1er Mai – Le syndicalisme tunisien est-il à un tournant?
Comment se porte notre syndicalisme? Il est, d’abord, gagné par la crise. Une partie des membres du Bureau exécutif de l’UGTT a fait scission. Une crise que l’on dit profonde. Où en est, ensuite, le pluralisme syndical? Des questions qui ne peuvent être éludées en ce 1er Mai 2025.
Le 1er Mai est, depuis maintenant 136 ans, c’est-à-dire depuis 1889*, la journée au cours de laquelle on commémore dans le monde l’action syndicale. La Tunisie ne fait pas exception. Comment, cependant, l’action syndicale tunisienne se présente-t-elle aujourd’hui? Certains diront sans doute que cela se déroule dans un climat de crise.
Une crise que l’on ne peut cacher. Notamment depuis que, en novembre 2024, cinq membres du Bureau exécutif de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ont fait scission. Pour des raisons que tout le monde connaît. Une affaire apparemment liée à la prolongation du mandat de l’équipe dirigeante de la principale centrale syndicale du pays. Celle-ci ayant fait adopter la levée de la limitation à deux le mandat du Bureau exécutif.
Une affaire apparemment liée à la prolongation du mandat de l’équipe dirigeante de la principale centrale syndicale du pays. Celle-ci ayant fait adopter la levée de la limitation à deux fois le mandat du Bureau exécutif.
Les cinq membres du BE de l’UGTT, tous des secrétaires généraux adjoints, ayant estimé que cela n’est pas de bonne guerre pour une organisation qui a toujours défendu la légalité et le respect des textes fondateurs et des usages. Comme sans doute la règle sacro-sainte de l’alternance. Une décision prise pourtant dans un cadre légal.
Désaffection
Aujourd’hui, et après cinq mois de cette scission, la division est toujours là. Elle ne ferait du reste, selon certains observateurs, que compliquer davantage le vécu de la principale centrale syndicale. La participation de cette dernière au débat public étant moins évidente que par le passé. Force est de constater que, même si évidemment l’UGTT est loin d’être totalement absente de ce débat, elle n’a plus l’aura qu’elle avait auparavant. Ses structures n’ont pas délaissé – loin s’en faut – le terrain. Mais on estime qu’elle pourrait être plus visible et plus agissante.
Et si son action est liée à un contexte général d’une certaine régression de la société civile. Un phénomène d’ailleurs mondial gagnée qu’elle est par une désaffection des pouvoirs à son égard. Une remise en cause en somme de beaucoup de certitudes du passé.
Sur le papier
La centrale syndicale retrouvera-t-elle son dynamisme d’hier avec la tenue d’un congrès qui permettra de crever l’abcès? Cet événement aurait-il lieu au cours de cette année ou l’année prochaine? Personne ne le sait. Des différends existent encore sur des procédures devant précéder la tenue du congrès.
Autre terrain sur lequel on s’interroge encore sur le vécu syndical dans notre pays : celui du pluralisme syndical. Un autre sujet épineux. Dans la mesure où celui-ci n’avance pas beaucoup. Sur le papier, le pluralisme syndical existe. Puisque trois autres syndicats existent dans notre pays : la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT), l’Union tunisienne du travail (UTT) et l’Organisation tunisienne du travail (OTT).
De nombreuses interrogations apparaissent souvent au sujet des possibilités des différents syndicats de faire face aux défis majeurs nés de multiples changements sur la scène nationale.
Défis majeurs
Mais combien d’entre eux sont-ils réellement actifs? Quelle est leur représentativité? Beaucoup s’interrogent, à ce propos, sur leur place dans la vie syndicale. Toujours par rapport à l’UGTT qui domine les débats.
En outre, de nombreuses interrogations apparaissent souvent au sujet des possibilités des différents syndicats de faire face aux défis majeurs nés de multiples changements sur la scène nationale. Comme ceux de la place des syndicats dans le secteur privé – le syndicalisme est développé pour l’essentiel dans le giron public -, sa place dans le rang des femmes et de la jeunesse, dans le secteur informel ou encore face à une migration qui s’installe, malgré tout, dans le monde du travail.
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*En 1889, la IIe internationale socialiste, qui se tient à Paris, décide d’instaurer un jour de manifestations le 1er mai pour réduire la journée de travail à huit heures. La décision est prise à l’occasion du centenaire de la Révolution française, mais aussi en hommage aux syndicalistes américains.
Source: touteleurope.eu
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