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Kais Saïed : la dignité du peuple et l’inviolabilité de la patrie ne sont pas négociables

Von: walid
19. Dezember 2025 um 11:35

Le président de la République, Kais Saïed, a reçu, jeudi, après-midi, au palais de Carthage, la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri.

Selon un communiqué, le chef de l’Etat est revenu sur la “leçon historique” donnée, hier, 17 décembre, par le peuple tunisien, saluant la conscience élevée et la maturité dont celui-ci a fait preuve à l’occasion de la célébration du 15e anniversaire de la révolution.

Le chef de l’État a souligné, dans ce contexte, que le peuple tunisien a adressé hier un message fort et a donné une leçon à Tous, estimant que les manifestations du 17 décembre ont marqué une journée historique qui restera gravée à jamais dans l’histoire du pays.

A travers les manifestations d’hier, a ajouté le président Saïed, le peuple tunisien a réaffirmé l’engagement à aller de l’avant sur la voie irréversible qu’il a tracée avec ses généreuses sacrifices, tout comme il a exprimé sans équivoque son rejet catégorique des atteintes à la souveraineté nationale et son attachement à instaurer une redevabilité conformément à la loi.

S’adressant à ceux qui persistent encore à verser dans “l’égarement” et qui continuent à nuire au peuple tunisien, le président Saïed a rappelé que l’Etat ne peut être gouverné par des publications via le cyberespace ou encore à travers des documents fictifs et montés de toute pièce, assurant que ceux qui sont à l’origine de ces pratiques sont démasqués et bien connus de tous.

Evoquant le processus de construction et d’édification du pays, le président de la République a souligné que ce processus va bon train malgré le laxisme et les mauvaises intentions affichées par certaines parties, promettant de demander des comptes aux fauteurs du peuple tunisien où qu’ils se trouvent.

Ni leur complicité, ni leur inféodation à l’étranger ou encore leur trahison ne peut faire obstacle à leur redevabilité, a encore martelé le président Saïed, assurant que la voix du peuple exprimée, hier, à Tunis et dans les différentes régions du pays, l’emportera décidément sur toute autre considération.

Tout en fustigeant ceux qui croient encore que le pouvoir est “un titre honorifique” ou une palette de “privilèges” et qui n’ont pas cherché à répondre aux revendications et attentes du peuple tunisien, le chef de l’Etat a tenu à souligner que la dignité du peuple ainsi que l’inviolabilité de la patrie sont deux questions qui ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’une quelconque concession.

Et le président Saïed de conclure que les manifestations d’hier ont porté un rude coup aux conspirateurs , rappelant ceux qui se portent à tort en « maîtres » et en « donneurs de leçons » que si leçon il y a c’est bien celle qui a été donnée par le peuple tunisien à l’occasion de la fête de la révolution.

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La révolution tunisienne à l’épreuve des révolutions historiques

19. Dezember 2025 um 10:35

Depuis janvier 2011, la révolution tunisienne est constamment convoquée dans le grand récit des révolutions historiques. Elle a été rapprochée tantôt de la Révolution française de 1789, tantôt des révolutions russes de 1917, parfois des mouvements de 1848 ou des révolutions dites «de velours» de la fin du XXᵉ siècle. Cette comparaison quasi réflexe pose une double question : qu’est-ce qu’une révolution historique ? Et la révolution tunisienne répond-elle aux critères classiques du phénomène révolutionnaire ?

Zouhaïr Ben Amor *

Comparer n’est pas assimiler. Comparer, c’est situer. C’est interroger les invariants de l’histoire politique – rupture, violence, légitimité, souveraineté – tout en reconnaissant les singularités de chaque contexte. Comme l’écrivait Hannah Arendt, «les révolutions ne sont pas interchangeables, mais elles dialoguent à travers le temps».

La révolution tunisienne mérite donc d’être pensée non comme une anomalie, ni comme une imitation tardive, mais comme une révolution moderne, située à la jonction de l’histoire longue des révolutions et des mutations contemporaines du politique.

Qu’est-ce qu’une révolution ? Repères théoriques

La révolution comme rupture historique : le mot «révolution» est longtemps resté associé à l’astronomie, désignant un retour cyclique. Ce n’est qu’à partir du XVIIIᵉ siècle qu’il acquiert son sens politique moderne : une rupture irréversible dans l’ordre social et politique (Koselleck).

Pour Alexis de Tocqueville, la Révolution française n’est pas seulement un événement, mais «l’aboutissement d’un long processus de centralisation et de délitement social». La révolution ne surgit pas du néant : elle cristallise des tensions anciennes.

Violence et légitimité : la plupart des grandes révolutions ont été violentes : 1789-1794 en France; 1917-1921 en Russie ; 1949 en Chine.

Arendt distingue cependant la violence du pouvoir : la violence peut détruire un ordre, mais elle ne fonde pas à elle seule une légitimité durable. Cette distinction est essentielle pour comprendre la singularité tunisienne.

Révolution sociale ou révolution politique: Crane Brinton identifie des phases récurrentes : 1.crise de l’ancien régime ; 2- mobilisation populaire ; 3. phase radicale ; 4. stabilisation ou retour à l’ordre

Mais toutes les révolutions ne transforment pas la structure sociale. Certaines restent politiques, d’autres deviennent sociales. C’est l’un des nœuds du débat tunisien.

Les grandes révolutions historiques : constantes et différences

La Révolution française (1789) fonde le modèle moderne de la révolution politique. Ses apports sont majeurs (souveraineté populaire, égalité juridique, citoyenneté, fin de la monarchie de droit divin); mais elle fut aussi marquée par la terreur, la guerre civile et l’instabilité chronique (Soboul).

La révolution tunisienne s’en rapproche par son aspiration à la dignité et à la citoyenneté, mais s’en éloigne par l’absence de refondation radicale de l’ordre social.

La Révolution russe (1917) est l’exemple type de la révolution idéologique totale. Lénine transforme une crise impériale en projet historique global, fondé sur une doctrine structurée (Marx, Engels, Lénine).

La Tunisie, à l’inverse, n’a pas porté de projet idéologique unifié. Son mouvement fut spontané, pluriel, parfois contradictoire – ce qui est à la fois sa force et sa faiblesse.

Les révolutions européennes de 1848 et les printemps avortés furent largement démocratiques, libérales, nationales… et majoritairement vaincues. Marx y voit «l’apprentissage douloureux du peuple».

La révolution tunisienne partage avec 1848 le caractère inachevé, la difficulté à transformer l’élan populaire en institutions stables.

Les révolutions non violentes contemporaines d’Europe de l’Est (1989) ou la chute de l’apartheid en Afrique du Sud montrent qu’une révolution peut être pacifique, négociée, institutionnelle (Vaclav Havel, 1990).

La Tunisie s’inscrit clairement dans cette lignée, avec un compromis politique initial salué internationalement (Stepan & Linz, 2013).

La révolution tunisienne : genèse et dynamique

Une révolution sans leader : le geste de Mohamed Bouazizi n’était pas idéologique. Il exprimait une humiliation sociale, un sentiment d’injustice et de dépossession (Hibou, 2011).

Contrairement aux révolutions classiques, la révolution tunisienne n’a pas de chef, n’a pas de parti fondateur, n’a pas de doctrine officielle.

Cela la rapproche des révolutions du XXIᵉ siècle analysées par Manuel Castells comme des «révolutions en réseau».

Le rôle des classes moyennes et de la jeunesse : la révolution tunisienne est portée par : une jeunesse diplômée marginalisée, des classes moyennes fragilisées, des régions intérieures abandonnées

Elle n’est ni une révolte de la faim, ni une insurrection ouvrière classique, mais une révolte de la dignité («karama»).

L’État au cœur du conflit : contrairement à la Libye ou à la Syrie, l’État tunisien ne s’est pas effondré. L’armée est restée en retrait, et l’administration a continué à fonctionner.Cela a évité la guerre civile, mais a aussi limité la rupture révolutionnaire (Bayart).

Une révolution inachevée ou une révolution empêchée ?

La question sociale non résolue : toutes les grandes révolutions échouent lorsqu’elles ne répondent pas à la question sociale (Polanyi, 1944).En Tunisie : chômage structurel, déséquilibres régionaux, dépendance économique

La révolution politique n’a pas été accompagnée d’une révolution économique.

Le poids de l’ancien régime : comme l’avait montré Tocqueville, les révolutions héritent toujours de l’ancien régime. En Tunisie, les réseaux administratifs, économiques et culturels de l’État autoritaire ont survécu, souvent intacts.

La révolution a changé le sommet, mais rarement la base.

La fatigue révolutionnaire : les révolutions prolongées produisent une lassitude sociale. L’aspiration à l’ordre, même au prix de la liberté, est un phénomène historiquement récurrent (Arendt).

Le positionnement historique de la révolution tunisienne

La révolution tunisienne n’est ni un échec pur, ni une réussite exemplaire. Elle est la première révolution démocratique du monde arabe, une révolution sans bain de sang majeur ; une révolution sans projet socio-économique structuré ; elle inaugure une nouvelle catégorie historique : la révolution civique incomplète, située entre rupture symbolique et continuité structurelle.

Une révolution pour le XXIᵉ siècle

Comparer la révolution tunisienne aux grandes révolutions historiques ne revient pas à la juger à l’aune du passé, mais à comprendre ce que signifie faire révolution aujourd’hui.

Dans un monde globalisé, interconnecté, dominé par l’économie financière, les révolutions ne prennent plus nécessairement le Palais d’Hiver. Elles déplacent les frontières du dicible, du légitime et du possible.

La révolution tunisienne restera dans l’histoire non pour ce qu’elle a totalement accompli, mais pour ce qu’elle a rendu irréversible : la fin du consentement à l’humiliation.

* Docteur en biologie et essayiste.

Bibliographie (citée dans le texte)

  • Arendt, H. (1963). On Revolution. Penguin.
  • Arendt, H. (1970). On Violence. Harcourt.
  • Bayart, J.-F. (2014). L’État en Afrique. Fayard.
  • Brinton, C. (1938). The Anatomy of Revolution. Vintage.
  • Castells, M. (2012). Networks of Outrage and Hope. Polity Press.
  • Hibou, B. (2011). La force de l’obéissance. La Découverte.
  • Koselleck, R. (1972). Futur passé. EHESS.
  • Marx, K. (1852). Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte.
  • Polanyi, K. (1944). The Great Transformation. Beacon Press.
  • Soboul, A. (1962). La Révolution française. Gallimard.
  • Stepan, A. & Linz, J. (2013). Democratization Theory. Johns Hopkins.
  • Tocqueville, A. de (1856). L’Ancien Régime et la Révolution.

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La révolution tunisienne, 15 ans après | Inachevée mais toujours vivante  

17. Dezember 2025 um 07:30

Le 17 décembre 2025 marque quinze ans depuis l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, l’étincelle qui a embrasé la Tunisie et le monde arabe. Cette «Révolution de la dignité» n’a pas seulement renversé une dictature ; elle a fait naître une initiative citoyenne inédite, portée par des textes fondateurs qui ont transformé la révolte en projet politique durable. Ces textes – slogans, chartes, décrets, constitutions, essais réflexifs – forment une généalogie à la fois politique (revendication populaire), juridique (institutionnalisation de la liberté) et symbolique (dignité, vivre-ensemble, autonomie de la sphère civile). Quinze ans plus tard, ils restent des phares dans un paysage où la transition démocratique vacille.

Abdelhamid Larguèche *

1. Les mots d’ordre révolutionnaires

«Travail, liberté, dignité nationale» – «Le peuple veut la chute du régime».   

Ces slogans, anonymes et collectifs, constituent les véritables textes fondateurs. Ils sont des «actes performatifs» : en les énonçant, des sujets jusque-là invisibles (jeunes diplômés des régions intérieures) se sont autorisés à parler au nom du commun. 

Ils fondent l’initiative citoyenne comme droit d’agir sans délégation préalable. Pas d’idéologie, pas de chef : seulement la dignité (karāma) revendiquée par tous. Le philosophe Fathi Triki y voit l’exigence éthique centrale : la révolution est d’abord une reconnaissance mutuelle, un vivre-ensemble dans la dignité. Ces mots ont brisé la peur et ouvert l’espace public à la multitude hétérogène.

2. L’auto-organisation populaire 

Dès janvier 2011, à Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa, des comités de protection de la révolution produisent des appels publics, listes de revendications et chartes de vigilance. C’est une pratique d’auto-organisation hors partis et hors État : un contre-pouvoir populaire pur. 

La Charte citoyenne (lancée par l’Initiative citoyenne en février 2011) cristallise ces revendications en 16 principes : État civil, égalité, indépendance de la justice, alternance, rejet de la violence, préservation des acquis des femmes, liberté de conscience, droit au travail et développement régional équitable. 

Elle affirme : «La véritable légitimité est celle des valeurs citoyennes qui ont permis la victoire de la révolution.» C’est le peuple, et non les partis, qui porte la légitimité révolutionnaire.

 3. Le décret-loi n°2011-88 : la première consécration juridique 

Ce décret, adopté le 24 septembre 2011 sous la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution (Hiror) présidée par Yadh Ben Achour, consacre la liberté d’association par simple déclaration. Il rompt avec le régime autoritaire des associations sous Ben Ali et transforme l’initiative citoyenne en acteur reconnu de l’espace public. 

Yadh Ben Achour, dans ses écrits, y voit la «deuxième naissance» de la Tunisie : un État de droit où la société civile devient autonome et inaliénable.

 4. La légitimité révolutionnaire institutionnalisée 

Sous Ben Achour, la Haute instance produit rapports et principes reconnaissant explicitement la légitimité révolutionnaire et la participation citoyenne. 

La Constitution de 2014 en est le couronnement : articles 21 (égalité), 31 (liberté d’expression), 35 (liberté d’association), 139 (démocratie participative locale). Pour la première fois, l’initiative citoyenne devient principe constitutionnel.

 5. De la protestation à la proposition 

Les manifestes pour la transparence, la justice transitionnelle, la décentralisation traduisent une maturation : l’initiative citoyenne devient force normative. 

Les penseurs donnent sens à ce mouvement : 

– Fathi Triki : la révolution comme exigence éthique de dignité et reconnaissance. 

– Latifa Lakhdar : crise de l’imaginaire collectif, rôle de la culture et de l’école. 

– Aziz Krichen : crise de l’État et des élites modernisatrices. 

– Hamadi Redissi : sécularisation en marche, islam politique confronté au pluralisme. 

– Mondher Kilani : autonomie de la sphère civile, éclipse du religieux dans le politique, présence des femmes, non-violence.

Moi-même j’y ai vu un symptôme historique de longue durée (marginalisation des régions, héritage postcolonial). 

15 ans après : une révolution inachevée, mais vivante 

Ces textes fondateurs ont permis une transition unique : liberté d’expression, élections pluralistes, Constitution progressiste. Pourtant, la société civile reste tiraillée entre instrumentalisation partisane et autonomie réelle. 

La crise actuelle (concentration des pouvoirs, chômage persistant, inégalités régionales) montre que la flamme de Sidi Bouzid brûle encore. Les slogans de 2011 – dignité, travail, liberté – restent des exigences non satisfaites. 

L’initiative citoyenne tunisienne, née dans la rue, institutionnalisée par la Charte et le décret 88, consacrée par la Constitution, reste la boussole. Comme le dit Fathi Triki : «La révolution n’est pas terminée ; elle est une œuvre éthique en devenir.» 

À l’heure de l’an XV, relisons ces textes fondateurs non comme archives, mais comme promesses : la Tunisie peut encore achever sa révolution citoyenne, inclusive, juste et digne pour tous. 

* Historien.

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