Oui, ce sera bientôt Ramadan et, dans ces mêmes colonnes, nous avons plaidé pour que ce grand rendez-vous religieux et économique ne devienne en aucun cas un branle-bas de combat, pour aller à la poursuite des produits que l’on craint de voir disparaître en un clin d’œil, créant une situation difficilement gérable. Comment se présente la situation ?
La Presse — Le marché est actuellement bien approvisionné en produits laitiers et dérivés. Sur les étalages des grandes surfaces, on a la possibilité de se servir à souhait.
Une dame s’est présentée à la caisse avec deux paquets de lait. D’une voix craintive, elle demande à la caissière si elle pouvait prendre un troisième paquet. «Mais oui madame, vous pouvez en prendre six si vous voulez». Surprise, la bonne dame se fend d’un large sourire et se hâte vers le point de stockage.
Questionnée à propos du comportement de la clientèle en ce qui concerne le lait, la caissière nous assure que «tout est normal. Nous sommes régulièrement approvisionnés en lait et dérivés. Nous ne ressentons nullement une orientation vers le surstockage. Les clients, l’an dernier, se présentaient en famille pour avoir le plus de paquets de lait possible. Ce n’est plus le cas».
Mais il n’y a pas que le lait. D’autres produits sont stockés en prévision du mois saint. Les œufs par exemple.
Aussi bien dans les épiceries qu’ailleurs, la situation semble normale.
Une grande épicerie luxueuse du côté d’El Menzah a mis bien en évidence des œufs emballés. Les prix varient et sont supérieurs à ceux d’un revendeur dont le magasin est situé à quelques centaines de mètres plus loin.
«Je vous assure que nous recevons les quantités que nous commandons quotidiennement. A cette même époque l’année dernière, on réduisait les livraisons pour éviter les ruptures de stock».
Le pain? Il y en a un peu partout et les files d’attente ne se forment rien que pour avoir son tour.
«Je viens pour avoir du pain chaud, nous confie une dame. C’est une file normale qui n’a rien à voir avec celles que nous avions vécues. Il se pouvait que nous n’ayons pas de pain parce qu’il n’y a plus de farine».
Les viandes blanches ?
Quelle quantité voulez-vous acheter? Il y en a à profusion dans tous les marchés et la multiplication des revendeurs opérant sous les différentes marques offre ce qu’on veut. Poulet PAC ou débité en morceaux marinés garnissent les comptoirs réfrigérés.
«La crisette que nous avons vécue il y a quelques mois est dépassée. Au mois de Ramadan, nous serons en pleine production. Il n’y a rien à craindre. Et je sais que l’on a presque terminé le stockage de sécurité pour la montée de la consommation. Il faudrait quand même ne jamais oublier que les millions de touristes qui viennent consomment avec nous».
Cette remarque est une vérité et cet argument compte énormément dans les prévisions.
Allons voir du côté des viandes rouges et des poissons.
Au niveau des marchés, les prix sont stables. Quelques grandes surfaces ont même proposé des promotions intéressantes et la clientèle ne s’en prive pas.
«La Tunisie est une puissance méditerranéenne en aquaculture et la production marche bien», laisse tomber le gérant d’une grande surface à la sortie de l’Ariana.
Quant aux viandes rouges, les prix demeurent hors de portée des familles modestes.
«On a promis d’importer du congelé pour alléger la pression sur le marché, mais on ne voit pas la différence», nous précise un boucher du marché central.
Qu’en est-il de l’huile d’olive?
Elle est en vente partout. Des vendeurs ambulants, des camionnettes, des dames vous en proposent partout autour des marchés à des prix défiant toute concurrence. Mais pour être sûr de ne pas se faire arnaquer, il faut savoir faire la différence.
Les fruits et les légumes? La vénérable banane s’est d’ores et déjà mise au service des amateurs de salades de fruits en association avec les fraises qui sont déjà sur le marché. Tiendront-elles jusqu’au mois de Ramadan?
Peut-être, mais les nèfles, abricots, pêches, pommes et poires rejoindront le cortège.
Quant aux légumes, la pluie a voté pour eux. Il y en a et de très bonne qualité. Même les pommes de terre sont rentrées dans le rang.
La boucle est bouclée. Il ne reste plus qu’à espérer que ces quidams qui viennent nous annoncer que tel ou tel produit a augmenté en raison du renchérissement des intrants et du coût de la main-d’œuvre se montrent un peu plus discrets et arrêtent de dramatiser leurs interventions..
Ces interventions maladroites ont toujours été à la base, la cause de l’affolement qui déclenche la ruée, le surstockage et ces pénuries qui s’ensuivent.
Ramadan, a-t-on toujours dit, c’est le mois de la piété et de l’abstinence. Pourrions-nous éviter qu’il se transforme en mois de la surconsommation qui frise l’exagération et le gaspillage ?
C’est au consommateur de décider, en évitant avant tout de déblayer le chemin à ceux qui attendent ce mois, pour se faire de l’argent facile, en profitant de la crédulité de cette frange de consommateurs qui ont les yeux plus gros que le ventre.
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