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Exécution du budget : où sont les chiffres ?

09. Mai 2025 um 09:40

BudgetUn début d’année dans le flou Alors que nous entamons le cinquième mois de l’année, le ministère des Finances n’a toujours pas publié les chiffres d’exécution du budget pour janvier et février.

Une absence passée sous silence mais qui soulève pourtant des questions essentielles de transparence et de gouvernance. Certains pourraient se demander : à quoi bon publier ces chiffres ? En réalité, la publication régulière de l’exécution budgétaire n’est pas un simple exercice administratif. Elle permet à l’ensemble des citoyens, aux institutions, aux analystes et aux investisseurs de suivre l’évolution des finances publiques.

Elle constitue un levier fondamental pour contrôler l’utilisation des fonds publics,          évaluer l’efficacité des politiques économiques, adapter les décisions politiques en temps réel et renforcer la confiance des partenaires internationaux.

Des conséquences concrètes

Sans ces publications, les experts financiers peinent à donner des recommandations fiables à leurs clients, qu’il s’agisse d’investissements, d’épargne ou de prévisions sectorielles. « La clé de la bonne gouvernance, c’est la transparence. Mais de quelle transparence parle-t-on si les chiffres de janvier ne sont même pas disponibles ? », s’interroge un analyste financier, qui préfère garder l’anonymat. Il rappelle à juste titre que les sociétés cotées en bourse ont, elles, déjà publié leurs résultats au 31 mars.

« La transparence n’est pas un luxe, mais une exigence vitale pour piloter une économie fragile. »

 

Une source d’alerte pour les décideurs

L’exécution budgétaire est aussi un indicateur précieux pour les décideurs politiques. En l’absence de ces données, il devient difficile de piloter efficacement les politiques économiques ou d’anticiper les tensions futures. Sur la scène internationale, ce manque de visibilité peut nuire à la crédibilité du pays et compliquer l’accès aux financements ou partenariats stratégiques.

D’autres chiffres manquants : le cas de l’INS

Le chômage aussi dans l’ombre. Le mutisme des autorités ne s’arrête pas là. L’Institut national de la statistique (INS) n’a toujours pas publié les taux de chômage du troisième trimestre 2024. Faut-il y voir une incapacité à produire toutes les données à ce jour ? Le choix d’attendre que les indicateurs s’améliorent ? Ou encore celui d’éviter de décrire une réalité dérangeante ? En l’absence de réponse, la suspicion s’installe.

« L’absence de chiffres officiels sape la confiance, freine l’investissement et brouille les choix politiques. »

 

Peut-on parler de pilotage sans instruments ?

Privés de chiffres, comment juger de l’évolution de l’économie ? Le pilotage à l’aveugle ne pourra servir aucune cause y compris celle d’un État obnubilé par le social mais dénué des moyens adéquats. Face à cette opacité, seule la Banque centrale de Tunisie (BCT) continue de publier des données économiques avec régularité — mais celles-ci, loin de rassurer, confirment une tendance préoccupante.

Ce que révèlent les données de la BCT

Une masse monétaire en forte expansion Dans sa dernière publication Ecoweek, l’économiste Hechmi Alaya alerte : la masse monétaire (agrégat M3) s’élevait à 133,5 milliards de dinars en février 2025, en hausse annuelle de 10,8 %. Cela représente 77,7 % du PIB, contre 75,2 % un an plus tôt. Cette dynamique s’explique en grande partie par la hausse des créances nettes sur l’État, à +26,1 % après +34,9 % en janvier. À l’inverse, le crédit à l’économie affiche une progression historiquement faible : seulement +2,8 %.

« Sans données, impossible de construire un débat économique sérieux ou d’anticiper les risques. »

 

Le cash règne en maître

Autre donnée significative : la monnaie fiduciaire, c’est-à-dire les billets et pièces en circulation, a crû de +10,3 % en glissement annuel, représentant près de 40% de l’agrégat M1. Du jamais-vu depuis 2010.

Le financement monétaire explose

La situation devient encore plus alarmante du côté du bilan de la BCT. En février, les créances sur l’État atteignaient plus de 16 milliards de dinars, soit 30,7 % de son bilan – contre seulement 7,68 MMDT en février 2023 et 141 millions il y a dix ans. Cette dépendance croissante de l’État à la BCT pour financer ses déficits a fait bondir le bilan global de la Banque centrale à 30,4 % du PIB. Dans pareil contexte, la trajectoire devient difficilement soutenable.

Transparence en berne, inquiétudes en hausse

“Même erronés, les chiffres sont signes d’exactitude” disait l’écrivain canadien Jean-Claude Clari. Alors autant publier les chiffres et laisser aux analystes et aux acteurs économique la latitude de comprendre la situation économique sous différents éclairages et en s’adonnant aux recoupements nécessaires. Les retards accusés par le ministère des Finances et de l’INS dans la publication de certains chiffres alimente la défiance. Une chose est sûre : sans données fiables, il est impossible de juger des orientations économiques, encore moins d’en anticiper les conséquences.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

La Transparence budgétaire en question

  • Aucun chiffre d’exécution publié pour janvier-février 2025.
  • Retards aussi du côté de l’INS sur les données du chômage.
  • La BCT alerte sur la hausse de la masse monétaire (+10,8 %) et du financement de l’État.
  • Les créances sur l’État atteignent 30,7 % du bilan de la BCT, contre 7,6 % un an plus tôt.
  • L’économie est pilotée à l’aveugle, nourrissant la défiance.
  • Les analystes réclament plus de visibilité pour évaluer les politiques publiques et économiques.

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Instabilité financière : comprendre les causes, anticiper les conséquences

06. Mai 2025 um 10:17

Scandales FinanciersDepuis plusieurs mois, la Tunisie est secouée par une série de scandales financiers d’une ampleur alarmante, qui se succèdent à un rythme effréné — presque mensuel. Ces affaires, souvent d’une gravité extrême, mettent en péril non seulement les entreprises concernées, mais aussi la stabilité du système financier national tout entier. Banques, institutions de régulation, marchés… aucun maillon de la chaîne économique n’est épargné.

Il ne s’agit pas de sombrer dans l’alarmisme, mais de tirer la sonnette d’alarme pour susciter une prise de conscience collective sur l’urgence de rétablir l’ordre dans un secteur vital pour l’économie nationale.

L’affaire COFIB Capital : le signal précurseur

Le premier choc a été celui de l’affaire COFIB Capital Finances en 2024. Un cadre commercial, aujourd’hui décédé dans des circonstances tragiques, a été soupçonné de pratiques assimilables à une fraude pyramidale de type Ponzi. Si l’entreprise a tenté de rassurer rapidement ses clients, l’affaire a semé le doute dans un climat financier déjà tendu.

L’exportateur d’huile d’olive et la dette colossale

En 2025, la situation s’est encore aggravée avec deux nouveaux scandales majeurs. Le premier concerne le négociant en huile d’olive Adel Ben Romdhane. Ce dernier a profité du vide laissé par l’arrestation d’un grand opérateur du secteur, Abdelaziz Makhloufi, pour occuper le terrain de l’export.

« Les scandales à répétition révèlent une faillite de la gouvernance, pas seulement des individus. »

 

Ben Romdhane a ainsi négocié des contrats avec des partenaires espagnols et italiens, tout en accumulant une dette vertigineuse de 450 millions de dinars auprès de la BH Bank, et un prêt supplémentaire de 50 millions de dinars auprès de Banque Zitouna. Malgré l’avis défavorable de ses commissaires aux comptes, la Banque de l’Habitat a persisté à distribuer des dividendes, ponctionnant une partie des bénéfices de 108 millions de dinars. Une décision irresponsable, compte tenu du gouffre financier laissé par l’opérateur.

TSI : une promesse de rendement trop belle pour être vraie

Le plus récent scandale implique l’intermédiaire en bourse “Tuniso-Saoudienne d’Intermédiation (TSI)”. Un dirigeant y proposait à ses clients des placements à rendement mirobolant, de 13 à 14 %, dans un marché où les taux oscillent normalement entre 6 et 8%.

L’absence de culture financière chez de nombreux épargnants, combinée à une avidité généralisée, a permis à ce stratagème de prospérer sans éveiller de soupçons. Le Conseil du Marché Financier (CMF) a finalement révélé que la TSI fait l’objet d’une enquête approfondie. Celle-ci a mis au jour de graves insuffisances en matière de fonds propres, des défaillances dans la gouvernance et des pratiques mettant en péril les intérêts des clients. Le dirigeant mis en cause a pris la fuite. Le CMF, en coordination avec la Bourse de Tunis, Tunisie Clearing et plusieurs banques partenaires, a dû intervenir en urgence pour protéger les avoirs des clients et éviter toute fuite de capitaux.

Une crise de gouvernance et de régulation

Ces scandales à répétition ne sont pas de simples incidents isolés : ils traduisent une crise structurelle de gouvernance et de régulation. La réponse classique — réprimer après coup — a montré ses limites. Trop souvent, les coupables prennent la fuite avant même que la justice ne réagisse.

« Tant que la régulation restera en mode réactif, les fraudeurs auront toujours une longueur d’avance. »

 

Il devient urgent de mettre en place une régulation préventive, efficace et intelligente, capable d’anticiper les dérives au lieu de les subir. Cela commence par des gestes symboliques mais fondamentaux, comme la nomination d’un directeur général à la tête du CMF, aujourd’hui en situation de flottement institutionnel. Il faut également renforcer les moyens d’action des organes de régulation en rétablissant leur autorité, leur indépendance et leur efficacité.

Vers une réforme profonde du secteur financier

Au-delà des mesures d’urgence, c’est un chantier de réforme en profondeur qui s’impose. Les lois encadrant le secteur financier doivent être modernisées pour suivre les évolutions rapides du marché, au niveau national comme international.

Il ne s’agit pas seulement de combler des lacunes juridiques, mais d’adopter une vision renouvelée du fonctionnement économique du pays. Une vision fondée sur la transparence, la redevabilité et la prudence financière comme socles inébranlables.

«Ce n’est plus une série noire, c’est un signal rouge pour l’avenir de l’économie tunisienne.»

 

Une menace systémique pour l’économie nationale

Les conséquences de ces malversations financières sont lourdes : elles favorisent l’évasion fiscale, alimentent les flux financiers illicites et sapent la crédibilité des institutions.

Comme l’a montré le scandale HSBC à l’échelle mondiale, ces dérives peuvent exposer des vulnérabilités systémiques, et accroître les risques opérationnels et stratégiques. Dans une Tunisie en crise depuis plus d’une décennie, elles creusent les inégalités et exacerbent la défiance des citoyens envers l’État et ses institutions.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

trois scandales, une même faille

  • Ponzi, dettes, placements fictifs : la Tunisie vit une série noire inédite.
  • 450 millions de dinars de dette impayée dans un seul dossier.
  • Le CMF enquête sur des pratiques à haut risque chez TSI.
  • L’absence de régulation préventive affaiblit la confiance des investisseurs.
  • Un système à bout de souffle appelle une réforme urgente et profonde.

 

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