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L’industrie pharmaceutique n’échappera pas aux droits de douane de Trump

29. MĂ€rz 2025 um 15:39

Donald Trump a dĂ©clarĂ©, vendredi 28 mars 2025, qu’il annoncerait bientĂŽt de nouveaux tarifs douaniers visant l’industrie pharmaceutique.

« Il faudra un certain nombre [entre guillemets] qui suffira Ă  inciter les mĂ©dicaments et les laboratoires pharmaceutiques Ă  importer leurs produits dans notre pays. Nous ne voulons pas dĂ©pendre d’autres pays pour cela, comme ce fut le cas avec la Covid-19 », a dĂ©clarĂ© Trump.

S’adressant aux journalistes Ă  bord d’Air Force One, dans la soirĂ©e du vendredi 28 mars, le prĂ©sident amĂ©ricain a Ă©galement indiquĂ© qu’il Ă©tait ouvert Ă  la conclusion d’accords avec des pays concernant les tarifs douaniers. « Je suis certainement ouvert Ă  cela, si nous pouvons faire quelque chose, nous pouvons obtenir quelque chose en retour », a-t-il prĂ©cisĂ©.

Ces accords devront toutefois ĂȘtre nĂ©gociĂ©s aprĂšs l’annonce de tarifs rĂ©ciproques le 2 avril, qui viseront les pays responsables, selon lui, de l’essentiel du dĂ©ficit commercial amĂ©ricain.

Le mĂȘme jour, Trump devrait Ă©galement mettre en place des droits de douane de 25% sur les voitures importĂ©es.

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CoopĂ©ration entre le gouvernement et le SEPHIRE pour booster l’investissement dans les mĂ©dicaments modernes en Tunisie

26. MĂ€rz 2025 um 12:36

Le ministre de la SantĂ© Mustapha Ferjani et la prĂ©sidente du Syndicat des Entreprises Pharmaceutiques pour la Recherche et la RĂ©novation (SEPHIRE), Najla ChĂ©rif Hamdi, ont examinĂ©, lors d’une rencontre mardi, les moyens de dĂ©velopper la coopĂ©ration et le partenariat avec les laboratoires scientifiques et de renforcer l’investissement dans le domaine des mĂ©dicaments innovants.

La rĂ©union a en effet, abordĂ© des questions ayant trait au renforcement de la recherche mĂ©dicale et l’accĂšs des patients aux mĂ©dicaments modernes et dĂ©veloppĂ©s.

Il s’agit encore d’amĂ©liorer les mĂ©canismes de travail dans le secteur des mĂ©dicaments et de rĂ©activer les procĂ©dures en vigueur, outre la facilitation et l’accĂ©lĂ©ration des mesures d’enregistrement de nouveaux mĂ©dicaments et de leur commercialisation, en mettant en valeur les opportunitĂ©s d’investissements et les solutions envisagĂ©es pour surmonter les difficultĂ©s rencontrĂ©es par les entreprises pharmaceutiques.

L’accent a Ă©tĂ© mis sur la crĂ©ation d’un mĂ©canisme de suivi permanent en collaboration avec le « SEPHIRE », pour suivre l’évolution de ce domaine et identifier les prioritĂ©s. L’objectif Ă©tant de rĂ©aliser des rĂ©sultats tangibles et de contribuer au dĂ©veloppement du secteur des mĂ©dicaments en Tunisie et de le rendre plus compĂ©titif.

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La sauterelle Ă  nos portes | Les enseignements du passĂ©

26. MĂ€rz 2025 um 09:01

De petits groupes de criquets pĂšlerins ont Ă©tĂ© rĂ©cemment aperçus dans le sud de la Tunisie, suite aux vents du sud ayant soufflĂ© sur la rĂ©gion, a fait savoir le ministĂšre de l’Agriculture dans un communiquĂ© publiĂ©  le 14 mars 2025, ajoutant que les opĂ©rations de surveillance et de suivi se poursuivent et que «la situation est sous contrĂŽle». Occasion pour parler de ce flĂ©au que notre pays connaĂźt depuis des millĂ©naires comme en tĂ©moigne la recherche historique, Ă©voquĂ©e ici par l’auteur.  

HĂ©di Fareh *

La sauterelle Ă©tait toujours considĂ©rĂ©e comme un flĂ©au Â«avorteur» et menaçant. Tous les pays tropicaux et subtropicaux en souffraient pĂ©riodiquement. Les vagues ravageant de sauterelles causĂšrent des pertes matĂ©rielles trĂšs importantes. Les sources grecques, latines et arabes nous ont laissĂ© une matiĂšre assez riche concernant le grand nombre d’invasions qui Ă©taient, le plus souvent, suivies de famines et d’épidĂ©mies dĂ©cimant les rĂ©gions envahies par les acridiens.

Les recherches actuelles ont montrĂ© que presque tout le continent africain, Ă  l’exception des parties centrales, boisĂ©es et humides, Ă©tait soumis aux invasions de la sauterelle. On en distinguait plusieurs espĂšces. Les acridiens migrateurs appartiennent Ă  la famille des OrthoptĂšres sauteurs, qui comprend les locustides (ou sauterelles) et les acrides (ou criquets). Parmi les locustides, on ne compte aucune espĂšce nuisible. Quant Ă  la famille des acrides, elle comprend deux types : les grands migrateurs et les petits migrateurs (Direction gĂ©nĂ©rale de l’Agriculture, «Les sauterelles», Revue Tunisienne, 1915, p. 155-190).

Les espĂšces dont les invasions Ă©taient Ă  redouter dans l’Afrique du Nord incarnaient le criquet pĂšlerin et le criquet marocain. Ce dernier type concernait surtout le Maroc et la partie occidentale de l’AlgĂ©rie. La Tunisie, elle, subissait surtout l’invasion du criquet pĂšlerin, qui concernait la plus grande partie de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe mĂ©ridionale, l’Italie en l’occurrence.

La vie larvaire et nymphale du criquet connaĂźt six pĂ©riodes. À partir de la 4e pĂ©riode, qui dure entre 7 et 8 jours, c’est-Ă -dire du 18e ou 20e jour au 26e ou 27e jours aprĂšs la naissance, les criquets montrent la plus grande activitĂ© et la plus grande voracitĂ© et forment les colonnes les plus redoutĂ©es dĂ©vastant tout sur leur passage. Pendant la 5e pĂ©riode, les criquets seront de plus en plus dangereux et ils forment des fois des colonnes de 4 et 5 Km de front sur 20 Ă  30 Km de profondeur, dĂ©vastant tout sur leur passage. Au cours de la 6e pĂ©riode, entre le 45e et le 50e jour, la mobilitĂ© et la voracitĂ© du criquet atteignent le maximum de dĂ©veloppement : les colonnes parcourent jusqu’à 2 Km par jour et causent des dĂ©gĂąts considĂ©rables.

Contrairement aux jeunes, les criquets plus ĂągĂ©s montrent une voracitĂ© extraordinaire puisqu’un criquet pourrait manger l’équivalent de son poids, soit deux grammes par jour. Les criquets dĂ©vorent l’herbe. Mais les arbustes et les arbres les plus Ă©levĂ©s n’en sont pas Ă©pargnĂ©s : les criquets ravagent les feuilles, l’écorce et les jeunes rameaux. Toutes les plantes cultivĂ©es, surtout les plus tendres d’entre elles, constituent une nourriture de prĂ©dilection pour le criquet.

Les témoignages historiques et archéologiques

Les contrĂ©es de l’Afrique du Nord Ă©taient sous la menace de nuages de sauterelles avant et pendant la pĂ©riode romaine ainsi que pendant les pĂ©riodes postĂ©rieures. L’apparition de la sauterelle est conditionnĂ©e par des phĂ©nomĂšnes climatiques, surtout la sĂ©cheresse. En effet, c’est celle-ci qui orientait les sauterelles vers les contrĂ©es qui se trouvaient au nord du Sahara. Les sources anciennes confirmĂšrent cette constatation (Strabon, GĂ©o., XVII, 3, 10).

Nos rĂ©fĂ©rences littĂ©raires sur la sauterelle en Afrique sont, en effet, trĂšs anciennes. Nous savons, par l’intermĂ©diaire d’HĂ©rodote (Histoire, Livre IV), que les Nasamons Ă©taient non seulement des chasseurs de sauterelles mais qu’ils Ă©taient aussi acridophages. C’étaient des acridiens sans ailes (?) que dĂ©voraient Ă  satiĂ©tĂ©, d’aprĂšs Discoride, les indigĂšnes de la rĂ©gion de Lepcis Magna (des Maces ?) mais qui n’étaient pas trĂšs loin des Nasamons.

En 125 avant J.-C., d’aprĂšs les sources, arrivaient des colonnes de sauterelles dont les ravages atteignaient l’extrĂȘme nord de l’«Africa Proconsularis». En effet, l’historien tardif d’Orose (385-420 aprĂšs J.-C.) nous prĂ©senta les deux citĂ©s d’Utique et de Carthage dĂ©vastĂ©es par les sauterelles (Orose, Historia contra pagano, V, II, 1-3).

Diodore de Sicile Ă©voqua des mĂ©thodes utilisĂ©es par les habitants de l’Afrique orientale pour chasser la sauterelle.  Pline l’Ancien (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, VIII, 104), en se rĂ©fĂ©rant Ă  Varron, nous informa que des Africains durent abandonner leur ville ou territoire aprĂšs une invasion acridienne. Il parla aussi de la nature de la sauterelle, de sa reproduction, de sa ponte, de ses nuĂ©es et de ses ravages ainsi que des mĂ©thodes de lutte contre elle (Pline l’Ancien, XI, 101).

Pour l’AntiquitĂ© tardive, SynĂ©sios de CyrĂšne (Lettres, XLI-XLII) Ă©voqua une invasion de sauterelle infestant la CyrĂ©naĂŻque en 411-412 ap. J.-C. La catastrophe cyrĂ©nĂ©enne pourrait toucher les provinces africaines eu Ă©gard Ă  la proximitĂ© gĂ©ographique des deux contrĂ©es.

Pour la pĂ©riode byzantine, le poĂšte africain Corippus (auteur d’un poĂšme, la Johannide, en huit chants et de 4700 vers) mentionna (Joh., II, 196- 203), plus d’une fois, le danger acridien et insista sur les effets des invasions de sauterelles sur l’homme et son milieu.

Il s’agit aussi de la sauterelle dans d’autres sources littĂ©raires que nous n’avons pas pu consulter. L’épigraphie nous informe sur la catastrophe acridienne. Nous avons inventoriĂ© au moins cinq textes Ă©pigraphiques, trouvĂ©s tous en Proconsulaire, qui tĂ©moignent de la gravitĂ© de cette calamitĂ© pendant l’époque romaine. Le premier texte, le plus ancien, qui datait de l’annĂ©e 48-49 aprĂšs J.-C., Ă©tait trouvĂ© Ă  Thugga. Il commĂ©morait la carriĂšre d’un curateur chargĂ© de lutter contre la sauterelle. RĂ©digĂ© dans la langue d’HomĂšre, le deuxiĂšme texte (une cĂ©lĂšbre inscription magico-religieuse trouvĂ©e dans la rĂ©gion de Bou Arada) avait pour but l’éloignement et la neutralisation (d’un domaine) de tous les avorteurs, y compris des essaims des criquets malfaisants.

Fig. 1 – DĂ©tail.
Fig.1.

Quant au troisiĂšme texte, il concerne une inscription (CIL, VIII, 3657), trouvĂ©e Ă  Lambaesis, qui commĂ©more le nom d’un certain Lucustaruis. Il s’agit probablement d’un prĂ©posĂ© chargĂ© – pas forcĂ©ment par l’État – d’organiser la «guerre» contre la sauterelle Ă  l’instar de ce curator lucustae de Thugga.

La sculpture romano-africaine nous fournit quelques monuments figurĂ©s oĂč la sauterelle est prĂ©sente ; elle avait une valeur sans doute prophylactique. En la sculptant sur les monuments, le sculpteur (ou le commanditaire), voulait neutraliser ses mĂ©faits nuisibles. Avec une valeur apotropaĂŻque, le mĂȘme insecte meuble le giron que forme la robe d’un Priape ithyphallique, d’AĂŻn Djeloula (l’ancienne Cululis) qui est aujourd’hui exposĂ© au musĂ©e archĂ©ologique de Sousse (fig. 1).

En Numidie, Ă  Thamugadi, il s’agit de cet insecte sur une stĂšle dĂ©diĂ©e Ă  Saturne : «en reprĂ©sentant une sauterelle sur cette pierre dĂ©diĂ©e Ă  Saturne, c’est le flĂ©au acridien dans toute son ampleur que veut neutraliser le dĂ©dicant». Il en est de mĂȘme pour la mosaĂŻque oĂč nous remarquons la prĂ©sence de plusieurs ravageurs : criquets, grives, reptiles


La sauterelle avorteuse des moissons 

Il est Ă©vident que la sauterelle, partout oĂč elle passait, semait l’horreur et la peur, car elle Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un ennemi fatal et inĂ©luctable pour toute sorte de rĂ©coltes.

En effet, la sauterelle dĂ©vorait tout ce qui se trouvait sur son passage, avec une prĂ©dilection pour les plantes vertes, tendres et dĂ©licates. De surcroĂźt, les criquets dĂ©voraient gĂ©nĂ©ralement l’herbe et notamment les petites graminĂ©es (gazon, cĂ©rĂ©ales
); mais ils grimpaient aussi aux arbustes et aux arbres les plus Ă©levĂ©s qu’ils dĂ©pouillaient de leurs feuilles, de leurs Ă©corces et de leurs jeunes rameaux. Ils dĂ©voraient Ă  peu prĂšs toutes les plantes cultivĂ©es, accordant la prĂ©fĂ©rence Ă  celles qui prĂ©sentaient des organes jeunes et tendres. Nous trouvons l’écho de ces lignes dans l’inscription de Bou Arada commentĂ©e plus haut.

Les ravages des sauterelles sont Ă©voquĂ©s par plusieurs sources littĂ©raires qui concernent l’Afrique du Nord, que ce soit pendant la pĂ©riode romaine ou les pĂ©riodes postĂ©rieures (A. Saadaoui, 1982, Les calamitĂ©s et les catastrophes naturelles dans le Maghreb mĂ©diĂ©val). Pour la pĂ©riode romaine, les textes des agronomes et des naturalistes Ă©taient assez prolixes. Pline l’Ancien, par exemple, nous informa que «certains Africains avaient dĂ» abandonner le territoire qu’ils occupaient aprĂšs les ravages des sauterelles». Plus tardif, Orose mit l’accent sur une invasion infestant, fort probablement, toute l’Afrique en 125 av. J.-C., atteignant mĂȘme les villes cĂŽtiĂšres, Carthage et Utique, entre autres. La description de Corippus des ravages des criquets nous paraĂźt trĂšs expressive montrant Ă  la fois les ravages nocifs de l’insecte, d’un cĂŽtĂ© et la peur des agriculteurs de perdre leurs rĂ©coltes face Ă  cette catastrophe, de l’autre : «le cƓur des paysans indĂ©cis tremble d’effroi : ils craignent que cet horrible flĂ©au n’anĂ©antisse les moissons, qu’il ne ravage les fruits dĂ©licats et les jardins verdoyants, ou ne blesse l’olivier en fleur aux tendres rameaux» (Joh., 196-203).

Les sources arabes parlent, elles aussi, de ravages acridiens infestant l’Ifriqiya. Ces donnĂ©es sont conformes Ă  celles que nous devons aux sources antiques. La sauterelle dĂ©vorait les cĂ©rĂ©ales, les vignobles et l’olivier, soit trois produits constituant le substrat de l’économie ancienne. En effet, en cas oĂč les ravages de sauterelles avorteraient la rĂ©colte cĂ©rĂ©aliĂšre, la famine ou, du moins, la disette en seraient une consĂ©quence immĂ©diate, non seulement en Afrique, mais aussi Ă  l’Urbs.

Habituellement, les sauterelles commencĂšrent leur conquĂȘte avec l’arrivĂ©e du printemps ou peu avant, c’est-Ă -dire vers une Ă©poque oĂč les agriculteurs attendraient la maturitĂ© de leurs rĂ©coltes (surtout les cĂ©rĂ©ales) ou pendant le bourgeonnement des plantes cultivĂ©es, surtout la vigne et l’olivier. L’arrivĂ©e des sauterelles augurait donc d’une catastrophe horrifiante.

Fig.2.
Fig.3.

L’iconographie nous offre quelques reprĂ©sentations de la sauterelle ravageant les rĂ©coltes. Il s’agit, entre autres, de quelques mosaĂŻques Ă  thĂšmes dionysiaques montrant le dieu, souvent avec son cortĂšge, au milieu d’un paysage dominĂ© par des vignes chargĂ©es par leurs grappes lourdes et par des amours vendangeurs (fig. n°2). Nous avons l’impression que les mosaĂŻstes voulaient nous dire que les vignes avaient conservĂ© leurs grappes trĂšs lourdes, dont parlĂšrent plusieurs sources (Strabon, XVII, 3, 5), malgrĂ© les menaces des ravageurs (criquets, grives, lapins, etc.).

Dionysos, dieu du vin et de la vigne, Ă©tait aussi, en Afrique, le dompteur et le vainqueur des ravageurs : il les neutralisa et les rendit incapables d’avorter la rĂ©colte viticole. Il nous semble aussi qu’à l’image d’Apollon en GrĂšce, Dionysos fut le dieu chargĂ© de dĂ©tourner la sauterelle en Afrique, pendant la domination romaine. En effet, cette hypothĂšse pourrait justifier cette reprĂ©sentation de la sauterelle avec le dieu Dionysos sur plusieurs tableaux de mosaĂŻques : il s’agit, par exemple, de cette mosaĂŻque ornant jadis les thermes de Bir el CaĂŻd, situĂ©s lĂ©gĂšrement au sud/sud-est de la Qasba de Sousse, oĂč nous voyons, sur un champ formĂ© d’un semis de branchages, divers personnages et animaux. En bas du champ, nous voyons, selon toujours L. Foucher, un jeune homme blond ailĂ©. L’auteur pense qu’on a affaire Ă  un Shadrapa qui s’est mis Ă  genoux pour mieux attraper une sauterelle (fig. n°3).

Une autre mosaïque, trouvée à Thysdrus et dite Grande mosaïque au SilÚne, nous présente SilÚne avec des amours vendangeurs, quelques volatiles et des sauterelles, au moins quatre dont une attaque une grappe de raisin (fig. n°4 a et b). Une autre mosaïque de Thysdrus (conservée au Musée du Bardo) illustre le triomphe de Dionysos dans un décor de vignes. Sur cette mosaïque, nous pouvons aisément voir, de par le dieu, le cortÚge et les amours, quelques ravageurs (sauterelles, grives, reptiles, lapins).

Fig.4.
Fig.5.

Les sauterelles répandaient famines et épidémies

Certes, l’homme saharien trouva dans la sauterelle un repas gratuit et abondant couvrant une pĂ©riode assez longue (aprĂšs sa prĂ©paration, la sauterelle peut ĂȘtre consommĂ©e mĂȘme aprĂšs six ou sept mois (HĂ©rodote, Histoire, Livre IV)). Mais, les criquets, avant d’ĂȘtre consommĂ©s, avaient dĂ©jĂ  tout dĂ©vorĂ© sur le passage. Devant une telle situation, les Romains n’hĂ©sitaient pas Ă  recourir aux livres sibyllins, par crainte de la famine (Pline l’Ancien, XI, 105).

En plus de la famine, les ravages acridiens contribuaient Ă  l’élĂ©vation des prix qui pourraient atteindre un stade trĂšs Ă©levĂ©. C’était la mĂȘme chose au Moyen Âge, oĂč les sources Ă©voquĂšrent les nuages de sauterelles et concomitamment la hausse des prix. Ce fut le cas, par exemple, en : 1136-1137, 1220-1221, 1280-1281, ainsi que dans plusieurs autres cas mais sans pouvoir fournir de prĂ©cisions chronologiques (Saadaoui, p. 78-79).

En fait, la famine et les disettes constituaient de vĂ©ritables causes de l’apparition et de l’expansion des Ă©pidĂ©mies et peut-ĂȘtre mĂȘme des Ă©pizooties susceptibles de transmettre la maladie Ă  l’Homme (la «peste» de 125 av. J.-C. par exemple?).

Somme toute, il est Ă©vident que les criquets constituent une catastrophe naturelle inĂ©luctable infestant Ă  la fois l’homme et son milieu. Ils engendrent des catastrophes d’ordres :

– naturel (dĂ©gradation de la couverture vĂ©gĂ©tale, aridification et dĂ©sertification);

– biologique (car la sauterelle ravageait la faune entourant l’homme, surtout le bĂ©tail et mĂȘme les animaux sauvages, puis l’homme lui-mĂȘme par la diffusion de la famine et des Ă©pidĂ©mies incurables dues Ă  la contagion ou Ă  la sous-alimentation);

– psychologique, d’oĂč cette apprĂ©hension de la famine, expressivement dĂ©clarĂ©e par Corippus (II, 198), et de la mort Ă  tel point que l’agriculteur prĂ©fĂ©rait parfois garder les semences chez soi que les ensevelir sous terre et les exposer pour une rĂ©colte non assurĂ©e. Pour cela, l’agriculteur se trouva obligĂ© de chercher ou d’inventer des moyens lui permettant de lutter contre une telle catastrophe.

Comment lutter contre les sauterelles ?  

HomĂšre nous enseigna sur la plus ancienne mĂ©thode utilisĂ©e pour combattre la sauterelle : combattre ces insectes avec des barriĂšres de feu (HomĂšre, Iliade, XXI, 12-14, t. IV, Chants XIX-XXIV). Il s’agit de la mĂȘme technique dĂ©crite par Diodore de Sicile et adoptĂ©e par les habitants de l’Afrique orientale (Diodore de Sicile, III, 29, 2-3). En CyrĂ©naĂŻque, un tel danger poussa les autoritĂ©s Ă  dĂ©crĂ©ter une loi ordonnant Ă  la population la destruction des Ɠufs de criquets, des sauterelles adultes et bannissant trĂšs sĂ©vĂšrement les contrevenants (Pline l’Ancien, XI, 105-106).

Selon Strabon (GĂ©ographie, 3, 4, 17), les Romains de Cantabrie devaient payer une prime aux chasseurs de rongeurs. La rĂ©action officielle est visible aussi Ă  travers l’affectation de prĂ©posĂ©s chargĂ©s de diriger des opĂ©rations contre ce flĂ©au qui attaquait la rĂ©gion surtout pendant le printemps. Ce fut le cas dans l’ancien territoire de Carthage, Ă  Dougga oĂč un tel danger incita les autoritĂ©s de la ville Ă  nommer un cur(ator) lucustae (curateur de la sauterelle) sur la pertica de Carthage en 48-49 de l’ùre chrĂ©tienne.

À peu prĂšs 19 siĂšcles plus tard, nous remarquons la mĂȘme rĂ©action de l’État Ă  cette mĂȘme catastrophe. En fait, les mĂȘmes causes produisant les mĂȘmes effets, au printemps de 1932, les autoritĂ©s dĂ©cidĂšrent la constitution d’un comitĂ© local de lutte Ă  GabĂšs pour arrĂȘter une invasion acridienne menaçant de dĂ©truire l’oasis.

D’autre part, l’onomastique nous autorise Ă  dire qu’il y avait des prĂ©posĂ©s chargĂ©s de la lutte contre la sauterelle, Ă©parpillĂ©s et rĂ©pandus çà et lĂ  dans les rĂ©gions menacĂ©es. Par exemple, le surnom de Lucustarius, attestĂ© Ă  LambĂšse, pourrait se rapporter Ă  quelqu’un qui aurait luttĂ© contre les sauterelles.

Entre autres solutions adoptĂ©es par les Anciens pour lutter contre le flĂ©au acridien convient-il de mentionner la magie ? En effet les propriĂ©taires ou les colons avaient recours Ă  cette pratique pour protĂ©ger leurs champs et surtout pour garantir et sauver leurs moissons et les protĂ©ger des sauterelles et de toute autre catastrophe. N’était-ce pas le cas Ă  Bou Arada oĂč, pour neutraliser le danger acridien, on a dĂ» demander la protection magico-divine de neuf dieux; c’était aussi le cas de Furnos oĂč les tablettes de bronze mentionnent clairement la sauterelle.

Quoi qu’il en soit, la sauterelle constituait, hier comme aujourd’hui, une catastrophe nĂ©cessitant une intervention officielle. Cette catastrophe s’aggrave encore quand elle s’accompagne d’une famine ou d’une Ă©pidĂ©mie.

* Professeur à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse.

Bibliographie :

J. Desanges, 2006, «TĂ©moignages antiques sur le flĂ©au acridien», in J. Jouanna, J. Leclant et M. Zink ed., L’Homme face aux calamitĂ©s naturelles dans l’AntiquitĂ© et au Moyen Age, Paris, p., 224.

H. Fareh, 2017, Catastrophes naturelles, famines et Ă©pidĂ©mies en Afrique du Nord antique (146 avant J.-C. – 698 aprĂšs J.-C.). ThĂšse de doctorat inĂ©dite, FLSH de Sousse.

H. Fareh, 2021 «Maux et flĂ©aux en ByzacĂšne (146 av. J.-C. /698 ap. J.-C.)». In : A. Mrabet (Ă©d.), 2021, Byzacium, ByzacĂšne, Muzaq : Occupation du sol, peuplement et modes de vie. Actes du VIe colloque international du Laboratoire de Recherche : «Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et mĂ©diĂ©val», p. 397-423.

N. Ferchiou et A. Gabillon, 1985, «Une inscription grecque magique de la rĂ©gion de Bou Arada (Tunisie), ou les 4 plaies de l’agriculture antique en Proconsulaire», dans BCTHS, ns. Fasc. 19B, p.109-125.

LĂ©gende des figures :

Fig. 1. Priape ithyphallique (Musée de Sousse, cliché H. Fareh).

Fig. 2. La sauterelle de Thysdrus, mosaïque conservée in situ (cliché H. Fareh).

Fig. 3.Un jeune gĂ©nie ailĂ© essayant d’attraper une sauterelle (MusĂ©e de Sousse, clichĂ© H. Fareh).

Fig. 4 a et b. Mosaïque dionysiaque (Eljem) avec la représentation de la sauterelle (cliché H. Fareh).

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La Tunisie se lance dans la production de médicaments biologiques

24. MĂ€rz 2025 um 17:03
La Tunisie se lance dans la production de médicaments biologiques

La Tunisie se prépare à lancer la production de médicaments biologiques, une avancée majeure pour son secteur pharmaceutique. Grùce à un accord entre le ministÚre de la Santé et les industriels du domaine, ce projet vise à réduire la dépendance aux importations et à rendre ces traitements innovants plus accessibles. Toutefois, la fabrication de ces [
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