Tunisie : 15 ans après, le 17 décembre au cœur de la mémoire de la Révolution
La Tunisie célèbre mercredi 17 décembre le 15e anniversaire du déclenchement de la révolution, un tournant majeur de l’histoire contemporaine du pays. Cet évènement fondateur a ouvert la voie à de profondes mutations politiques et sociales dont les effets continuent de se faire sentir aujourd’hui.
C’est le 17 décembre 2010 que la révolution a pris naissance dans le gouvernorat de Sidi Bouzid (sud-ouest), à la suite d’un évènement déclencheur qui a suscité une vaste mobilisation populaire.
En quelques semaines, le mouvement s’est étendu à l’ensemble du territoire national, culminant avec la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, après vingt-trois années de pouvoir.
Durant cette période, des slogans revendiquant la liberté, la dignité et la justice sociale ont résonné à travers tout le pays. Ils se sont, ensuite, imposés comme des repères fondamentaux d’un processus de transition politique complexe, caractérisé par d’importantes réformes constitutionnelles et législatives, l’instauration d’échéances électorales régulières, ainsi que par une profonde recomposition du paysage partisan et de la société civile.
Ce cheminement a été jalonné d’indicateurs sociaux et économiques fluctuants, qui ont alimenté, pendant plus d’une décennie, un large débat sur la concrétisation réelle des objectifs de la révolution, notamment en matière de développement régional, d’emploi et d’amélioration des conditions de vie.
Jusqu’en 2021, la fête de la Révolution était célébrée le 14 janvier, date de la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali. Toutefois, après l’élection de Kaïs Saïed à la présidence de la République, la date du 17 décembre a été consacré comme fête nationale de la Révolution, en vertu d’un décret présidentiel publié au Journal officiel en 2021 fixant la liste des fêtes nationales.
Dès son élection à la présidence en 2019, Kaïs Saïed avait annoncé, depuis Sidi Bouzid, que le 17 décembre serait désormais célébré comme fête nationale de la Révolution. Lors d’un Conseil des ministres tenu le 15 janvier 2022, il a réitéré cette position, affirmant que la fête nationale de la Révolution correspond au 17 décembre, et qualifiant le 14 janvier 2011, date de la chute du régime de Ben Ali, d’« opération de sauvetage du régime ».
A cette occasion, il a rappelé les événements du 24 décembre 2010, indiquant que « certains ont appelé à la chute du régime après la mort de deux jeunes à Menzel Bouzayane (Gouvernorat de Sidi Bouzid), et que les revendications économiques et sociales se sont alors transformées en revendications politiques ».
Depuis lors, les différents gouvernorats de la République, et en particulier Sidi Bouzid, berceau de la révolution, commémorent cette fête nationale à travers l’organisation de nombreuses manifestations officielles et populaires, telles que des activités culturelles et historiques, des expositions photographiques et des marches symboliques retraçant les principales étapes depuis décembre 2010.
Dans ce contexte, diverses sensibilités politiques, civiles et citoyennes poursuivent leurs efforts pour évaluer les acquis de la révolution et œuvrer à la préservation des libertés, à la consolidation de l’État de droit, à l’égalité devant la loi et à l’égalité des chances, en tant que revendications fondamentales du soulèvement populaire.
L’accélération des réformes économiques et l’amélioration des indicateurs sociaux demeurent néanmoins, à ce jour, parmi les principaux défis, afin de répondre concrètement aux revendications des régions qui se trouvaient au cœur des mouvements de protestation durant la révolution.
Au cours des dernières années, les gouvernements successifs ont tenté de sortir l’économie nationale de la crise, dont les experts attribuent les causes principalement à des dysfonctionnements structurels, ainsi qu’aux aléas de la conjoncture internationale et à des crises majeures, telles que la pandémie de Covid-19.
À cet égard, le gouvernement actuel évoque des « signes d’amélioration économique ». La cheffe du gouvernement, Sara Zaafrani Zenzeri, a déclaré, devant le Parlement, lors de la présentation de la déclaration du gouvernement relative au projet de budget de l’État pour 2026, que « l’économie nationale est sur la voie de la reprise ».
Elle a indiqué que l’État vise, en 2026, un taux de croissance de 3,3 %, estimant que cette performance permettrait d’augmenter le revenu individuel de 7,4 %.
Elle a également précisé que le produit intérieur brut (PIB) a enregistré une croissance de 3,2 % au cours du deuxième trimestre de 2025, contre 1,4 % durant la même période de 2024.
Des estimations similaires de la Banque mondiale indiquent que l’économie tunisienne commence à sortir progressivement des années de stagnation, avec une croissance attendue d’environ 2,1 % en 2026, et une progression du PIB comprise entre 2,4 % et 2,6 % en 2025, portée notamment par l’amélioration de la production agricole ainsi que par les secteurs du bâtiment et du tourisme, avant de se stabiliser autour de 2,4 % en 2026 et 2027.
Selon les données présentées par la cheffe du gouvernement devant le Parlement, l’État met l’accent sur son rôle social et sur la réalisation de la justice sociale, à travers la promotion de l’emploi, la réduction du chômage, l’élimination du travail précaire, la promotion des personnes en situation de handicap, ainsi que le développement des systèmes de sécurité sociale et des secteurs de la santé et de l’éducation.
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