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Mamdani vs Trump : New York, miroir des fractures américaines

Von: hechmi
03. November 2025 um 20:51

Mamdani TrumpDans une chronique diffusée sur BFM Business, Annalisa Cappellini analyse la montée en puissance de Zohran Mamdani, candidat socialiste et favori pour la mairie de New York. Né en Ouganda dans une famille d’origine indienne et musulman pratiquant, Mamdani représente une Amérique jeune, multiculturelle et socialement engagée. Son profil tranche avec celui des responsables politiques traditionnels, incarnant une gauche urbaine ancrée dans les réalités économiques et identitaires de la métropole.

Une candidature porteuse d’un projet inclusif

Installé dans le Queens, Mamdani défend une politique centrée sur le coût de la vie, la justice sociale et la diversité. Son programme prévoit un encadrement des loyers, la gratuité des transports publics et des crèches, ainsi qu’un réseau municipal d’épiceries de proximité. Ces propositions visent à réduire les inégalités croissantes dans une ville où les classes populaires peinent à se maintenir. Sa communication multilingue et son approche participative séduisent une génération d’électeurs issus des diasporas.

Trump, figure d’opposition identitaire

En face, Donald Trump se positionne comme son principal opposant symbolique. L’ancien président multiplie les critiques contre Mamdani, remettant en cause son origine et son appartenance religieuse. Il dénonce également son programme socialiste, qu’il assimile à un projet « anti-américain ». Cette confrontation dépasse les frontières new-yorkaises : elle illustre les lignes de fracture idéologiques et culturelles qui traversent le pays depuis plusieurs années.

Un duel emblématique des clivages nationaux

Le face-à-face entre Mamdani et Trump cristallise deux visions de l’Amérique. D’un côté, une société urbaine, diversifiée et progressiste, portée par une nouvelle génération politique. De l’autre, un camp conservateur attaché à une identité nationale homogène et à la défense des valeurs traditionnelles. Cette opposition reflète les tensions sociales qui alimentent la polarisation du débat public américain, notamment autour des questions d’immigration, de religion et d’équité économique.

Une résonance au-delà de New York

La candidature de Mamdani dépasse le cadre municipal. Elle interroge la capacité du Parti démocrate à intégrer pleinement son aile gauche dans un contexte national encore marqué par les divisions. Pour Annalisa Cappellini, ce duel symbolique révèle un pays en quête de repères, où chaque élection locale devient un test pour l’avenir du modèle démocratique américain.

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Peut-on gouverner la Tunisie démocratiquement avec une sensibilité particulière pour l’islam ?

26. Oktober 2025 um 09:01

Depuis la révolution tunisienne de 2011, la question de la compatibilité entre islam et démocratie occupe une place centrale dans le débat intellectuel et politique. La Tunisie, souvent citée comme le seul succès relatif du Printemps arabe, incarne un laboratoire unique: celui d’un pays majoritairement musulman tentant d’ancrer la démocratie tout en préservant son identité religieuse. Mais jusqu’où une sensibilité islamique peut-elle cohabiter avec un régime démocratique ? De la religion pure au conservatisme suppléant, peut-on fonder une gouvernance équilibrée, capable de se tenir sans basculer ni dans la théocratie, ni dans la sécularisation radicale ? (Ph. Miniature de Jellal Ben Abdallah)

Zouhaïr Ben Amor *

Cet article explore cette problématique en trois temps : d’abord les fondements théoriques du rapport entre islam et démocratie ; ensuite l’expérience tunisienne depuis l’indépendance ; enfin une réflexion sur les conditions de possibilité d’une gouvernance démocratique à sensibilité islamique en Tunisie.

1. Islam et démocratie entre tension doctrinale et adaptation moderne

1.1. Les fondements de la tension. La démocratie moderne repose sur la souveraineté du peuple, l’autonomie de la raison et la séparation des pouvoirs. L’islam, dans sa dimension politique classique, fonde la souveraineté sur Dieu : le pouvoir légitime découle de la sharia, loi divine censée régir la communauté. Pour de nombreux théoriciens traditionnels – à commencer par Abul A‘la Maududi ou Sayyid Qutb – la souveraineté populaire est donc illégitime, car elle substitue la volonté humaine à la volonté divine.

Cependant, cette opposition n’est pas absolue. Le Coran évoque la shûrâ (consultation) comme principe de gouvernance, ce qui ouvre la voie à une interprétation démocratique interne à l’islam. Mohamed Talbi, intellectuel tunisien réformiste, écrivait à ce propos : «L’islam n’a jamais condamné la liberté ; c’est l’ignorance des hommes qui l’a confondue avec la licence.» (Talbi, L’islam, la citoyenneté et la modernité, 2001).

Cette perspective distingue la religion comme foi transcendante du pouvoir comme construction humaine, sujette à la délibération. L’enjeu n’est donc pas d’opposer islam et démocratie, mais de déterminer comment l’islam peut inspirer une éthique de la gouvernance démocratique.

1.2. L’islam politique et la modernité démocratique. Au XXᵉ siècle, plusieurs penseurs musulmans – notamment Ali Abdel Raziq, Rached Ghannouchi et Abdolkarim Soroush – ont tenté de redéfinir les rapports entre religion et politique. Rached Ghannouchi, chef du mouvement tunisien Ennahda, affirme que «la démocratie est un mécanisme islamique de consultation et de consensus», et que le pluralisme n’est pas contraire à l’esprit du Coran (Ghannouchi, Islam and Democracy in Tunisia, Journal of Democracy, 2018).

L’islam politique, lorsqu’il accepte le jeu électoral, se transforme en islam démocratique, à condition qu’il reconnaisse la liberté de conscience et le pluralisme. C’est précisément cette transition – du religieux au politique démocratique – que la Tunisie a expérimentée depuis 2011.

2. La Tunisie de la religion pure à la modernité civile

2.1. Bourguiba et la sécularisation autoritaire. Dès l’indépendance en 1956, Habib Bourguiba engagea la Tunisie sur la voie d’un État moderne. Le Code du statut personnel (CSP), promulgué le 13 août 1956, abolit la polygamie, instaura le consentement des deux époux et le divorce judiciaire, tout en limitant la tutelle masculine. Bourguiba invoquait la «raison» et la ijtihâd (interprétation) pour justifier ces réformes, considérées par certains comme inspirées d’un islam éclairé plutôt que d’une rupture laïque totale.

Le CSP illustre la première tentative tunisienne de concilier religion et modernité juridique. Toutefois, cette modernisation fut imposée d’en haut : l’État contrôlait l’institution religieuse (notamment l’Université Zitouna) et marginalisait la parole théologique autonome. Cette «laïcité d’État», selon Amel Boubekeur (Politique africaine, 2010), produisit une sécularisation sans véritable démocratisation : l’islam fut nationalisé, non libéré.

2.2. La révolution de 2011 et la reconfiguration du champ religieux. La révolution de 2011 libéra non seulement la parole politique, mais aussi la parole religieuse. Des courants islamistes interdits sous Ben Ali, comme Ennahda, revinrent sur la scène publique. Lors de l’élection de l’Assemblée constituante, Ennahda obtint 37 % des voix, devenant la première force du pays.

Contrairement aux mouvements islamistes d’autres pays arabes, Ennahda choisit la voie du compromis : il renonça à inscrire la sharia comme source du droit dans la Constitution de 2014 et accepta la mention d’un «État civil fondé sur la citoyenneté et la volonté du peuple». Ce choix marque une inflexion majeure vers un modèle de démocratie musulmane.

Rached Ghannouchi affirma : «Nous ne voulons pas d’un État religieux, mais d’un État démocratique à référence musulmane». Cette distinction entre «religieux» et «civil à référence religieuse» constitue l’essence du compromis tunisien.

2.3. La Constitution tunisienne : un équilibre fragile. La Constitution de 2014 consacre plusieurs principes essentiels :

  • l’islam est religion de l’État (article 1);
  • la Tunisie est un État civil basé sur la citoyenneté, la volonté du peuple et la primauté du droit (article 2);
  • la liberté de croyance et de conscience est garantie (article 6).

Ce triptyque forme la clé de voûte du modèle tunisien : un État musulman mais non théocratique.

Toutefois, la révision constitutionnelle de 2022 sous Kaïs Saïed a modifié cet équilibre : l’article 5 dispose que «la Tunisie fait partie de la Umma islamique et que l’État œuvre à réaliser les objectifs de l’islam». Cette formulation, jugée ambiguë, réintroduit une logique d’orientation religieuse de l’État, menaçant la neutralité du pouvoir politique (Religious Freedom Institute, 2022).

Ainsi, le débat reste ouvert : la Tunisie peut-elle préserver le caractère civil de l’État tout en reconnaissant l’islam comme référent moral collectif ?

3. Vers une gouvernance démocratique à sensibilité islamique

3.1. La légitimité populaire et la référence morale. Une démocratie à sensibilité islamique doit articuler deux légitimités :la légitimité électorale, issue du suffrage universel et du pluralisme ; et la légitimité morale, issue de la culture religieuse majoritaire.

La Tunisie, société musulmane homogène, n’a pas besoin d’un parti religieux pour exprimer cette sensibilité : elle traverse déjà la société. Le rôle de l’État n’est pas d’imposer la foi, mais d’en reconnaître la portée éthique – justice, équité, solidarité.

Ce modèle rejoint la conception de Mohamed Talbi d’un État civil à éthique islamique : l’islam n’est pas source de droit, mais source de valeurs.

3.2. Les institutions et la prévention de l’instrumentalisation. Pour qu’un tel modèle tienne, les institutions doivent être à la fois neutres et sensibles.Neutres, afin d’empêcher toute confiscation religieuse du pouvoir. Et sensibles, pour ne pas nier la place symbolique de l’islam.

Cela suppose une magistrature indépendante, un parlement libre, une presse pluraliste. L’institution religieuse – comme l’Université Zitouna – devrait être autonome, chargée de produire un discours théologique compatible avec les droits humains.

Une commission d’éthique publique, mêlant juristes, théologiens et représentants de la société civile, pourrait garantir la compatibilité des lois avec les principes constitutionnels et les droits fondamentaux, sans empiéter sur la souveraineté parlementaire.

3.3. Le pluralisme culturel et religieux. L’islam tunisien a toujours été empreint de tolérance : le rite malékite et le soufisme populaire ont favorisé une ouverture au pluralisme. Cependant, la mondialisation et l’essor des courants salafistes après 2011 ont fragilisé cet équilibre.

Une gouvernance démocratique à sensibilité islamique doit donc promouvoir la coexistence de divers degrés de religiosité. Cela suppose la protection de la liberté de conscience (y compris le droit de ne pas croire) ; la neutralité des institutions éducatives ; et un dialogue constant entre religieux et laïques.

Comme le rappelle Hela Yousfi (Revue de droit comparé des droits humains, 2015), la Constitution tunisienne ne peut se comprendre qu’en tant que «compromis dynamique» entre des pôles idéologiques concurrents. Ce compromis doit être cultivé, non figé.

3.4. La justice sociale et la dimension éthique de la gouvernance. Une démocratie islamique viable ne saurait se limiter à la procédure électorale : elle doit répondre aux exigences de justice sociale. L’islam, dans son essence, prône la lutte contre la pauvreté, la corruption et l’accumulation injuste des richesses.

Or, la Tunisie post-2011 a souffert d’un écart entre discours moral et action économique. Le chômage des jeunes dépasse 35 % dans certaines régions intérieures, les inégalités persistent, et la corruption mine la confiance citoyenne (Freedom House, Tunisia Report, 2025).

Une gouvernance inspirée des valeurs islamiques devrait traduire la zakat (solidarité) et la ‘adl (justice) en politiques concrètes : fiscalité équitable, micro-finance éthique, développement régional. Sans justice sociale, la démocratie reste formelle, et la référence religieuse, instrumentale.

3.5. L’éducation civique et la réforme de la pensée religieuse. La clé de la durabilité démocratique réside dans l’éducation. L’enseignement tunisien, hérité de la modernisation bourguibienne, a longtemps marginalisé la réflexion religieuse critique. Il s’agit aujourd’hui de réintroduire un islam rationnel, humaniste et pluraliste dans les programmes, non pour dogmatiser, mais pour contextualiser.

La réforme du discours religieux, entreprise timidement par Zitouna et quelques associations, devrait viser à articuler foi et citoyenneté. Ce travail intellectuel pourrait donner naissance à une véritable théologie de la démocratie, où l’obéissance à Dieu se traduit en respect de la dignité humaine.

Ainsi, la «sensibilité islamique» deviendrait le fondement moral d’un espace public civique, et non une menace pour la liberté.

4. Études de cas et dynamiques sociales

4.1. Le Code du Statut Personnel : héritage réformiste et tension actuelle. Le CSP demeure une référence mondiale : il montre qu’un État musulman peut réformer le droit familial sans rompre avec la foi. Toutefois, son intangibilité actuelle crée une tension : faut-il poursuivre la réforme, notamment sur la question de l’égalité successorale ?

En 2018, la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), présidée par Bochra Belhaj H’mida, proposa l’égalité dans l’héritage, arguant que le droit islamique devait être lu à la lumière du contexte. Cette initiative suscita des controverses violentes : Ennahda s’y opposa, tandis qu’une partie de la société civile y vit le prolongement de l’esprit bourguibien.

Cet épisode illustre la difficulté de concilier réforme démocratique et sensibilité religieuse, mais aussi la vitalité du débat tunisien.

4.2. Ennahda et la mutation de l’islam politique. Entre 2011 et 2016, Ennahda a connu une transformation interne majeure : lors de son 10ᵉ congrès, le parti annonça la «spécialisation entre le religieux et le politique», se définissant comme «parti civil». Cette évolution rapproche Ennahda de la démocratie chrétienne européenne : un parti inspiré par la foi mais soumis aux règles du jeu politique.

Cependant, la crise politique de 2021-2023, marquée par la concentration des pouvoirs entre les mains du président Kaïs Saïed, a marginalisé Ennahda et remis en cause l’expérience du pluralisme islamo-démocratique. Le risque d’un retour à un autoritarisme «moraliste», au nom d’une lecture conservatrice de l’islam, devient tangible.

4.3. La société civile : contre-poids démocratique. La Tunisie se distingue dans le monde arabe par la force de sa société civile. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la Ligue des droits de l’homme, l’Ordre des avocats et l’Union de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) ont reçu le Prix Nobel de la paix en 2015 pour leur rôle de médiation pendant la crise politique.

Des organisations comme l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) ou Al Bawsala incarnent une démocratie participative vigilante. Leur existence montre que la démocratie tunisienne ne se résume pas aux partis : elle vit dans la société.

C’est là la clé : la sensibilité islamique peut coexister avec la démocratie à condition que l’État accepte d’être contesté, débattu et réformé.

5. Conditions de viabilité d’un modèle tunisien

Une gouvernance démocratique à sensibilité islamique, pour «tenir», doit reposer sur cinq piliers :

1. Un cadre constitutionnel clair, reconnaissant l’islam comme référence morale mais garantissant la primauté du droit civil et la liberté de conscience.

2. Des institutions fortes et autonomes, empêchant toute captation religieuse ou autoritaire du pouvoir.

3. Une société civile active, relais du débat éthique et garant de la pluralité.

4- Une économie éthique et inclusive, traduisant les valeurs religieuses en politiques concrètes.

5- Une éducation civique réformée, liant foi, raison et citoyenneté.

La Tunisie, malgré ses fragilités économiques et ses crises politiques, dispose d’un capital culturel unique : un islam historique ouvert, une tradition juridique réformiste, et une jeunesse instruite. Si ces éléments sont mis en synergie, le pays pourrait incarner un modèle inédit : celui d’un État musulman démocratique sans cléricalisme.

Conclusion

La compatibilité entre islam et démocratie n’est pas une question théorique abstraite : c’est un enjeu historique que la Tunisie vit au quotidien. Entre la religion pure et le conservatisme suppléant, il existe un espace médian : celui d’un État civil à sensibilité islamique, fondé sur la liberté, la justice et la dignité humaine.

La réussite de ce modèle dépend moins des textes que des pratiques : la démocratie ne se décrète pas, elle s’exerce. Si la Tunisie parvient à maintenir le fragile équilibre entre foi et citoyenneté, elle pourrait offrir au monde musulman la preuve que l’islam n’est pas incompatible avec la démocratie, mais qu’il peut en être l’âme morale.

* Universitaire.

Bibliographie

  • Amel Boubekeur, «Islam et démocratie en Tunisie : entre héritage et innovation», Politique africaine, n° 120, 2010.
  • Mohamed Talbi, L’islam, la citoyenneté et la modernité, Tunis, 2001.
  • Rachid Ghannouchi, «Islam and Democracy in Tunisia», Journal of Democracy, 2018.
  • Hela Yousfi, «La Constitution tunisienne de 2014 et la question de la religion», Revue de droit comparé des droits humains, 2015.
  • Michael E. Shults, Tunisia: Democracy and Islam in Post-Arab Spring Politics, University of Tennessee, 2014.
  • Freedom House – Tunisia Report, 2025.
  • Religious Freedom Institute, «Implications of Tunisia’s new constitution on religious freedom», 2022.
  • Boubaker Ben Youssef, Gouvernance, islam et droits humains en Tunisie, Tunis, Éditions tunisiennes, 2022.
  • Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE), Rapport final, Tunis, 2018.
  • Foreign Affairs, «From Political Islam to Muslim Democracy», 2016.
  • Humanists International, Freedom of Thought Report – Tunisia, 2020.
  • Lisa Anderson (dir.), Transitions to Democracy in the Arab World, Princeton University Press, 2018.
  • Abul-Hayy Al-Fârûqî, Islam and the Challenge of Democracy, Boston University Press, 1989.
  • Jennifer Grewal et al., «Minority Rights Protections in the Post-Arab Spring Constitutions», Chicago Journal of International Law, 2015.

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Un parti politique réagit au projet de loi américain sur la démocratie tunisienne

07. September 2025 um 12:16

Le Parti républicain a vivement critiqué le projet de loi présenté au Congrès américain sous l’intitulé « Restaurer la démocratie en Tunisie », le qualifiant d’« atteinte flagrante à la souveraineté nationale et d’ingérence inacceptable dans nos affaires intérieures ».

Dans un communiqué, le parti a affirmé que ce texte « révèle une nouvelle fois le double discours américain, qui prétend défendre la démocratie et les droits de l’Homme, alors que son histoire est jalonnée de soutien à la tyrannie et de répression des peuples ».

Le Parti républicain a par ailleurs souligné que « la seule voie pour protéger la Tunisie des ingérences étrangères réside dans l’unité nationale à travers le lancement d’un dialogue inclusif réunissant l’ensemble des forces politiques, sociales et civiles, ainsi qu’une véritable réconciliation nationale ».

Pour rappel, le député républicain Joe Wilson a annoncé, le 5 septembre courant, via la plateforme X, avoir présenté au Congrès, conjointement avec le démocrate Jason Crow, un projet de loi visant à « restaurer la démocratie en Tunisie ».

Selon ses initiateurs, ce texte ambitionne de « soutenir la démocratie en Tunisie et d’imposer des sanctions aux responsables tunisiens impliqués dans des violations des droits humains ».

Une chronologie des initiatives au Congrès

  • 15 juin 2023 : dépôt du projet S.2006 par les sénateurs Jim Risch et Bob Menendez.
  • 25 juillet 2023 : adoption en commission sénatoriale et inscription au calendrier législatif.
  • Juillet 2023 : la Chambre des représentants adopte une résolution (H.Res.613) exprimant un soutien symbolique aux valeurs démocratiques en Tunisie, tout en soulignant les inquiétudes liées à l’arrestation d’opposants et à la restriction des libertés.
  • 26 juin 2025 : une nouvelle résolution (S.Res.310) est introduite au Sénat, confirmant la vigilance américaine vis-à-vis de la situation en Tunisie.

Lire aussi : Tout savoir sur le projet sur la démocratie tunisienne au Congrès américain

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Iran : Une démocratie brisée, un régime islamique instrumentalisé ?

Comment les États-Unis et leurs alliés ont sacrifié la voie démocratique iranienne et facilité l’émergence d’un ordre islamique durablement exploité pour leurs intérêts.

Bien avant les turbans noirs de Khomeini, l’Iran a tenté de devenir une démocratie parlementaire souveraine. Dans les années 1950, sous l’impulsion de Mohammad Mossadegh, le pays esquissait une voie inédite au Moyen-Orient : un État laïque, démocratique, fondé sur la souveraineté populaire et le contrôle des ressources nationales. Mais cette tentative fut écrasée par un coup d’État orchestré par la CIA et les services secrets britanniques. Pire encore : selon de nombreux historiens, l’Occident a laissé émerger — sinon favorisé — le régime islamique de 1979, espérant qu’il serve mieux ses intérêts géostratégiques.
Plus de 40 ans plus tard, alors que la jeunesse iranienne se soulève contre l’ordre islamique, que les frappes israélo-américaines ont ciblé l’Iran, ce passé refait surface comme une cicatrice jamais refermée.

Mossadegh : la démocratie sacrifiée

Élu démocratiquement en 1951, Mohammad Mossadegh, nationaliste modéré, incarne une promesse inédite : rendre le pouvoir au peuple et reprendre le contrôle du pétrole iranien monopolisé par l’Anglo-Iranian Oil Company (future BP). Soutenu massivement par la population, il nationalise l’or noir. Londres riposte par un embargo, puis convainc Washington — en pleine guerre froide — qu’il faut renverser Mossadegh pour éviter une dérive « communiste ».

Août 1953 : l’opération Ajax, menée par la CIA et le MI6, provoque la chute du gouvernement. Le Shah Mohammad Reza Pahlavi, jusque-là en retrait, est réinstallé avec le soutien occidental. La première expérience démocratique du monde musulman est ainsi brisée — non par ses ennemis internes, mais par les gardiens autoproclamés de la démocratie libérale occidentale.

La dictature du Shah : autoritarisme occidental-compatible

De 1953 à 1979, le Shah règne avec une main de fer, soutenu par les États-Unis, qui lui fournissent armes, services de renseignement (la sinistre SAVAK) et un modèle de modernisation autoritaire. L’Iran devient un rempart stratégique contre le communisme soviétique et un partenaire énergétique fiable pour l’Occident.

Mais la répression, la corruption, le mépris des libertés et l’arrogance du régime creusent un gouffre entre l’élite moderniste et le peuple. Dans l’ombre, un homme s’organise : Ruhollah Khomeini, exilé, chiite radical, structurant une opposition islamique autour de la mosquée, des martyrs et du rejet de l’impérialisme.

1979 : le paradoxe américain

Contrairement aux idées reçues, les États-Unis n’ont pas tenté de sauver jusqu’au bout leur protégé. En 1978–1979, l’administration Carter entretient même des canaux de communication discrets avec Khomeini et ses proches. Pourquoi ? Parce que l’alternative — un soulèvement populaire de gauche ou un effondrement total — leur paraît pire. Khomeini rassure alors sur sa volonté de maintenir la stabilité et les accords pétroliers.

Le pouvoir change de mains. Le régime islamique s’installe. Et Washington — surpris par la radicalisation post-révolutionnaire — se retrouve prisonnier de sa stratégie du « moindre mal ».

Une République islamique utile pour les équilibres instables

Durant les années 1980, les États-Unis n’affrontent pas frontalement le nouveau régime. Ils soutiennent même indirectement l’Irak de Saddam Hussein dans la guerre contre l’Iran (1980-88), sans souhaiter une victoire nette. Objectif : affaiblir les deux puissances régionales, maintenir un équilibre instable, et continuer à jouer un rôle d’arbitre et de fournisseur d’armes dans le Golfe.

Certaines sources indiquent que des informations sensibles sur les opposants laïques et communistes ont été transmises aux nouveaux maîtres islamistes pour faciliter leur élimination.

La révolte de 2022 : l’héritage contesté de la République islamique

Le 16 septembre 2022, la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde arrêtée pour un voile « mal porté », provoque un soulèvement sans précédent. Femmes, étudiants, minorités ethniques, tous réclament la fin de la République islamique. Les slogans renversent la rhétorique officielle : « Femme, vie, liberté » remplace « Mort à l’Amérique ».

Cette révolte, sévèrement réprimée, révèle la faillite morale et politique du régime de Khomeini, devenu un pouvoir brutal, patriarcal, et idéologiquement essoufflé.

2024–2025 : le retour du feu occidental

Depuis 2024, les tensions régionales ont basculé dans l’affrontement militaire direct : attaques israéliennes contre des infrastructures nucléaires iraniennes, frappes américaines ciblées, cyberattaques, assassinats d’officiers du Corps des Gardiens.
Mais ces interventions, au nom de la sécurité ou de la lutte antiterroriste, ravivent les rancœurs anciennes : celles d’un peuple pris en étau entre un régime imposé et une tutelle étrangère persistante.

un peuple trahi deux fois

La trajectoire de l’Iran moderne est marquée par un double sabotage : celui d’une démocratie nationale émergente par les puissances occidentales, puis celui d’une révolution populaire confisquée par une théocratie.
En sacrifiant Mossadegh, puis en s’accommodant du régime de Khomeini, l’Occident a contribué à enfermer l’Iran dans un piège historique. Ce piège sert encore aujourd’hui les intérêts stratégiques : maintenir la tension dans le Golfe, justifier les bases militaires, peser sur les marchés de l’énergie.

En 2025, l’Histoire ne pèse pas seulement sur la mémoire : elle continue de façonner les alliances, les haines, et les soulèvements à venir.

Pour approfondir : Vidéo de l’intervention du professeur de sciences politiques à l’Austin Community College Dr Roy Casgranda

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