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’’Au Couchant, l’espérance’’ | Sinoué au cœur des fractures marocaines

06. August 2025 um 07:22

Paru chez Gallimard, dans la prestigieuse collection Blanche, le 8 mai 2025, ‘‘Au Couchant, l’espérance’’ est le nouveau roman de Gilbert Sinoué, écrivain franco-égyptien né en 1947 au Caire. Auteur de nombreux succès mêlant fiction et histoire (‘‘Le Livre de Saphir’’, ‘‘Avicenne ou la route d’Ispahan’’, ‘‘L’Enfant de Bruges’’), Sinoué s’impose une fois de plus comme un fin connaisseur des civilisations arabes et méditerranéennes. Son écriture, à la fois accessible et érudite, fait dialoguer mémoire collective et destins individuels.

Djamal Guettala 

Dans ce roman, l’auteur nous emmène au Maroc, au moment où le royaume bascule sous l’emprise coloniale. Tout commence le 12 août 1912 : le sultan Moulay Abd el-Hafid, affaibli et contraint à l’exil, détruit les symboles de sa souveraineté et quitte le pays à bord d’un croiseur français. Aux commandes : le général Hubert Lyautey, figure centrale de la politique coloniale française, qui lance à ses hommes : «Voilà. Et maintenant, nous allons faire le Maroc.»

Instauration de l’ordre colonial

Faire le Maroc ? L’expression n’est pas anodine. Elle est polysémique et veut dire aussi bien coloniser que construire. Faire le Maroc, pour qui, et avec quels moyens ? C’est cette interrogation que le roman déroule sur près d’un demi-siècle, en croisant les figures historiques majeures (Abd el-Krim, Churchill, Roosevelt, Mohammed V) et les trajectoires anonymes.

Au cœur de la narration, deux personnages : Hussein Chaoui, jeune journaliste marocain engagé, témoin lucide et critique des évolutions de son pays, et Violette, secrétaire française à la résidence coloniale, tiraillée entre son affection pour Hussein et sa loyauté implicite à l’ordre colonial. Leur relation amoureuse, passionnée et tragique, symbolise la tension permanente entre soumission et résistance, entre attirance et rejet, entre la modernité importée et la mémoire enracinée.

Une lumière qui persiste

La force de Sinoué réside dans sa capacité à raconter sans juger, à explorer les nuances de l’époque sans tomber dans les stéréotypes. La colonisation n’est jamais esthétisée, mais regardée dans sa complexité : instrument de domination, elle fut aussi cadre de réformes, d’ambitions, de heurts et de rêves. Le roman n’en masque pas les violences : il évoque les soulèvements du Rif, les exils forcés, les camps, la censure. Mais toujours, au milieu des ruines, subsiste une espérance – fragile, humaine, tenace.

‘‘Au Couchant, l’espérance’’ est un roman historique, mais surtout un roman d’alerte. Car ce que Gilbert Sinoué raconte, au fond, c’est l’histoire d’un peuple qui refuse de mourir, d’un royaume qui vacille mais ne tombe pas, et d’une lumière qui persiste même quand le soleil semble se coucher pour toujours.

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Etat de Palestine l Le saut hésitant de Macron

26. Juli 2025 um 08:38

En voulant reconnaître l’État de Palestine «sans brusquer», Macron a choisi le chemin de la lenteur excessive. Mais l’Histoire – celle que Churchill et De Gaulle avaient lue – nous rappelle que, pour franchir certains fossés, il faut un seul élan, ferme et irréversible. Tout le reste n’est que temps offert à ceux qui espèrent que le saut n’aura jamais de résultat.

Khémaïs Gharbi *

Winston Churchill aimait rappeler qu’«un fossé se franchit mieux d’un seul saut». Ce n’était pas seulement une image de guerre, mais une leçon de stratégie : lorsqu’un pas est décisif, mieux vaut l’accomplir d’un élan ferme que d’y revenir par hésitations successives.

Le président français Emmanuel Macron semble aujourd’hui payer le prix d’avoir ignoré ce conseil du «vieux lion». Depuis des mois, il annonçait vouloir reconnaître l’État de Palestine – mais sans oser le faire franchement et clairement. Avant-hier, jeudi 25 juillet 2025, il a franchi une étape en annonçant officiellement cette reconnaissance dans une lettre adressée au président Mahmoud Abbas. Mais, en fixant la date de la proclamation solennelle à septembre prochain, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, il a ouvert un nouveau cycle de palabres, de tergiversations et de résistances.

Cette démarche, pourtant honorable dans son affirmation, risque de se transformer en un piège politique. Car en multipliant les préannonces, Macron n’offre pas seulement du temps à la diplomatie : il en offre surtout à ses adversaires – de l’intérieur comme de l’extérieur – pour dresser de nouveaux obstacles, tisser de nouvelles pressions, nourrir de nouvelles polémiques.

L’Histoire fourmille d’exemples qui rappellent que certains gestes doivent être accomplis avec la netteté d’un couperet. En 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours, le général de Gaulle avait choisi un mot – «agression» – et une décision – l’embargo sur les armes à destination d’Israël – qu’il annonça d’un bloc, sans flottement. Le geste fut controversé, mais sa clarté fit autorité.

À l’inverse, à tergiverser, on épuise l’élan, on fragilise le geste, et l’on transforme ce qui aurait pu être un moment de clarté en un long champ de tir pour les critiques.

En voulant reconnaître l’État de Palestine «sans brusquer», Macron a choisi le chemin de la lenteur excessive. Mais l’Histoire – celle que Churchill et De Gaulle avaient lue – nous rappelle que, pour franchir certains fossés, il faut un seul élan, ferme et irréversible. Tout le reste n’est que temps offert à ceux qui espèrent que le saut n’aura jamais de résultat. Et ils sont nombreux dans cet Occident qui se fait désormais complice du génocide perpétré par Israël dans les territoires palestiniens occupés.

Les 149 Etats qui ont déjà reconnu l’Etat de Palestine l’ont fait ce saut, et d’un seul élan, mus par la nécessité de l’Histoire et guidés par les principes du droit et de la justice.

* Ecrivain et traducteur.

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