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Cannes 2025 – Un silence assourdissant du pavillon tunisien

14. Mai 2025 um 19:04

Pour la 78e édition du Festival de Cannes, la Tunisie réaffirme sa présence au sein du Village International, dans l’espace Pantiero, avec un pavillon officiel organisé par le Centre national du cinéma et de l’image (CNCI), sous la tutelle du ministère des Affaires culturelles. Un espace censé incarner l’essor du cinéma tunisien, créer des ponts avec l’international, faire rayonner les talents locaux. Pourtant, si la structure est bel et bien là, son animation et sa visibilité posent question.

Hier, jour d’ouverture du Festival, le pavillon a ouvert ses portes. Mais sans programme. Jusqu’à l’après-midi, aucun événement n’était annoncé, aucune communication officielle n’avait été diffusée, aucune invitation n’avait été envoyée. Ce n’est que tard dans la soirée qu’un communiqué a été publié sur la page Facebook du CNCI, énumérant les quelques rendez-vous prévus cette année. Les voici :

Le mercredi 15 mai à 19h, un hommage sera rendu à l’équipe du film Promis le ciel de la réalisatrice Erige Sehiri, sélectionné dans la section Un Certain Regard. Un rendez-vous symbolique pour saluer la présence d’un film tunisien dans la sélection officielle et souligner la continuité d’un regard sensible sur la jeunesse, après Sous les figues en 2022.

Le vendredi 17 mai à 11h, une rencontre médiatique autour de la 36e édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) permettra aux organisateurs de présenter les grandes lignes de la prochaine édition, ses orientations, ses nouveautés, et – peut-être – ses ambitions en matière de rayonnement régional et international.

Le dimanche 19 mai à 11h, une table ronde intitulée Le cinéma tunisien entre passé et présent réunira professionnels et observateurs autour des enjeux de la mémoire cinématographique, des mutations de l’industrie, et des nouvelles voix émergentes du paysage tunisien. Un moment potentiellement fort, à condition qu’il soit bien relayé, ouvert et réellement inclusif.

 

Trop tard. Beaucoup trop tard. À Cannes, le temps ne se prend pas : il se réserve. Dès les jours précédant l’ouverture, les professionnels finalisent leurs agendas, répondent aux nombreuses sollicitations, sélectionnent panels, réceptions, rencontres. Leurs plannings sont verrouillés bien avant l’ouverture du festival. Dans ce contexte, annoncer un programme la veille du Festival revient à espérer qu’il leur reste “un petit créneau pour les Tunisiens”… si possible.

Pendant ce temps, d’autres pays ont montré un tout autre niveau de préparation et de stratégie. Les pavillons égyptien, irakien, jordanien, palestinien – pour ne citer qu’eux – communiquent depuis plusieurs semaines. Ils ont partagé leurs programmes d’événements, les noms de leurs invités, les thématiques de leurs panels, les projections prévues. Leurs contenus circulent sur les réseaux sociaux, sont relayés par les médias, envoyés par newsletters, accompagnés de visuels soignés, de photos, d’affiches, de vidéos. Ils communiquent en arabe, en anglais, parfois en français, touchant ainsi un public international, large et diversifié.

Et côté tunisien ? Un seul communiqué, diffusé tardivement, rédigé uniquement en arabe, publié sur la page Facebook du CNCI. Aucun visuel. Aucune traduction. Aucun relais presse. Une communication minimaliste, inefficace, déconnectée des exigences d’un marché international. Comment attirer producteurs, distributeurs ou investisseurs potentiels si l’on ne parle pas leur langue, si l’on ne leur adresse pas un message clair, structuré, engageant ? Le pavillon tunisien semble figé dans un fonctionnement dépassé, à contretemps du rythme cannois.

Pourtant, l’ambition annoncée est louable : faire du pavillon un espace de rencontres, de réseautage, de valorisation du cinéma tunisien.

L’édition 2025 devait encore travailler sur un axe : promouvoir la Tunisie comme terre de tournage. Mais là encore, encore faut-il que le pavillon soit à la hauteur de cette ambition.

Tunisie, terre de tournage – un slogan qu’on ressasse depuis de très longues années. Je pourrais même retrouver des photos que j’avais prises en 2013 lors de mon premier Festival de Cannes, où déjà la Tunisie essayait de communiquer sur ce thème en collant quelques affiches. Mais concrètement, que signifie aujourd’hui cette volonté, au-delà de quelques posters accrochés au pavillon ou dans les rues de Cannes ? Où est le programme articulé, pensé pour valoriser le territoire tunisien comme espace de création cinématographique ? Quelle stratégie a été déployée ? Quel réseau mobilisé ? Quelle campagne de communication visible, cohérente, multilingue a été lancée ? Qui va parler de la Tunisie comme destination de tournage ? Des techniciens ? Des producteurs ? Des cinéastes ? Des partenaires internationaux ayant tourné en Tunisie ? Rien n’a été annoncé à ce jour. Aucun détail, aucun nom, aucune campagne d’invitation, aucun relais dans les médias professionnels. Ce manque d’anticipation nuit gravement à l’impact potentiel de ces initiatives.

On annonce un hommage à l’équipe de Promis le ciel. C’est bien. Mais très insuffisant. Cette année, la Tunisie aurait pu – et dû – faire beaucoup plus. Pour la première fois dans l’histoire de sa présence à Cannes, un film tunisien ouvre la section Un Certain Regard, la deuxième compétition la plus importante du Festival. Promis le ciel d’Erige Sehiri, porté par de jeunes actrices non-professionnelles et ancré dans une réalité sociale vibrante, bénéficiait d’un positionnement exceptionnel, une rare opportunité de visibilité internationale.

Mais qu’a fait le CNCI pour promouvoir ce film ? Qu’a fait le pavillon tunisien ? À ma connaissance : rien. Aucun communiqué spécifique. Aucune mise en avant du film dans les jours précédant le Festival. Aucune invitation envoyée aux professionnels, aux journalistes, aux décideurs pour venir rencontrer l’équipe ou assister à un événement autour du film. Pas même une affiche visible au pavillon pour rappeler que ce film-là, celui qui ouvre Un Certain Regard, est tunisien.

On annonce une table ronde sur le cinéma tunisien entre passé et présent. Très bien. Mais qui sont les participants ? Quelles sont leurs spécialités ? Y aura-t-il seulement des Tunisiens ? Des noms connus pour attirer l’attention ? Une personnalité forte comme Hend Sabry, par exemple ? Ailleurs, les stars sont là : Hussein Fahmy, Youssra, Amina Khalil…

Autant de leviers pourtant disponibles pour construire une présence forte et cohérente : un film en ouverture d’Un Certain Regard, porté par une cinéaste déjà saluée à Cannes, l’émergence d’une nouvelle génération de talents, un attrait renouvelé pour les tournages en Tunisie… Tous les éléments étaient réunis pour initier une stratégie de communication audacieuse, actuelle, alignée sur les standards d’un événement comme Cannes.

À l’heure où les autres pays du monde arabe construisent une diplomatie culturelle active, cohérente, et fièrement portée sur la scène internationale, la Tunisie continue de donner l’image d’un acteur désorganisé, en décalage avec les usages professionnels actuels, incapable de transformer ses atouts en véritables opportunités.

Pourtant, les compétences sont là. La Tunisie regorge de jeunes professionnels créatifs, engagés, capables de penser et d’agir avec les méthodes modernes du milieu international. Il faudrait simplement leur faire confiance, leur donner les moyens, et surtout leur permettre d’agir à temps.

Espérons que les prochains jours permettront de rattraper, ne serait-ce qu’un peu, ce manque d’initiative. Mais à Cannes, les occasions perdues se rattrapent rarement.

Neïla Driss

 

 
 

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« Le magicien de la lumière nous quitte : Un dernier tour à la Bennys… » (SIRP)

Von: Yusra NY
20. August 2025 um 22:52

C’est avec une profonde tristesse que nous apprenons le décès d’Ahmed Bennys, figure emblématique du cinéma tunisien surnommé « le magicien de la lumière ». Né le 16 mars 1937, ce directeur de la photographie exceptionnel laisse derrière lui un héritage artistique inestimable.

Ahmed Bennys a marqué le cinéma tunisien par sa maîtrise exceptionnelle de l’art de l’éclairage. Réalisateur du film d’animation « Mohammadia » (1974), Tanit de Bronze au Festival de Carthage, il a également signé la photographie d’œuvres majeures comme « Les Zazous de la vague » (1992), « Le Sultan de la Médina » (1992) et le documentaire « Frantz Fanon. Peau noire, Masque blanc » (1996). Au-delà du cinéma, Ahmed Bennys s’est illustré comme un maître incontesté de la mise en lumière du patrimoine historique.

Il a révélé la beauté de sites prestigieux : le musée du Bardo, le théâtre d’El Djem, Damous Karrita à Carthage, les temples d’Angkor au Cambodge, et les nécropoles des pyramides de Saqqara en Égypte. Son génie consistait à transformer chaque monument en œuvre d’art lumineuse.

Militant du Parti communiste tunisien, Ahmed Bennys incarnait des valeurs de justice sociale qui nourrissaient sa vision artistique. Membre actif de l’Association des Cinéastes Tunisiens, il œuvrait pour la défense des droits des professionnels du cinéma et la promotion du septième art national. Il croyait au pouvoir transformateur de l’art et mettait son talent au service de ses idéaux progressistes.

Ahmed Bennys laisse le souvenir d’un artiste complet : technicien virtuose, créateur visionnaire et intellectuel engagé. Son surnom de « magicien de la lumière » témoigne de sa capacité unique à révéler la beauté du monde à travers l’art de l’éclairage.

Les œuvres qu’il a illuminées et les monuments qu’il a révélés continueront de témoigner de son génie créateur. Son exemple inspire les nouvelles générations d’artistes tunisiens, leur montrant qu’excellence artistique et engagement citoyen peuvent se conjuguer harmonieusement.

En ces heures de deuil, nous adressons nos condoléances les plus sincères à ses enfants Amel et Malik, ainsi qu’à toute sa famille et ses proches. Ahmed Bennys s’est éteint, mais sa lumière continue de briller dans l’histoire du cinéma tunisien.

Tunis, le 20 août 2025

Le Syndicat Indépendant des Réalisateurs Producteurs

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Décès d’Ahmed Bennys, le « magicien de la lumière » du cinéma tunisien

20. August 2025 um 20:58
Décès d’Ahmed Bennys, le « magicien de la lumière » du cinéma tunisien

C’est avec une profonde émotion que le monde du cinéma tunisien apprend le décès d’Ahmed Bennys, surnommé le “magicien de la lumière”. Né le 16 mars 1937, ce chef opérateur et directeur de la photographie a marqué l’histoire du septième art tunisien par sa maîtrise incomparable de l’éclairage, transformant chaque plan et chaque monument en […]

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Le producteur Habib Attia invité à rejoindre The Academy of Motion Picture Arts and Sciences

28. Juni 2025 um 14:23

Le producteur tunisien Habib Attia figure parmi les nouveaux membres invités à rejoindre l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, prestigieuse institution qui organise chaque année les Oscars. Cette reconnaissance confirme l’importance de son parcours et de sa contribution au renouveau du cinéma tunisien, qu’il accompagne depuis près de deux décennies à travers des œuvres puissantes, singulières et désormais incontournables sur la scène internationale.

Habib Attia rejoint ainsi un cercle encore restreint de professionnels tunisiens admis au sein de l’Academy, tous ayant joué un rôle actif dans le développement du cinéma tunisien. Avant lui, la réalisatrice Kaouther Ben Hania – dont il a produit plusieurs films –, la réalisatrice Raja Amari, la productrice Dorra Bouchoucha, la monteuse franco-tunisienne Nadia Ben Rachid, ou encore la réalisatrice Meryam Joobeur (Brotherhood, nommé aux Oscars en 2020), ont été invitées à siéger dans différentes branches de l’institution. Le producteur Tarak Ben Ammar, qui a produit plusieurs films tournés en Tunisie et soutenu l’industrie locale dès les années 1970, en fait également partie. L’entrée d’Habib Attia vient ainsi renforcer une présence tunisienne encore modeste mais croissante dans cette institution de référence.

À la tête de la société Cinétéléfilms, fondée par son père Ahmed Bahaeddine Attia, producteur historique de films majeurs comme Les Silences du palais, Les Sabots en or et Halfaouine, Habib Attia a su, dès son retour en Tunisie en 2007 après avoir terminé ses études en Italie, faire émerger une nouvelle génération de cinéastes. Son nom est aujourd’hui indissociable de la percée du cinéma tunisien sur la scène mondiale, notamment grâce à une série de films qui ont franchi les frontières des festivals pour accéder aux plus hautes sphères de reconnaissance, jusqu’à l’Académie elle-même.

L’un des projets les plus marquants qu’il a portés reste L’homme qui a vendu son dos/The Man Who Sold His Skin, réalisé par Kaouther Ben Hania, qui a permis à la Tunisie de décrocher sa toute première nomination à l’Oscar du meilleur film international, en 2021. Le film, audacieux et visuellement stylisé, interroge les notions de liberté, de frontières et de marchandisation des corps, à travers l’histoire d’un réfugié syrien devenu œuvre d’art vivante. Présenté à la Mostra de Venise, il a connu un parcours exceptionnel jusqu’aux Oscars, consolidant la réputation de Habib Attia comme producteur capable de porter des projets à la fois artistiquement exigeants et internationalement viables.

Deux ans plus tard, en 2023, il produit Les Filles d’Olfa, également réalisé par Kaouther Ben Hania. Le film est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes (première présence d’un film tunisien en sélection officielle depuis 1970) et y remporte quatre prix décernés par des jurys indépendants : l’Œil d’or du meilleur documentaire, le Prix François-Chalais, le Prix de la Citoyenneté et le Prix du Cinéma positif. Il est ensuite nommé aux Oscars 2024 dans la catégorie meilleur documentaire. Œuvre hybride, entre documentaire et fiction, Les Filles d’Olfa interroge le destin d’une mère tunisienne dont deux filles ont rejoint Daech, tout en explorant les traumatismes intimes et politiques que cette histoire incarne. Là encore, le geste de production de Habib Attia est fondamental : accompagner une œuvre complexe, qui bouscule les formats narratifs traditionnels, tout en lui assurant une visibilité mondiale.

Mais au-delà de ces deux films emblématiques, Habib Attia a produit, depuis une quinzaine d’années, plusieurs œuvres majeures du cinéma tunisien post-révolutionnaire. Dès 2013, Le Challat de Tunis, satirique et impertinent, marquait le début de sa collaboration avec Kaouther Ben Hania. Il s’était auparavant engagé dans la production de No More Fear de Mourad Ben Cheikh, l’un des tout premiers films à documenter la révolution tunisienne, ou encore It Was Better Tomorrow de Hinde Boujemaa. Il est aussi coproducteur de Brotherhood de Meryam Joobeur, qui a valu à la Tunisie sa première nomination aux Oscars dans la catégorie du court-métrage de fiction.

Aujourd’hui, son entrée à l’Academy vient consacrer un parcours fondé sur la rigueur, la fidélité artistique et une rare capacité à faire rayonner des récits tunisiens profondément ancrés dans le réel. Elle atteste aussi de la place croissante qu’occupe le cinéma tunisien sur la scène internationale. Si le cinéma tunisien est de plus en plus présent dans les festivals majeurs et accède aux cérémonies prestigieuses comme les Oscars, il reste cependant en marge des grands circuits industriels de production mondiaux, marqués par des enjeux économiques et de distribution complexes. La trajectoire de producteurs comme Habib Attia prouve qu’un autre modèle est possible : celui d’un cinéma indépendant, audacieux, libre, qui n’attend pas qu’on lui tende la main pour exister.

Neïla Driss

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