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ECLAIRAGE – L’ombre longue de l’inflation passée – Pourquoi la Tunisie reste prisonnière de son passé … (2/3)

27. August 2025 um 05:20

On croit souvent que l’inflation est une affaire de chiffres, de pourcentages et de courbes. En réalité, elle est d’abord une affaire de mémoire(*). Un pays qui a vécu une inflation persistante en garde les stigmates pendant des décennies : les ménages perdent confiance, les entreprises deviennent méfiantes et la banque centrale se voit condamnée à réagir de manière plus dure que de raison. La Tunisie, à l’instar de nombreuses économies émergentes, illustre tragiquement cette loi économique non écrite : l’histoire pèse plus lourd que la conjoncture (**).

Dans toute économie, l’expérience passée structure la manière dont les citoyens projettent l’avenir. L’Amérique latine en est l’exemple le plus frappant. L’Argentine, marquée par une hyperinflation chronique, vit encore aujourd’hui sous le joug d’anticipations inflationnistes incontrôlables : chaque promesse de stabilité est accueillie avec scepticisme, forçant la banque centrale à des politiques monétaires draconiennes qui finissent par asphyxier l’économie réelle.

 

À l’inverse, l’Europe de l’Est a démontré que la rupture radicale est possible. La Pologne, après une inflation à trois chiffres au début des années 1990, a bâti une crédibilité monétaire solide grâce à une politique budgétaire disciplinée, une ouverture maîtrisée et une communication claire de sa banque centrale. Résultat : la mémoire de l’hyperinflation s’est estompée, les anticipations se sont stabilisées, et le pays a pu attirer massivement les investissements.

 

À l’inverse, l’Europe de l’Est a démontré que la rupture radicale est possible. La Pologne, après une inflation à trois chiffres au début des années 1990, a bâti une crédibilité monétaire solide grâce à une politique budgétaire disciplinée, une ouverture maîtrisée et une communication claire de sa banque centrale.

 

La Tunisie, quant à elle, se situe entre ces deux trajectoires. Elle n’a pas connu l’hyperinflation, mais une inflation structurelle persistante, suffisamment forte pour miner la confiance dans le dinar et créer une habitude inflationniste difficile à déloger.

 

Une Banque centrale sous contrainte

La Banque centrale de Tunisie est consciente de ce dilemme. Elle sait que chaque dérapage des prix alimente une spirale psychologique : les ménages ajustent leurs dépenses par peur de nouvelles hausses, les entreprises répercutent immédiatement les anticipations inflationnistes dans leurs prix, et les syndicats réclament des revalorisations salariales qui entretiennent la boucle prix-salaires. Pour casser cette dynamique, la BCT n’a qu’une arme : le taux directeur. Mais chaque hausse se traduit par une contraction du crédit, un frein à l’investissement et un ralentissement de l’activité, aggravant les tensions sociales déjà explosives.

 

Le paradoxe de la crédibilité

Ce cercle vicieux n’est pas propre à la Tunisie. La Turquie en offre un exemple saisissant. Malgré une longue histoire d’inflation, la banque centrale turque avait réussi à gagner en crédibilité dans les années 2000. Mais cette crédibilité n’a pas suffi à ancrer durablement les anticipations. Chaque fois que l’inflation repart à la hausse, les marchés exigent des réponses brutales, et la moindre hésitation est interprétée comme une faiblesse. La crédibilité, paradoxalement, n’allège pas la charge de la politique monétaire : elle oblige au contraire à des réactions systématiquement vigoureuses, car le poids du passé reste présent.

 

En Tunisie, le même paradoxe est à l’œuvre. Même si la BCT affiche son indépendance et communique plus clairement qu’avant, les anticipations inflationnistes des agents économiques restent largement « désancrées ». Les promesses de stabilité sont accueillies avec circonspection, et la Banque centrale se retrouve contrainte de frapper fort à chaque dérapage, quitte à sacrifier la croissance.

 

En Tunisie, le même paradoxe est à l’œuvre. Même si la BCT affiche son indépendance et communique plus clairement qu’avant, les anticipations inflationnistes des agents économiques restent largement « désancrées ». Les promesses de stabilité sont accueillies avec circonspection, et la Banque centrale se retrouve contrainte de frapper fort à chaque dérapage, quitte à sacrifier la croissance.

 

L’équation tunisienne : entre histoire et réformes

Ce constat soulève une vérité fondamentale : en Tunisie, comme ailleurs, la lutte contre l’inflation ne peut être laissée à la seule banque centrale. Les déséquilibres qui alimentent la hausse des prix sont structurels : déficit commercial chronique, dépendance aux importations, poids des subventions, dérives budgétaires et spéculations organisées dans les circuits de distribution. Tant que ces sources ne seront pas taries, aucune politique monétaire, aussi agressive soit-elle, ne pourra restaurer durablement la confiance.
L’expérience internationale prouve que l’on peut échapper à l’ombre du passé, mais à condition de coupler discipline monétaire et réformes structurelles. C’est ce qu’ont réussi certains pays d’Europe de l’Est, là où d’autres, comme l’Argentine, ont échoué en se limitant à une réponse monétaire.

In fine, briser l’héritage pour libérer l’avenir

La Tunisie n’est pas condamnée à subir éternellement le poids de son passé inflationniste. Mais pour briser ce cercle vicieux, il faut accepter que la crédibilité ne se décrète pas. Elle se construit dans le temps, par des politiques cohérentes, une gouvernance transparente et un partage équitable de l’effort économique.

 

La Tunisie n’est pas condamnée à subir éternellement le poids de son passé inflationniste. Mais pour briser ce cercle vicieux, il faut accepter que la crédibilité ne se décrète pas. Elle se construit dans le temps, par des politiques cohérentes, une gouvernance transparente et un partage équitable de l’effort économique.

 

Tant que les déséquilibres persistants nourriront la défiance, la Banque centrale restera enfermée dans un rôle de pompier, condamné à des interventions coûteuses et socialement douloureuses. Le véritable enjeu n’est donc pas seulement de stabiliser l’inflation aujourd’hui, mais de reconstruire la confiance de demain. Car une monnaie forte ne repose pas uniquement sur un taux directeur, mais sur la capacité d’un pays à tourner la page de son histoire inflationniste.

 

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Article en relation: ECLAIRAGE – L’ombre longue de l’inflation passée – La Tunisie face à son dilemme monétaire (1/3)

 

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REFERENCES :

 

(*) The Legacy of High Inflation on Monetary Policy Rules :NBER- w34107 l’héritage d’une inflation élevée: par :  Luis I. Jacome H.Georgetown University, Nicolás E. Magud,  Monetary Fund (IMF), Samuel Pienknagura, International Monetary Fund (IMF) et Martín Uribe, Columbia University – Graduate School of Arts and Sciences – Department of Economics; National Bureau of Economic Research (NBER), Date Written: August 2025

https://www.nber.org/search?page=1&perPage=50&q=w34107

 

 (**)  FEST- ÉTUDE DE L’ÉVOLUTION DES SALAIRES RÉELS EN TUNISIE : Dr Tahar El Almi et Phd Ezzedine Larbi, ( RIP )

https://library.fes.de/pdf-files/bueros/tunesien/14391.pdf

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ECLAIRAGE – L’ombre longue de l’inflation passée – La Tunisie face à son dilemme monétaire (1/3)

25. August 2025 um 05:45

La Tunisie vit toujours sous le poids d’un héritage inflationniste. Plus qu’un simple phénomène économique, l’inflation passée façonne les comportements, influence les anticipations et enferme la Banque centrale dans une posture défensive. Ce fardeau historique explique la vigueur des réponses monétaires, mais aussi leurs limites dans une économie fragilisée.

Mémoire collective et réflexes monétaires

Les travaux récents(*), montrent que lorsqu’un pays a traversé des épisodes d’inflation élevés et répétés, sa banque centrale adopte une attitude plus agressive face aux chocs inflationnistes. La Tunisie n’échappe pas à cette règle.

Depuis les flambées de prix des années 2010(**) et plus récemment le pic de 2023-2024, la Banque centrale de Tunisie (BCT) réagit avec une intensité qui reflète moins la réalité présente que la peur d’un retour au passé.

Les agents économiques, qu’ils soient ménages ou entreprises, restent hantés par le souvenir d’une monnaie affaiblie et d’un pouvoir d’achat érodé. Ces anticipations nourrissent une spirale où l’inflation est perçue comme inévitable, obligeant la BCT à redoubler de sévérité.

La mémoire inflationniste devient alors une contrainte invisible mais redoutable : elle prolonge la méfiance et alimente des politiques monétaires restrictives.

Un paradoxe de crédibilité en Tunisie

La Tunisie illustre également un paradoxe mis en évidence dans les travaux économiques récents : même lorsque la crédibilité d’une banque centrale progresse, la vigueur de sa réponse face à l’inflation ne diminue pas.

Depuis 2012, la BCT a renforcé son image de gardienne de la stabilité des prix à travers des hausses successives du taux directeur et un encadrement strict du crédit. Pourtant, cette crédibilité acquise ne s’est pas traduite par une politique plus équilibrée.

La BCT demeure prisonnière d’une posture défensive. L’obsession pour l’inflation persiste alors que la demande intérieure s’essouffle et que les indicateurs de croissance restent atones.

En d’autres termes, l’ombre du passé inflationniste continue de conditionner les choix présents, au risque de sacrifier le redressement économique.

Les coûts d’une stratégie trop restrictive

Une politique monétaire agressive se traduit par des coûts élevés pour l’économie réelle. En Tunisie, la hausse des taux a freiné l’accès au financement, comprimé l’investissement productif et fragilisé encore davantage les petites et moyennes entreprises.

À court terme, cette stratégie freine la demande et limite la flambée des prix. Mais à moyen terme, elle entretient la stagnation et accentue le chômage, créant un terrain fertile pour de nouvelles tensions sociales.

La rigidité monétaire n’a pas suffi à casser durablement les dynamiques inflationnistes, souvent liées à des facteurs structurels tels que la dépendance aux importations, les dysfonctionnements des circuits de distribution ou encore les chocs sur les prix mondiaux. Elle a cependant contribué à alourdir le coût social de la désinflation, accentuant le sentiment d’une politique punitive.

Sortir de l’ombre : une stratégie globale

L’expérience tunisienne montre qu’on ne peut pas lutter efficacement contre l’inflation par la seule arme monétaire. Rompre avec le cercle vicieux de la méfiance suppose une approche plus large, qui combine crédibilité monétaire et action publique cohérente.

Il s’agit d’abord de restaurer la confiance en renforçant la discipline budgétaire et en orientant les dépenses vers l’investissement productif plutôt que vers la consommation immédiate.

Il s’agit aussi de réformer en profondeur les circuits de distribution et les mécanismes de fixation des prix, afin de réduire la part de l’inflation importée et spéculative.

Enfin, il est urgent de rééquilibrer les missions de la BCT en intégrant l’objectif de croissance et d’emploi à côté de la stabilité des prix, afin de ne pas enfermer l’économie dans une logique purement restrictive.

In fine, une économie prisonnière de son passé

La Tunisie illustre parfaitement l’idée que l’inflation est une mémoire longue. Ce passé continue de conditionner les anticipations des agents, de rigidifier la politique monétaire et de freiner la reprise.

Tant que ce traumatisme collectif ne sera pas dépassé par des réformes structurelles et une gouvernance crédible, la Banque centrale restera enfermée dans un dilemme stérile : protéger la stabilité des prix au prix d’un affaiblissement durable de la croissance.

Pour briser cette inertie, la stratégie en la matière doit dépasser la logique de réaction défensive et bâtir une véritable stratégie de crédibilité économique, où la lutte contre l’inflation ne serait plus un frein, mais un levier de développement durable.

 

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REFERENCES :

 

(*) The Legacy of High Inflation on Monetary Policy Rules :NBER- w34107 l’héritage d’une inflation élevée: par :  Luis I. Jacome H. Georgetown University, Nicolás E. Magud,  Monetary Fund (IMF), Samuel Pienknagura, International Monetary Fund (IMF) et Martín Uribe, Columbia University – Graduate School of Arts and Sciences – Department of Economics; National Bureau of Economic Research (NBER), Date Written: August 2025

https://www.nber.org/search?page=1&perPage=50&q=w34107

 

 

(**)  FEST- ÉTUDE DE L’ÉVOLUTION DES SALAIRES RÉELS EN TUNISIE : Dr Tahar El Almi et Phd Ezzedine Larbi, ( RIP )

https://library.fes.de/pdf-files/bueros/tunesien/14391.pdf

 

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* Dr. Tahar EL ALM

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ÉCLAIRAGE – Le mythe du dinar tunisien, « monnaie la plus forte d’Afrique »

22. August 2025 um 05:45

Dans les discussions populaires comme dans certains plateaux télévisés, une idée revient avec insistance : « Le dinar tunisien est la monnaie la plus forte d’Afrique ». Une affirmation flatteuse, qui nourrit la fierté nationale dans un contexte économique difficile. Mais la réalité est bien plus nuancée : le dinar est loin d’être une monnaie forte.

En valeur faciale, le dinar figure effectivement parmi les devises africaines les plus chères : environ 0,32 dollar pour un dinar, contre 0,20 pour le dinar libyen, 0,10 pour le dirham marocain et 0,05 pour le rand sud-africain.

Pourtant, réduire la « force » d’une monnaie à son prix facial est une illusion. La véritable solidité d’une devise se mesure à sa stabilité, à son pouvoir d’achat réel et à la confiance qu’elle inspire.

Le paradoxe tunisien

Depuis 2010, le dinar a perdu plus de 40% de sa valeur face à l’euro. L’inflation, autour de 6,7% en 2024, grignote le revenu réel des ménages. Le déficit commercial, supérieur à 20 milliards de dinars, alourdit la pression sur les réserves de change. Et dans certains secteurs (immobilier, importations), les acteurs se réfèrent de plus en plus au dollar ou à l’euro. Bref, une monnaie nominalement « chère » mais structurellement fragile.

Comparaisons utiles

Contrairement au dinar tunisien, le rand sud-africain, bien que faible nominalement, repose sur des marchés financiers solides et une intégration internationale qui renforcent sa crédibilité. Le dirham marocain s’appuie sur une gestion de change prudente et une économie mieux diversifiée. Le franc CFA, arrimé à l’euro, bénéficie d’une stabilité garantie par l’extérieur.

Autrement dit : une monnaie forte n’est pas celle qui coûte le plus, mais celle qui rassure.

Graphiques

 

 

Retrouver une vraie force monétaire

Il s’agit de dépasser l’illusion nominale pour reconstruire une monnaie réellement forte. Cela suppose de réduire le déficit commercial, de stabiliser l’inflation et de restaurer la confiance dans la Banque centrale ainsi que dans l’ensemble des institutions.

In fine, le dinar tunisien n’est pas la monnaie la plus forte d’Afrique. Il est simplement l’une des plus « chères » en apparence, mais certainement pas l’une des plus solides. Sa valeur nominale masque une fragilité structurelle profonde. La véritable force d’une monnaie se mesure à la confiance qu’elle inspire et à la stabilité qu’elle garantit.

Pour la Tunisie, le défi n’est pas de se satisfaire d’un mythe, mais de bâtir une monnaie crédible, capable de soutenir durablement son économie.

 

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Article en relation: Le dinar est-il réellement la monnaie la plus forte de l’Afrique ?

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

d’Economie Financière (IAEF-ONG).

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ECLAIRAGE – Croissance à contre-courant – L’illusion d’un miracle tunisien

21. August 2025 um 06:03

Derrière le miracle du PIB se cache un paradoxe inquiétant : une économie qui se félicite de croître pendant que sa demande intérieure s’asphyxie.

 

Une statistique qui trompe

On nous dit que la Tunisie croît, que le PIB dépasse les attentes, comme si un miracle économique était en marche. Pourtant, dans les marchés, dans les foyers, dans les ateliers, la réalité est tout autre : la demande s’étouffe, les prix étranglent, les liquidités se raréfient. La preuve ? La disparition quasi brutale des paiements par chèque, un instrument longtemps au cœur des échanges, dont l’effondrement de près de 50% en volume au premier trimestre 2025 révèle une vérité que les chiffres officiels maquillent : l’économie informelle, moteur invisible de la consommation, est à genoux.

 

Le grand mensonge du PIB

Cette croissance n’est pas une victoire, c’est un trompe-l’œil. Si les comptes nationaux affichent une progression, c’est parce qu’ils ne mesurent que ce qui est visible, déclaré, fiscalisé. Or, une part significative de la consommation tunisienne s’est toujours nourrie d’échanges opaques, fluidifiés par les chèques non nominatifs. Leur mise au ban ne supprime pas l’activité : elle la rend invisible, elle la pousse à l’asphyxie. Voilà pourquoi les statistiques sourient quand la rue grince des dents. Le PIB est devenu un écran, un indicateur qui rassure les bailleurs de fonds mais ignore le quotidien des Tunisiens.

 

Le coût de l’ombre

On ne le répétera jamais assez : l’informel est à la fois un poison et une béquille. Un poison parce qu’il prive l’État de ressources fiscales colossales — près de 3 milliards de dinars de TVA évaporés cette année. Mais aussi une béquille, car il absorbe une partie de la misère sociale et soutient une consommation que l’économie formelle n’est pas capable de porter. La brutalité des réformes sur les chèques a fait tomber le masque : quand l’informel s’étouffe, c’est tout un pan de la demande qui disparaît, sans alternative crédible pour le remplacer.

Faut-il réécrire les règles du jeu ?

Certains confrères avanceront qu’il suffirait de recalculer le PIB, d’intégrer l’informel, comme l’a fait le Nigeria, pour se donner l’illusion d’une richesse plus grande et alléger les ratios d’endettement. Mais ce serait une fuite en avant. Le problème n’est pas de gonfler artificiellement les chiffres : il est de reconstruire un modèle où l’économie ne dépend plus d’échanges souterrains et où l’État n’est pas réduit à quémander l’aide extérieure pour financer ses déficits.

 

Une économie sous anesthésie statistique

La vérité est dure à dire : la croissance tunisienne est une illusion statistique. Elle ne résulte pas d’un regain de productivité ni d’une dynamique d’investissement, mais de la disparition forcée d’une partie de la consommation des radars officiels. Les chiffres du PIB montent, pendant que les étals se vident. Cette anesthésie statistique peut tromper les bailleurs internationaux, mais elle ne trompe pas les Tunisiens, qui vivent la contraction au quotidien.

Le vrai défi

La Tunisie doit cesser de courir derrière des indicateurs flatteurs pour Bruxelles ou Washington, et affronter la réalité : sans une fiscalité plus juste, une inclusion financière crédible et une protection sociale digne de ce nom, l’informel continuera de renaître sous d’autres formes, échappant aux radars et affaiblissant l’État. Le choix est clair : soit nous restons prisonniers d’un PIB qui ne reflète qu’une partie du réel, soit nous engageons enfin un chantier courageux de réintégration et de régulation.

 

La chute des chèques est un électrochoc. Elle ne signe pas une modernisation, mais une fracture. Et si nous ne transformons pas ce choc en réforme, alors la Tunisie continuera à croître… dans les chiffres, mais à s’appauvrir dans la réalité.

 

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Article en relation: Croissance à contre-courant : que cache la chute libre des paiements par chèque en Tunisie ?

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG).

L’article ECLAIRAGE – Croissance à contre-courant – L’illusion d’un miracle tunisien est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

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