Loi de finances 2026 : crédits, exonérations et exportations au cœur de la stratégie agricole
A l’approche de la fin de l’année 2025 et le début d’un nouvel exercice, la Tunisie œuvre à garantir la pérennité du secteur oléicole qui enregistre une production record, ainsi que les grandes cultures nécessitant des équipements et des ressources financières au profit des agriculteurs.
Ce secteur vital de l’économie nationale nécessite d’une part des lois incitatives et d’autre part un suivi et des recommandations, notamment, pour ce qui est du dossier de l’huile d’olive dont la production a augmenté impactant ainsi les prix, réduisant la marge de bénéfice et causant un mécontentement auprès des agriculteurs.
Des mesures qui nécessitent une mise en œuvre rapide
Les agriculteurs et pêcheurs attendent l’entrée en vigueur d’un ensemble de mesures incitatives adoptées dans le cadre de la loi des finances pour l’exercice 2026 et qui visent à protéger les petits agriculteurs et pêcheurs directement.
Ces articles portent sur la valorisation des produits nationaux stratégiques tels que l’huile d’olive et les pommes de terre à travers des mesures d’appui financier direct, de réduction du coût fiscal et d’incitation de l’exportation, et ce, afin de créer un équilibre entre l’intérêt du producteur, le pouvoir d’achat du consommateur et le renforcement de la souveraineté alimentaire.
En effet, l’Etat a décidé de créer une ligne de financement de 10 millions de dinars au profit des petits agriculteurs pour octroyer des crédits saisonniers à des conditions avantageuses pour la campagne agricole 2025/2026.
La gestion de cette ligne de financement est confiée à la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), en vertu d’une convention qui sera conclue avec le ministère des Finances. Les agriculteurs bénéficieront aussi, dans le cadre de l’article 28 de la loi de finances 2026, de la différence entre le taux appliquée sur les crédits et les financements d’investissement et le Taux moyen du Marché Monétaire (TMM) crédits et financements accordés par les banques et les institutions financières aux Micro, petites et moyennes entreprises (MPME) du secteur agricole et les autres secteurs productifs, à l’exception des secteurs commercial, financier, de promotion immobilière, des hydrocarbures et des mines.
Ces incitations interviennent alors que la Tunisie vise à exporter près de 40 mille tonnes d’huile d’olive emballés au cours de la saison 2024/205 vers plus de 60 destinations.
Afin de régler la problématique du financement, la loi de finances 2026 a prévu l’exonération des contrats de prêts accordés aux petits agriculteurs et petits pécheurs maritimes des droits d’enregistrement (article 30).
Les décisions concernent également la pomme de terre qui sera aussi exonérée de la taxe sur les légumes et fruits perçue au profit du Fonds de Développement de la Compétitivité du Secteur Agricole et de la Pêche, ainsi que de la taxe au profit du Fonds d’Indemnisation des Dommages Agricoles dus aux Calamités Naturelles.
Programmes de financement direct et recommandations
Ces législations coïncident avec des efforts continus visant à soutenir les petits agriculteurs, à travers des programmes de financement direct.
La BTS a approuvé, lors de la saison céréalière 2025-2026,des financements d’un montant de près de 6,5 millions de dinars(MD), pour environ 450 dossiers d’achat d’outils de production.
Ces mesures successives interviennent à un moment où le président de la République, Kais Saïed, ne cesse de souligner l’importance capitale du secteur agricole en tant que pilier principal pour garantir la souveraineté alimentaire du pays, et appelle à la simplification des procédures, ainsi qu’à la protection des agriculteurs contre les pratiques de monopole.
Dans le même contexte, le Chef de l’Etat a mis l’accent, lors de sa rencontre tenue lundi, au palais de Carthage, avec la cheffe du Gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri, et le ministre de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Ezzedine Ben Cheikh, sur la nécessité d’aplanir les difficultés rencontrées par les petits agriculteurs, s‘agissant notamment, du pressage, du stockage et de la commercialisation d’olive. Le président de la République a dans ce cadre appelé les différentes parties prenantes dans le secteur oléicole à conjuguer leurs efforts en vue de tirer meilleur bénéfice de la récolte oléicole record de cette année, selon un communiqué publié par la présidence de la République.
Il a, dans ce contexte, recommandé d’identifier de nouvelles mesures, de mettre en place des lignes de financement avantageuses et d’œuvrer à dénicher de nouveaux marchés pour l’exportation de l’huile d’olive tunisienne, recommandant à ce propos de fixer un prix de référence qui soit en mesure de permettre aux agriculteurs de bénéficier de leurs pleins droits.
Par ailleurs, le président de la République a donné ses instructions en vue de mettre à la disposition des agriculteurs dans les différentes régions du pays les variétés de semences locales ainsi que les engrais nécessaires.
Tout en insistant sur l’impératif d’atteindre la sécurité alimentaire totale, partie intégrante de la sécurité nationale du pays, le président Saïed a conclu que la sécurité et l’invulnérabilité du pays tout comme la pérennité des institutions doivent prévaloir sur toute autre considération.
L’agriculture en Tunisie est considérée comme un secteur essential, contribuant à hauteur de 12 % au produit intérieur brut (PIB) du pays et employant environ 13,4 % de la main-d’œuvre.
Cependant, ce secteur fait face à des défis structurels tels que la faiblesse des ressources hydrauliques et les impacts du changement climatique.
Les principales activités de l’agriculture se concentrent sur les grandes cultures, les légumes et les arbres fruitiers, avec une importance particulière pour la culture de l’olivier, laquelle occupe une grande partie des terres agricoles.
Les autorités tunisiennes s’efforcent d’adopter une stratégie agricole nationale globale qui inclut une planification sur le long terme pour faire face au changement climatique et à la rareté de l’eau.
Parallèlement, d’autres plans sont mis en œuvre lesquels sont axés sur l’octroi de financements à des conditions favorables avec de faibles taux d’intérêt pour les agriculteurs.
Il s’agit, également, de garantir des prix équitables pour les produits afin d’encourager les agriculteurs à poursuivre la production tout en insistant sur la promotion de cultures durables qui consomment moins d’eau, l’amélioration des conditions des agriculteurs.
Lors des séances tenues avec les députés à l’occasion de la discussion du budget de son département, le ministre de l’agriculture Ezzeddine Ben Cheikh, avait souligné que l’objectif recherché est de soutenir l’agriculteur et en particulier les jeunes par le financement et le conseil.
Le budget du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche pour l’année 2026 a enregistré une hausse de 5 % par rapport à celui de l’année 2025 pour atteindre 2400 millions de dinars(MD).
Une enveloppe de 1590 MD a été allouée pour les dépenses de développement à hauteur de 1590 millions de dinars. Ce montant est reparti en 863 MD pour financer les dépenses de développement et 726 MD pour financer les dépenses des projets d’investissement.
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