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Une trêve pour Gaza, une victoire de l’humanité

09. Oktober 2025 um 13:13

Après deux années d’un conflit d’une brutalité sans précédent, un accord de cessez-le-feu vient d’être signé entre Israël et le Hamas, ouvrant la voie à un espoir fragile mais réel : celui d’un retour à la vie. Quoique, pour les habitants de Gaza, au vu des pertes humaines et des destructions matérielles, ce sera très dur …  (Ph. Des Palestiniens célèbrent l’annonce de l’accord entre Israël et le Hamas devant l’hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza).

Khémaïs Gharbi *

Donald Trump s’est dit, ce jeudi 9 octobre 2025, «fier d’annoncer qu’Israël et le Hamas ont tous deux accepté la première phase» de son plan de paix.

Pour Gaza, épuisée, meurtrie, mais debout, cette trêve n’est pas seulement une pause dans les combats — c’est une victoire de l’humanité sur la barbarie.

Il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Même lorsque la nuit semble interminable. Même lorsque les bombes éclipsent le soleil. Même lorsque les larmes deviennent le seul langage commun aux mères de Gaza — comme ailleurs.

Aujourd’hui, cette lumière commence enfin à percer. Après deux années de guerre dévastatrice, Israël et le Hamas se sont accordés, aujourd’hui, sur un cessez-le-feu à Gaza. Cet accord marque la première phase du plan de paix annoncé par le président américain, soutenu par l’Égypte et plusieurs pays, et vise à instaurer une paix «durable» dans la région.

Les premières mesures concrètes

    Dans le cadre de ce plan, le retrait progressif de l’armée israélienne jusqu’à une ligne convenue doit débuter, tandis que la libération de tous les otages est annoncée pour les jours à venir. Un échange de prisonniers et l’entrée urgente de l’aide humanitaire figurent aussi parmi les premières mesures concrètes.

    À l’annonce de cet accord, une vague d’émotion a déferlé dans le monde entier. Ce n’est peut-être pas encore la fin. Mais c’est un tournant. Un moment historique.

    Alors que les armes se taisent, que les bombardiers retournent à leur base et que les convois d’aide se préparent à franchir les ruines, une respiration collective traverse la région. Un souffle. Peut-être fragile, peut-être provisoire. Mais un souffle tout de même — celui de la vie, celui de l’espoir.

    Entre le début et la fin de chaque guerre, il y a les innocents. Les veuves qui pleurent. Les enfants que l’on ne reverra plus. Les quartiers effacés de la carte, les rêves étouffés sous les gravats. Il y a les larmes, la peur, les sacrifices. Et il y a aussi la mémoire. Car aucune guerre ne s’efface jamais vraiment. Elle laisse des cicatrices dans le béton comme dans les cœurs, des traces indélébiles sur les pierres comme sur les âmes.

    Le courage, la dignité et la résistance

    Mais il y a aussi, dans l’ombre de ces douleurs, des lumières qui ne s’éteignent pas : celles du courage, de la dignité, de la résistance. Celles de ceux qui n’ont jamais accepté de baisser la tête.

    Celles de ceux qui ont préféré sacrifier leur vie plutôt que de renier leur terre, leur pays. Ceux qui ont écrit, par leur abnégation, leur patience et leur fidélité à leur peuple, une page de l’Histoire.

    Aujourd’hui, cette page se tourne peut-être. Lentement. Solennellement. Et espérons-le aussi, durablement, sans nous faire trop d’illusion sur les véritables intentions du gouvernement extrémiste en place en Israël.

    Dans le silence qui succède aux explosions, on entend à nouveau les voix humaines. Celles qui réclament justice, dignité, souveraineté. Celles qui disent : «Nous sommes encore là.»

    Ceux qui ont résisté, contre les déluges de fer et de sang, méritent plus que des hommages : ils méritent le respect — et la reconnaissance — d’avoir défendu leurs droits et l’honneur de toute une nation. Et ceux qui, pendant ce temps, depuis leurs bureaux climatisés ou leurs tribunes confortables, ont tenté de semer le doute, de miner la cohésion, de trahir l’effort collectif — qu’ils soient jugés par l’Histoire.

    On n’écrit pas l’honneur avec des mots. On l’écrit avec du sang, avec du silence, avec des actes. Et aujourd’hui, c’est sur les épaules des hommes et des femmes libres que brillent les premiers rayons d’un soleil nouveau.

    Le cessez-le-feu n’est pas une fin en soi. C’est une promesse. Promesse d’un chemin vers la reconstruction, vers la libération, vers la paix — pas celle qu’on impose avec des traités, mais celle qu’on construit avec des principes. Et à ceux qui ont tenu bon, à ceux qui n’ont pas levé le drapeau blanc, à ceux qui ont continué à marcher debout quand tout semblait perdu, l’Histoire vous regarde. Elle vous admire. Et elle se souviendra.

    * Ecrivain et traducteur.

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    L’unité de l’histoire tunisienne

    01. Oktober 2025 um 11:21

    Il est des phrases qui traversent les siècles comme des coups de tonnerre. L’une d’elles résonne encore aujourd’hui : «Carthago delenda est» — Carthage doit être détruite. Le sénateur Caton l’Ancien la répétait inlassablement à Rome, jusqu’à ce que la grande rivale fût rayée de la carte. On raconte qu’il ajoutait parfois : «Il ne faut pas laisser deux pierres ensemble.» Ce mot d’ordre de ruine totale ne visait pas seulement une cité, mais une mémoire, une civilisation, un destin collectif.

    Khémaïs Gharbi *

    Deux mille ans plus tard, le mécanisme est toujours là, sous d’autres habits. L’obsession de détruire, de séparer, de dissoudre ce qui tient debout ensemble, demeure une tentation politique universelle. Depuis le printemps arabe, le monde arabe en général et la Tunisie en particulier l’ont appris à leurs dépens : l’histoire y est systématiquement morcelée, fragmentée, recomposée pour opposer les uns aux autres. C’est une logique de marteau : frapper, fendre, disperser. Amazighs contre Arabes. Berbères contre musulmans. Progressistes contre conservateurs. Laïques contre islamistes. Et vice et versa. Tout ce qui pourrait unir deux pierres, deux idées, deux communautés, deux mémoires, se voit attaqué.

    Diviser pour régner

    Le monde actuel est gouverné moins par le droit que par la force. Les maîtres de ce temps l’ont compris : pour asseoir leur puissance, ils doivent briser ce qui donne cohésion aux peuples. Lorsque l’unité apparaît, ils cherchent la fissure. Lorsque des différences s’apaisent dans la coexistence, ils les réactivent. Lorsque la mémoire collective s’accorde sur un récit commun, ils exhument d’anciennes querelles, sollicitent des archéologues, des historiens ou des polémistes professionnels pour faire réapparaître vainqueurs et vaincus, dominants et dominés.

    On creuse, on fouille, on gratte la pierre de l’histoire jusqu’à retrouver la trace d’une blessure. Et, au lieu de panser la cicatrice, on la rouvre. On invente des récits séparés, des mémoires concurrentes, des identités en opposition. Ce qui avait été fondu dans un seul moule est à nouveau brisé en fragments.

    Un peuple façonné par le mélange

    Or la Tunisie, plus qu’aucun autre pays du Maghreb, s’est constituée dans ce creuset. Berbères, Puniques, Romains, Byzantins, Vandales, Arabes, Andalous, Juifs, Turcs, Italiens, Grecs, Maltais, Espagnols, Français : tous ont laissé leur empreinte. Mais cette diversité ne s’est pas traduite par des histoires parallèles. Elle s’est intégrée dans un récit unique, celui d’un peuple tunisien qui a traversé les siècles en partageant le pire et le meilleur.

    Chaque communauté, chaque vague migratoire, a contribué à façonner le tissu social. Des solidarités se sont agrégées, des résistances communes ont surgi, des rêves collectifs se sont réalisés. La Tunisie moderne n’est pas le résultat d’une juxtaposition de communautés, mais d’une fusion. Ce n’est pas un archipel de mémoires séparées, mais un continent de mémoire partagée.

    La réduire à des morceaux, à des appartenances rivales, à des mémoires exclusives, c’est trahir la vérité même de son histoire.

    La mémoire commune

    Quand Caton voulait détruire Carthage, il visait une puissance concurrente. Quand les puissants d’aujourd’hui cherchent à fragmenter nos récits, ils visent notre mémoire commune. Car une mémoire unifiée donne une conscience de soi, et une conscience de soi donne une force politique. La fragiliser, c’est fragiliser la souveraineté, l’indépendance et la dignité d’un peuple.

    Cette entreprise prend parfois un visage séduisant : l’éloge de la diversité. Mais au lieu de célébrer ce qui nous enrichit, on insiste sur ce qui nous sépare. On fait miroiter des «identités» étanches, figées, mortifères; on réécrit des mémoires comme des chapitres isolés, et l’on finit par dresser les uns contre les autres ceux qui avaient appris à vivre ensemble durant des siècles.

    La diversité est constitutive de la Tunisie. Mais elle n’a jamais signifié l’éparpillement. Elle fut un ciment, non une poudre explosive. La rendre destructrice, c’est une manipulation.

    Ce que signifie l’unité

    Prendre la défense de l’unité ne veut pas dire nier la pluralité. L’unité n’est pas l’uniformité. Elle est la reconnaissance d’un destin commun, au-delà des différences de culture, de langue, de confession. Elle est le socle sur lequel chacun peut affirmer sa singularité sans craindre l’exclusion.

    Dire que les Tunisiens sont un seul peuple, ce n’est pas effacer ses composantes, mais rappeler que celles-ci se sont amalgamées au fil des siècles dans une histoire partagée. Dire que la mémoire tunisienne est une, ce n’est pas ignorer ses nuances, mais refuser qu’on les instrumentalise pour opposer frères et sœurs d’un même pays.

    Une mémoire partagée

    Face à cette politique de la destruction, il nous faut opposer une politique de la mémoire partagée. Elle commence par l’éducation : apprendre aux jeunes générations que l’histoire n’est pas une série de querelles mais une construction commune. Elle passe par la culture : musées, expositions, littérature, cinéma doivent rappeler la richesse des croisements. Elle exige aussi des lieux de mémoire où l’on raconte non pas des «histoires parallèles», mais l’histoire commune.

    Et surtout, elle suppose une parole civique forte : ne pas céder à la tentation de diviser pour régner, mais au contraire réaffirmer que notre destin est un et que nous n’avons rien à gagner à jouer les fragments.

    Garder les pierres ensemble

    Lorsque l’on se promène dans nos médinas, on voit des murs bâtis de pierres anciennes, reprises d’époques différentes, ajustées les unes aux autres. Romains, Byzantins, Arabes, Ottomans : les matériaux se mêlent, mais l’édifice tient. C’est l’image même de notre histoire.

    Les puissants d’hier voulaient que Carthage ne garde pas deux pierres ensemble. Les pays prédateurs d’aujourd’hui voudraient que la Tunisie ne garde pas deux mémoires unies. À nous de refuser cette logique. À nous de rappeler que notre peuple n’est pas une poussière d’identités, mais une nation façonnée par le temps, par la douleur et par la joie.

    Ne vantons pas les mosaïques, ne faisons pas l’éloge du cosmopolitisme. Ne brisons pas nos pierres. Assemblons-les, encore et toujours. C’est le seul moyen de résister à la politique de la destruction, et de préparer un avenir où la diversité demeure un ciment d’unité, et non une arme de fragmentation.

    * Ecrivain, traducteur.

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