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‘‘Marseille 73’’ | Le cri muet d’une ville sous les balles

01. April 2025 um 07:05

L’histoire de ‘‘Marseille 73’’ (éd. Les Arènes, France) est un drame insoutenable, une tragédie silencieuse qui hante la mémoire de la ville et de la France. Dominique Manotti, avec sa plume sèche et implacable, plonge le lecteur dans l’abîme d’un passé douloureux, un passé où les balles de la haine frappaient sans distinction, abattant des hommes, des femmes, des enfants, simplement en raison de leur origine. C’est une histoire vraie. Une histoire qui ne veut pas mourir.

Djamal Guettala

En seulement six mois, plus de cinquante assassinats ciblés – des meurtres froids et méthodiques, souvent commis à bout portant, «à vue», comme une chasse macabre – secouent Marseille, véritable épicentre du terrorisme raciste des années 1970.

La quatrième de couverture du roman résume la brutalité de l’époque avec une précision glaçante : «La France connaît une série d’assassinats ciblés sur des Arabes, surtout des Algériens. On les tire à vue, on leur fracasse le crâne.» Ces meurtres, perpétrés dans l’indifférence générale, témoignent de l’impunité absolue qui régnait à Marseille.

Un décor d’horreur et de silence complice

À la veille des années 70, onze ans après la fin de la guerre d’Algérie, la France se trouve face à son propre héritage colonial : des nervis de l’OAS, amnistiés et intégrés dans les rouages de l’État, la police, et la société, continuent leur croisade raciste, appelant à la destruction des mosquées, des commerces, des bistrots arabes. La violence est systématique, implacable, et sa portée est renforcée par l’absence de justice.

Dans ce contexte, Dominique Manotti nous entraîne dans l’univers de l’Évêché, l’hôtel de police de Marseille, où se noue l’intrigue. Un lieu où tout se sait et rien ne se dit, où le silence complice règne. C’est là que le jeune commissaire Daquin, fraîchement nommé, va se retrouver au cœur de la tourmente. À 27 ans, il incarne cette jeunesse française aveugle à la brutalité du système, mais prête à tout pour y faire face, même si l’espoir semble déjà un luxe illusoire.

Un héros perdu dans un monde corrompu

Le commissaire Daquin est un homme marqué par la violence qui l’entoure, mais aussi par ses propres contradictions. «Il n’est ni un héros ni un lâche», explique Manotti. Il est avant tout un produit de son époque, un homme pris au piège entre une volonté de justice et un système corrompu qui le dépasse. La violence est partout, et Daquin, malgré sa jeunesse et ses idéaux, est contraint d’évoluer dans un monde où l’intégrité semble une faiblesse.

«Tout est prêt pour la tragédie», dit Manotti. Mais cette tragédie, c’est celle d’une ville, d’une époque, et d’une société. C’est l’histoire d’une France qui préfère oublier pour maintenir son apparence de grandeur, en effaçant les cicatrices du colonialisme et du racisme qui gangrènent ses fondations.

Le roman de Manotti est une invitation poignante à ne pas oublier. À travers les assassinats d’Algériens et d’autres Maghrébins, ‘‘Marseille 73’’ réveille des fantômes que l’histoire officielle préfère enterrer. La France, qui s’autoproclame le pays des droits de l’homme, se soucie peu de ses «crimes coloniaux» et de l’inhumanité systémique qui les accompagne. «Le silence sur ces crimes n’est pas un hasard», explique Manotti. «Il est nécessaire pour protéger l’image de la France.» C’est ce silence que l’auteure, avec une précision presque clinique, dénonce dans son roman.

Dominique Manotti avec Djamal Guettala.

Le racisme, héritage immuable

La fiction, selon Manotti, a un rôle capital dans la réconciliation de l’Histoire. Elle permet de rendre accessible ce que les faits historiques seuls ne peuvent transmettre : l’émotion brute, la violence vécue au quotidien, l’humiliation et la peur. ‘‘Marseille 73’’ est ainsi une passerelle entre le passé et le présent, une invitation à ressentir ce que l’histoire a oublié de nous faire comprendre.

Le roman s’inscrit dans une réflexion plus large, une méditation sur le racisme et ses racines profondes. Ce racisme, ancré dans l’histoire coloniale de la France, est toujours là, prêt à ressurgir sous de nouvelles formes. Manotti le rappelle avec force : «La société française reste marquée par un racisme anti-arabe et anti-africain, un héritage direct de la colonisation.» Les meurtres de 1973 résonnent encore aujourd’hui, dans une France où la violence policière, l’exclusion et le rejet des populations issues de l’immigration continuent de diviser.

Ce roman ne se contente pas de relater une époque révolue, il dévoile les fractures qui déchirent encore la société française d’aujourd’hui. Le Front National, dans les années 70 comme aujourd’hui, nourrit sa politique du racisme, de la peur de l’autre et du rejet des différences, et particulièrement de l’Arabe et du Musulman. Ce parti, héritier direct des colons et des partisans de l’Algérie française, continue de prospérer sur ces terreaux fertiles.

Une France qui ne veut pas se voir

Dans ‘‘Marseille 73’’, la police n’est pas un agent de protection, mais un instrument de répression. C’est une institution corrompue, où la violence d’État se mêle à la violence sociale. Les policiers, anciens membres de l’OAS ou simples héritiers de la guerre d’Algérie, continuent de semer la terreur sans être inquiétés. «Beaucoup de policiers ayant servi durant la guerre d’Algérie ont été rapatriés et réintégrés dans la police nationale», explique Manotti. Leur présence à Marseille n’était pas un hasard, elle a renforcé un système déjà gangrené.

‘‘Marseille 73’’ est aussi une tragédie de la mémoire. Une mémoire qui se refuse à voir, à comprendre, à réparer. Mais Manotti, dans un dernier souffle d’espoir, lance un appel : «Il est important de ne pas oublier les cicatrices laissées par cette époque.»

Ce livre, en apparence une simple enquête policière, est en réalité un cri silencieux, un hommage aux victimes oubliées, un appel à affronter les démons du passé.

‘‘Marseille 73’’ n’est pas seulement un roman noir, c’est une œuvre nécessaire, une mise en lumière d’un pan de l’histoire française longtemps effacé des mémoires collectives. La France a ses cicatrices, et ce roman, avec sa brutalité et son honnêteté, les dévoile, sans fard, pour que nous n’oublions jamais.

Dominique Manotti, pseudonyme de Marie-Noëlle Thibault, est née le 23 décembre 1942 à Paris, où elle a toujours vécu.

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Aflam 2025 | Écrans d’exil, miroirs de révoltes

27. März 2025 um 07:40

Dans les salles obscures de Marseille, carrefour des mémoires et des résistances, des images surgissent du passé et du présent, éclairant les fissures et les fulgurances d’un monde arabe en perpétuel bouleversement. Du 19 au 27 avril 2025, la 12ᵉ édition du festival Aflam sera comme une fenêtre sur les révolutions avortées, les exils contraints et les héritages persistants, offrant une programmation vibrante où se croisent cinéma d’archives et créations contemporaines.

Djamal Guettala, à Marseille.

De la Syrie qui vacille entre chute et renouveau, à la Tunisie et l’Algérie qui interrogent leurs mémoires collectives, en passant par l’Égypte, le Liban, la Palestine, ou encore le Maroc, chaque film est un fragment de l’histoire, un cri ou un murmure. Images d’un monde bouleversé, qui capturent l’intime pour révéler l’universel.

La Tunisie à l’honneur

Pour incarner cette édition, une femme, une présence, Fatma Ben Saïdane. Actrice et réalisatrice tunisienne, elle est l’âme d’un cinéma qui interroge, qui résiste et qui inspire. Figure incontournable du cinéma maghrébin, elle incarne des personnages puissants et des récits où la révolte est souvent tapie sous la peau du quotidien. À Marseille, elle sera célébrée à travers une masterclass et une sélection de films retraçant son parcours, où l’engagement artistique se mêle au combat social.

Cette année, la Tunisie fait une apparition forte, avec des films qui explorent l’histoire et les luttes contemporaines du pays. ‘‘La Télé arrive’’ de Moncef Dhouib, qui sera projeté le 25 avril au Mucem, raconte comment un village du Sud tunisien, avec l’arrivée d’une équipe de télévision allemande, se voit contraint de jouer un rôle, manipulant la réalité pour masquer ses véritables problèmes. Ce film dénonce la superficialité des images véhiculées par les médias et les illusions qu’elles créent.

Le soir même, au Cinéma L’Alhambra, ‘‘El Jaida’’ de Selma Baccar offrira une immersion dans l’histoire tunisienne en suivant quatre femmes emprisonnées en 1955, une époque marquée par la lutte pour l’indépendance. Les conditions sociales, les injustices et la répression sont au cœur de ce récit poignant de solidarité féminine.

Le 25 avril, ‘‘Derrière le soleil’’ de Dhia Jerbi nous invitera à une quête personnelle et intime, un film où le réalisateur tunisien, exilé en France, explore le lien familial et la transmission de l’héritage culturel. La projection sera accompagnée d’une rencontre avec le réalisateur.

À travers des documentaires et des fictions, la Tunisie s’impose cette année comme un pays de mémoire, où les questions de l’indépendance, de la dictature et de la transition restent des sujets brûlants.

L’Algérie : héritage colonial et mémoire des luttes

Aflam 2025 mettra également en lumière l’Algérie, avec des films puissants qui revisitent les luttes et les mémoires du pays. ‘‘Amsevrid (The Outlandish)’’ de Tahar Kessi, qui sera projeté le 20 avril au Polygone étoilé, nous plongera au cœur de l’arrière-pays algérien et de ses fantômes. À travers le parcours de trois personnages à différentes époques, ce film interroge la manière dont l’histoire se tisse et se perpétue à travers la mémoire, la révolte et la résistance.

Le 23 avril, ‘‘Fanon’’ d’Abdenour Zahzah (qui sera projeté au Mucem), nous plongera dans l’Algérie colonisée de 1953, avec Frantz Fanon, jeune psychiatre noir qui lutte contre l’aliénation culturelle des Algériens tout en étant pris dans la tourmente de la guerre. Un film qui revient sur l’impact du colonialisme et l’essor de la révolution algérienne.

À travers ses films, l’Algérie se fait témoin de son passé et de ses luttes, et Aflam nous invite à revisiter ses combats pour la liberté et l’émancipation.

Cartographies de la douleur et de l’espoir

Le cinéma arabe d’aujourd’hui, c’est l’histoire en marche, captée à hauteur d’homme et de femme. C’est aussi la question lancinante de l’exil, des appartenances mouvantes, du lien brisé et réinventé avec la terre natale.

Dans ‘‘Les Miennes’’ de Samira El Mouzghibati, le déracinement se décline au féminin, tandis que ‘‘The Roller, the Life, the Fight’’ d’Elettra Bisogno et Hazem Alqaddi interrogera la lutte comme un mode d’existence, tandis que ‘‘2G’’ de Karim Sayad nous plongera dans un voyage sensoriel en Libye, pays rarement capté par la caméra.

Dans un monde où les révolutions sont souvent trahies, le cinéma syrien tentera de recomposer une mémoire disloquée. ‘‘Chasing the Dazzling Light’’ et ‘‘My Memory is Full of Ghosts’’, qui seront projetés au Mucem, témoignent de ce passage fragile entre les ténèbres du passé et la lueur incertaine de l’avenir.

Et alors que la Palestine brûle sous les regards impuissants du monde, Aflam rappellera combien les images peuvent devenir des armes, des archives vivantes d’une lutte que l’on voudrait faire taire.

L’archive éclaire le présent : voir, entendre, comprendre

Le cycle Vives Archives, fil rouge du festival, interrogera la mémoire du cinéma arabe, son rapport aux luttes passées et à la construction des récits historiques. Les écoles de cinéma de l’Europe de l’Est, qui ont formé nombre de cinéastes arabes sous la guerre froide, seront explorées, tout comme l’héritage colonial à l’écran, à travers notamment une rétrospective dédiée au cinéaste palestinien Kamal Aljafari.

En parallèle, la Plateforme internationale de Médiation proposera deux journées de réflexion sur la médiation culturelle décoloniale, entre balades urbaines, ciné-débats et rencontres-laboratoires.

Car résister, c’est aussi célébrer, Aflam s’ouvrira à la nuit avec deux grandes fêtes, où les rythmes d’hier et d’aujourd’hui viendront prolonger les projections dans le tumulte de la danse. Entre concerts et DJ sets, la ville de Marseille résonnera des pulsations d’un monde en mouvement, d’une diaspora qui refuse l’oubli.

Avec 52 films, 30 invité·es et 40 événements, cette 12ᵉ édition d’Aflam affirmera une fois encore que le cinéma n’est pas un simple divertissement, mais un outil de compréhension du réel, une passerelle entre les rives et les mémoires, un acte de résistance en soi.

Dans un monde où l’image est parfois vidée de sens, ici, à Marseille, chaque plan est un cri, chaque film un territoire à défricher. Un festival comme un combat, une célébration, une invitation à voir autrement.

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Au cinéma pour les droits humains | Tournée de Lotfi Achour au sud de la France

23. März 2025 um 08:35

Le film ‘‘Les Enfants Rouges’’ de Lotfi Achour poursuit sa tournée exceptionnelle dans le cadre du festival «Au Cinéma pour les droits humains», avec plusieurs projections en avant-première à travers la France. Après avoir été projeté le 18 mars 2025 à Perpignan (salle Castelet), le 20 mars à Aubagne (Pagnol), et à Marseille (Variétés) le 21 mars, le film a continué son parcours à Toulon, Nice et Cannes.

Djamal Guettala, à Marseille.

La projection a été, à chaque étape, un moment privilégié, permettant au public de découvrir cette œuvre poignante en présence du réalisateur. Le film, qui traite des thèmes de la guerre, du terrorisme et de la vulnérabilité des populations face à l’inaction de l’État, a suscité de nombreux échanges avec Lotfi Achour, qui a pris la parole après chaque projection pour discuter des enjeux abordés.

À Marseille, la rencontre avec le public a été particulièrement émouvante, le film touchant profondément les spectateurs par son réalisme et sa portée universelle. Le 22 mars, après la projection à Nice (Rialto), le film a continué sa tournée, atteignant son dernier point sur la Côte d’Azur avec une projection à Cannes (Les Arcades) aujourd’hui, 23 mars 2025.

Une jeunesse sacrifiée

Dans le contexte de l’instabilité sécuritaire qui a régné en Tunisie dans les années 2012-2017, ‘‘Les Enfants Rouges’’ raconte l’histoire de deux adolescents, Ashraf (14 ans) et Nizar (16 ans) qui font paître paisiblement leur troupeau dans la montagne de Mghila. Ils s’amusent au sommet d’un djebel aux roches sèches et arides sous un soleil de plomb lorsqu’ils sont victimes d’une attaque terroriste. Nizar est sauvagement décapité tandis qu’Achraf est sommé de rapporter la tête de la victime à sa famille… dans un sac.

Bien que l’histoire soit ancrée dans la réalité, les thèmes du film résonnent au-delà des frontières : la guerre, la souffrance des civils, la jeunesse sacrifiée et l’impuissance des autorités face aux menaces. Ces sujets, toujours d’actualité, interrogent la responsabilité des États dans la protection des populations vulnérables, notamment dans les régions les plus défavorisées.

Lofi Achour et Djamal Guettala.

Un parcours triomphal

Le film a déjà été couronné de plusieurs prix, dont le Tanit d’Or aux Journées cinématographiques de Carthage en 2024, ainsi que le Yusr d’Or du meilleur film et du meilleur réalisateur au Festival international du film de la Mer Rouge (RSIFF). Ces distinctions témoignent de la qualité de la réalisation et de l’impact émotionnel du film, qui continue de toucher un large public.

‘‘Les Enfants Rouges’’ sera diffusé dans les salles françaises à partir du 7 mai prochain, et en Tunisie le 28 avril. La tournée de projections continue de recueillir un accueil enthousiaste, avec des projections prévues dans d’autres villes françaises, offrant à chaque spectateur l’occasion de découvrir cette œuvre profondément humaine et socialement engagée.

La tournée du film ‘‘Les Enfants Rouges’’ dans le cadre du festival «Au Cinéma pour les droits humains» a permis de sensibiliser de nombreux spectateurs à des problématiques contemporaines urgentes. À travers un récit réaliste et émouvant, le film de Lotfi Achour questionne le rôle de l’État face aux souffrances des civils et incite à une réflexion sur les responsabilités collectives en matière de droits humains.

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Bizerté: Einweihung des neuen Unterseekabels Ifriqiya

Von: Redaktion
07. März 2024 um 16:00

Beamte des Ministeriums für Kommunikationstechnologie und Vertreter des privaten Mobilfunkanbieters Ooredoo Tunesien haben am Mittwoch, den 6. März 2024, in der Ortschaft Ain Meriem in Mehr

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