Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a affirmé aux médias locaux qu’Israël aurait été prêt à éliminer le guide suprême iranien, Ali Khamenei, si l’occasion s’était présentée lors du récent conflit de douze jours avec l’Iran. « S’il avait été à portée, nous l’aurions neutralisé », a-t-il déclaré, jeudi 26 juin, sur les ondes de la radio publique Kan.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a confirmé que l’élimination du guide suprême iranien, Ali Khamenei, avait été envisagée durant la guerre éclair de douze jours contre l’Iran, mais que l’opération n’avait pas pu être menée à bien. « Nous n’avons pas eu d’opportunité opérationnelle », a-t-il déclaré, jeudi 26 juin, à la radio publique israélienne Kan, ajoutant que le guide suprême s’était « enfoncé très profondément sous terre », rendant toute frappe irréaliste.
Invité sur Channel 12 et 13, M. Katz a confirmé qu’Israël n’avait pas pu localiser Khamenei. Lors du conflit, il avait affirmé que ce dernier ne pouvait « pas continuer à exister ». Il a reconnu, après le cessez le feu que la situation avait changé et qu’Israël ne poursuivait plus ce projet.
Il n’a cependant pas manqué d’avertir Ali Khamenei : « Je lui recommande de rester dans un bunker. »
Israël Katz estime que le guide suprême devrait prendre exemple sur l’ancien dirigeant du Hezbollah libanais pro-iranien, Hassan Nasrallah, qui s’était retranché pendant des années dans un bunker.
« Je lui recommande d’en faire autant », a-t-il lancé.
En effet, Nasrallah a été tué par une frappe israélienne en septembre 2024.
M. Katz a admis qu’Israël ignore l’emplacement exact des stocks d’uranium enrichi détenus par l’Iran, mais il a assuré que les frappes ciblées contre les sites nucléaires avaient neutralisé les capacités d’enrichissement de Téhéran. « Le matériel en lui-même n’était pas l’objectif direct », a-t-il expliqué à Channel 12.
« Nous avons détruit les infrastructures nucléaires ainsi que les capacités de développement des missiles iraniens, en éliminant toutes les usines de fabrication », a-t-il ajouté.
Cette information a été relayée par plusieurs médias.
Ce que les Israéliens sont en train d’expérimenter dans la douleur et l’indignation depuis le début de leur attaque militaire contre l’Iran, il y a une semaine, c’est le principe de réciprocité qui régit pourtant habituellement les relations humaines, individuelles et collectives, et que leur dédain vis-à-vis de leurs voisins leur aurait peut-être fait oublier.
Jamila Ben Mustapha *
Le suprémacisme dont ils sont imbus les aurait-il ainsi poussés à l’erreur en leur faisant croire qu’ils allaient pouvoir, en attaquant l’Iran, réaliser leur habituelle victoire rapide et facile sur un pays musulman ?
Et voilà que ce peuple anciennement persécuté n’a aucun problème à devenir le peuple actuellement le plus persécuteur vis-à-vis de ses voisins et le plus méprisant à l’égard du droit international, élaboré pourtant par et pour les pays dits «civilisés».
Israël a le droit… d’attaquer !
Ses alliés, aveuglés par un soutien inconditionnel, en sont venus à inverser les choses et faire une confusion sémantique entre les notions pourtant nettement opposées d’«attaque» et de «défense». Alors que c’est ce pays qui a clairement déclenché les hostilités contre l’Iran, voilà que le président français Emmanuel Macron lance la phrase -mantra : «Israël a le droit de se défendre»; pourtant, il est clair comme le jour que c’est lui qui est le pays agresseur.
Quant au président américain Donald Trump, il se demande tout haut et devant le monde entier s’il va ou non faire tuer l’ayatollah Ali Khamenei. Imaginons un instant le président d’un pays musulman exprimant son désir de faire exécuter un homme politique qu’il considère comme un ennemi. On le traiterait, pour le moins, de dictateur sous-développé et de personne peu civilisée. Pourtant, l’affirmation de Trump n’a suscité aucune indignation collective; et face à cet appel décomplexé au meurtre d’un responsable précis venant du chef d’un pays puissant, on peut légitimement se poser la question suivante, en ce début du XXIe siècle : «Où allons-nous ?»
Les contradictions de l’Occident prédateur
Quant à l’Occident, qui compte par ailleurs des personnalités sincèrement humanistes, on pourrait le définir de façon synthétique comme la contradiction vivante entre la valorisation qu’il fait de valeurs humaines dites universelles mais qu’il n’applique qu’à lui-même, et une attitude pratique prédatrice vis-à-vis du reste du monde et dont on évoquera rapidement les grands moments : l’éradication des Indiens pour leur prendre leurs terres en Amérique, l’esclavage des Noirs auquel nous, Arabes, avons aussi participé, et la colonisation de vastes régions dont le dernier acte a été la création, aux dépens de voisins forcément hostiles, d’un Etat – Israël – qui le représente au Moyen-Orient, pour se faire pardonner les crimes du régime allemand nazi vis-à-vis des juifs.
C’est ainsi que les peuples qui paient leur faute à leur place ne sont ni les Allemands, ni les Européens de façon générale, mais ceux des pays musulmans qui n’avaient rien à voir avec les crimes du régime hitlérien.
Le climat international s’alourdit alors que la Maison-Blanche a averti, ce jeudi 19 juin 2025, qu’il ne faudrait que deux semaines à l’Iran pour fabriquer une bombe nucléaire si le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, en donnait l’ordre. Cette déclaration, faite par la porte-parole du gouvernement américain, Caroline Leavitt, alimente les inquiétudes quant à une […]
La Ceinture du feu composée par les groupes armés et financés par l’Iran dans divers pays du Moyen-Orient et théorisée par l’ancien chef du Corps des Gardiens de la révolution Qassem Soleimani avait pour vocation de protéger la République islamique de toute attaque israélienne. Si l’État hébreu frappait l’Iran, il subirait les foudres de cette Ceinture du feu. Aujourd’hui, celle-ci n’existe plus, les Israéliens l’ont démantelée maillon par maillon et attaquent désormais l’Iran et le cœur de Téhéran.(Ph. Immeuble à Téhéran détruit par des raids aériens israéliens, le 13 juin 2025).
Imed Bahri
Dans une analyse publiée par le Guardian, Jason Burke est revenu sur la méthode du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a systématiquement et avec succès affaibli ses ennemis régionaux pour enfin se concentrer sur le régime iranien qu’il veut faire tomber.
Burke indique que l’offensive israélienne contre l’Iran est le dernier maillon d’une série d’événements déclenchés suite à l’opération Déluge d’Al-Aqsa le 7 octobre 2023. Tous ces événements ont successivement affaibli Téhéran et, militairement du moins, renforcé Israël et s’ils n’avaient pas eu lieu, il est difficile d’imaginer comment la nouvelle offensive lancée directement contre l’Iran vendredi aurait été possible.
Au commencement, la guerre contre le Hamas
Il y eut d’abord l’offensive israélienne à Gaza, qui a déjà tué des dizaines de milliers de Palestiniens en quelques semaines et a suffisamment affaibli militairement le Hamas pour qu’il ne représente plus une menace significative pour les Israéliens.
Le Hamas faisant partie de ce qu’on appelle l’Axe de la Résistance, une coalition d’organisations similaires à travers le Moyen-Orient, rassemblée par Téhéran au cours de la dernière décennie pour projeter sa puissance dans la région et dissuader Israël de frapper son programme nucléaire iranien, cette offensive a eu des implications régionales majeures.
En avril dernier, Israël a bombardé e consulat de la République islamique d’Iran à Damas tuant sept personnes dont des hauts gradés du corps des Gardiens de la révolution. En réponse, l’Iran a attaqué Israël directement pour la première fois, lançant une salve inefficace de missiles et de drones. Le conflit entre l’Iran et Israël, longtemps mené par des intermédiaires, des assassinats et des frappes hors du territoire israélien, s’était alors ouvert au grand jour.
À l’automne, le Hamas étant affaibli, Israël pouvait se retourner contre le Hezbollah, le groupe basé au Liban et soutenu par l’Iran, de loin le plus puissant des membres de l’Axe de la résistance.
En septembre, Israël a éliminé l’ensemble des dirigeants du Hezbollah ainsi que la majeure partie de son redoutable arsenal de missiles et a envahi le cœur de son territoire, le sud du Liban, sans rencontrer de résistance significative. Même les partisans du Hezbollah ont reconnu avoir subi une défaite cuisante.
L’Iran a de nouveau lancé une offensive aérienne inefficace contre Israël qui a riposté par des frappes aériennes qui ont anéanti une grande partie de son système de défense aérienne ouvrant ainsi la voie à l’attaque plus vaste de vendredi.
La chute de la dynastie Assad
De même, la faiblesse soudaine du Hezbollah a empêché l’Iran de défendre le régime Al-Assad en Syrie, son autre allié crucial, lorsque les rebelles ont lancé une offensive.
La chute d’Assad en décembre a mis fin à des décennies de relations étroites entre Téhéran et Damas. Cela a encore affaibli l’Axe de la résistance déjà en déclin, exposé les mandataires iraniens en Syrie et permis aux avions de chasse israéliens d’atteindre plus facilement des cibles vulnérables en Iran.
Les milices soutenues par l’Iran en Syrie et en Irak étant convaincues que transformer les menaces rhétoriques d’attaquer Israël en actes était une mauvaise idée, les Houthis au Yémen sont restés le seul membre de l’Axe de la résistance encore engagé dans les hostilités avec Israël. Ils ont certes harcelé les navires en mer Rouge mais les missiles balistiques qu’ils ont lancés sur Tel-Aviv ne pouvaient causer aucun dommage stratégique significatif.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, désireux d’exploiter ce qui pourrait être une fenêtre d’opportunité, a commencé à préparer l’offensive majeure qu’il espérait lancer depuis longtemps.
Le président américain Donald Trump n’a accordé que 60 jours aux négociations avec Téhéran pour parvenir à un nouvel accord sur le programme nucléaire iranien. Ce délai a expiré la semaine dernière. Vendredi, Netanyahu a déclaré aux Iraniens qu’il espérait que la poursuite de l’opération militaire israélienne en Iran ouvrirait la voie à leur liberté, autrement dit à la chute du régime des mollahs.
Même si Israël ne cherche pas à remonter le temps jusqu’à des années antérieures à la révolution iranienne de 1979, époque à laquelle le pays était un proche allié d’Israël et des États-Unis, la nature des cibles choisies par les stratèges israéliens pourrait avoir pour effet de démanteler le régime au pouvoir depuis cet événement sismique. Cela s’explique en partie par le rôle central que joue encore en Iran une génération d’hommes ayant débuté leur carrière au lendemain de la chute du Shah voire avant.
L’Iran seul face à son destin
Les premières victimes de vendredi comprenaient de nombreux officiers supérieurs parmi les premières recrues du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), fondé en 1980 pour protéger le nouveau pouvoir puis devenu le cœur idéologique et militant du projet révolutionnaire. Plusieurs d’entre eux étaient également des vétérans de la guerre Iran-Irak, qui a duré de 1980 à 1988 et que de nombreux historiens considèrent comme le creuset où le régime actuel s’est forgé.
Au moins un des scientifiques nucléaires tués lors de la première vague de frappes était également un vétéran du CGRI. Également, Ali Shamkhani, un proche collaborateur du Guide de la Révolution Ali Khameneï visé, avait été un militant islamiste clandestin dans les années 1970 avant d’occuper une série de postes de plus en plus importants. Khameneï lui-même est arrivé au pouvoir en tant que successeur de l’ayatollah Khomeini en 1989 mais son parcours d’activiste islamiste a débuté à la fin des années 1960.
Il est extrêmement improbable qu’une fois la guerre terminée, l’Iran revienne à une position pro-israélienne ou pro-américaine. En revanche, il semble très probable que le pouvoir des hommes qui ont d’abord renversé le chah puis dirigé le régime révolutionnaire au cours des décennies suivantes soit gravement, voire fatalement, affaibli. Et il est certain que la stratégie de l’Axe de la Résistance censé protéger l’Iran avec les groupes mandataires qui le composaient a échoué. Aujourd’hui, la République islamique fait face à son destin toute seule.
Les États-Unis ont autrefois freiné Benjamin Netanyahu et l’ont empêché pendant quinze ans d’attaquer l’Iran. Avec Donald Trump, les choses ont changé. Et au-delà de la guerre actuelle au Moyen-Orient, c’est l’ordre international qui est bousculé et plus que jamais c’est la loi du plus fort qui prévaut. Plus aucun pays ne pourra être à l’abri de l’hégémonie des pays plus puissants que lui et cela donne lieu à un monde multicrises et très instable.(Des secouristes devant un bâtiment à Téhéran, l’une des quelque 100 cibles touchées par une frappe israélienne le 13 juin 2025. Ph. Meghdad Madadi/Tasnim News).
Imed Bahri
Une enquête de Steve Bloomfield paru dans The Observer indique que le général Amir Hajizadeh, commandant de l’armée de l’air au sein des Gardiens de la révolution, a tenu une réunion jeudi soir au quartier général du commandement ignorant les conseils d’éviter de se rassembler dans un même endroit. Lui et ses collègues pensaient que la menace d’une attaque israélienne n’allait pas se concrétiser. Ils avaient tort. Le bunker souterrain était l’un des 20 sites frappés par l’aviation israélienne en 15 minutes.
D’autres chefs militaires à l’instar de Hossein Salami, commandant des Gardiens de la révolution, ont été tués à leurs domiciles. Eux aussi avaient été avertis de se réfugier dans des maisons sûres, eux aussi ont ignoré l’avertissement
Des éminents dignitaires militaires iraniens et des chercheurs nucléaires ont été tués (14 à ce jour selon des sources israéliennes). Des radars et des systèmes de défense aérienne ont été détruits ainsi que des parties d’une installation d’enrichissement d’uranium.
Ces attaques, qui ont déclenché une guerre régionale, révèlent les faiblesses du régime iranien, les capacités de renseignement d’Israël et la manière dont le Premier ministre israélien agit sans crainte de rendre des comptes ni de sanctions.
L’auteur ajoute que ces trois facteurs sont au cœur de la nouvelle guerre et soulignent l’instabilité des semaines à venir. Personne en dehors du régime iranien n’est conscient de la faiblesse de son guide suprême Ali Khameneï et de son gouvernement. Khameneï lui-même l’ignore peut-être. Un coup d’État, un effondrement ou un soulèvement sont autant de possibilités.
Les services de renseignement israéliens, critiqués au lendemain du 7 octobre 2023 pour leur incapacité à détecter les préparatifs de guerre du Hamas, avaient obtenu des résultats bien plus importants au cours de l’année écoulée depuis les attaques par bipeurs contre le Hezbollah et les assassinats de dirigeants du Hamas et du Hezbollah en Iran et au Liban jusqu’aux attaques de la semaine dernière. Non seulement Israël savait où se trouvaient les scientifiques et les hauts dirigeants nucléaires iraniens mais ils étaient également au courant des progrès du programme nucléaire du pays.
Bloomfield estime que le troisième facteur inquiète le plus: l’impunité. Quant à Netanyahu, il estime se battre pour préserver le peuple juif et empêcher ce qu’il appelle «un holocauste nucléaire». Alors que, ces quinze dernières années, les présidents américains successifs ont rejeté son idée d’une telle attaque contre l’Iran, Netanyahu ne ressent plus cette contrainte aujourd’hui.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane ont appelé samedi à la désescalade mais Israël n’a guère réagi, son ministre de la Défense avertissant que «Téhéran brûlera» si l’Iran continue de tirer des missiles.
L’Iran, de son côté, a averti les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France qu’il attaquerait leurs bases militaires et leurs navires s’ils aidaient Israël à intercepter des missiles et des drones iraniens. Le Premier ministre britannique a annoncé samedi soir l’envoi de nouveaux avions de la Royal Air Force dans la région «pour soutenir la sécurité régionale», faisant fi des avertissements iraniens et affichant ainsi clairement son soutien total à l’expansionnisme d’Israël, Etat belliqueux que la Grande-Bretagne (on l’oublie parfois) avait beaucoup aidé à implanter au Moyen-Orient comme un nid de guêpes au cœur de la région.
Bloomfield estime qu’à la lumière de l’attaque contre l’Iran, la pression internationale sur Israël pour qu’il assouplisse le blocus de Gaza s’est atténuée tandis qu’une conférence sur la création d’un État palestinien a été reportée.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2017, on craint un effondrement de l’ordre international fondé sur des règles en vigueur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce sentiment s’est intensifié en février 2022 lorsque la Russie a envahi l’Ukraine et il est devenu plus difficile à ignorer avec le retour de Trump cette année. L’attaque de Netanyahu semble marquer le moment où il est désormais impossible de le nier.
«Nous vivons désormais dans un monde où les États puissants peuvent faire ce qu’ils veulent», a déclaré Bronwyn Maddox, directrice de Chatham House à Londres, avant d’ajouter: «Ce ne sont pas seulement les États qui déclenchent ces conflits, ils ne les arrêtent pas. Les conflits se poursuivent sans relâche».
Non seulement cela entraîne davantage de morts et de destructions aujourd’hui mais cela engendre également des problèmes pour l’avenir. «De nombreuses personnes voient leur vie brisée, cela sème les germes des conflits futurs», explique Maddox.
Peter Ricketts, ancien directeur au ministère britannique des Affaires étrangères et premier conseiller à la sécurité nationale du Royaume-Uni, considère que la période actuelle est la plus inquiétante depuis la Guerre froide. Selon lui, l’approche musclée des États-Unis, de la Russie et de la Chine dans les affaires internationales, conjuguée à la faiblesse des Nations Unies, est une combinaison inédite. Il ajoute: «Même pendant la Guerre froide, la situation était relativement stable entre les puissances et aujourd’hui, toutes les garanties sont tombées. La situation au Moyen-Orient échappe totalement à tout contrôle international».
Bloomfield estime qu’il existe une tendance à idéaliser la puissance américaine et la morale occidentale lorsqu’on évoque la période de la Guerre froide. Cela revient à ignorer son incapacité à intervenir au Rwanda et à empêcher le génocide, la décision des États-Unis et du Royaume-Uni d’envahir et d’occuper l’Irak sur la base de renseignements erronés et d’une idéologie aveugle et sa gestion désastreuse de la Syrie.
Il est clair cependant que l’utilisation de la puissance économique et diplomatique contre Israël et l’Iran a eu un effet. Non seulement elle a freiné pendant des années Netanyahu mais l’Iran était prêt à accepter un accord qui lui aurait permis de développer un programme nucléaire civil. Le précédent accord de Vienne signé en 2015 était certes imparfait, chaotique et fréquemment violé mais il a fonctionné.
Ricketts estime que les attaques actuelles renforceront à terme la détermination de l’Iran à se doter de l’arme nucléaire. «À court terme, elles retarderont considérablement le programme mais à long terme, les Iraniens redoubleront d’efforts. Israël ne peut pas voler le savoir des ingénieurs iraniens», estime le diplomate britannique.
Selon Maddox, la décision de Trump d’abandonner le traité iranien d’Obama, sous la pression de Netanyahu, a conduit au scénario qu’ils prétendaient tous deux vouloir éviter. Ils ont poussé l’Iran au bord de la bombe nucléaire et c’était évitable.
Un monde où tout est permis
Si la situation au Moyen-Orient est terrifiante, les conséquences de ces derniers jours se répercuteront également ailleurs dans le monde. La Russie a déjà clairement indiqué que les frontières internationales n’avaient aucune importance, et ses voisins membres de l’Otan –l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie– doutent que l’alliance leur vienne en aide si la Russie envoie des troupes pour occuper leurs territoires. Maddox affirme que la Chine ne tentera peut-être pas de prendre Taïwan par la force mais «cela peut rendre la vie de Taïwan très difficile» sans grande menace de réaction de la part de Trump.
«Les pays prennent les choses en main», déclare Ivo Daalder, ancien conseiller en politique étrangère de Bill Clinton et Barack Obama, avant d’ajouter: «La Corée du Nord pourrait décider que le moment est venu de s’emparer d’une partie de la Corée du Sud. Je ne suis pas tout à fait certain que les États-Unis interviendraient».
Dans les prochaines 24 heures, des avions transportant des dirigeants du «monde libre» atterriront en Alberta, au Canada, pour la 51e réunion du G7. Cette réunion des plus grandes puissances occidentales, quelques jours seulement après une guerre potentiellement catastrophique au Moyen-Orient, devrait être le signe que l’ordre mondial fondé sur des règles, aussi imparfait soit-il, peut encore tenir et freiner les activités militaires inconsidérées dans une région instable.
Toutefois, nous sommes désormais dans un monde nouveau. Les dirigeants s’exprimeront et pourraient publier une déclaration appelant au calme mais rien de ce qui se dira en Alberta ne devrait empêcher Israël et l’Iran d’intensifier le conflit. «Partout où l’on regarde, des puissances plus fortes tentent de dominer des voisins plus faibles. Nous sommes désormais dans un monde où tout est permis», affirme Ricketts.