Les tribulations de Trump en Amérique latine
Avec les guerres sans issues au Moyen-Orient et en Ukraine, le président Trump, élu « pour faire la paix dans le monde », n’arrive pas à maitriser ses démangeaisons d’allumer un autre foyer de tension en Amérique latine.
Depuis le mois d’août, des navires de guerre, des avions de chasse et des troupes américaines sont déployés dans les eaux caribéennes au large du Venezuela et à Porto Rico. Il y a quelques jours un porte-avions a rejoint cette armada et le président américain Trump n’arrête pas de proférer des menaces d’intervention militaire directe pour renverser le gouvernement légitime du président Nicolas Maduro.
Appliquant à la lettre l’adage « celui qui veut tuer son chien l’accuse de rage », Trump et la machine de propagande américaine s’accrochent au prétexte du trafic de drogue dont ils accusent Maduro et ses ministres pour justifier l’encerclement militaire du Venezuela.
Pour donner de la crédibilité à son prétexte, Trump a donné l’ordre à son armée de faire sauter toute embarcation qui navigue au large du Venezuela. La destruction des embarcations se fait de loin, sans que les baroudeurs américains ne sachent le nombre, la nationalité ou la fonction des occupants. Un crime caractérisé au regard de la loi américaine et du droit international.
Les tentatives américaines d’attirer le Venezuela dans le giron de Washington ne datent pas d’aujourd’hui. En 2019, lors de son premier mandat, Trump était le premier à reconnaitre « le président autoproclamé » Juan Guaido. La CIA, très active en Amérique latine, ayant échoué à l’aider à garder le pouvoir. Et la CIA a, depuis, échoué dans toutes ses tentatives de placer au pouvoir l’opposition d’extrême droite pro-américaine, dont la principale représentante n’est autre que Maria Corina Machado. Celle-là même qui vient de recevoir le prix Nobel de la Paix pour « son travail inlassable en faveur d’une transition démocratique et pacifique du pouvoir »…
Visiblement, ayant perdu tout espoir de provoquer un changement semblable à celui réussi le 11 septembre 1973 au Chili contre le président démocratiquement élu Salvador Allende, Trump et son entourage, le secrétaire d’Etat Marco Rubio en tête, semblent déterminés à recourir à la force pour déloger le gouvernement Maduro du pouvoir.
Au-delà du prétexte du trafic de drogue auquel personne ne croit, les vraies raisons de la fixation pathologique de Trump sur le Venezuela sont le dévorant appétit américain face aux immenses richesses pétrolières et minières du Venezuela, d’une part; et, d’autre part, mettre fin aux relations mutuellement fructueuses et en plein développement entre Caracas et Pékin.
Le Venezuela dispose des plus grandes réserves pétrolières du monde, sans parler du fer, de l’aluminium et de l’or que recèlent ses mines en abondance. Pour Trump, dont le pays croule sous une dette gigantesque de 38 trillions de dollars, la tentation est grande de tout faire pour ramener le Venezuela dans le giron américain. Et ouvrir ainsi la voie aux entreprises américaines d’exploiter l’immense potentiel pétrolier et minier vénézuélien.
La question qui se pose et s’impose est la suivante : les Etats-Unis qui n’ont pu, en 20 ans d’occupation, pacifier l’Afghanistan, l’un des pays les plus pauvres de la planète, peuvent-ils intervenir au Venezuela et y accomplir leurs objectifs ?
Beaucoup de commentateurs, y compris américains, mettent en garde contre une telle aventure qui se traduirait certainement par un nouveau désastre militaire pour Washington, compte tenu de l’unité entre le peuple, le gouvernement et l’armée du Venezuela et leur détermination à défendre leur pays. Compte tenu aussi de l’immense solidarité exprimée par les peuples d’Amérique latine et leur disposition à « combattre à côté du peuple vénézuélien ».
Décidément, les néoconservateurs, le lobby militaro-industriel et la CIA qui dominent l’Etat profond américain, le vrai détenteur du pouvoir, n’ont rien appris des désastres passés qui, du Vietnam à l’Irak, ont coûté à l’Amérique des centaines de milliers de victimes, entre morts, blessés et handicapés, et des trillions de dollars à son Trésor.
Cela dit, et cela relève du tragi-comique, Trump vient de réussir une intervention dans les affaires intérieures de l’Argentine… par le chantage. Le président argentin, Javier Milei, un extrémiste de droite, ami de Trump, s’apprêtait à faire face à des élections législatives déterminantes.
L’Argentine étant à genoux économiquement et financièrement, Trump sauta sur l’occasion pour aider son homologue et ami argentin à remporter les élections. Alors que les partis argentins étaient en pleine campagne électorale, il s’adressa au peuple argentin en ces termes : « Si vous votez pour le parti du président Milei, nous débloquerons 20 milliards de dollars en faveur de votre économie. S’il échoue, pas un sou. »
Et ça a marché ! Le dimanche 26 octobre, le parti du président argentin « La démocratie avance » a remporté une victoire inespérée et Trump a été le premier à le féliciter…
Menaces militaires contre le Venezuela, chantage financier contre l’Argentine, qui s’étonne encore de ce que dit ou fait « le président orange » le plus étrange de l’histoire américaine ?
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