Tunisie – Chine : Vers une collaboration stratégique au service des infrastructures et de l’industrie
Une entreprise chinoise spécialisée dans le ciment projette d’acquérir une cimenterie tunisienne pour plus de 100 millions de dollars. Ce rachat représente l’un des investissements chinois les plus importants en Tunisie ces dernières années.
La Tunisie et la Chine renforcent leur partenariat économique et infrastructurel à travers plusieurs projets d’envergure, allant de la reconstruction du stade olympique d’El Menzah à la création d’un centre d’oncologie à Gabès. Ces initiatives témoignent d’une volonté commune d’intensifier les relations bilatérales, tout en soulevant certaines interrogations sur la nature et les conséquences à long terme de ces engagements financiers.
L’ambassadeur de Chine en Tunisie, Wan Li, a annoncé que la Chine financera le projet de réhabilitation du stade olympique d’El Menzah. Ce partenariat repose sur une étude de faisabilité soumise par la partie tunisienne et actuellement en cours d’examen par les entreprises chinoises concernées. Selon Wan Li, des documents supplémentaires ont été demandés afin de préciser certains aspects techniques, mais le projet devrait rapidement entrer dans une phase concrète.
Des domaines de collaboration variés
Outre le secteur sportif, la Chine s’investit également dans les infrastructures de santé en Tunisie. La conception du futur centre d’oncologie de Gabès, réalisé dans le cadre du partenariat bilatéral, est actuellement en cours. De plus, un mémorandum d’entente a été signé pour l’étude de faisabilité d’un autre projet ambitieux : la Cité médicale des Aghlabides à Kairouan. Ces initiatives illustrent une volonté de diversifier les domaines de collaboration et de renforcer le système de santé tunisien.
Sur le plan industriel, une entreprise chinoise spécialisée dans le ciment projette d’acquérir une cimenterie tunisienne pour plus de 100 millions de dollars. Ce rachat représente l’un des investissements chinois les plus importants en Tunisie ces dernières années. La modernisation des équipements et l’introduction de technologies avancées sont présentées comme des atouts majeurs pour l’industrie nationale.
Une dynamique renforcée dans le tourisme
Le secteur touristique bénéficie également de cette dynamique de coopération sino-tunisienne. Lors d’une interview accordée à l’agence TAP, l’ambassadeur Wan Li a estimé que la Tunisie pourrait accueillir jusqu’à 30.000 touristes chinois en 2025, contre 20.000 en 2024. Selon lui, les autorités tunisiennes déploient des efforts considérables pour attirer cette clientèle, notamment en prévoyant l’ouverture de liaisons aériennes directes entre la Tunisie et la Chine dès l’année prochaine. De son côté, la Chine s’engage à promouvoir davantage la destination Tunisie, comme en témoigne la récente visite d’une délégation chinoise venue explorer les richesses culturelles et naturelles du pays. Avec ses paysages variés, son patrimoine historique et son littoral attractif, la Tunisie dispose d’un potentiel de croissance significatif dans ce secteur, qui pourrait bénéficier des retombées économiques d’un flux touristique renforcé.
Un modèle de partenariat à analyser avec pragmatisme
Si ces coopérations offrent de réelles perspectives de modernisation et de développement, elles invitent aussi à une réflexion lucide sur les modalités de financement et leurs implications à long terme. Ailleurs, certains projets financés par la Chine ont débouché sur des situations complexes, notamment lorsque les États ont éprouvé des difficultés à rembourser leur dette. Le cas du port de Hambantota au Sri Lanka, passé sous contrôle chinois après l’incapacité du pays à honorer ses engagements, ou encore celui du port de Doraleh à Djibouti, rappellent combien la gestion des dettes souveraines est un enjeu stratégique.
Ainsi, tout en consolidant son partenariat avec la Chine, la Tunisie, devra veiller à préserver un équilibre stratégique, garantissant la soutenabilité de ses engagements et la maîtrise de ses infrastructures vitales. Si les opportunités offertes par Pékin sont indéniables, elles ne doivent pas se transformer en dépendance. Il s’agit pour la Tunisie de tracer son propre chemin, en diversifiant ses alliances et en restant maître de son destin économique.
Cela passe par une approche réfléchie de l’endettement, qui ne sacrifie ni la souveraineté du pays ni la pérennité de ses ressources. Investir, oui, mais avec discernement. S’ouvrir, sans renoncer à ses intérêts fondamentaux. Car au-delà des chiffres et des contrats, il s’agit de bâtir un modèle de développement qui serve, d’abord et réellement, les Tunisiens, en créant de la valeur et en renforçant les capacités nationales.
La Tunisie a toujours su trouver un équilibre entre ses ambitions et ses contraintes. Aujourd’hui encore, notre pays doit avancer avec lucidité, en s’appuyant sur des partenariats complémentaires et non exclusifs. Et c’est en restant fidèle à cette vision éclairée que le pays pourra transformer ses choix économiques en leviers de prospérité, au service d’une collaboration mutuellement bénéfique et dans le respect d’un avenir souverain
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