Aziza Othmana : le récit de la vie de la bienfaitrice la plus connue de Tunisie
Son nom est dans toutes les têtes et bouches chaque fois que l’on parle d’œuvres de bienfaisance. Elle consacra sa vie à « vivre pour autrui ». En fondant notamment un hôpital qui porte son nom.
Impasse Echamaiya. En dehors des riverains, des familiers de la médina de Tunis ou encore d’historiens et archéologues, peu de personnes savent que cette impasse, située à proximité de la Mosquée de la Zitouna et qui servait à un souk dédié aux cierges, accueille le tombeau de la bienfaitrice Aziza Othmana. Un tombeau installé dans la Tourbet Othman Dey, son grand-père. Le Mausolée héberge donc, outre le tombeau de ce denier, celui d’Aziza Othmana, celui des serviteurs de cette dernière et les membres de sa famille. Aziza Othmana Dey est effectivement la petite-fille d’un dey qui a régné de 1593 à 1610. Un timbre-poste, datant de 1985, immortalise ses actions. Et son nom a été donné à un des avions de la compagnie Tunisair, en 2012.
Autant dire que Aziza Othmana, née Fatima Othmana (1606-1669), naît et vit dans un palais, celui de son grand-père au milieu de ses serviteurs et du luxe dû aux princesses d’alors. Elle y mène cependant une vie pieuse – elle accomplira du reste le pèlerinage de La Mecque -, consacrant une grande partie de sa vie à l’apprentissage du Coran, du Hadith, de la littérature ainsi que des langues.
Une vie paisible jusqu’à ce qu’un événement soit venu, assurent les historiens, en changer le cours : la mort de son fils. Mariée en 1659 à Hammouda Bey, elle va donner vie à un garçon du nom d’Ahmed. Qui va être assassiné. Une mort qui, soutiennent les historiens, va sonner comme un déclic. Elle décida de consacrer le restant de sa vie à, comme aurait dit le philosophe et sociologue français Auguste Comte, « vivre pour autrui ».
Une vie paisible jusqu’à ce qu’un événement soit venu , assurent les historiens, en changer le cours : la mort de son fils. Mariée en 1659 à Hammouda Bey, elle va donner vie à un garçon du nom d’Ahmed. Qui va être assassiné. Une mort, qui soutiennent les historiens, va sonner comme un déclic.
Le récit de la vie de la princesse est narré notamment par l’historien Hassan Hosni Abdelwaheb dans son livre « Les célèbres Tunisiennes » (1966).
« Bimaristan Al Azzafine »
Parmi ses faits d’armes, à ce juste propos, elle décide, dans son testament, de se dessaisir de tout ce qu’elle possède. « Elle s’affranchit », assure-t-on, « de l’ensemble de ses esclaves et constitue en habous (institution où un bien est rendu inaliénable par son propriétaire afin d’en affecter les revenus à une œuvre pieuse ou d’utilité générale) la totalité de ses biens, soit plus de 90 000 hectares de terrains plantés ou semés, au profit d’œuvres caritatives très diverses : fonds destinés à affranchir les esclaves et racheter les prisonniers, fonds pour constituer les trousseaux de mariage des jeunes filles pauvres ».
Et dans le même ordre d’idées, elle fonde un hôpital qui porte aujourd’hui son nom : l’Hôpital Aziza Othmana. Un hôpital qui va porter, au départ, en 1666, le nom de « Bimaristan Al Azzafine » (Bimaristan des musiciens). Le bâtiment « existe encore, au numéro 101 de la rue de La Kasbah, entre la rue El Azzafine et le souk En Nhas ». Il va déménager, en 1879, deux années avant l’installation du protectorat français en Tunisie, dans son emplacement actuel à la Place de La Kasbah. Le décret beylical qui le fonde spécifie qu’il se nomme l’« Hôpital Sadiki » et « est destiné à soigner les pauvres et les nécessiteux, comme il accueille également les patients atteints de maladies mentales ».
Découverte du Typhus exanthématique
Il figurerait, assure-t-on également, « parmi les premiers hôpitaux à exiger des règles modernes d’organisation à l’intérieur de l’établissement et à investir dans la propreté et la prévention ». L’administration de l’hôpital aurait joué un rôle dans la découverte par le célèbre médecin Charles Nicolle, prix Nobel de médecine de 1928, de l’agent transmetteur du Typhus exanthématique.
On rapporte aussi parmi les faits d’armes d’Aziza Othmana, l’histoire de son passage aux îles de Kerkennah. Et de la proposition faite à son retour de ces îles, en 1700, de faciliter l’exploitation par la population de la mer. Sous la forme de « propriétés marines ».
On rapporte aussi parmi les faits d’armes d’Aziza Othmana, l’histoire de son passage aux îles de Kerkennah. Et de la proposition faite à son retour de ces îles de faciliter l’exploitation de la mer par la population. Sous la forme de « propriétés marines ». « Le souverain accepte », précise-t-on, « alors sa demande et découpe la mer en parcelles. Et depuis, les Kerkenniens se partagent 500 pêcheries qui sont autant de propriétés foncières qui peuvent être héritées ou vendues ». Un système de propriété foncière maritime « qui s’applique pour les « charfias » de la lagune Bahiret el Bibane au nord de Ben Gardane ». Charfia signifie « une méthode de pêche reposant sur des installations fixes exploitant passivement les hauts fonds marins et les conditions hydrographiques de courants et de marée pour piéger le poisson vivant ».
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