée à des éléments qui lui sont chers, à des sensations qui le marquent de leurs empreintes indélébiles, tel ce citronnier qu’il voit grandir et auquel il associe le sourire de son grand-oncle, dans la palmeraie de Gabès. L’arbre semble illuminer son enfance par la couleur de ses fruits, par le parfum délicieux qui émane de ses feuilles quand il les frotte entre les mains.

L’enfance est ainsi marquée par des moments heureux faits d’insouciance, de légèreté, de plaisirs, à la fois, simples et intenses, à l’instar de ses promenades en vélos où il a l’impression que la selle se transforme en tapis volant :

«Le vélo t’emportait ou tu l’emportais»

L’amour du pays, des siens

Dans cette poésie, l’amour du pays s’exprime à travers différents moments vécus, aussi bien durant l’enfance heureuse, que plus tard, lorsqu’il il évoque, par exemple, la préparation militaire, quand il était élève. Le poète nous livre le regard d’un lycéen qui accepte la formation à laquelle il était tenu de se conformer. Il cherche à nous dire son sentiment d’appartenance à une patrie à protéger, à défendre. Ce sentiment n’est pas, en revanche, de nature à l’enfermer dans un nationalisme obtus, Il est plutôt l’occasion d’exprimer très fort son pacifisme et son amour de la paix :

«Ma guerre à moi était plus qu’une guerre».

L’amour du pays est associé au respect et à l’empathie dus à son père et à tous les travailleurs.

Evocation du dur métier du père. Il se souvient de cet homme qui passait la nuit à surveiller la bonne marche vers le port des trains de marchandises chargées d’alfa. Un immense respect le submerge en vis-à-vis de celui qui accomplit cette pénible tâche. Le même sentiment est éprouvé à l’endroit des paysans aux mains rugueuses qui ramassent l’alfa, cette plante difficile des steppes.

Une ouverture sur le monde par les voyages

D’autres souvenirs se rapportent à différents moments de sa vie d’adulte :

«Des années plus tard», «Tu repenses», «tu revois», et le poète de nous inviter à le suivre dans un va-et-vient dans le passé lointain, ou le présent proche, à travers ses activités culturelles comme par exemple, participer à des rencontres dans différents pays, avec d’autres écrivains: de la Martinique, à Hammamet autour du thème de l’exil où Rachid Mimouni, qui n’est pas nommé, parle du ‘‘Fleuve détourné’’, de l’exil rebelle.

A d’autres moments dans le recueil, le poète est un voyageur qui part à la découverte de lieux chargés d’Histoire, à l’instar de Carthage. Le poème prend de l’ampleur pour exprimer, avec une profonde émotion, la grandeur et la majesté des sites romains ou puniques, comme rappel de l’Histoire:

«J’élevais mes mots sur l’autel des sacrifices

Par-dessus les collines sentinelles

Loin des urnes funéraires loin des stèles».

Un exil fécond, créateur

Ce qui ressort de ce recueil, est que l’exil, vécu par le poète, n’est pas que source de douleur, il est aussi source d’enrichissement et d’ouverture sur la beauté du monde, sur la culture humaine qu’il a découverte et qui l’a marqué, une culture qui n’a pas effacé sa culture mère.

Elle l’a plutôt enrichi grâce à un appel constant à la tolérance et à la fraternité. Sa poésie est un chant du monde, un hymne à la terre et aux êtres auxquels il est attaché :

«Il y a des êtres

Comme des rayons du soleil

Nécessaires à la vie

Ouvre le jour

Pour leur dire

Le monde est une merveille».

* Universitaire.

Tahar Bekri, Mon pays, la braise et la brûlure, Ed. Edern, Bruxelles, 16 euros.

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Entretien avec Tahar Bekri | Évocations poétiques et espaces numériques

19. April 2025 um 08:18

Entretien avec le poète Tahar Bekri réalisé en marge du colloque international «La littérature et les arts à l’ère du numérique» organisé par le Département de français de la Faculté des lettres et sciences humaines de Kairouan, les 10, 11 et 12 avril 2025.** Bekri joint poésie et prose, carnets de voyage, réflexions, livres d’art, traductions, continue à multiplier les médiums et utiliser des voi(x)es diverses pour dépasser les frontières et élargir le champ géopoétique de l’œuvre.

Entretien réalisé par Mohamed Amine Kacem * 

Considérez-vous le réseau social Facebook comme «baromètre» permettant de mesurer l’ampleur de ce que vous écrivez sur cet espace virtuel ou encore de votre œuvre poétique par les lecteurs ?

Non, plutôt comme écriture de l’urgence, être dans l’actualité, avoir une emprise sur les événements comme auteur, citoyen du monde, cela ne m’empêche pas d’écrire l’œuvre ailleurs, réécrite, qui sera publiée, imprimée sur papier, mais un recueil c’est tous les deux ou trois ans, mon mur sur Facebook, me permet un contact direct avec certains lecteurs, réduit l’isolement du poète, sa solitude. J’ajoute que je publie également et presque régulièrement des textes et des poèmes dans des médias numériques, magazines d’actualité ou revues littéraires.

Choisir un format bref, abrégé, parfois intime ou amical est-il un moyen de joindre le poétique au numérique, à l’instantané qui est le propre de la poésie, mais aussi de se contenter du «Comment» puisqu’elle (la poésie) ne cherche pas le «Pourquoi» ?

J’écris sans me soucier du format, c’est le genre qui l’exige, je joins aussi bien la poésie que la prose, toutes sortes d’écritures littéraires, évocations, souvenirs, réflexions théoriques, carnets, commentaires sur l’actualité, liens à d’autres événements littéraires, à des articles, il en est ainsi de mon activité quotidienne d’écrivain, écrire est une charge, parfois lourde, en partager une partie, allège. Rien n’est instantané. Chaque mot est réfléchi, chaque métaphore, chaque allusion, je ne m’oublie pas sur Facebook, qui exerce sa censure. Je m’arrange pour que mes textes gardent leur éthique et déontologie, avec la responsabilité morale et surtout ne pas accepter les commentaires excessifs ou qui versent dans le discours haineux. Ce qui semble intime est mon visage humain, dans un monde brutal et chaotique que je refuse.  

Y a-t-il un projet ou une proposition de publication qui regroupe une partie ou la totalité de ce que vous produisez sur les réseaux sociaux ? Si oui, ce sera quel format ; numérique ou version papier, chez le même éditeur et en gardant cet art de l’illustration qui traverse vos recueils de poésie, peut-être ?

Il ne s’agit pas de proposition, mais comme je l’ai dit au début, un manuscrit sera soumis à un éditeur deux ou trois ans après, en vue d’une publication papier. Certains textes sur Facebook, seront choisis, retravaillés, en fonction de la thématique du projet. Malheureusement pour les illustrations, cela rendrait la publication impossible, tant cela deviendrait onéreux pour l’éditeur, mais cela n’est pas impossible pour les livres d’art…

Avez-vous pensé à une mauvaise parodie, au plagiat ou encore au détournement de votre pensée au moment où vous créez votre contenu digital. Un contenu faisant le cœur d’une pensée qui puise non seulement dans l’histoire littéraire mais aussi dans l’héritage tunisien, maghrébin, méditerranéen, dans un croisement de cultures, de traditions, de rives ?

Oui, cela n’est pas sans risque, mais cela arrive aussi dans la version papier, il y a même un site pour les plagieurs, grâce aux logiciels et l’IA, il est facile de déceler le vrai du faux mais ceci revient aux chercheurs, aux critiques, je ne peux pas m’appliquer à créer un contenu et perdre mon temps à contrôler les faussaires. C’est déjà laborieux de pouvoir écrire dans des conditions de santé bien fragiles ! Pour les dimensions géographiques dont vous parlez, j’y adhère de toutes mes forces et m’y emploie. 

 «Que peut la littérature» à l’ère des réseaux sociaux, surtout pour un poète et ancien professeur de lettres, contraint de quitter sa terre natale, s’éloigner de sa famille, de son «réseau» d’amis et de son cercle de militants et activistes ?

Il ne me revient pas à moi de répondre à cette question, me concernant d’un livre à l’autre, je tente de dire mon être, ma liberté, mon exil, mon amour pour ma terre natale, à laquelle j’ai consacrée au moins trois recueils, Je te nomme Tunisie (Al Manar, 2011), Chants pour la Tunisie (Al Manar, 2023), Mon pays, la braise et la brûlure (2025). Mais elle traverse presque toute l’œuvre. C’est aux lecteurs de trouver, ou le contraire, dans l’œuvre, ce qui leur parle, ce qui fait que la littérature reste digne, parole haute et crédible, émotionnellement et intellectuellement. La question que vous posez est importante mais on ne peut s’atteler à une œuvre littéraire et s’arrêter à la question «qu’est-ce que la littérature» ou «que peut la littérature» car il faut la faire la littérature, réseaux sociaux ou pas. L’écriture est en elle-même une réponse. 

Enfin, peut-on parler d’un prolongement poétique, d’idées et de traces nostalgiques de ce que vous avez nommé «Tunisie» à travers vos publications récentes sur Facebook, notamment les «Digressions littéraires» ?

Les digressions me permettent une liberté thématique et formelle, sans entraves, sans frontières, elles portent mes préoccupations, mes soucis, mes vœux, mes sentiments, mes émotions, mes idées, certaines, en effet, sont marquées par la nostalgie mais aussi le regard critique, il y a un va-et-vient permanent, entre le pays de résidence et le pays natal. Les temps et les espaces se mélangent et s’enchevêtrent, parce que l’être est ainsi, objet de conflits intérieurs, d’intensité ontologique. 

Cette Tunisie plurielle, méditerranéenne, africaine, nourricière d’avant, de l’instant présent est-elle omniprésente dans votre espace virtuel ou vous essayez parfois d’y échapper, de prendre du recul par rapport à tout ce qui se passe actuellement dans ce pays et partout dans les régions qui l’entourent ?

Non, pas de recul, du tout, au contraire, l’espace virtuel, pour moi, est réel, je ne le prends pas à la légère. Les mêmes préoccupations que je développe dans l’œuvre se retrouvent sur mon mur. Mes lecteurs ne sont pas que des Tunisiens, ou arabes, ils sont d’autres pays et j’essaie de leur porter une parole de paix, de fraternité, où qu’ils soient, déjouant le discours guerrier, la brutalité des agresseurs, l’arrogance des puissants, dénoncer l’injustice, où qu’elle soit.  Je suis habité par la Tunisie, mais je suis aussi citoyen du monde et le poème ne se limite pas à un espace, fût-il le sien, mon désir de dépasser les frontières, de me mêler à la condition humaine est une volonté d’être du côté de respect de la vie humaine, contre la volonté de mort et ceux qui la donnent.

* Titulaire d’un doctorat en littérature française moderne et contemporaine et actuellement médiathécaire à l’Institut français de Sfax, s’est

** Cette manifestation scientifique se voulait une réflexion sur les enjeux et les nouvelles perspectives de l’introduction des formes littéraires et artistiques sur les réseaux sociaux. Elle a suscité différentes interrogations sur les changements apportés par ces réseaux en ligne, le digital, ou encore l’IA dans les domaines de la littérature et des arts.

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