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Quels leviers pour sortir la Tunisie de la stagnation économique chronique ?

07. Juni 2025 um 08:50

Tunisie Economie reformesLe service économique de l’ambassade de France en Tunisie publie chaque année une note de conjoncture dans la laquelle il analyse les différents indicateurs de l’économie tunisienne : croissance, balance des paiements, IDE, endettement, finances publiques, instabilité politique, risque sociaux …

De par sa qualité informative et analytique, la note, truffée de chiffres actualisés, constitue, du moins de notre point de vue, une feuille de route incontournable pour les analystes et investisseurs qui s’intéressent au site Tunisie. Pour information, en voici de larges extraits :

Où en est l’économie tunisienne ?

« Fragilisé par les chocs successifs survenus depuis la crise internationale de 2009 puis la révolution de 2011, le modèle de croissance tunisien sous-performe en comparaison régionale, avec un PIB réel qui retrouve tout juste en 2025 son niveau d’avant Covid, malgré les atouts comparatifs du pays, comme sa forte intégration aux chaînes de valeur européennes ». C’est en ces termes que la note de conjoncture situe évalue l’évolution de l’économie ces 16 dernières années.

« En 2025, la Tunisie retrouve à peine son niveau de PIB d’avant Covid, révélant une croissance sous-performante et une incapacité à rebondir comme ses voisins méditerranéens. »

 

« La détérioration des équilibres macroéconomiques (déficits jumeaux et endettement public) pendant la dernière décennie a accentué les vulnérabilités financières et monétaires et risques de tensions sociales, au détriment de l’attractivité des capitaux étrangers et de l’investissement. Le redressement du risque-pays et le retour de la confiance supposent une stratégie de réformes structurelles ambitieuse », lit-t-on dans le document.

Par l’effet des crises, la croissance n’a cessé de reculer

Traitant de la croissance en Tunisie depuis une quinzaine d’années, la note estime que « la croissance a été durablement affectée par les crises successives depuis 15 ans. Entre le début des années 2000 et la crise financière internationale de 2008-2009, une croissance moyenne de 4,5%/an a fait de la Tunisie l’une des économies les plus développées du continent.

L’instabilité politique après la révolution de 2011, puis une succession de chocs externes (terrorisme, crise Covid, crise énergétique), ont contribué à un ralentissement durable de la croissance (1 à 2%/an), alimenté par le recul de l’investissement et de la productivité, et affaibli le revenu par habitant (de 4310 $/an en 2014 à 3840 $/an en 2023). Après une contraction de 9% provoquée par la crise Covid en 2020, l’économie n’a pas rebondi autant que les autres pays de la région.

« Le risque-pays dégradé, l’incertitude politique et l’absence de vision à long terme minent la confiance des investisseurs, maintenant l’économie tunisienne dans une stagnation chronique. »

 

En 2024, la croissance a atteint +1,4%, permettant tout juste de retrouver le niveau d’activité d’avant Covid. En 2025, la croissance resterait inchangée à +1,4% (FMI). Le risque-pays dégradé et la visibilité incertaine à long terme pour les investisseurs, entretiennent l’atonie de la croissance. Par ailleurs, la croissance tunisienne est particulièrement exposée à la cyclicité des secteurs agricole (9% du PIB) et touristique (5% du PIB, et 10% avec les retombées indirectes), ainsi qu’à la conjoncture européenne dont dépend le secteur exportateur (70% des exportations).

Dans cette conjoncture difficile, la situation sociale reste fragile. Le chômage demeure à un niveau élevé (16% au T3 2024, après un pic à 18,4% en 2021 ; 40,5% chez les jeunes de moins de 25 ans), ce qui entretient le travail informel et une pression baissière sur les salaires et le pouvoir d’achat, rogné par l’inflation élevée que les hausses de salaires n’ont pas compensé entièrement (baisse d’environ 7% du salaire réel moyen dans le secteur privé entre 2019 et 2024) ».

Une balance de paiements sous forte pression

Au rayon des transactions financières, la note de conjoncture relève globalement   une atténuation conjoncturelle des pressions sur la balance des paiements et sur la dette externe. On y lit : « Structurellement déficitaire, le solde courant de la balance des paiements subit la volatilité des balances énergétiques et alimentaires ainsi que des recettes touristiques. Après s’être creusé jusqu’à 9% du PIB en 2022, le déficit courant s’est ensuite nettement réduit (2,3% du PIB en 2023, puis 1,7% en 2024) grâce à la reprise du tourisme et la stabilisation du déficit des biens (11,4% du PIB en 2023, puis 11,7% en 2024) sous un effet prix favorable et les efforts de contrôle des importations par l’Etat.

« Avec plus de 40 % de chômage chez les jeunes, la Tunisie affronte une véritable bombe sociale : talents en exil, précarité de l’emploi et montée du travail informel deviennent la norme. »

 

Concernant le compte financier de la balance des paiements, la résilience des IDE entrants (0,9 Md€ en 2024 soit 2% du PIB) a réduit le besoin d’emprunts externes nécessaires pour stabiliser le niveau des réserves de change, qui atteignait 104 jours d’importations à fin janvier 2025.

En l’absence d’échéances majeures de remboursement de dette externe avant juillet 2026, les risques de crise de balance des paiements s’atténuent alors que l’Etat privilégie désormais les prêteurs domestiques en monnaie locale, plutôt que les bailleurs externes en devises ».

Chiffres clés

1,4 % — Croissance prévue en 2025, inchangée par rapport à 2024
81 % — Niveau de la dette publique tunisienne en pourcentage du PIB en 2024
40,5 % — Taux de chômage chez les jeunes de moins de 25 ans
28 Md TND — Besoin de financement de l’État tunisien en 2025
104 jours — Réserves de change équivalentes à 104 jours d’importations en janvier 2025.

 

La soutenabilité incertaine des finances publiques inquiète les bailleurs de fonds

Autre indicateur analysé par la note de conjoncture : la soutenabilité des finances publiques . La note devait relever, à ce sujet,  que « malgré les efforts de consolidation budgétaire, la soutenabilité des finances publiques suscite toujours l’inquiétude de certains prêteurs ».

Et la note d’ajouter : « Face à la soutenabilité incertaine de la dette publique, passée de 45% du PIB en 2013 à 81% du PIB en 2024, et un service de la dette atteignant 14% du PIB en 2024, les autorités prévoient une consolidation budgétaire pluriannuelle graduelle visant à réduire le déficit public primaire (-2,2% du PIB en 2024).

« Passée de 45 % à 81 % du PIB en dix ans, la dette publique tunisienne atteint un seuil critique, contraignant l’État à s’endetter massivement sur le marché intérieur. »

 

Le déficit public (dons inclus) atteindrait 5,3% du PIB en 2025 (après 6,3% en 2024) grâce à une stabilisation des dépenses et une légère hausse des recettes fiscales (réformes de l’IRPP et IS).

Les subventions sur les produits de base et l’énergie représentent une charge élevée (11,6 Md TND en 2025 soit 6,3% du PIB, contre 4,6% en 2021). La dégradation de la situation financière de certaines entreprises publiques représente aussi un risque pour les finances publiques.

Avec la dégradation du risque souverain et la hausse de ses besoins de financement, l’Etat se tourne davantage vers les prêteurs internes. Après une brusque hausse à partir de 2020 (passant de 10 à 20 Md TND/an), les besoins d’emprunt de l’Etat atteignent 28 Md TND en 2025 (soit 15% PIB, après 28,2 Md TND en 2024). La stratégie d’endettement de l’Etat s’appuie désormais davantage sur les ressources internes : émissions de dette souscrites par les banques domestiques, emprunts nationaux, mais aussi emprunt auprès de la BCT.

« La dépendance croissante des banques tunisiennes au financement de l’État fragilise le système financier national, tout en alimentant une inflation difficile à contenir. »

 

Le service de la dette restera stable en 2025 (24,7 Md TND soit 13,3% du PIB), mais portera davantage sur la dette interne que sur la dette externe dont le service diminuera (de 3,7 Md € en 2024 à 3,1 Md€). Cette dynamique d’endettement entraîne une exposition croissante du secteur bancaire sur le secteur public (21% des actifs bancaires, contre 12% en 2018), ainsi qu’une création monétaire qui pourrait entretenir l’inflation, que la BCT tente de combattre en conservant une politique monétaire restrictive ».

EN BREF

  • La Tunisie connaît une croissance faible et peu inclusive, freinée par 15 ans de chocs successifs.
  • Le PIB réel de 2025 retrouve à peine son niveau d’avant Covid.
  • Le chômage des jeunes et l’inflation creusent les inégalités sociales.
  • La dette publique atteint un niveau critique (81 % du PIB), avec une charge d’intérêts préoccupante.
  • L’État se finance de plus en plus sur le marché intérieur, exposant les banques au risque souverain.
  • Le redressement passe par des réformes ambitieuses et une meilleure gouvernance budgétaire.

 

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