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ECLAIRAGE – L’ombre longue de l’inflation passée – La Tunisie face à son dilemme monétaire (1/3)

25. August 2025 um 05:45

La Tunisie vit toujours sous le poids d’un héritage inflationniste. Plus qu’un simple phénomène économique, l’inflation passée façonne les comportements, influence les anticipations et enferme la Banque centrale dans une posture défensive. Ce fardeau historique explique la vigueur des réponses monétaires, mais aussi leurs limites dans une économie fragilisée.

Mémoire collective et réflexes monétaires

Les travaux récents(*), montrent que lorsqu’un pays a traversé des épisodes d’inflation élevés et répétés, sa banque centrale adopte une attitude plus agressive face aux chocs inflationnistes. La Tunisie n’échappe pas à cette règle.

Depuis les flambées de prix des années 2010(**) et plus récemment le pic de 2023-2024, la Banque centrale de Tunisie (BCT) réagit avec une intensité qui reflète moins la réalité présente que la peur d’un retour au passé.

Les agents économiques, qu’ils soient ménages ou entreprises, restent hantés par le souvenir d’une monnaie affaiblie et d’un pouvoir d’achat érodé. Ces anticipations nourrissent une spirale où l’inflation est perçue comme inévitable, obligeant la BCT à redoubler de sévérité.

La mémoire inflationniste devient alors une contrainte invisible mais redoutable : elle prolonge la méfiance et alimente des politiques monétaires restrictives.

Un paradoxe de crédibilité en Tunisie

La Tunisie illustre également un paradoxe mis en évidence dans les travaux économiques récents : même lorsque la crédibilité d’une banque centrale progresse, la vigueur de sa réponse face à l’inflation ne diminue pas.

Depuis 2012, la BCT a renforcé son image de gardienne de la stabilité des prix à travers des hausses successives du taux directeur et un encadrement strict du crédit. Pourtant, cette crédibilité acquise ne s’est pas traduite par une politique plus équilibrée.

La BCT demeure prisonnière d’une posture défensive. L’obsession pour l’inflation persiste alors que la demande intérieure s’essouffle et que les indicateurs de croissance restent atones.

En d’autres termes, l’ombre du passé inflationniste continue de conditionner les choix présents, au risque de sacrifier le redressement économique.

Les coûts d’une stratégie trop restrictive

Une politique monétaire agressive se traduit par des coûts élevés pour l’économie réelle. En Tunisie, la hausse des taux a freiné l’accès au financement, comprimé l’investissement productif et fragilisé encore davantage les petites et moyennes entreprises.

À court terme, cette stratégie freine la demande et limite la flambée des prix. Mais à moyen terme, elle entretient la stagnation et accentue le chômage, créant un terrain fertile pour de nouvelles tensions sociales.

La rigidité monétaire n’a pas suffi à casser durablement les dynamiques inflationnistes, souvent liées à des facteurs structurels tels que la dépendance aux importations, les dysfonctionnements des circuits de distribution ou encore les chocs sur les prix mondiaux. Elle a cependant contribué à alourdir le coût social de la désinflation, accentuant le sentiment d’une politique punitive.

Sortir de l’ombre : une stratégie globale

L’expérience tunisienne montre qu’on ne peut pas lutter efficacement contre l’inflation par la seule arme monétaire. Rompre avec le cercle vicieux de la méfiance suppose une approche plus large, qui combine crédibilité monétaire et action publique cohérente.

Il s’agit d’abord de restaurer la confiance en renforçant la discipline budgétaire et en orientant les dépenses vers l’investissement productif plutôt que vers la consommation immédiate.

Il s’agit aussi de réformer en profondeur les circuits de distribution et les mécanismes de fixation des prix, afin de réduire la part de l’inflation importée et spéculative.

Enfin, il est urgent de rééquilibrer les missions de la BCT en intégrant l’objectif de croissance et d’emploi à côté de la stabilité des prix, afin de ne pas enfermer l’économie dans une logique purement restrictive.

In fine, une économie prisonnière de son passé

La Tunisie illustre parfaitement l’idée que l’inflation est une mémoire longue. Ce passé continue de conditionner les anticipations des agents, de rigidifier la politique monétaire et de freiner la reprise.

Tant que ce traumatisme collectif ne sera pas dépassé par des réformes structurelles et une gouvernance crédible, la Banque centrale restera enfermée dans un dilemme stérile : protéger la stabilité des prix au prix d’un affaiblissement durable de la croissance.

Pour briser cette inertie, la stratégie en la matière doit dépasser la logique de réaction défensive et bâtir une véritable stratégie de crédibilité économique, où la lutte contre l’inflation ne serait plus un frein, mais un levier de développement durable.

 

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REFERENCES :

 

(*) The Legacy of High Inflation on Monetary Policy Rules :NBER- w34107 l’héritage d’une inflation élevée: par :  Luis I. Jacome H. Georgetown University, Nicolás E. Magud,  Monetary Fund (IMF), Samuel Pienknagura, International Monetary Fund (IMF) et Martín Uribe, Columbia University – Graduate School of Arts and Sciences – Department of Economics; National Bureau of Economic Research (NBER), Date Written: August 2025

https://www.nber.org/search?page=1&perPage=50&q=w34107

 

 

(**)  FEST- ÉTUDE DE L’ÉVOLUTION DES SALAIRES RÉELS EN TUNISIE : Dr Tahar El Almi et Phd Ezzedine Larbi, ( RIP )

https://library.fes.de/pdf-files/bueros/tunesien/14391.pdf

 

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* Dr. Tahar EL ALM

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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