Gaza | Que contient le plan égyptien qui se veut une alternative au plan Trump ?
L’Égypte est fortement embarrassée tout comme la Jordanie par le plan incendiaire du président américain Donald Trump qui prévoit de vider Gaza de ses habitants et de les déplacer vers ces deux pays voisins afin que la bande détruite puisse être reconstruite et transformée en une station touristique sans droit de retour pour ses habitants. Toutefois, le Caire n’entend pas uniquement se murer dans son refus catégorique du plan du président américain. Il a également élaboré le sien.
Imed Bahri
L’effort diplomatique égyptien est à saluer mais il a ses limites vu qu’il ne satisfait ni l’OLP, car il fait la part belle aux technocrates, ni Israël, car il ne tranche pas la question de l’avenir de la branche militaire du Hamas.
Dans une enquête réalisée par son rédacteur en chef diplomatique Patrick Wintour, le journal britannique The Guardian lève le voile sur ce plan égyptien, qui prévoit la création d’un comité de technocrates pour gérer la bande de Gaza et met l’accent sur la coopération avec la Banque mondiale et sur l’exclusion du Hamas de la gouvernance, de la gestion du territoire palestinien et de tout rôle dans le processus de reconstruction.
Le plan proposé comprend également la formation d’un comité de soutien social ou communautaire. Aucun membre du Hamas n’y participera. Cependant le fait que le futur statut militaire du Hamas à l’intérieur de Gaza ne soit pas résolu par ce plan risque de constituer un obstacle à son soutien par Israël. Cette question prioritaire pour les Israéliens demeure donc en suspens.
Les détails du plan arabe bientôt révélés
Les pays arabes, notamment les Émirats arabes unis et le Qatar, se préparent à apporter un soutien financier pour financer la reconstruction mais à condition d’accorder aux Palestiniens le droit de rester à Gaza et de ne pas les forcer à chercher refuge temporairement ou définitivement en Égypte ou en Jordanie. Le processus de reconstruction prendra entre trois et cinq ans après que 65% des bâtiments à Gaza aient été détruits.
Des sources européennes affirment que la fourniture de garanties de sécurité à Israël n’est toujours pas résolu d’autant plus qu’aucun des pays arabes n’a exprimé sa volonté d’envoyer des forces dans la bande de Gaza. De plus, l’absence d’un horizon politique clair de la part d’Israël pour la création d’un État palestinien complique la situation. Un sommet arabe doit se tenir à Riyad ce mois-ci au cours duquel seront discutés un plan alternatif aux propositions de Trump sur Gaza et les détails du plan arabe seront révélés.
L’Arabie saoudite n’a pas encore explicitement appelé à exclure le Hamas du processus de reconstruction ou de l’administration de Gaza mais Anwar Gargash, conseiller du président des Émirats arabes unis, a salué l’appel d’Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, demandant au Hamas de se retirer de l’administration de Gaza, qualifiant cet appel d’approprié et rationnel. Aboul Gheit avait déclaré: «Les intérêts du peuple palestinien doivent passer avant ceux du mouvement notamment à la lumière des appels au déplacement des Palestiniens de Gaza et de la guerre qui en a résulté et qui a détruit la bande de Gaza et déchiré son tissu humain et social en raison de ses décisions».
S’exprimant lors du Sommet mondial de la gouvernance la semaine dernière, Aboul Gheit a déclaré que la proposition de Trump de déplacer environ deux millions de Palestiniens de Gaza pousserait la région dans une spirale de crises avec un impact dévastateur sur la paix et la stabilité. «C’est inacceptable pour le monde arabe qui combat cette idée depuis 100 ans», a-t-il déclaré.
Le comité proposé dans le plan arabe devrait inclure des technocrates indépendants et des représentants de la société civile et des syndicats afin de garantir qu’aucune faction ne domine. Même les diplomates arabes modérés considèrent que le plan Trump n’est ni pratique ni moralement valable. L’un d’eux a déclaré: «Nous devons y faire face.»
Une deuxième source arabe a dénoncé les propositions fantasques qui font florès ces derniers temps: «Beaucoup de ces idées semblent farfelues comme celle de transformer les tunnels du Hamas en réseau de métro. L’idée est venue de nulle part.»
Un casse-tête appelé Hamas
L’Autorité nationale palestinienne qui gouverne certaines parties de la Cisjordanie n’a pas encore soutenu le plan égyptien craignant qu’il n’entraîne une division permanente entre la Cisjordanie et Gaza à travers deux systèmes administratifs distincts. Jibril Rajoub, responsable du Fatah qui domine l’Autorité palestinienne, a déclaré que le groupe avait refusé de discuter de l’idée d’un comité qui dirige Gaza le décrivant comme un prélude à la perpétuation de la division et a souligné l’adhésion à ce qu’il a appelé l’unité du gouvernement et du système.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a exclu tout plan alternatif à la proposition de Trump. «Tout plan qui laisse le Hamas dans la bande de Gaza sera un problème car Israël ne tolérera pas cela», a-t-il souligné dimanche à Tel Aviv, en s’adressant au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Rubio est en tournée au Moyen-Orient où il discutera également de Gaza à Riyad et où son équipe rencontrera des responsables russes pour discuter de la manière de mettre fin à la guerre en Ukraine.
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