Giorgio Armani : vers une vente par étapes ou une introduction en Bourse, selon le testament
Le créateur de mode Giorgio Armani, récemment décédé, a demandé à ses héritiers de vendre progressivement la marque de mode qu’il a créée il y a 50 ans ou de chercher à l’introduire en Bourse, selon son testament, marquant un revirement inattendu pour une entreprise qui a toujours défendu son indépendance et ses racines italiennes.
Le testament, consulté par Reuters, stipule que ses héritiers doivent vendre une participation de 15% dans la maison de couture italienne dans les 18 mois et transférer ensuite 30% à 54,9% supplémentaires au même acheteur dans les trois à cinq ans suivant le décès de Giorgio Armani.
Le testament indique également que la priorité doit être donnée au géant du luxe LVMH, au poids lourd de la beauté L’Oréal, au leader des lunettes EssilorLuxottica ou à un autre groupe « de même rang » qui serait identifié par une fondation créée par le créateur pour préserver son héritage, avec l’accord du partenaire commercial et conjoint de Giorgio Armani, Pantaleo Dell’Orco.
Essilor Luxottica évaluera avec attention un éventuel accord, a déclaré vendredi un porte-parole du groupe franco-italien à Reuters.
De son côté, l’Oréal a affirmé « étudier avec une grande considération » une potentielle transaction avec Giorgio Armani.
Une introduction en Bourse (IPO) peut aussi être envisagée en Italie ou sur un marché boursier de même importance, précise le testament.
La mention explicite de la vente de participations et d’acteurs cotés en France comme acheteurs potentiels contraste fortement avec le refus persistant de son vivant de Giorgio Armani de diminuer son contrôle ou de coter son groupe de mode en Bourse.
Au fil des ans, le créateur des célèbres costumes déstructurés qui lui ont valu une renommée internationale a reçu plusieurs propositions, dont une en 2021 de John Elkann, héritier de la famille italienne Agnelli, et une autre de la marque de luxe Gucci, alors que Maurizio Gucci était encore à sa tête.
Si le groupe Armani a des partenariats commerciaux de longue date avec L’Oréal et EssilorLuxottica, LVMH apparaît néanmoins en bonne position pour l’emporter grâce à sa taille et à sa réputation d’investisseur minoritaire patient et solidaire.
« Nous pensons que LVMH serait probablement le plus intéressé des trois par une participation, si celle-ci devenait disponible, compte tenu de l’adéquation stratégique », ont déclaré les analystes de Berenberg dans une note.
D’après eux, le groupe français dirigé par Bernard Arnault pourrait facilement se permettre d’acheter Armani, qu’ils évaluent entre cinq et sept milliards d’euros.
La fondation va nomme un DG
Giorgio Armani était le seul actionnaire principal de la société qu’il avait créée avec son défunt conjoint Sergio Galeotti dans les années 1970 et sur laquelle il a exercé jusqu’à la fin un contrôle strict, tant sur le plan créatif que managérial.
Il ne laisse derrière lui aucun enfant pour hériter de l’entreprise, qui a généré un chiffre d’affaires relativement stable de 2,3 milliards d’euros en 2024, mais dont les bénéfices ont diminué dans le contexte de ralentissement généralisé du secteur du luxe.
Le testament attribue à la Fondazione Giorgio Armani et à Pantaleo Dell’Orco 70% des droits de vote du groupe Armani.
La Fondazione Giorgio Armani ne détiendra jamais moins de 30,1% du capital d’Armani et agira en tant que « garant permanent » du respect des principes fondateurs, a affirmé vendredi le comité exécutif d’Armani dans un communiqué.
La fondation sera aussi chargée de nommer le nouveau dirigeant du groupe, a annoncé le comité.
Le conseil d’administration d’Armani, composé de cinq membres, sera présidé par Pantaleo Dell’Orco. Parmi les autres membres figurent le banquier Irving Bellotti, associé de Rothschild & Co, le neveu de Giorgio Armani, Andrea Camerana, et deux personnes extérieures à la famille, a déclaré à Reuters une personne proche du dossier.