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Aflam 2025 | Écrans d’exil, miroirs de révoltes

27. März 2025 um 07:40

Dans les salles obscures de Marseille, carrefour des mémoires et des résistances, des images surgissent du passé et du présent, éclairant les fissures et les fulgurances d’un monde arabe en perpétuel bouleversement. Du 19 au 27 avril 2025, la 12ᵉ édition du festival Aflam sera comme une fenêtre sur les révolutions avortées, les exils contraints et les héritages persistants, offrant une programmation vibrante où se croisent cinéma d’archives et créations contemporaines.

Djamal Guettala, à Marseille.

De la Syrie qui vacille entre chute et renouveau, à la Tunisie et l’Algérie qui interrogent leurs mémoires collectives, en passant par l’Égypte, le Liban, la Palestine, ou encore le Maroc, chaque film est un fragment de l’histoire, un cri ou un murmure. Images d’un monde bouleversé, qui capturent l’intime pour révéler l’universel.

La Tunisie à l’honneur

Pour incarner cette édition, une femme, une présence, Fatma Ben Saïdane. Actrice et réalisatrice tunisienne, elle est l’âme d’un cinéma qui interroge, qui résiste et qui inspire. Figure incontournable du cinéma maghrébin, elle incarne des personnages puissants et des récits où la révolte est souvent tapie sous la peau du quotidien. À Marseille, elle sera célébrée à travers une masterclass et une sélection de films retraçant son parcours, où l’engagement artistique se mêle au combat social.

Cette année, la Tunisie fait une apparition forte, avec des films qui explorent l’histoire et les luttes contemporaines du pays. ‘‘La Télé arrive’’ de Moncef Dhouib, qui sera projeté le 25 avril au Mucem, raconte comment un village du Sud tunisien, avec l’arrivée d’une équipe de télévision allemande, se voit contraint de jouer un rôle, manipulant la réalité pour masquer ses véritables problèmes. Ce film dénonce la superficialité des images véhiculées par les médias et les illusions qu’elles créent.

Le soir même, au Cinéma L’Alhambra, ‘‘El Jaida’’ de Selma Baccar offrira une immersion dans l’histoire tunisienne en suivant quatre femmes emprisonnées en 1955, une époque marquée par la lutte pour l’indépendance. Les conditions sociales, les injustices et la répression sont au cœur de ce récit poignant de solidarité féminine.

Le 25 avril, ‘‘Derrière le soleil’’ de Dhia Jerbi nous invitera à une quête personnelle et intime, un film où le réalisateur tunisien, exilé en France, explore le lien familial et la transmission de l’héritage culturel. La projection sera accompagnée d’une rencontre avec le réalisateur.

À travers des documentaires et des fictions, la Tunisie s’impose cette année comme un pays de mémoire, où les questions de l’indépendance, de la dictature et de la transition restent des sujets brûlants.

L’Algérie : héritage colonial et mémoire des luttes

Aflam 2025 mettra également en lumière l’Algérie, avec des films puissants qui revisitent les luttes et les mémoires du pays. ‘‘Amsevrid (The Outlandish)’’ de Tahar Kessi, qui sera projeté le 20 avril au Polygone étoilé, nous plongera au cœur de l’arrière-pays algérien et de ses fantômes. À travers le parcours de trois personnages à différentes époques, ce film interroge la manière dont l’histoire se tisse et se perpétue à travers la mémoire, la révolte et la résistance.

Le 23 avril, ‘‘Fanon’’ d’Abdenour Zahzah (qui sera projeté au Mucem), nous plongera dans l’Algérie colonisée de 1953, avec Frantz Fanon, jeune psychiatre noir qui lutte contre l’aliénation culturelle des Algériens tout en étant pris dans la tourmente de la guerre. Un film qui revient sur l’impact du colonialisme et l’essor de la révolution algérienne.

À travers ses films, l’Algérie se fait témoin de son passé et de ses luttes, et Aflam nous invite à revisiter ses combats pour la liberté et l’émancipation.

Cartographies de la douleur et de l’espoir

Le cinéma arabe d’aujourd’hui, c’est l’histoire en marche, captée à hauteur d’homme et de femme. C’est aussi la question lancinante de l’exil, des appartenances mouvantes, du lien brisé et réinventé avec la terre natale.

Dans ‘‘Les Miennes’’ de Samira El Mouzghibati, le déracinement se décline au féminin, tandis que ‘‘The Roller, the Life, the Fight’’ d’Elettra Bisogno et Hazem Alqaddi interrogera la lutte comme un mode d’existence, tandis que ‘‘2G’’ de Karim Sayad nous plongera dans un voyage sensoriel en Libye, pays rarement capté par la caméra.

Dans un monde où les révolutions sont souvent trahies, le cinéma syrien tentera de recomposer une mémoire disloquée. ‘‘Chasing the Dazzling Light’’ et ‘‘My Memory is Full of Ghosts’’, qui seront projetés au Mucem, témoignent de ce passage fragile entre les ténèbres du passé et la lueur incertaine de l’avenir.

Et alors que la Palestine brûle sous les regards impuissants du monde, Aflam rappellera combien les images peuvent devenir des armes, des archives vivantes d’une lutte que l’on voudrait faire taire.

L’archive éclaire le présent : voir, entendre, comprendre

Le cycle Vives Archives, fil rouge du festival, interrogera la mémoire du cinéma arabe, son rapport aux luttes passées et à la construction des récits historiques. Les écoles de cinéma de l’Europe de l’Est, qui ont formé nombre de cinéastes arabes sous la guerre froide, seront explorées, tout comme l’héritage colonial à l’écran, à travers notamment une rétrospective dédiée au cinéaste palestinien Kamal Aljafari.

En parallèle, la Plateforme internationale de Médiation proposera deux journées de réflexion sur la médiation culturelle décoloniale, entre balades urbaines, ciné-débats et rencontres-laboratoires.

Car résister, c’est aussi célébrer, Aflam s’ouvrira à la nuit avec deux grandes fêtes, où les rythmes d’hier et d’aujourd’hui viendront prolonger les projections dans le tumulte de la danse. Entre concerts et DJ sets, la ville de Marseille résonnera des pulsations d’un monde en mouvement, d’une diaspora qui refuse l’oubli.

Avec 52 films, 30 invité·es et 40 événements, cette 12ᵉ édition d’Aflam affirmera une fois encore que le cinéma n’est pas un simple divertissement, mais un outil de compréhension du réel, une passerelle entre les rives et les mémoires, un acte de résistance en soi.

Dans un monde où l’image est parfois vidée de sens, ici, à Marseille, chaque plan est un cri, chaque film un territoire à défricher. Un festival comme un combat, une célébration, une invitation à voir autrement.

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