Trump et Maduro : le retour du spectre américain en Amérique latine
Alors que Donald Trump menace Nicolás Maduro tout en niant vouloir « faire la guerre » au Venezuela, la région s’enflamme. D’un bout à l’autre du continent, le souvenir du « big stick » américain refait surface. Les chancelleries sud-américaines oscillent entre condamnation prudente et silence calculé, craignant le retour à une ère d’ingérence assumée.
Le Venezuela dans le viseur
Dans une interview diffusée par CBS, Trump a laissé entendre que « les jours de Maduro sont comptés ». Quelques heures plus tard, le Pentagone confirmait la présence accrue d’unités navales américaines dans les Caraïbes, sous prétexte d’une vaste opération antidrogue.
Mais pour Caracas, l’explication ne trompe personne. « Washington cherche à imposer un changement de régime pour mettre la main sur nos ressources pétrolières », a répliqué Maduro, qui fait face à une série de frappes américaines sur des embarcations présumées de trafiquants — des attaques dénoncées par l’ONU comme des « exécutions extrajudiciaires ».
Une région divisée, mais méfiante
La réaction régionale est loin d’être uniforme.
- Au Brésil, Lula da Silva a critiqué « toute forme d’intervention étrangère en Amérique latine », appelant au respect du droit international.
- En Colombie, le gouvernement reste discret mais inquiet : un conflit frontal à sa frontière risquerait de déstabiliser toute la région andine.
- Au Mexique, le président López Obrador a rappelé que « les nations doivent résoudre leurs crises sans canonnières étrangères ».
Même les alliés les plus proches des États-Unis, comme le Chili ou le Pérou, redoutent un engrenage incontrôlable.
La doctrine Monroe ressuscitée
Derrière cette montée de tension plane l’ombre d’un vieux principe : la doctrine Monroe, cette logique selon laquelle « l’Amérique aux Américains » justifiait jadis les interventions de Washington à Panama, au Nicaragua ou au Chili.
Les analystes latino-américains voient dans la posture de Trump une réédition du paternalisme sécuritaire des années 80, maquillé cette fois sous le label de « lutte contre le narco-terrorisme ».
« Les États-Unis utilisent le prétexte de la drogue comme ils utilisaient hier celui du communisme », résume un éditorialiste d’El Tiempo (Bogotá).
Trump a beau affirmer « ne rien prévoir » contre Caracas, ses mots résonnent comme une mise en garde. Des sources militaires américaines ont évoqué des « scénarios de frappes limitées » contre des sites stratégiques vénézuéliens, tandis que la CIA intensifie ses opérations de renseignement dans la région.
À Caracas, l’armée reste en alerte maximale. Les médias d’État diffusent en boucle des images de manœuvres anti-aériennes, martelant le mot d’ordre : “Souveraineté ou mort.”
L’or noir, arrière-plan du bras de fer
Derrière la façade diplomatique se profile un enjeu majeur : le pétrole. Le Venezuela détient les plus vastes réserves mondiales, convoitées depuis toujours.
Alors que les marchés pétroliers se tendent, tout coup porté à Caracas résonne sur les bourses mondiales.
« Le pétrole reste la clé du conflit : qui contrôle Caracas contrôle une part de la géopolitique énergétique mondiale », analyse le politologue argentin Esteban Paez.
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