Programme AMEN : la Banque mondiale alerte sur les défaillances de ciblage des aides sociales en Tunisie
Bien que le programme AMEN, principal programme de filet de sécurité sociale en Tunisie, ait contribué à la réduction de la pauvreté et des inégalités et réalisé des progrès importants en matière d’élargissement de la couverture sociale, il demeure confronté à plusieurs défis, c’est ce que ressort de Bulletin de conjoncture économique – Tunisie, publié, mercredi, par la Banque Mondiale sur le thème « Renforcer les filets de sécurité sociale pour plus d’efficacité et d’équité ».
La Tunisie dispose d’un système complet de protection sociale, combinant des régimes d’assurance contributive (comprenant les pensions de retraites, l’assurance maladie, les allocations familiales et les indemnités de maternité) et une assistance non contributive, qui repose en grande partie sur le programme «Amen Social», lequel offre aux ménages pauvres et à revenus limités des transferts monétaires et un accès gratuit ou subventionné aux soins de santé.
« Ces deux systèmes (contributif et non contributif) combinés couvrent près de 80 % de la population totale et servent de plateforme pour atténuer les chocs et protéger les moyens de subsistance des ménages tunisiens » selon la Banque Mondiale.
S’agissant des défis auxquels est confronté le programme Amen, l’institution internationale a pointé de doigt des défaillances au niveau de son système de ciblage, affirmant que « des données obsolètes ou incomplètes ont pour conséquence d’exclure certaines familles qui en ont besoin, tandis que des familles moins vulnérables continuent de percevoir des aides ».
Soulignant qu’uniquement « 40% des ménages bénéficiant du programme sont classés parmi les 20% les plus pauvres », la BM a recommandé d’améliorer la performance du ciblage tout en veillant à garantir une application cohérente des critères d’éligibilité.
Par ailleurs, la BM a fait état d’autres défis persistants incluant les disparités régionales, les contraintes de capacité institutionnelle ainsi que la nécessité d’une digitalisation et d’une durabilité financière renforcées.
Partant, elle a estimé qu’un renforcement de l’intégration entre le programme AMEN et d’autres programmes sociaux permettrait de mieux lutter contre les inégalités régionales, notant que plus de 40 % des bénéficiaires de Transferts Monétaires Mensuels (TMM) sont concentrés dans les gouvernorats de Kasserine, Sid Bouzid, Jendouba, Kairouan, Gafsa et Siliana.
Elle a appelé, en outre, à l’amélioration des capacités institutionnelles dans ce domaine, à travers une meilleure coordination des efforts déployés aux niveaux central, régional et local et le renforcement des ressources humaines, à même d’assurer l’actualisation des enquêtes sociales et le traitement des plaintes.
De même, la BM a recommandé d’assurer l’harmonisation entre le programme AMEN non-contributif, et le système de sécurité sociale contributif.
« Étendre la couverture contributive aux travailleurs du secteur informel par le biais d’une affiliation simplifiée et de cotisations subventionnées, tout en garantissant la parité des prestations essentielles telles que les allocations familiales, favoriserait l’équité et réduirait la fragmentation du système », a-t-elle expliqué.
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