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Que se cache-t-il derrière la médiation américaine entre Alger et Rabat ?

23. Oktober 2025 um 11:46

Dans une déclaration spectaculaire, Steve Witcoff, l’envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, a révélé qu’un accord de paix serait conclu entre le Maroc et l’Algérie « d’ici 60 jours ».

Eclairage.

Donald Trump, l’homme qui lorgne vers le prix Nobel de la paix et qui compte à son actif un cessez-le-feu à Gaza arraché aux forceps, sera-t-il en mesure de mettre un terme à plusieurs décennies de brouille entre le Maroc et l’Algérie, sur fond d’avenir du Sahara occidental; et ce, en seulement soixante jours ?

C’est ce que claironne Steve Witkoff, le promoteur immobilier new-yorkais devenu envoyé spécial du président Trump pour le Moyen-Orient. En effet, celui-ci a lâché dimanche 19 octobre une bombe géopolitique sur le plateau de « 60 Minutes », l’émission phare de CBS.

Interrogé par un journaliste sur les prochains chantiers diplomatiques américains après le cessez-le-feu à Gaza, l’ami personnel du président américain – accompagné par l’inévitable Jared Kushner, le gendre du président Trump –  a répondu avec un aplomb qu’un accord de paix entre Rabat et Alger serait conclu « d’ici soixante jours ».

« Nous y travaillons actuellement, et un accord de paix sera conclu dans les deux prochains mois », a-t-il encore affirmé.

Pourquoi un délai de « soixante jours » ? Car Trump cherche à multiplier les « victoires » diplomatiques rapides pour marquer son retour à la Maison-Blanche. Tout en mettant une pression maximale sur les deux pays pour les contraindre à accepter un cadre négocié à Washington.

Le double jeu de Washington

Mais que se cache-t-il derrière la médiation américaine ? Outre la stabilisation du Maghreb, Washington cherche de toute évidence à contrer les influences étrangères dans la région, notamment russes et chinoises.

De plus, selon les observateurs, une éventuelle recomposition du Maghreb sous hégémonie américaine fait d’une pierre deux coups : consolider la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental tout en repositionnant l’Algérie comme nouvelle tête de pont militaire américaine dans le Sahel. Et ce, d’autant plus que l’Algérie dispose d’atouts géostratégiques que les États-Unis convoitent depuis longtemps. A savoir : une profondeur stratégique saharienne unique; des infrastructures militaires de premier ordre; et une position géographique idéale pour surveiller l’ensemble des pays du Sahel.

Sachant que les tensions au Sahel sont alimentées par une insécurité croissante liée au terrorisme et aux conflits, doublée par une instabilité politique et économique qui touche des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, et qui déborde sur les pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin.

Un soutien discret mais déterminant

Notons d’autre part que la médiation américaine en cours s’appuie sur le soutien de Ryad. Ainsi, le roi Mohammed VI et le président Abdelmadjid Tebboune ont récemment reçu des messages du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Sachant que le royaume wahabite, un poids lourd au sein du monde arabe et un allié stratégique des États-Unis, semble jouer un rôle discret mais déterminant dans les efforts pour rétablir le dialogue rompu entre Rabat et Alger.

Lueur d’espoir

Pour rappel, les relations diplomatiques entre les deux géants du Maghreb sont rompues depuis 2021 sur fond du contentieux sur le Sahara occidental. Une rupture concrétisée par la fermeture des frontières terrestres et aériennes. Ainsi, soutenu par Washington depuis 2020, le Maroc propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Tandis que l’Algérie défend le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Or, selon l’avis général, le retour à des relations normales serait bénéfique aussi bien pour les deux nations frères que pour la stabilité de toute la région du Maghreb.

Alors, la réouverture des frontières permettrait de relancer les échanges commerciaux, notamment dans les zones frontalières longtemps sinistrées. De plus, ce rapprochement pourrait donner un nouveau souffle à l’Union du Maghreb arabe (UMA), aujourd’hui totalement paralysée.

Prudence

Mais, qu’en est-il de l’Algérie ? Massad Boulos, conseiller pour l’Afrique et le Moyen-Orient de Donald Trump- qui  s’est rendu dans la région en faisant escale en Libye, en Tunisie et en Algérie- révèle que lors de sa récente rencontre avec le président algérien, celui-ci souhaitait aussi une solution définitive et se montrait favorable à une amélioration de ses relations avec le Maroc. «Ils restent des frères et des voisins réunis par la même histoire», a ajouté Abdelmajid Tebboune. Tout en insistant sur la nécessité de tourner la page d’un conflit qui « dure depuis bientôt cinquante ans ».

Malgré ces perspectives encourageantes, la prudence reste de mise. Car les tensions historiques entre les deux pays, les différends idéologiques et les enjeux géopolitiques marqués par la normalisation contre nature entre Rabat et Tel-Aviv, rendent tout rapprochement délicat, voire éphémère.

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Tunnel reliant l’Alaska à la Russie : un projet fou pour amadouer Donald Trump ?

21. Oktober 2025 um 12:34

Les Russes ont fait miroiter à Donald Trump le projet de « Pont de la paix », un tunnel qui relierait l’Alaska et la Russie; et ce, pour gagner ses faveurs. Ce dernier a jugé « intéressante » cette idée, qui se heurte toutefois à des réalités.

C’était une manœuvre diplomatique astucieuse et d’une grande habilité. Avant le prochain sommet de Budapest et au moment où Moscou cherche à désamorcer la menace des Tomahawks, ces redoutables missiles supersoniques de longue portée capables de frapper les raffineries et dépôts de carburant en profondeur du territoire russe, mettant ainsi en péril le secteur énergétique et par ricochet la capacité de la Russie à financer sa guerre en Ukraine, Kirill Dmitriev- le patron du Fonds souverain d’investissements directs (RDIF), un ami proche de Poutine en charge de réchauffer les relations économiques avec les Etats-Unis- vient de proposer la construction d’un tunnel souterrain reliant la Russie aux États-Unis à travers le détroit de Béring. Un tunnel « routier et ferroviaire » qui portera de surcroit les noms de Vladimir Poutine et Donald Trump.

Moscou cherche-t-il à amadouer le président américain en flattant son égo, que l’on sait démesuré ? Et ce, en lui faisant miroiter un très vieux projet à haute charge symbolique qui ambitionne de relier  physiquement les deux pays de l’Alaska à la Tchoukotka. En raccordant ainsi les continents américain et eurasiatique ? La ficelle est un peu grosse !

Un projet fou

En effet, Dmitriev ressort des cartons un projet datant de 130 ans, en évoquant jeudi 16 octobre sur X, la possibilité d’un « tunnel Poutine-Trump ». Concrètement un « lien de 112 km symbolisant l’unité ». Cette infrastructure, « unique au monde », pourrait, estime-t-il, être réalisée en moins de huit ans et coûterait la modique somme de 8 milliards de dollars. Bien loin des estimations traditionnelles qui tablaient sur un montant de 65 milliards de dollars pour un projet d’une telle ampleur.

« N’est-il pas préférable de relier (nos continents) par un tunnel Alaska-Russie, plutôt que d’augmenter les risques d’une Troisième guerre mondiale », a-t-il écrit. Tout en ajoutant que « cela transformerait une des dernières frontières du monde en une success-story partagée. Prouvant ainsi que les rivaux peuvent collaborer quand les enjeux sont à la hauteur ».

« Il est temps de relier les continents pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Il est temps de relier la Russie et les États-Unis », a déclaré Kirill Dmitriev. Soulignant qu’une ligne ferroviaire de fret construite à travers un tel tunnel « ouvrirait la voie au développement conjoint des ressources ». Et de poursuivre que les projets russo-américains créeront des emplois et stimuleront l’économie.

Beau programme, sauf que le plus savoureux dans cette proposition, c’est que le patron de la RDIF propose également que le maître-d’œuvre ne soit autre que The Boring Company, une société spécialisée dans le creusement de tunnels via des foreuses à haut rendement. Devinez qui en est le propriétaire ? Elon Musk, le patron de Tesla et SpaceX.

Avec des schémas à l’appui. Kirill Dmitriev suggère qu’un tel mégaprojet pourrait faire de The Boring Company « l’innovateur le plus incroyable dans le domaine des infrastructures ».

Et d’expliquer que « le coût d’un tel tunnel, qui ferait environ 110 kilomètres, est supérieur à 65 milliards de dollars s’il est construit en utilisant des méthodes traditionnelles. Cependant, les technologies de The Boring Company réduiraient ce coût à moins de 8 milliards de dollars. La période potentielle de mise en œuvre du projet est inférieure à huit ans », a-t-il ajouté.

Quid de sa rentabilité ?

Reste à savoir si ce projet pharaonique serait rentable ? Ce n’est pas évident selon Frédéric Lasserre, professeur de géographie à l’Université de Laval au Québec. Cekui-ci explique que les ressources extraites en Alaska ou en Sibérie étant orientées vers les ports les plus proches pour être exportées par voie maritime sur les marchés mondiaux, « certes, le passage par la voie ferrée serait plus rapide que par bateau, mais il coûterait beaucoup plus cher. Si on demande aux expéditeurs de payer trois fois plus pour gagner quelques jours, je ne suis pas sûr qu’ils décident de mettre leurs conteneurs sur une voie ferrée », affirme-t-il.

Trump : « C’est intéressant »

Mais que pense l’actuel locataire de la Maison Blanche de ce « Pont de la paix » ? Questionné sur le sujet vendredi 17 octobre, en conférence de presse, alors qu’il venait de s’entretenir avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, Donald Trump a prudemment  répondu que « c’est intéressant » et « qu’il va devoir y réfléchir ». Tout en affirmant qu’il venait d’entendre parler de ce projet. Ensuite, il s’est tourné vers son homologue ukrainien pour demander son avis : « Vous aimez cette idée ? ». Et le président ukrainien de répondre : « Je n’en suis pas ravi ». De quoi faire rire toute l’assistance. Au moins a-t-il réussi à dérider, pour une fois,  le milliardaire républicain. Ce qui est en soi un exploit.

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Ukraine : les missiles Tomahawks peuvent-ils changer le cours de la guerre ?

17. Oktober 2025 um 10:50

Donald Trump, qui va rencontrer Vladimir Poutine dans deux semaines en Hongrie et qui reçoit ce vendredi 17 octobre son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, est-il prêt à accorder à ce dernier les missiles Tomahawks qu’il convoite tant ?

Nouvel épisode dans les relations en dents de scie entre le président américain, Donald Trump, et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. Celui-ci est en visite ce vendredi 17 octobre à Washington. Il vient solliciter en particulier la livraison de missiles de croisière Tomahawks, tant redoutés par Moscou pour l’importance de leur charge explosive, leur longue portée et leur précision diabolique.

Le locataire de la Maison Blanche sautera-t-il ce pas fatidique qui, s’il ne changeait pas radicalement le rapport des forces entre les deux belligérants, amènerait Vladimir Poutine à la table des négociations ? Trop tôt pour envisager cette hypothèse. Même si nous savons que l’entrevue entre les deux chefs d’Etat a été précédée par des échanges préalables entre des représentants militaires ukrainiens et des poids lourds du complexe militaro-industriel américain. Et ce, à l’instar des entreprises de défense américaines Lockheed Martin et Raytheon, avec, bien entendu, l’aval du Pentagone.

D’ailleurs, fraîchement sorti de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, le président américain a laissé entendre mardi 14 octobre qu’il « pourrait » autoriser la vente de missiles Tomahawks à l’Ukraine. « Si cette guerre ne se règle pas, je pourrais envoyer des Tomahawks », a déclaré Donald Trump. « Un Tomahawk est une arme incroyable. Et la Russie n’en a pas besoin. Si la guerre n’est pas réglée, nous pourrions le faire. Nous pourrions ne pas le faire. Mais nous pourrions le faire », a-t-il encore ajouté, maniant encore une fois le flou artistique dont il est coutumier.

Une arme redoutable

Capable d’atteindre une cible jusqu’à 2 500 km en portant une charge de 450 kg d’explosifs, le missile de croisière Tomahawk est construit par l’entreprise américaine Raytheon et mis en service dans les années 1980. Il s’agit d’un missile de croisière subsonique, c’est-à-dire volant au ras du sol à environ 880 km/h. Ce qui le rend plus difficilement détectable par les radars.

A cet égard, notons qu’il a été utilisé pour la première fois avec succès lors de la première guerre du Golfe en 1991 contre les systèmes de défense antiaériens et les postes de commandement irakiens. Il est alors de toutes les guerres des États-Unis, de l’intervention en Bosnie en 1995 aux frappes contre le régime syrien en 2018.

A savoir que l’Ukraine dépend pour le moment des missiles fournis par l’Occident, comme le Storm Shadow, qui ont une portée limitée à environ 250 kilomètres.

La guerre de l’énergie

Or, il convient de rappeler que dans le conflit ukrainien, le secteur énergétique est devenu une arme stratégique. D’ailleurs, en réponse à la guerre à grande échelle que Moscou mène depuis 2022 en ciblant les infrastructures électriques et gazières ukrainiennes pour saper la résistance des habitants et paralyser le pays, Kiev a riposté ces derniers mois en frappant au cœur même de l’industrie pétrolière russe et en multipliant les attaques contre des raffineries russes.

Ainsi, depuis août 2025, l’Ukraine a mené une trentaine d’attaques contre des raffineries et dépôts de carburant à l’intérieur du territoire russe et dans les zones occupées, notamment en Crimée. Ces frappes provoquent des pénuries dans certaines régions, avec des files d’attente aux stations-service et une hausse du prix de l’essence. L’objectif est donc de toucher l’opinion publique russe, mais aussi et avant tout de réduire la capacité de la Russie à financer sa guerre.

Selon les experts militaires, l’utilisation de missiles américains accroîtra sensiblement les frappes dans la profondeur contre les infrastructures pétrolières. D’autant plus que l’armée ukrainienne utilisait en grande partie des drones, dont la vitesse limitée et la faible capacité explosive limitaient la puissance de destruction.

Le courroux du Kremlin

Cela étant, la possibilité que l’Ukraine obtienne des missiles Tomahawks a déclenché l’inquiétude et même des menaces à peine voilées de Moscou.

Ainsi, Vladimir Poutine a averti que la livraison de Tomahawks serait « un tournant dans ses relations avec le président américain. Car les utiliser sans une participation directe des soldats américains, c’est impossible. Et ce serait un changement majeur, une nouvelle escalade, notamment dans les relations entre la Russie et les États-Unis ».

Pour sa part, l’ancien président russe Dmitri Medvedev, connu pour ses déclarations intempestives, a menacé les États-Unis et Donald Trump personnellement d’une réponse nucléaire.

« Il a été dit cent fois, d’une manière compréhensible même pour l’homme étoilé, qu’il est impossible de distinguer un missile Tomahawk nucléaire d’un missile conventionnel en vol », a-t-il déclaré. « La livraison de ces missiles pourrait mal finir pour tout le monde. Et surtout, pour Trump lui-même ».

Incertitudes

Mais, la potentielle livraison des missiles américains, dont le coût est estimé à 1,3 million de dollars, pose plusieurs questions financières et logistiques : qui payera la note, jugée trop salée, Kiev ou les pays européens membres de l’Otan ? Combien de missiles pourraient livrer les États-Unis sans « appauvrir » leurs réserves de missiles Tomahawks ? Alors même que Donald Trump aurait assuré, avant de rencontrer Volodymyr Zelensky à Washington ce vendredi 17 octobre, que « même si nous en avons beaucoup, nous ne pouvons pas épuiser les stocks pour d’autres pays. On va voir ce qu’on peut faire sur ce point », estimant que ces armes étaient nécessaires à la sécurité américaine.

Autre obstacle, mais d’ordre technique : le missile Tomahawk est conçu pour être lancé depuis des sous-marins et des navires de surface. Or, décimée, la marine ukrainienne ne dispose depuis 2022 que de quelques patrouilleurs et navires de guerre incapables de lancer ces missiles.

Enfin, le fonctionnement de ces missiles extrêmement sophistiqués requiert la présence de techniciens américains sur le sol ukrainien; une ligne rouge pour Moscou.

Alors, l’administration Trump prendra-t-elle le risque périlleux d’un face-à-face aux conséquences incalculables, en défiant la première puissance nucléaire du monde ? Impensable.

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Duplicité !

15. Oktober 2025 um 10:16

Des documents divulgués par le Washington Post révèlent la formation d’une alliance militaire israélo-arabe secrète sous surveillance américaine. Et ce, au moment même où les bombes israéliennes pleuvaient sur Gaza et où plus de 65 000 Palestiniens étaient ensevelis sous les décombres.

Si l’information était confirmée, ce serait le comble de la fourberie et le summum de l’hypocrisie. Car, tout en condamnant sur le bout des lèvres le génocide perpétré par les forces d’occupation israélienne contre leurs « frères » palestiniens à Gaza – probablement pour mieux anesthésier leur opinion publique toute acquise à la cause palestinienne -, six pays arabes, en l’occurrence l’Égypte, Bahreïn, la Jordanie, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, auraient, selon une enquête exclusive du Washington Post, discrètement intensifié leur coopération militaire et logistique sécuritaire avec l’armée israélienne au cours des trois dernières années, allant même jusqu’à établir secrètement une structure de sécurité régionale chapeautée par le Pentagone. Il s’en est suivi dialogue sécuritaire, partages de renseignements et exercices conjoints sur fond de guerre à Gaza, dans un contexte où la rivalité avec l’Iran façonne les choix stratégiques de la région.

Le hic, c’est que cette coopération clandestine contraste avec les déclarations publiques enflammées des dirigeants arabes. L’émir du Qatar a dénoncé une « guerre génocidaire menée contre le peuple palestinien » et accusé Israël d’être « un Etat hostile et complice de l’apartheid » dans un discours à l’ONU en septembre 2025.

Pour sa part, l’Arabie saoudite a dénoncé en août « la famine et le nettoyage ethnique » des Palestiniens. Tandis que les dirigeants de l’Egypte et de la Jordanie ont également parlé de génocide.

Réunions secrètes

Selon des documents classifiés obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), vérifiés par des archives officielles du Pentagone et sortis au grand jour le samedi 11 octobre par le prestigieux journal américain d’investigation,  l’on découvre qu’au cours des dernières années, de hauts responsables militaires d’Israël et des six États arabes se sont rencontrés lors d’une série de réunions de planification facilitées par les États-Unis à Bahreïn, en Égypte, en Jordanie et au Qatar. Lors de ces réunions secrètes, une structure de sécurité régionale a été créée, coordonnée par le Commandement central américain (CENTCOM) ; le Koweït et Oman étant cités comme partenaires potentiels du groupe.

Téhéran, la menace existentielle

Comment cela aurait été possible ? Toujours selon le Washington Post, cette collaboration tripartite est mue par la volonté commune de contrer l’influence grandissante de l’Iran et ses proxys dans la région, notamment le Hezbollah au Liban, les milices irakiennes du Hachd al-Chaabi, les Houthis au Yémen ou encore le Hamas à Gaza,  des branches armées décrites par Washington comme l’« Axe du Mal ». Un enjeu stratégique partagé par Tel-Aviv et ses voisins arabes.

Ainsi, entre 2022 et 2025, aurait été créé un système régional de défense aérienne pour contrer les missiles et les drones iraniens, avec des exercices militaires coordonnés et le partage de données radar entre partenaires. En 2024, le Centcom américain aura connecté les six pays arabes ainsi que Tel-Aviv à ses systèmes, permettant l’échange d’informations via un réseau de communication sécurisé exploité par l’US Air Force.

Un exemple édifiant ? La réunion de mai 2024 à la base aérienne d’Al Udeid, au Qatar, où des responsables israéliens auraient discuté en toute discrétion avec des représentants arabes pendant que l’accès civil à la base a été interdit afin d’éviter d’attirer l’attention du public.

Traumatisme

Sauf que cette coopération contre nature basée uniquement sur le rejet de l’Iran a explosé en vol suite à l’attaque israélienne contre Doha, au Qatar, le 9 septembre 2025. Car, allez expliquer aux monarchies du Golfe que les missiles visant les dirigeants du groupe palestinien Hamas, réunies à Doha, n’ont été détectés ni par les systèmes radar américains ni par les systèmes radar qataris.

Pourtant, sous la contrainte américaine, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait beau exprimer « ses profonds regrets » pour la mort du fonctionnaire qatari et pour avoir « violé la souveraineté de l’émirat », promettant de ne pas répéter d’actions similaires. Les Américains, soucieux de restaurer leur image de protecteurs des pays du Golfe, ont accordé pour leur part au Qatar une faveur dont aucun autre pays du Moyen-Orient – en dehors d’Israël – ne bénéficie. Ainsi, dans un décret présidentiel signé le 29 septembre, le président américain engage la parole de son pays, stipulant que toute attaque contre le Qatar serait considérée comme « une menace pour la paix et la sécurité des Etats-Unis ». Mais le mal est fait.

Car, pour les pays du Golfe, comment se fier désormais à l’Oncle Sam pour assurer leur propre défense ? Et comment se protéger dorénavant contre la menace de « l’ennemi sioniste » alors que Tel-Aviv ne semble plus avoir de frein pour frapper à sa guise tout pays de la région, y compris les alliés des États-Unis : le Qatar – membre fondateur du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et qui héberge de surcroît la plus grande base militaire américaine de la région – ne vient-il pas de subir les foudres d’Israël sans que les systèmes américains de défense aérienne, notamment les fameux Patriot, ne bougent le petit doigt ?

Mais, au final, les émirs du Golfe ont-ils le choix que de se soumettre à la Pax habraïca, sous couvert des accords d’Abraham ? Car, ils assistent, impuissants, à un bouleversement majeur des équilibres traditionnels du Moyen-Orient où Israël s’affirme en pivot régional et au sein duquel Washington renforce son rôle d’arbitre stratégique. Alors, à quel sain se vouer ?

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