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Gestern — 22. August 2025Haupt-Feeds

ÉCLAIRAGE – Le mythe du dinar tunisien, « monnaie la plus forte d’Afrique »

22. August 2025 um 05:45

Dans les discussions populaires comme dans certains plateaux télévisés, une idée revient avec insistance : « Le dinar tunisien est la monnaie la plus forte d’Afrique ». Une affirmation flatteuse, qui nourrit la fierté nationale dans un contexte économique difficile. Mais la réalité est bien plus nuancée : le dinar est loin d’être une monnaie forte.

En valeur faciale, le dinar figure effectivement parmi les devises africaines les plus chères : environ 0,32 dollar pour un dinar, contre 0,20 pour le dinar libyen, 0,10 pour le dirham marocain et 0,05 pour le rand sud-africain.

Pourtant, réduire la « force » d’une monnaie à son prix facial est une illusion. La véritable solidité d’une devise se mesure à sa stabilité, à son pouvoir d’achat réel et à la confiance qu’elle inspire.

Le paradoxe tunisien

Depuis 2010, le dinar a perdu plus de 40% de sa valeur face à l’euro. L’inflation, autour de 6,7% en 2024, grignote le revenu réel des ménages. Le déficit commercial, supérieur à 20 milliards de dinars, alourdit la pression sur les réserves de change. Et dans certains secteurs (immobilier, importations), les acteurs se réfèrent de plus en plus au dollar ou à l’euro. Bref, une monnaie nominalement « chère » mais structurellement fragile.

Comparaisons utiles

Contrairement au dinar tunisien, le rand sud-africain, bien que faible nominalement, repose sur des marchés financiers solides et une intégration internationale qui renforcent sa crédibilité. Le dirham marocain s’appuie sur une gestion de change prudente et une économie mieux diversifiée. Le franc CFA, arrimé à l’euro, bénéficie d’une stabilité garantie par l’extérieur.

Autrement dit : une monnaie forte n’est pas celle qui coûte le plus, mais celle qui rassure.

Graphiques

 

 

Retrouver une vraie force monétaire

Il s’agit de dépasser l’illusion nominale pour reconstruire une monnaie réellement forte. Cela suppose de réduire le déficit commercial, de stabiliser l’inflation et de restaurer la confiance dans la Banque centrale ainsi que dans l’ensemble des institutions.

In fine, le dinar tunisien n’est pas la monnaie la plus forte d’Afrique. Il est simplement l’une des plus « chères » en apparence, mais certainement pas l’une des plus solides. Sa valeur nominale masque une fragilité structurelle profonde. La véritable force d’une monnaie se mesure à la confiance qu’elle inspire et à la stabilité qu’elle garantit.

Pour la Tunisie, le défi n’est pas de se satisfaire d’un mythe, mais de bâtir une monnaie crédible, capable de soutenir durablement son économie.

 

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Article en relation: Le dinar est-il réellement la monnaie la plus forte de l’Afrique ?

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

d’Economie Financière (IAEF-ONG).

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ECLAIRAGE – Croissance à contre-courant – L’illusion d’un miracle tunisien

21. August 2025 um 06:03

Derrière le miracle du PIB se cache un paradoxe inquiétant : une économie qui se félicite de croître pendant que sa demande intérieure s’asphyxie.

 

Une statistique qui trompe

On nous dit que la Tunisie croît, que le PIB dépasse les attentes, comme si un miracle économique était en marche. Pourtant, dans les marchés, dans les foyers, dans les ateliers, la réalité est tout autre : la demande s’étouffe, les prix étranglent, les liquidités se raréfient. La preuve ? La disparition quasi brutale des paiements par chèque, un instrument longtemps au cœur des échanges, dont l’effondrement de près de 50% en volume au premier trimestre 2025 révèle une vérité que les chiffres officiels maquillent : l’économie informelle, moteur invisible de la consommation, est à genoux.

 

Le grand mensonge du PIB

Cette croissance n’est pas une victoire, c’est un trompe-l’œil. Si les comptes nationaux affichent une progression, c’est parce qu’ils ne mesurent que ce qui est visible, déclaré, fiscalisé. Or, une part significative de la consommation tunisienne s’est toujours nourrie d’échanges opaques, fluidifiés par les chèques non nominatifs. Leur mise au ban ne supprime pas l’activité : elle la rend invisible, elle la pousse à l’asphyxie. Voilà pourquoi les statistiques sourient quand la rue grince des dents. Le PIB est devenu un écran, un indicateur qui rassure les bailleurs de fonds mais ignore le quotidien des Tunisiens.

 

Le coût de l’ombre

On ne le répétera jamais assez : l’informel est à la fois un poison et une béquille. Un poison parce qu’il prive l’État de ressources fiscales colossales — près de 3 milliards de dinars de TVA évaporés cette année. Mais aussi une béquille, car il absorbe une partie de la misère sociale et soutient une consommation que l’économie formelle n’est pas capable de porter. La brutalité des réformes sur les chèques a fait tomber le masque : quand l’informel s’étouffe, c’est tout un pan de la demande qui disparaît, sans alternative crédible pour le remplacer.

Faut-il réécrire les règles du jeu ?

Certains confrères avanceront qu’il suffirait de recalculer le PIB, d’intégrer l’informel, comme l’a fait le Nigeria, pour se donner l’illusion d’une richesse plus grande et alléger les ratios d’endettement. Mais ce serait une fuite en avant. Le problème n’est pas de gonfler artificiellement les chiffres : il est de reconstruire un modèle où l’économie ne dépend plus d’échanges souterrains et où l’État n’est pas réduit à quémander l’aide extérieure pour financer ses déficits.

 

Une économie sous anesthésie statistique

La vérité est dure à dire : la croissance tunisienne est une illusion statistique. Elle ne résulte pas d’un regain de productivité ni d’une dynamique d’investissement, mais de la disparition forcée d’une partie de la consommation des radars officiels. Les chiffres du PIB montent, pendant que les étals se vident. Cette anesthésie statistique peut tromper les bailleurs internationaux, mais elle ne trompe pas les Tunisiens, qui vivent la contraction au quotidien.

Le vrai défi

La Tunisie doit cesser de courir derrière des indicateurs flatteurs pour Bruxelles ou Washington, et affronter la réalité : sans une fiscalité plus juste, une inclusion financière crédible et une protection sociale digne de ce nom, l’informel continuera de renaître sous d’autres formes, échappant aux radars et affaiblissant l’État. Le choix est clair : soit nous restons prisonniers d’un PIB qui ne reflète qu’une partie du réel, soit nous engageons enfin un chantier courageux de réintégration et de régulation.

 

La chute des chèques est un électrochoc. Elle ne signe pas une modernisation, mais une fracture. Et si nous ne transformons pas ce choc en réforme, alors la Tunisie continuera à croître… dans les chiffres, mais à s’appauvrir dans la réalité.

 

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Article en relation: Croissance à contre-courant : que cache la chute libre des paiements par chèque en Tunisie ?

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG).

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ECLAIRAGE – USA-Russie et USA-UE, un équilibre diplomatique fragile aux répercussions globales

19. August 2025 um 12:18

Le sommet Trump-Poutine du 15 août 2025, puis celui ayant réuni, lundi 18 août, le présidents Donald Trump et Volodymyr Zelensky, dans une première phase, puis dans une seconde Trump et plusieurs dirigeants européens, ont mis en lumière les fragilités de l’ordre international. Derrière les discours sur une désescalade en Ukraine, ces rendez-vous révèlent les tensions persistantes entre Washington, Bruxelles et Moscou, mais aussi les conséquences indirectes pour les économies dépendantes des équilibres géopolitiques, comme celles du Maghreb et de la Tunisie en particulier.

La rencontre de vendredi 15 août a permis à Vladimir Poutine de réaffirmer ses exigences : gel des lignes de front, reconnaissance implicite de la Crimée et engagement de non-élargissement de l’OTAN à l’Ukraine. Donald Trump, sans céder explicitement, a laissé entendre qu’un compromis reposait désormais sur Kiev, fragilisant ainsi la cohérence du front occidental. Ce jeu d’équilibriste a offert à la Russie une visibilité diplomatique précieuse, sans pour autant apporter une avancée concrète vers la paix.

L’Europe en posture de vigilance

Face à une approche américaine jugée ambivalente, l’Union européenne s’est repositionnée en partenaire central du processus. Emmanuel Macron, Friedrich Merz et d’autres dirigeants ont insisté sur l’indivisibilité de la sécurité européenne et celle de l’Ukraine. Cette fermeté répond à une inquiétude profonde : tout compromis territorial acté avec Moscou risquerait de fragiliser le principe de souveraineté des États, un fondement de l’ordre international qui concerne directement les régions instables comme le Maghreb.

Les implications pour le Maghreb et la Tunisie

Pour la Tunisie et ses voisins, les enjeux de ces sommets dépassent la seule question géopolitique. Ils se traduisent par des impacts économiques concrets. Une prolongation des tensions entre l’Occident et la Russie maintiendrait la volatilité des marchés énergétiques et céréaliers, dont le Maghreb est fortement dépendant.

La Tunisie, importatrice nette de blé et soumise à une forte pression sur sa balance des paiements, reste particulièrement vulnérable à la moindre flambée des prix internationaux.

Par ailleurs, la recomposition des alliances stratégiques entre Washington, Bruxelles et Moscou pourrait redéfinir les rapports de force sur la rive sud de la Méditerranée. Une Russie moins isolée chercherait à se réinvestir diplomatiquement en Afrique du Nord, renforçant sa présence dans des zones où la compétition d’influence avec l’Europe est déjà visible, notamment dans l’énergie, les infrastructures et la coopération sécuritaire.

Perspectives régionales

Le Maghreb se retrouve dans une position d’observateur vigilant, mais aussi d’acteur indirectement exposé. L’Europe, soucieuse de sécuriser son voisinage sud, pourrait intensifier sa coopération économique et énergétique avec la région pour compenser sa dépendance au gaz russe. Pour la Tunisie, cette configuration peut ouvrir des opportunités — diversification des partenariats, attractivité accrue dans le cadre de projets euro-méditerranéens —, mais elle implique également de naviguer avec prudence dans un environnement international marqué par l’incertitude.

In fine, les sommets USA–Russie et USA-UE n’ont pas seulement dessiné les contours incertains d’une paix en Ukraine. Ils ont aussi rappelé combien les rivalités des grandes puissances rejaillissent sur des régions éloignées, mais économiquement interdépendantes comme le Maghreb.

Pour la Tunisie, le message est clair : la stabilité de son avenir économique et financier ne peut être dissociée des grandes lignes de fracture géopolitique, et exige une diplomatie agile capable de transformer les contraintes en opportunités.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

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