Donald Trump – Affaire Epstein : les liaisons dangereuses…
Le président américain est englué dans une polémique autour d’une supposée « liste secrète » de clients de l’homme d’affaires Jeffrey Epstein impliqué dans un scandale de pédocriminalité. Une affaire que Donald Trump a lui-même contribué à propager avant d’être soupçonné par la communauté MAGA de vouloir étouffer.
Arrêt de la Cour suprême en sa faveur, adoption du « Big beautiful bill », clé de voûte de son programme économique du second mandat, opération militaire chirurgicale réussie en Iran… Tout souriait à cet homme qui semblait bénéficier d’un parfait alignement d’étoiles, avant de se retrouver soudain face à une crise majeure : empêtré dans l’affaire Epstein, l’homme d’affaires impliqué dans un retentissant scandale de pédocriminalité et mort en prison en emportant ses sordides secrets avec lui. Le 47e président des Etats-Unis est pour la première fois en situation de conflit… Mais cette fois-ci avec sa base électorale.
Soupçons
En effet, une juge de New York a dévoilé en janvier 2024 les noms de contacts, connaissances, victimes, proches ou complices présumés impliqués dans une grosse affaire de trafic sexuel concernant des adolescentes et liée au financier américain Jeffrey Epstein qui s’est suicidé en prison en 2019, avant d’être jugé.
Etaient cités dans cette liste les noms des anciens présidents américains Bill Clinton et Donald Trump, mais aussi ceux du prince britannique Andrew, ou ceux d’autres personnalités comme Michael Jackson ou David Copperfield. Mais attention : la présence de ces célébrités sur la liste ne signifie pas que les personnes citées sont accusées d’actes répréhensibles en relation avec Jeffrey Epstein. Certains ont notamment simplement été cités lors des procédures judiciaires.
Théorie du complot
D’où des soupçons, des rumeurs et des théories complotistes habilement orchestrés par le candidat Donald Trump pendant sa dernière campagne. Ainsi, il promettait vérité et transparence sur ce dossier, jusqu’à en faire un cheval de bataille gagnant pour son retour à la Maison Blanche. N’a-t-il pas promis de faire justice, de livrer la liste des «bad guys» et promis de délivrer le monde d’un potentiel complot des puissants?
Coup de théâtre : Pam Bondy, la ministre de la Justice et le FBI ont établi le 7 juillet dans un rapport commun qu’il n’existait pas de preuve de l’existence d’une telle liste de clients du criminel sexuel. Ecartant ainsi totalement les pistes du complot ou la compromission présumée des célébrités dans cette affaire glauque.
Que cherchent-ils à cacher à l’opinion publique américaine? Qui a intérêt à étouffer l’affaire? Piège mortel pour Donald Trump car la non existence de la liste désavoue sa thèse conspirationniste entretenue pendant des années par lui-même.
Pis, elle le met en conflit avec les plus fervents de ses partisans, la galaxie MAGA (Make America Great Again) persuadée que l’«establishment» lui cache la vérité dans l’affaire Epstein et que son suicide dans une cellule serait un assassinat orchestré par ce même establishment désireux de protéger ses élites impliquées dans un réseau aussi bien sataniste que pédo-criminel.
D’ailleurs, n’est-il pas révélateur que selon un récent sondage Reuters/Ipsos, 69 % des Américains estiment que des informations sur l’affaire Epstein sont dissimulées? Et que dire d’Elon Musk, désormais à couteaux tirés avec le président américain, et qui aura lâché « une très grosse bombe » en publiant jeudi 5 juin un tweet où il affirmait que Donald Trump figurait dans des dossiers gouvernementaux secrets documentant les liens entre Epstein et d’anciens associés riches et puissants.
« Donald Trump est dans les dossiers Epstein, C’est la véritable raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics », postait-il sur X, jetant le trouble dans les rangs des fanatiques du président américain.
Quelle est la stratégie adoptée par le milliardaire républicain pour éteindre l’incendie? Face à cette fronde, le président oscille entre les stratégies. Il a d’abord tenté de minimiser, affirmant que « plus personne ne se soucie d’Epstein » et qualifiant d’«idiots ceux qui font le jeu des démocrates »; avant de rétropédaler et d’annoncer deux jours plus tard que la ministre de la Justice pourrait publier « tout ce qui est crédible » sur l’affaire.
Indices compromettants
Nouveau coup de théâtre. Entre temps, le très sérieux Wall Street Journal attribue à Trump une lettre au contenu salace, adressée en 2003 à Jeffrey Epstein pour son 50e anniversaire. Le quotidien y affirme que sa compagne Ghislaine Maxwell avait sollicité plusieurs dizaines de ses proches, dont Donald Trump, alors magnat de l’immobilier. La lettre au nom de Donald Trump comporterait plusieurs lignes de texte dactylographié entourées d’un croquis de femme nue, selon le journal.
« Joyeux anniversaire – et que chaque jour soit un autre merveilleux secret », affirme avoir lu le Wall Street Journal, sans reproduire la lettre.
Donc, il est établi que les deux hommes se connaissaient, des photos l’attestent. Mais le locataire de la Maison Blanche a toujours nié avoir eu connaissance de ses déviances. Dès le lendemain, le président américain attaque en justice pour diffamation le prestigieux quotidien, son patron, Rupert Murdoch et deux de ses journalistes en réclamant au passage 10 milliards de dollars de réparations. Quoi qu’il en soit, le mal est fait et il perdure.
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