La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, s’est rendue discrètement à Tunis jeudi 31 juillet 2025. Selon l’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères Ahmed Ounaies, cette visite express s’inscrit dans une dynamique de consultations européennes en amont de décisions cruciales sur la migration et la Palestine.
Invitée surprise du jeudi 31 juillet à Tunis, Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien, aurait porté des messages européens sensibles.
Meloni, intermédiaire européen
D’après Ahmed Ounaies, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères, cette visite « semble inopinée, mais a été planifiée dans le cadre de consultations diplomatiques non annoncées ».
Interviewé sur Jawhara FM vendredi 1er août, il a expliqué que Rome agit ici comme un intermédiaire européen, notamment sur les dossiers migratoires et la reconnaissance d’un État palestinien.
Le rôle clé de la Tunisie
Pour Ahmed Ounaies, cette démarche est stratégique : « L’Europe veut réguler légalement le flux de main-d’œuvre nord-africaine. Il y a un besoin urgent de travailleurs, et une volonté de les former en Italie avant de les intégrer au marché européen ». La Tunisie jouerait donc un rôle clé dans ce dispositif.
Concernant la Palestine, il affirme : « Les développements actuels sont graves. L’Europe a chargé Giorgia Meloni de consulter, d’adoucir les positions et de désamorcer les tensions. La reconnaissance de l’État de Palestine serait une réponse politique majeure face à l’opération israélienne à Gaza. »
Cette visite intervient alors que plusieurs pays européens, dont la France, le Royaume-Uni et le Portugal, envisagent de reconnaître l’État palestinien à l’ONU en septembre. Dans le même temps, la pression migratoire et les besoins démographiques des pays du Sud de l’Europe poussent à une nouvelle stratégie de coopération avec l’Afrique du Nord, centrée sur la main-d’œuvre légale et formée.
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni s’est rendue ce jeudi 31 juillet 2025 à Tunis, où elle a été reçue par le président Kaïs Saïed.
Selon un communiqué officiel de la présidence du Conseil italien, cette mission s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations tuniso-italiennes, avec un accent particulier sur la mise en œuvre du Plan Mattei pour l’Afrique, les enjeux migratoires et la coopération énergétique.
Coopération au développement : eau, agriculture et formation au cœur des échanges
La rencontre a permis de faire le point sur l’état d’avancement des projets conjoints lancés dans le sillage de la déclaration de coopération signée en janvier dernier. Un accent particulier a été mis sur le projet TANIT, qui vise à réutiliser les eaux usées dans l’agriculture, ainsi que sur la création prochaine d’un centre régional de formation agricole.
Ces initiatives témoignent de la volonté commune d’inscrire la coopération dans une approche durable et inclusive, notamment dans les secteurs sensibles de l’eau et de la sécurité alimentaire.
Migration : convergence sur la lutte contre les réseaux de traite
Meloni et Saïed ont également abordé la question migratoire, réaffirmant leur engagement à lutter contre les réseaux criminels de traite des êtres humains, tout en encourageant les voies légales de migration, en lien avec le Processus de Rome.
Cette convergence de vues conforte le rôle de la Tunisie comme partenaire clé dans la gestion des flux migratoires en Méditerranée centrale.
Énergie : Elmed, pilier stratégique du lien Afrique-Europe
La coopération énergétique a été un autre axe majeur des discussions. La Première ministre italienne a souligné l’importance stratégique du projet ELMED, une ligne électrique devant relier la Tunisie à l’Italie, et par extension à l’Europe.
Rome voit en Tunis un hub régional pour l’énergie renouvelable, en capacité d’acheminer l’énergie verte produite en Afrique vers le marché européen. Le projet mobilise également des investissements privés italiens dans les infrastructures tunisiennes.
Retour sur la visite d’avril 2024
La précédente visite de Giorgia Meloni à Tunis remonte à avril 2024, accompagnée de trois membres de son gouvernement : le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi, la ministre des Universités Anna Maria Bernini, et le vice-ministre des Affaires étrangères Edmondo Cirielli.
À l’issue de son entretien avec le président Saïed, Meloni avait réaffirmé que la Tunisie constitue l’une des « principales priorités stratégiques » de l’Italie. Trois accords avaient alors été signés dans le cadre du Plan Mattei :
Un appui budgétaire direct de 50 millions d’euros pour la transition énergétique ;
Une ligne de crédit de 55 millions d’euros pour soutenir les PME tunisiennes ;
Un protocole d’accord universitaire entre les ministères de la Recherche des deux pays.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a réaffirmé mardi, lors d’un entretien téléphonique avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, la nécessité urgente de mettre fin aux « hostilités » dans la bande de Gaza afin de mettre un terme à la crise humanitaire qui dure depuis près de deux ans. Selon un communiqué […]
La récente visite surprise de la présidente du conseil Italien Giorgia Meloni à Tunis a été vivement critiquée en Tunisie, en ce qui concerne surtout le volet de la lutte contre la migration illégale. Ces critiques ont fusé sur les réseaux sociaux qui expriment davantage l’opinion publique en Tunisie que les médias traditionnels. Est-ce pour rééquilibrer la couverture de cette visite que l’agence officielle italienne Ansa a consacré un article plus positif à cette visite, avec la langue de bois habituellement liée à un tel exercice. L’agence a réussi aussi la prouesse d’éviter le sujet qui fâche : la gestion de la migration illégale, qui est pourtant le sujet numéro un pour Mme Meloni lors de ses visites en Tunisie. Nous traduisons cet article ci-dessous ?
La croissance des échanges commerciaux, les investissements ciblés et la coopération à plusieurs niveaux laissent entrevoir un avenir prometteur entre Rome et Tunis.
Quelques jours après la visite du Premier ministre Giorgia Meloni en Tunisie, le climat de coopération entre Rome et Tunis se renforce sur des bases économiques de plus en plus solides, ouvrant des perspectives de développement conjoint dans des domaines clés tels que le commerce, l’énergie, la formation professionnelle et l’investissement industriel.
Anis Basti, directeur du bureau du Centre de promotion des exportations (Cepex) à Milan, s’est confié à l’agence de presse Tap. Il a déclaré qu’entre janvier et mai 2025, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 10,45 milliards de dinars (3,16 milliards d’euros), avec un solde positif pour la Tunisie : les exportations tunisiennes vers l’Italie ont atteint 5,57 milliards (1,68 milliard d’euros), contre 4,87 milliards (1,47 milliard d’euros) pour les importations, et le taux de couverture des importations a dépassé 115 %, confirmant la compétitivité des produits tunisiens sur le marché italien.
Les principales exportations tunisiennes comprennent les composants pour les industries mécaniques et électriques (36,5 %), le textile (21,2 %), les plastiques, les produits chimiques, la céramique et l’ameublement (19,1 %), ainsi que les chaussures, le cuir et les spécialités agroalimentaires (11,7 %). La Tunisie importe principalement d’Italie des matières premières et des biens d’équipement, notamment des dérivés du pétrole, des machines agricoles, du textile et du cuir, essentiels au système productif tunisien. Le partenariat économique se renforce également en termes d’investissement.
Selon l’ambassade d’Italie à Tunis, l’Italie est le deuxième investisseur étranger en Tunisie, avec une part de 16 % des capitaux étrangers. Le pays abrite environ 1 000 entreprises italiennes opérant dans divers secteurs, employant plus de 83 000 personnes. Pour soutenir cette tendance, la Confédération des entreprises citoyennes tunisiennes (Conect) a annoncé une mission commerciale en Italie lors de la Foire internationale de Rimini en octobre. Un forum d’investissement est également prévu en Tunisie, co-organisé avec l’association des entreprises italiennes, pour renforcer la coopération industrielle et ouvrir de nouveaux horizons dans le contexte euro-méditerranéen.
Le renforcement du système de formation technique tunisien, dans le cadre du Plan Mattei, constitue également un pilier essentiel de la coopération.
Le 21 juin, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) et l’Agence italienne de coopération au développement (AICS) ont signé un accord de 6,5 millions d’euros pour le lancement du projet triennal «Tunisie professionnelle», entièrement financé par l’Italie.
L’objectif est d’améliorer l’employabilité des jeunes Tunisiens et de lutter contre la migration irrégulière grâce à un système de formation plus moderne et inclusif, répondant aux besoins du marché du travail. L’ambassadeur d’Italie à Tunis a souligné l’intégration de cette initiative dans le Plan Mattei pour l’Afrique et la Vision Tunisie 2035, qui soutient la migration circulaire régulée et le développement humain durable.