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Le Soudan, la grande tragédie oubliée

14. September 2024 um 09:28

Plus de 150 000 morts, plus de 10 millions de personnes condamnés au déplacement forcé sur une population de 49 millions, 25 millions en proie à la famine et aux violences notamment sexuelles sur les mineurs. Les Soudanais subissent l’horreur depuis 16 mois et précisément depuis le 15 avril 2023 à cause d’une guerre pour le pouvoir qui s’éternise entre deux alliés d’hier devenus des ennemis irréductibles en l’occurrence Abdel Fattah Al-Burhan qui dirige l’armée régulière, les Forces armées soudanaises (FAS), et Mohamed Hamdan Degalo qui dirige la puissante formation paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR). Une tragédie hélas oubliée et qui ne bénéficie pas de l’attention du monde. (Illustration : la guerre civile au Soudan condamne 10 millions de personnes au déplacement forcé).

Imed Bahri

Sur ce conflit soudanais s’est greffé un conflit régional car les puissances régionales et internationales qui soutiennent l’un des deux belligérants lorgnent les richesses de ce pays et en premier lieu l’or.

Le Soudan est devenu le théâtre d’une guerre par procuration pour des puissances cyniques et cupides qui n’ont que faire de la tragédie insupportable et interminable du peuple soudanais.

The Financial Times a publié un enquête préparée par Andres Schipani dans laquelle il affirme que la guerre civile au Soudan s’est transformée en un champ de bataille international dans lequel les pays se battent pour l’influence et l’exploitation des sources d’or du Soudan et pour sa situation stratégique. 

Au début de l’enquête, Schipani a fait référence à un garçon de 15 ans rencontré dans la ville d’Omdurman qui frissonnait chaque fois qu’il entendait le bruit des coups de feu. Cette année, il jouait au football sur un terrain lorsqu’il a été arrêté par des miliciens affiliés aux FSR. Il a été emprisonné avec plusieurs garçons de son âge et ils ont été exploités en étant initialement utilisés pour servir les combattants FSR comme laver et repasser leurs vêtements et cirant leurs chaussures et après ils ont été violés. Ensuite, ils ont été forcés de se battre contre l’armée soudanaise, ont reçu des stimulants et ont été placés dans une voiture pour les emmener sur le champ de bataille du sud de Khartoum où ils ont pu échapper à une attaque surprise d’un drone et l’armée soudanaise les a arrêtés.

Le garçon, qui se trouve maintenant dans une maison sûre dans la ville d’Omdurman, a déclaré: «J’aurais aimé que cette guerre n’éclate pas». D’autant qu’elle s’est transformée, depuis le 15 avril 2023, en une guerre féroce dans laquelle deux généraux en désaccord sur le pouvoir mènent des combats fratricides : Al-Burhan et Dagalo, dit Hemedti, dont les forces sont accusées d’opérations de nettoyage ethnique.

Crimes de guerre

Les deux hommes s’étaient associés pour renverser Omar Al-Bashir en 2019. Mais ils se disputent désormais le butin, alors que les responsables américains estiment que la guerre a jusqu’à présent tué plus de 150 000 personnes. Tous deux sont accusés d’avoir commis des crimes de guerre alors que les Nations Unies ont prévenu que le Soudan était confronté à une crise sans précédent avec plus de 10 millions de personnes déplacées soit un cinquième de la population du pays.

La moitié des 49 millions d’habitants souffre de faim et d’insécurité alimentaire, les pires conditions que le pays ait connues depuis longtemps. Il s’agit peut-être de la guerre la plus dévastatrice au monde et il n’y a aucun signe d’issue décisive ou de vainqueur clair, encore moins de règlement pacifique. Outre les combattants des pays voisins, cette guerre a attiré une série d’acteurs mondiaux et régionaux, chacun rivalisant d’influence et de pouvoir dans un pays qui est l’un des plus grands producteurs d’or d’Afrique.

«La guerre dure depuis 16 mois et nous n’en voyons pas la fin», déclare Clementine Nkweta Salami, la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour le Soudan. «Ce que nous voyons, ce sont des combats, la faim et la maladie», ajoute-t-elle.

Comme c’est le cas dans les guerres en Afrique y compris celle dans l’est de la République démocratique du Congo, les événements au Soudan ont continué à se dérouler sous le radar de l’attention internationale. Les conflits en Ukraine et à Gaza,  qui sont des conflits stratégiques aux implications géopolitiques évidentes, ont suscité des sentiments de solidarité et des protestations massives et il y a eu peu d’inquiétudes et de tensions à propos du Soudan.

Tout cela malgré le fait que les enjeux sont importants au Soudan notamment en raison de sa situation au bord de la mer Rouge, à proximité du canal de Suez, le corridor commercial mondial.

La Russie et les pays du Moyen-Orient sont accusés d’injecter de l’argent et des armes dans cette guerre. Ahmed Othman Hamza, gouverneur de l’État de Khartoum, déclare: «Le 15 avril 2023 a tout changé au Soudan et cette guerre est contre le peuple». Les forces de Hemedti contrôlent désormais certaines zones de son principal fief au Darfour (à l’ouest et au sud-ouest du pays). Il a pris le contrôle de la plupart des zones autour de Khartoum l’année dernière. La capitale est assiégée tandis qu’Al-Burhan et ses forces se replient vers Port-Soudan situé à 670 kilomètres au nord-est de Khartoum. 14 des 18 États du Soudan sont désormais en pleine guerre.

Russes, Ukrainiens et Emiratis de la partie

Le FT estime que le contexte géopolitique de cette guerre est complexe. Tandis que des pilotes ukrainiens à la retraite sirotent du jus de mangue et mangent du homard à Port-Soudan aux côtés des dirigeants des forces armées soudanaises, des tireurs d’élite russes entraînent également l’armée de Burhan, selon des officiers des renseignements soudanais.

Pendant ce temps, des généraux soudanais affirment que les FSR ont recruté des mercenaires en provenance de République centrafricaine, du Tchad et du Soudan du Sud. Des rapports récents publiés par Amnesty International et Human Rights Watch indiquent que le nombre d’armes fabriquées par plusieurs pays tels que la Chine, l’Iran, la Turquie, la Russie et les Émirats arabes unis augmente au milieu d’appels croissants en faveur d’un élargissement de l’embargo sur les armes.

Les responsables de Port-Soudan confirment que le financement de la machine militaire des forces armées soudanaises provient en partie des exportations d’or en plus de ce qui reste des énormes sociétés commerciales affiliées à l’armée.

Tout cela est soutenu par les approvisionnements en pétrole russes puisque Moscou a envoyé huit cargaisons de produits pétroliers, pour la plupart du diesel, depuis le début de la guerre. Les experts de l’Onu estiment que les RSF est soutenue par les activités de Hemedti dans le commerce de l’or et par les Émirats arabes unis.

Un comité de l’Onu a présenté ce qu’il a qualifié de preuves «crédibles» selon lesquelles Abou Dhabi fournissait des armes au Soudan. Ce sont des allégations que les Émirats rejettent fermement affirmant qu’ils ont à une position neutre sur la guerre et que ce qui est dit sur leur soutien aux FSR est sans fondement et vise à détourner l’attention des questions fondamentales.

Les observateurs internationaux estiment que le soutien des Émirats à Hemedti est motivé par des soupçons à l’égard d’Al-Burhan selon lesquels il serait proche des islamistes, lesquels étaient dominants durant l’ère Al-Bashir. «Les Émirats arabes unis considèrent les Frères musulmans comme un acteur important au Soudan et c’est ce qui les motive», explique un haut diplomate étranger.

La guerre a mis en danger les ressources du Soudan, fait dérailler le programme de réformes soutenu par le FMI et affaibli la capacité de Khartoum à rembourser ses créanciers y compris la Chine à un moment où le pays négociait un allègement de sa dette.

L’économie soudanaise a connu un déclin de 40 % l’an passé selon les estimations de Jibril Ibrahim, ministre des Finances des institutions contrôlées par Al-Burhan. Le Soudan est non seulement le plus grand producteur d’or d’Afrique mais il possède également des ressources qui ne sont pas disponibles dans d’autres pays notamment des zones de terres arables le long du Nil. Plus important encore, sa côte s’étend sur 750 kilomètres le long de la mer Rouge jusqu’au canal de Suez où des pays comme l’Iran, la Russie et les Émirats rivalisent pour prendre pied.

Après le renversement d’Al-Bashir qui continuait d’osciller entre l’Iran et l’Arabie saoudite, Al-Burhan a renforcé ses relations avec les Émirats, l’Arabie saoudite et l’Égypte et est même parvenu à un rapprochement avec Israël. Lorsque le dernier conflit a éclaté, Al-Burhan a commencé à chercher des alliés et les généraux ont rétabli les relations avec Téhéran qui a mis des drones à la disposition de l’armée soudanaise. Un diplomate occidental commente: «Il s’agit désormais d’une guerre au Moyen-Orient qui se déroule en Afrique.»

Alors que les mercenaires russes du groupe Wagner fournissaient auparavant soutien et formation aux forces FSR de Hemedti, les Russes sont actuellement favorables à Burhan.

Les chefs militaires soudanais et les responsables russes parlent de relancer les projets visant à permettre l’établissement d’une base navale russe sur la mer Rouge. Suleiman Baldo du Centre soudanais pour la transparence et le suivi politique déclare: «Les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Russie veulent prendre pied au Soudan et  la Russie veut l’or soudanais».

Accusations contre les deux camps

L’envoyé américain pour le  Soudan Tom Perello a appelé les pays et les forces jouant un rôle négatif en versant de l’huile sur le conflit soudanais à cesser d’alimenter la guerre et d’armer les belligérants. La guerre a déclenché des massacres qui ont conduit les organisations pénales internationales à ouvrir des enquêtes à leur sujet. Les combattants des FSR sont accusés d’avoir commis des massacres dans la guerre actuelle tout comme les Janjawids ont commis avant eux des massacres au Darfour au début de ce siècle.

Le FT a rapporté qu’une jeune fille de 16 ans avait été kidnappée au début de l’année à Omdurman. Elle a déclaré que les combattants de FSR l’avaient ligotée, battue et violée à plusieurs reprises. Le bruit de la torture a été enregistré pour son frère qui a été arrêté pour collaboration avec l’armée et elle ne l’a jamais revu. Cependant, les deux camps sont accusés de violations selon le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

En dépit des accusations principalement portées contre les FSR, l’armée soudanaise est accusée d’attaques contre des civils, des écoles, des hôpitaux et d’autres infrastructures. Le procureur général associé au gouvernement militaire, Al-Fatih Muhammad Issa Tayfour, a confirmé que les FSR sont responsables de la majorité des massacres. Un homme d’affaires soudanais a déclaré à leur propos: «Ce qui se passe au Soudan ne s’est pas produit depuis le Moyen Âge et il y a eu plusieurs guerres et guerres civiles dans le monde mais personne n’a fait ce que ces hommes ont fait de manière réfléchie.»

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Josep Borrel met le pied dans le plat : «Israël a financé le Hamas»

09. September 2024 um 12:29

«Le Hamas a été financé par le gouvernement israélien pour tenter d’affaiblir l’Autorité palestinienne du Fatah», a déclaré Josep Borrel, vendredi 6 septembre 2024, lors d’une conférence dans une université espagnole.

Le chef de la diplomatie européenne a ajouté : «Si nous n’intervenons pas fermement, la spirale de la haine et de la violence se poursuivra de génération en génération, de funérailles en funérailles».

Ces propos n’ont pas manqué de susciter des réactions outrées dans les cercles sionistes européens. 

En fait, Borrel n’a fait que rappeler une vérité historique attestée par beaucoup d’historiens, y compris israéliens.

«Oui, Israël a soutenu les Frères Musulmans à la base mais le Hamas n’en est qu’une émanation spécifique», a cru pouvoir nuancer Michel Liégeois, professeur de Relations internationales à l’UCLouvain, cité par RTBF.

L’expert apporte des données intéressantes à ce sujet qui méritent d’être mieux connus : «Historiquement, Israël met pour la première fois les pieds à Gaza en 1967, à l’issue de la guerre des Six Jours. Puisqu’avant cela, le territoire gazaoui qui est aujourd’hui la bande de Gaza, ne faisait pas partie de l’Etat d’Israël dans le cadre du plan de partage. C’est, à l’époque, un territoire palestinien», explique Michel Liégeois. «Pour des raisons de sécurité, Israël maintient sa présence et occupe Gaza. Elle y trouve à ce moment-là une seule organisation un peu structurée : l’organisation des Frères musulmans. Ensemble, ils trouvent un modus operandi. Les Frères Musulmans vont aider Israël à administrer la bande de Gaza. Cela permet à Israël de ne pas devoir y perdre trop d’énergie et d’argent», ajoute-t-il.

Au fil des ans, la coopération entre les deux parties va s’approfondir, le but d’Israël étant de ne pas avoir affaire à l’OLP. En échange d’une reconnaissance de fait, Israël allait devoir payer une contrepartie : «Israël va, en échange, financer un certain nombre de projets, notamment la construction de mosquées», explique Michel Liégeois.

Cette «entente» contre-nature, sachant les positions extrémistes des Frères musulmans, dure 20 ans, jusque dans les années 80 : «En 1987, le Hamas est créé. Le Hamas est bien l’émanation politico-militaire, plus radicale, de la mouvance des Frères musulmans. Donc oui, Israël a soutenu les Frères Musulmans à la base mais le Hamas n’est qu’une émanation spécifique, politique, de cette organisation. Il est important de le préciser», souligne l’expert.

En aidant les ennemis de ses ennemis, c’est-à-dire en jouant la carte des islamistes contre celle des laïques, selon une tactique vieille comme le monde, Israël cherchait à déstabiliser le Fatah,

Peut-on affirmer donc qu’Israël a aidé le Hamas à gagner du terrain contre le Fatah ? Réponse de l’expert qui a dû prendre mille pincettes et couper le cheveu en quatre pour répondre par l’affirmative: «À certains moments, de façon ponctuelle, dans le cadre d’opérations menée par les services secrets israéliens, il n’est pas exclu qu’ils n’aient pas jugé utile d’affaiblir un peu le Fatah, de lui rendre la vie un peu plus difficile. Donc on ne peut pas totalement exclure cette possibilité.»

I. B.

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Les Arabes et leurs «causes» à la recherche du temps perdu

05. September 2024 um 09:44

Les Arabes et les musulmans n’ont jamais su défendre leurs causes les plus légitimes, et à leur tête la cause palestinienne, offrant à l’Etat colonial, expansionniste et génocidaire d’Israël l’occasion de se renforcer grâce à nos erreurs et à nos errements. Le temps n’est-il pas venu de nous interroger sur les causes de cet échec et les moyens d’en sortir ? L’ «Autre», occidental, israélien, néo-colonialiste… n’est pas un enfant de chœur et est sans doute pour beaucoup dans nos déboires, mais notre responsabilité y est tout aussi grande.

Latif Belhedi

Certes, la cause palestinienne demeure, incontestablement, l’une des plus justes au monde et le drame des Palestiniens, privés de leurs droits d’un État libre et indépendant, reste une des aberrations de l’Histoire contemporaine. Soutenir les attentes légitimes de ces populations, comme on soutiendrait toute cause noble à travers la planète, reste, par conséquent, un devoir d’homme libre et solidaire, épris de justice et soucieux d’équité.

Mais notre solidarité, aussi profonde et aussi sincère soit-elle, devrait-elle nous faire perdre notre lucidité et nous engager sur des voies incertaines? Aujourd’hui, alors que la «cause» apparaît essoufflée et dénaturée, la voix inaudible et l’image ternie, le temps n’est-il pas venu de prendre un peu de recul, d’ignorer les voix délirantes, celles des passions funestes et de faire entendre, enfin, la voix de la raison?

Hélas ! Depuis le début des hostilités entre les deux communautés juive et arabe, au lieu de faire triompher la «cause», on n’a fait qu’exacerber les méfiances réciproques, multiplier les malentendus et amplifier les ressentiments. Par conséquent, continuer à fanfaronner et à gesticuler serait indigne à l’égard d’une cause éminemment noble.

Au contraire, le temps est venu de rompre le silence et de briser les tabous, de bousculer les idées reçues et de faire taire les mensonges. Désormais, nommer les choses, se poser certaines questions franches et sincères sur les raisons de ces échecs et de ces égarements serait un véritable acte militant, urgent et nécessaire.

Face à un monde arabe où le débat contradictoire est proscrit, où toute pensée libre est honnie, où le pluralisme des idées reste une hérésie et où les populations, asservies par des pouvoirs autoritaires, manipulées et infantilisés par des médias cupides, mais aussi, loin des interminables palabres, des discours enflammés et incantatoires et des colères pétries de dépit, cet ouvrage de Salah El-Gharbi a pour ambition d’initier un débat sincère, exigeant et profond sur notre supposée «identité» et sur notre destinée dans un monde, de plus en plus, instable et complexe. Car, ce serait en libérant la parole et en s’affranchissant du poids de l’émotion stérile qui paralyse nos forces et qui compromet notre devenir collectif, qu’il nous serait possible de nous réconcilier avec nous-mêmes et avec «l’Autre», qui partage avec nous notre humanité, et d’écouter la voix de la raison, la seule parade capable de nous sauver du piège de l’ethnique et du dogmatisme religieux et de nous amener à admettre effectivement que nous sommes des hommes avant d’être des «Arabes» et des «musulmans».

 ‘‘Les Arabes et la cause au temps de la perdition’’, essai de Salah El-Gharbi, en arabe, Tunis, 2024.

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