Coopération tuniso-française : vers une nouvelle ère de recherche archéologique
Un colloque international sur “la coopération archéologique tuniso-française : nouvelles orientations, nouveaux résultats” a démarré jeudi 23 octobre 2025 à Gammarth (banlieue Nord de Tunis) à l’initiative de l’Institut français de Tunisie (IFT), en partenariat avec l’Institut national du Patrimoine (INP) et l’Agence de mise en valeur du Patrimoine et de Promotion culturelle (AMVPPC), en présence de co-directeurs tunisiens et français des missions actuellement en activité.
L’objectif de cette rencontre organisée durant deux jours est de présenter les avancées récentes dans l’étude des sites et du mobilier archéologique, d’évaluer les apports des approches pluridisciplinaires et d’esquisser les perspectives de recherche à venir. Une attention particulière sera accordée à l’évolution des sites étudiés, à leurs origines, à la typologie des mobiliers et à la complémentarité des méthodes scientifiques. Les actes du colloque feront l’objet d’une publication destinée à un large public, afin de valoriser les résultats de cette coopération exemplaire et de contribuer à la promotion du patrimoine archéologique de la Tunisie.
“A travers ce colloque, nous avons l’occasion de dresser un bilan et surtout de tracer de nouvelles perspectives. Car la coopération ne doit pas seulement célébrer son passé, aussi prestigieux soit-il : elle doit inventer son avenir, en intégrant les outils numériques, les approches pluridisciplinaires et la valorisation auprès du grand public” a déclaré le Directeur général de l’Institut national du patrimoine (INP) Tarek Baccouche, à l’ouverture des travaux du colloque.
“Depuis les premières missions conjointes au lendemain de l’indépendance, jusqu’aux programmes les plus récents, cette coopération a permis d’écrire des pages décisives de l’histoire archéologique de la Tunisie. Des sites emblématiques en portent la marque : Dougga, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, où fouilles et études ont permis de révéler l’urbanisme et la vie quotidienne d’une cité romano-africaine ; Ammaedara, l’actuelle Haïdra, dont les recherches sur la forteresse byzantine et l’urbanisme antique continuent d’enrichir notre connaissance de l’Afrique romaine et tardo-antique ; Carthage enfin, capitale prestigieuse également classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, où les fouilles franco-tunisiennes ont largement renouvelé notre compréhension des phases punique, romaine et chrétienne” a-t-il tenu à rappeler.
Pour sa part, l’ambassadrice de France en Tunisie Anne Gueguen, a souligné l’aspect dynamique de la coopération entre les deux pays “construite de manière exemplaire avec nos partenaires tunisiens, notamment I’INP, en pensant toujours d’un côté à l’action concrète sur le terrain et de l’autre, à l’échange et la formation, académique et pratique qui se décline en de multiples projets.
Elle a évoqué le lancement d’un nouveau chantier avec un Fonds Equipe France sur les enjeux de préservation, de formation de valorisation du patrimoine en Tunisie, qui permettra la mise en place d’un master en archéologie et patrimoine, en lien avec l’INP et passé en revue la coopération et les projets à savoir ceux menés sur le site punique de Kerkouane, et sur le site Thaenae à Sfax, l’ambassadrice a indiqué avoir inauguré le Fonds équipe France HAYA BIN THYNA en avril 2024 qui couvrait de manière inédite trois volets de formation, de recherche et de valorisation. Ce projet a permis de livrer concrètement pour un peu plus de 500.000 tnd de matériel nécessaire aux fouilles archéologiques de Thaenae, une partie de ce matériel étant utilisé par les archéologues tunisiens de I’INP et français d’Aix-Marseille-Université et ajouté que l’ambassade et le Service de Coopération et d’Action Culturelle ont à cœur d’appuyer ces projets au cœur de la relation bilatérale Tuniso-française.
Le représentant de l’AMVPPC Daouda Sow, a relevé que cette rencontre donnera l’occasion d’éclairer davantage des aspects jusque-là peu connus ou insuffisamment étudiés de l’histoire de la Tunisie qui a joué des rôles de premier plan dans celle du Nord de l’Afrique voire de la Méditerranée “même si nous savons déjà que c’est une somme de connaissances incontournables et une littérature fort utile qui ont été récoltées” notant que cette rencontre, prolongement de traditions scientifiques précieuses et séculaires, “témoigne de l’engagement constant de nos institutions en faveur de la continuité, de la recherche et de la valorisation du patrimoine archéologique et historique tunisien”.
“Un partenariat exemplaire avait été noué entre les ministères tunisiens et français de la culture à travers la direction de l’Architecture et du Patrimoine à Bordeaux et l’Institut National du Patrimoine et l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle qui ont été couronnées par deux publications majeures sur le site archéologique d’Uthina, « Oudhna(Uthina) la redécouverte d’une ville antique de Tunisie » et « Oudhna(Uthina) colonie de vétérans de la XIII e légion- histoire, urbanisme, fouilles et mise en valeur des monuments » réunies par feu Habib Ben Hassen et Louis Maurin dans la collection « Mémoires » d’AUSONNIUS( Institut de Recherche sur l’Antiquité et le Moyen Age(CNRS-UMR.507) at-il souligné.
Le directeur des recherches archéologiques et historiques à l’INP Samir Aounallah a déclaré à l’agence TAP que l’objectif de ce colloque est d’être une réflexion sur patrimoine et en tant que chercheur ”nous attendons une réflexion sur la méthodologie de travail”.
L’article Coopération tuniso-française : vers une nouvelle ère de recherche archéologique est apparu en premier sur WMC.