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DOSSIER SPECIAL (I) – Trump et le Maghreb : Entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

11. November 2024 um 06:30

La présidence de Donald Trump, qui sera marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales, et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes, tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM 1  – Première incertitude : Le retour du nationalisme économique

Le retour du nationalisme économique, incarné par la doctrine « America First » de Donald Trump, marque une rupture significative dans les échanges commerciaux et les flux d’investissements internationaux.

Cette doctrine de protectionnisme assumé, qui cherche à favoriser l’économie américaine en limitant sa dépendance aux importations et en réévaluant les accords commerciaux, risque d’avoir des répercussions directes pour les pays du Maghreb.

Ce retour aux politiques protectionnistes pourrait affecter non seulement le commerce entre les États-Unis et les pays maghrébins, mais également les investissements dans des secteurs stratégiques.

 

  • Effets sur le commerce maghrébin

Les relations commerciales entre les États-Unis et certains pays du Maghreb, notamment le Maroc et la Tunisie, bénéficient d’accords qui facilitent l’accès aux marchés américains.

Par exemple, le Maroc a signé en 2006 un accord de libre-échange avec les États-Unis, favorisant les exportations marocaines vers le marché américain, en particulier dans les secteurs textile et agricole.

En Tunisie, le régime du Système généralisé de préférences (SGP) permet également au marché américain un accès privilégié pour certaines catégories de produits.

Toutefois, une réévaluation de ces accords, conformément à une politique protectionniste, pourrait altérer ces relations commerciales. Le Maroc et la Tunisie verraient leurs marges commerciales se réduire si les États-Unis imposaient de nouvelles barrières tarifaires ou non-tarifaires pour protéger leur propre industrie. En cas de durcissement des conditions d’accès, les exportations de textile, de produits agricoles, et d’autres biens manufacturés du Maghreb vers les États-Unis pourraient en pâtir.

Cela pourrait également freiner la croissance de certaines industries tournées vers l’exportation, augmentant ainsi la pression économique locale.

 

  • Effets sur la réduction potentielle des investissements américains au Maghreb

Le programme économique de Trump cherche à encourager les entreprises américaines à rapatrier leur production, voire leurs capitaux investis à l’étranger.

Si les entreprises américaines réduisaient leurs investissements directs au Maghreb, les effets pourraient être significatifs, car les États-Unis jouent un rôle important dans les IDE au Maroc, en Tunisie et en Algérie.

Les investissements dans les secteurs de l’industrie manufacturière, de l’agroalimentaire et des services risqueraient d’être freinés, limitant l’accès aux technologies et aux compétences américaines.

La réduction des IDE américains pourrait aggraver le manque de financement dans certains secteurs clés de l’économie maghrébine et affaiblir le potentiel de croissance dans des secteurs stratégiques comme les infrastructures, les services financiers et les nouvelles technologies.

La dépendance des économies maghrébines aux flux de capitaux étrangers, surtout pour le financement de projets d’infrastructure et de développement économique, rend ces pays vulnérables face aux changements de priorités économiques des partenaires étrangers.

 

  • Effets sur la transition énergétique au Maghreb

Un autre point crucial est l’impact sur la transition énergétique. L’administration Trump, ayant soutenu les industries fossiles aux dépens des énergies renouvelables, pourrait ralentir les projets de partenariats dans le domaine des énergies propres avec les pays maghrébins. Or, le Maghreb, en raison de ses ressources naturelles abondantes en soleil et en vent, a récemment manifesté un intérêt croissant pour les énergies renouvelables.

Les pays comme le Maroc, très avancé dans sa transition énergétique, comptent sur les partenariats internationaux pour atteindre leurs objectifs. La réduction des soutiens et des partenariats dans les énergies renouvelables pourrait limiter l’accès aux technologies, aux financements et aux savoir-faire américains, ralentissant ainsi l’expansion de ce secteur clé pour le développement durable et l’indépendance énergétique.

 

  • Effets sur la stratégie économique du Maghreb

Face à ce retour du nationalisme économique, les pays maghrébins pourraient être contraints de revoir leur stratégie de diversification économique.

Le Maghreb pourrait chercher à renforcer ses relations commerciales avec d’autres blocs économiques comme l’Union européenne, la Chine ou encore les pays du Golfe. L’approfondissement de partenariats au sein de la région africaine, à travers des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), pourrait également représenter une alternative pour compenser les effets d’un retrait américain.

Cette dynamique pourrait également pousser les économies maghrébines à investir davantage dans leur marché intérieur, à encourager la production locale et à réduire leur dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs, s’inscrivant ainsi dans une logique de résilience économique face aux changements géopolitiques mondiaux.

 

En définitive, le retour du nationalisme économique incarné par la politique de « America First » pourrait engendrer des perturbations majeures dans les relations commerciales et les investissements des pays du Maghreb avec les États-Unis.

La remise en question des accords commerciaux, la réduction potentielle des investissements américains, et le frein mis aux partenariats dans les énergies renouvelables pourraient ralentir le développement économique de la région.

Pour y faire face, le Maghreb devra intensifier ses partenariats avec d’autres régions, diversifier ses sources d’investissement et renforcer son marché intérieur pour limiter sa vulnérabilité face à l’incertitude des politiques protectionnistes internationales.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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