L’unité de façade de l’administration Trump vole en éclats!
Le chaos que fait régner le président américain Donald Trump dans les relations internationales est en train de gagner sa propre administration. Les luttes de pouvoir motivées par les jalousies personnelles et les divergences idéologiques sont en train d’avoir raison de l’unité d’apparence affichée. La démission forcée du conseiller à la sécurité nationale Michael Waltz cette semaine en est l’illustration. Également, la grande place prise par Steve Witkoff, ami et homme de confiance du président, agace beaucoup de monde. L’image idyllique du second mandat stable loin du chaos du premier est en train de voler en éclats.
Imed Bahri
Dans une opinion publiée dans le Washington Post, l’éditorialiste David Ignatius estime que la nomination par le président Donald Trump de Michael Waltz comme ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies a atténué l’impact de sa démission forcée perçue comme un limogeage de son poste de conseiller à la sécurité nationale.
Ignatius décrit le recasage de Waltz à ce nouveau poste comme un atterrissage en douceur qui lui permettrait de mieux communiquer avec ses nombreux amis à l’étranger mais en même temps, cela l’éloignerait de la lutte pour l’influence au sein de la Maison-Blanche.
L’auteur considère que Waltz avait toutes les qualités requises pour être conseiller à la sécurité nationale dans n’importe quelle administration américaine normale. C’était un ancien militaire respecté, un fervent partisan d’Israël et qui fait preuve d’une grande fermeté à l’égard de la Russie, de la Chine et de l’Iran.
Des sources bien informées ont révélé à Reuters que Waltz et son adjoint Alex Wong ont été contraints de quitter leurs postes après que Waltz soit devenu une cible des critiques au sein de la Maison Blanche lorsqu’il a été impliqué dans un scandale en mars dernier lié à la fuite d’une conversation Signal entre les principaux conseillers à la sécurité nationale de Trump au cours de laquelle ils ont discuté de plans pour frapper le Yémen.
L’auteur estime aussi que Waltz qu’il décrit comme discipliné ne s’entendait pas bien au début avec Trump et que le profil de l’administration remplie de milliardaires amis du président faisait qu’il n’était pas à l’aise.
Néoconservateurs vs néo-isolationnistes
Selon des sources bien informées, l’une des motivations de l’éviction de Waltz était un conflit latent au sein de l’administration Trump depuis son investiture. Ce conflit oppose les faucons connus sous le nom de néo-conservateurs comme Waltz aux alliés du vice-président J. D. Vance décrit comme des néo-isolationnistes, un raccourci qui minimise toutefois les complexités du pouvoir au sein de l’équipe de Trump,
Pour Ignatius, forcer Waltz à quitter son poste survient à un moment critique alors que l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient et l’Ukraine Steve Witkoff qui manque d’expérience tente de négocier des accords avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine et avec l’Iran pour limiter son programme nucléaire.
L’analyste estime que même si la nouvelle administration Trump semble unifiée en apparence et publiquement loyale au président, elle cache une lutte de pouvoir entre trois groupes distincts et trois tendances concurrentes.
Trois groupes dans la galaxie Trump
Le premier groupe est constitué des véritables partisans du mouvement Make America Great Again (Rendre à l’Amérique sa grandeur, Maga) qui se méfient de ce qu’ils considèrent comme les alliances étrangères enchevêtrées qui poussent les États-Unis à la guerre et les accablent de fardeaux économiques. Le groupe est soutenu par le vice-président ainsi que par son ami Donald Trump Junior et l’influenceuse d’extrême droite Laura Loomer.
Le deuxième groupe de républicains qui adoptent une approche internationaliste de la politique comme le secrétaire d’État Marco Rubio et le directeur de la CIA John Ratcliffe est composé de personnes dont Waltz était un membre éminent mais Ignatius affirme que ce groupe a une influence limitée sur Trump.
Le troisième groupe, et peut-être le plus important, comprend les milliardaires dont Trump se sent le plus proche et en qui il a le plus confiance avec à leur tête son partenaire de golf de longue date et homme de confiance Steve Witkoff. Parmi eux figurent également le secrétaire au Trésor Steve Wise, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick et jusqu’à récemment Elon Musk.
Sympa mais imbécile et crétin
Selon le Washington Post, les relations entre les trois groupes étaient d’abord correctes mais les tensions apparues récemment mettent en évidence à la fois les jalousies personnelles et les différences idéologiques sous-jacentes à l’administration américaine. La place et l’influence prises par Steve Witkoff agacent beaucoup mais aussi la volonté de parvenir à un accord avec l’Iran n’est pas du goût de l’ensemble des membres de l’équipe présidentielle.
Une enquête publiée mercredi par le New York Post cite un ancien assistant anonyme de Trump qui décrit l’envoyé présidentiel Witkoff comme «un type sympa mais imbécile et crétin». L’enquête contient également des critiques formulées contre Witkoff par deux employés de la Fondation pour la défense des démocraties, un groupe de réflexion pro-israélien bien connu, remettant en question son rôle dans les négociations avec l’Iran.
Un autre exemple du chaos qui règne au sein de l’administration est le licenciement de trois assistants principaux du secrétaire à la Défense Pete Hegseth le mois dernier.
Au fur et à mesure que le temps passe, l’harmonie de façade de l’administration Trump se fissure et les luttes de pouvoir s’exacerbent. Les semaines et les mois qui viennent diront si finalement le second mandat de Donald Trump n’est pas si différent du premier qui fut miné par les luttes de pouvoir intestines et les limogeages.
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