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Tunisie face au climat et au Sud global : une stratégie hors des sentiers battus est-elle possible ?

22. August 2025 um 10:35

«Penser le développement autrement», tel est le thème qu’un panel de chercheurs  multidisciplinaires débattra dans le cadre de  l’université d’été que  la Fondation Mohamed Ali Hammi (FMAH) se propose d’organiser, début septembre 2025, à Hammamet.

Présentant le thème, sur le plan concept, la FMAH estime que « Penser le développement autrement » se réfère à une approche du développement qui remet en question les modèles traditionnels, souvent jugés inefficaces ou nuisibles, en mettant l’accent sur des alternatives plus durables, équitables et respectueuses de l’environnement. Cela implique de repenser les aspects économiques, sociaux et environnementaux du développement, en privilégiant des solutions locales, participatives et respectueuses des cultures et des savoirs locaux.

L’économie et la pratique du développement n’étant qu’une suite d’essais, dont certains ont débouché sur des succès parfois retentissants mais dont la grande majorité n’a sans doute eu que peu d’impacts.

C’est le cas, semble t-il, de la Tunisie qui a expérimenté le capitalisme d’Etat (collectivisme) dans les années 60, l’économie mixte dans les années 70 et 80 et l’ultralibéralisme depuis les années 90 jusqu’à ce jour (adhésion à la mondialisation et au libre échange).

« Penser le développement autrement, c’est d’abord se penser autrement : sortir des modèles hérités du colonialisme et construire une vision enracinée dans nos réalités sociales, culturelles et économiques. »

Pourquoi penser le développement autrement, aujourd’hui ?

La FMAH relève que le choix de ce thème a été dicté par l’entrée de l’humanité dans un contexte géopolitique et climatique tout à fait nouveau marquée par deux phénomènes majeurs : la naissance du Sud Global (montée du BRICS et de la Chine en tant que puissances incontournables) et l’exacerbation du réchauffement climatique auquel la Tunisie est particulièrement exposée

« Nous sommes sur le seuil d’une nouvelle organisation du monde. L’ancien ordre du monde dominé sans partage par les États-Unis d’Amérique est en train de s’effondrer et un nouvel ordre du monde dont on ne sait pas par qui il sera dominé, et s’il sera. Ce type de situation génère des risques immenses », lit on dans l’exposé des motifs .

Vient ensuite le réchauffement climatique, Ce phénomène menace la survie de la planète mais plus particulièrement certaines régions économiquement modestes dont l’Afrique en tête, et notre pays en particulier.

Face à cette situation, les participants, militants de la société civile, économistes, sociologues, universitaires, diplomates, journalistes, cinéastes vont réfléchir sur les alternatives de développement les plus adaptées au contexte tunisien.

La Tunisie pour un partenariat diversifié

Au plan géopolitique, la FMAH considère que si les autorités tunisiennes ne peuvent que soutenir une gouvernance mondiale multilatérale plus juste et plus claire, la question de l’alignement n’est pas encore à l’ordre du jour.

La Tunisie commerce toujours avec l’Union Européenne et coordonne sur beaucoup de domaines stratégiques avec les Etats-Unis. A l’opposé, lors de la visite du Président tunisien en Chine en Mai 2024, la Chine et la Tunisie ont renforcé les relations bilatérales pour établir un partenariat stratégique; et plusieurs projets entrevus sont très importants, encore peu sont avancés, mais on sent qu’il y a comme un frémissement.

En accueillant, Massad Boulos, conseiller principal du président américain pour les affaires arabes, moyen-orientales et africaines, le président Kaïs Saïed lui a signifié que « la Tunisie a choisi d’élargir ses partenariats stratégiques pour servir les intérêts de son peuple et répondre à ses demandes et attentes ».

« L’ancien ordre mondial dominé par une seule puissance touche à sa fin. Nous entrons dans une ère où le Sud global et le climat deviennent les véritables forces de transformation. »

 La décolonialité, un pré-requis nécessaire

Toujours selon la présentation du thème, toute initiative visant à « penser le développement autrement » doit commencer par ce qu’on appelle la “décolonialité”, un courant de pensée qui consiste pour les promoteurs des nouvelles alternatives à se débarrasser des héritages du colonialisme, particulièrement, des modes de pensée hérités de la colonisation et qui persistent dans les sociétés actuelles.

Plus simplement, le débat se propose de repenser  de façon critique l’Etat, l’économie et la société dans une perspective d’émancipation économique et culturelle basée sur la révision de nos rapports historiques socio-économiques et cognitives avec l’héritage colonial.

Ultime objectif : sensibiliser les décideurs au besoin de renouveler leur discours face aux transformations profondes que le monde connaît.

Pour la Fmah : « pour penser autrement, il faut se penser autrement. Cela  veut dire prendre distance par rapport aux conceptions socio-cultrurelles, économiques et géostratégiques qui ont fait notre conscience de nous-même à l’aide de représentations que nous n’avons pas authentiquement produites ».

Transition énergétique: la Tunisie doit avoir sa propre stratégie

Le deuxième axe de « Penser le Développement Autrement » porterait sur l’adaptation au réchauffement climatique. Face à cette menace tout le monde prône la « transition énergétique ».

Cette transition sera au centre du débat sur  « penser autrement le développement ». Pour la FMAH qui prend déjà position :  la Tunisie se doit de penser sa propre stratégie en matière énergétique « car, lit-on dans le document, ce serait très grave qu’on nous engage dans des projets qui risquent de menacer notre environnement, aggraver notre dépendance, et affecter notre résilience ».

« La Tunisie ne peut plus se contenter d’importer des solutions toutes faites. Elle doit inventer sa propre stratégie énergétique et économique, adaptée à ses ressources et à ses défis. »

IDE, ESS , MOSC

Au nombre des autres sous-thèmes figurent les IDE, l’Economie sociale et solidaire (ESS) et un nouveau mécanisme de solidarité, le MOSC.

IDE :  La FMAH suggère de débattre de l’enjeu de repenser la stratégie en matière d’IDE et d’oublier définitivement la thèse selon laquelle les IDE favoriseraient un transfert technologique.

Il s’agit de se doter d’une manière d’évaluer et de choisir les IDE et ne pas céder au chant des sirènes, comme ce fut le cas du projet mirobolant sur la production de « l’hydrogène vert » qu’on nous a fait miroiter, il n’y a pas longtemps (enterré ?). Dans un environnement totalement incertain, la croissance, la création d’emplois ne peuvent plus constituer un absolu mais doivent être appréciés en regard de leur durabilité et de leur pérennité.

ESS : L’Economie Sociale et Solidaire constitue un des piliers des orientations des autorités en matière de développement économique et social et un des principaux vecteurs de la mise en œuvre de sa politique sociale.

Le problème est que le cadre institutionnel souffre d’une accumulation de textes qui lui octroient une grande hétérogénéité.

Le décret-loi de juin 2020, sensé offrir un cadre global a été un ratage, qui a fait qu’il a été simplement laissé de côté et remplacé par la loi sur les « Sociétés communautaires ». Ce nouveau mode d’entreprendre n’arrive pas à décoller malgré les efforts déployés par les autorités.

« Réfléchir au développement autrement, c’est admettre que la croissance économique n’a de sens que si elle rime avec équité sociale, résilience climatique et dignité culturelle. »

 

Proposition de la FMAH : Le concept d’ESS a besoin d’être précisé, et le cadre juridique a besoin d’être homogénéisé probablement autour d’un texte central fédérateur.

MOSC : le Mouvement social citoyen (MOSC). Ce mécanisme, proposé par la direction de la FMAH, a pour objectif de revaloriser le rôle de la société civile  en tant que moteur essentiel de transformation sociale où les partis politiques sont marginaux comme l’a montré notre expérience lors de dix dernière année (particratie).

Le MOSC est calqué sur des initiatives similaires qui ont connu un grand succès en Belgique et au Québec (Canada). Ce mouvement se propose de devenir la voix des sans-pouvoir, voire la voix d’importants pans de la société qui se trouvent, actuellement, dans l’incapacité de changer les choses  en raison de l’absence de démocratie et de pouvoir politique et économique inclusif,  juste et dynamique.

Le MOSC ambitionne d’être non seulement «un contrepouvoir, mais également une force de veille oeuvrant pour la réussite du processus démocratique et agissant comme barrage au retour de toute forme de despotisme politique, d’inégalité sociale et d’obscurantisme».

Selon les auteurs du document de la présentation de l’université FMAH 2025, le projet MOSC  doit être  bien clarifié lors des travaux de l’Université d’Eté 2025, en donnant de la consistance à cette ambition afin d’essayer d’en faire une référence et d’avancer dans la mise en œuvre de l’ESS.

Par delà les précisions de la FMAH sur le programme de sa prochaine université d’été, nous pensons que le débat sur les questions précitées est d’une grande importance pour la Tunisie. Le mérite de ce débat c’est qu’il va se dérouler à l’initiative de la société civile et hors sentiers battus (parlement, partis, gouvernement, organisations sociales alliées…).

ABOU SARRA

EN BREF

  • La FMAH organise en septembre 2025 une université d’été à Hammamet sur le thème « Penser le développement autrement ».
  • Le débat portera sur les modèles alternatifs face aux échecs des expériences économiques tunisiennes passées.
  • Deux enjeux majeurs dominent : la montée du Sud Global et le réchauffement climatique.
  • Les thèmes incluent la transition énergétique, les IDE, l’Économie sociale et solidaire et le Mouvement social citoyen (MOSC).
  • Objectif : ouvrir un débat citoyen, hors institutions traditionnelles, pour tracer une voie propre à la Tunisie.

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Gouvernance : La filiation, le mal qui gangrène le secteur public

16. August 2025 um 08:10

La filiation dans l’administration et en entreprise, tendance à se faire succéder automatiquement par un membre de la famille après la retraite ou en cas d’invalidité, serait, selon des observateurs, l’une des entraves majeures à la création de richesses en Tunisie. Ce phénomène freinerait la croissance et perpétuerait des fragilités structurelles telles que les disparités régionales, la pauvreté multidimensionnelle et l’inégalité des chances.

Origines historiques et cadre sociopolitique

Utilisé abusivement depuis l’indépendance par dirigeants et chefs d’entreprises, ce mécanisme — héritage de l’époque makhzenienne ottomane — leur a permis de contrôler le recrutement dans les secteurs public et privé. En l’absence d’État de droit fort et de contre-pouvoirs crédibles, les décideurs, issus de régimes autoritaires, ont massivement recruté des proches. Le tribalisme professionnel et entrepreneurial a ainsi remplacé le tribalisme primaire que Bourguiba voulait combattre.

Tolérance dans le privé, inacceptabilité dans le public

Si la filiation peut se comprendre dans le privé — un chef d’entreprise « family friendly » relayé par ses enfants ou son épouse —, elle est inacceptable dans le secteur public, financé par l’argent des contribuables. Depuis l’indépendance, le pouvoir politique a été mobilisé au profit de certaines castes et régions.

Ampleur et pratiques sectorielles

Aujourd’hui, dans presque tous les secteurs, les jeunes cadres et ouvriers accèdent aux postes grâce à des liens familiaux avec des responsables influents. Le phénomène touche aussi les universités et le corps médical, où l’on retrouve souvent des familles entières dans une même spécialité. Parfois, la filiation bénéficie d’arrangements légaux, conclus avec la complicité de l’UGTT, permettant l’embauche sans concours dans des secteurs comme les banques, l’énergie, les mines ou les établissements publics. Les institutions les plus rémunératrices — Banques, Compagnie des phosphates de Gafsa, Groupe chimique, ETAP, SNDP, STEG… — sont particulièrement concernées.

Impact sur les disparités régionales

La généralisation de la filiation, en toute impunité, a accentué les inégalités entre régions côtières et intérieures. L’indice de développement régional 2025 montre des écarts marqués entre gouvernorats côtiers comme Tunis, Monastir, Ben Arous et Sousse, et régions comme Kasserine, Kairouan, Jendouba et Sidi Bouzid. Ces disparités avaient déjà alimenté les révoltes de 2010–2011.

Transparence et digitalisation : progrès et limites

Depuis, la digitalisation et une volonté politique relative ont permis des avancées, mais les effets restent limités. Des affaires récentes montrent que les fuites aux concours et le copinage persistent, y compris sous la présidence de Kaïs Saïed.

Exemples récents

Concours des inspecteurs du ministère de l’Éducation : allégations de fuites d’épreuves avant examen, entraînant enquêtes et réactions syndicales.
Affaire Mohamed Abidi : un bachelier de 18/20 orienté vers une filière non demandée, privant l’accès aux facultés de médecine et de pharmacie. Le problème a été corrigé après médiatisation.

Pratiques sous régimes passés

Sous Bourguiba, Ben Ali et les islamistes, l’orientation universitaire était influencée par l’origine sociale et familiale. Abid Briki a révélé que sous Ben Ali, des enfants de syndicalistes entraient en médecine avec 10/20 de moyenne.

Conséquences économiques

Pour les économistes, la filiation dégrade les performances administratives et entrepreneuriales, plaçant parfois des personnes non qualifiées à des postes stratégiques.

La filiation existe ailleurs mais reste exacerbée en Tunisie. Sa persistance menace la stabilité et appelle des mesures législatives sévères. L’idéal serait une réforme en profondeur de l’État, avec un véritable État de droit, contrôlé par des contre-pouvoirs forts: justice indépendante, syndicats libres, presse libre, parlement légitime.

Abou SARRA

EN BREF

  • Pratique : La filiation consiste à faire succéder un proche dans l’administration ou l’entreprise.
  • Origine : Héritage de l’époque ottomane, renforcé depuis l’indépendance.
  • Impact : Freine la croissance, aggrave les inégalités régionales et sociales.
  • Secteurs concernés : Administration, entreprises publiques, universités, corps médical.
  • Actualité : Malgré la digitalisation, des affaires récentes révèlent fuites aux concours et copinage persistants.

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Forêts : La Tunisie a perdu, en 23 ans, 40 mille hectares par l’effet des incendies et autres facteurs

15. August 2025 um 10:55

Entre 2001 et 2024, la Tunisie a perdu 27, 2 mille hectares de couverture arborée dues aux incendies et 10,9 mille hectares à cause d’autres facteurs (déboisement, dégradation…).

Par régions, c’est le gouvernorat de Bizerte qui a connu, au cours de ces 23ans,  la part la plus élevée de perte de couverture arborée due aux incendies avec une moyenne de 435 hectares perdus par an.

L’ensemble de ces données ont été fournies par Global Forest Watch (GFW),  application web open source permettant de surveiller les forêts mondiales en temps quasi réel (alertes d’incendies).

GFW est une initiative de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)  qui fournit les données sur les incendies des forêts.

Selon GFW, la Tunisie a connu, en 2021, le plus grand nombre d’incendies, avec 322 incendies. Faut il percevoir dans cette augmentation du nombre des incendies une connotation politique. Et pour cause,  l’été 2021, a été marquée par un changement majeur dans le pays avec le coup de force constitutionnel opéré par le Président Kaies Saied,  le 25 juillet 2021.

Autre donnée fournie par le GFW, l’année présentant la plus grande perte de couverture arborée due aux incendies au cours de cette période était 2017 avec 7,86  mille hectares de pertes dues aux incendies.

Le rapport du GFW évoque des données très récentes. Ainsi, au cours des quatre dernières semaines (juillet 2025), la région ayant enregistré le plus significatif nombre d’alertes incendie était Siliana, avec 6 alertes incendie.

Ce chiffre représente 67% de toutes les alertes détectées en Tunisie.

En Tunisie, les forêts et parcours naturels couvrent près de 1/3 de la superficie totale du pays et s’étendent sur une superficie de 5,7 millions d’hectares, dont 1,3 million de forêts et 4,4 million de parcours naturels. Environ 80% des forêts appartiennent au domaine forestier de l’Etat, avec 500 km sur les zones frontalières.

ABS

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