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Pollution à Gabès : Comment expliquer les décisions contradictoires sur les usines chimiques ?

18. November 2025 um 10:00

Les habitants de Gabès ont crée, le 21 octobre 2025, l’évènement en manifestant en nombre impressionnant pour revendiquer le démantèlement des industries chimiques jouxtant la ville. Quelque 100 mille manifestants, les deux tiers des habitants de la ville sont descendus dans la rue pour crier haut et fort qu’ils ont ras le bol de la pollution qu’ils ont subie, un demi-siècle durant, par l’effet des rejets du phosphogypse dans la mer et l’émission de gaz toxiques.

Cette forte mobilisation a pour cause, entre autres,  la perte de confiance des gabésiens dans l’administration centrale du pays  Les gabésions ont le fort sentiment d’avoir été, constamment, trahi.

La plus grave trahison remonte à 2017. L’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed, alors en pleine campagne pour l’élection présidentielle, s’était engagé à mettre en œuvre un vaste programme pour résoudre les problèmes de pollution engendrés de longue date par le complexe chimique de Tunisie (CCT).

Environ 100 000 habitants, soit les deux tiers de la ville, ont manifesté pour réclamer la fin des activités des unités chimiques qui les polluent depuis un demi-siècle.

 

Dans le détail, ce programme se propose de « démanteler progressivement les six unités de production » existantes et de les remplacer « par une nouvelle zone industrielle conforme aux standards internationaux en matière d’environnement ».

D’un montant « record » fixé à l’époque à 3,2 milliards de dinars (1,1 milliard d’euros), ce projet, qui bénéficiera d’une aide internationale, prévoit le remplacement de deux unités de production à un rythme bi-annuel, ce qui « permettra une réduction progressive des rejets en mer ».

Huit ans après cet engagement, rien n’a été fait. Un projet resté lettre morte.

L’administration centrale a trop menti aux gabésiens

La deuxième trahison remonte au mois de mars 2025. Au cours de ce mois,  l’ancien chef du gouvernement, Kamel Maddouri, a pris deux malheureuses décisions qui ont exaspéré les gabésiens.

La première décision a été prise,  le 5 mars 2025, par un conseil des ministres. Ce conseil a adopté un programme prévoyant l’augmentation de la production annuelle de phosphate  à 14 millions de tonnes d’ici à 2030.

Au fil des années, les Gabésiens estiment avoir accumulé les désillusions et les promesses non tenues de l’administration centrale.

 

La deuxième a été prise trois jours après le 8 mars 2025.  En vertu de cette décision, le phosphogypse est retiré de la liste des déchets dangereux et de le classer comme matériau réutilisable.

Comprendre : pour les gabésiens,  avec ces deux décisions le gouvernement a non seulement tiré un trait sur ses engagements pris en 2017 mais a décidé d’aller de l’avant sur la voie de la dégradation de l’environnement dans la ville de Gabès.

Conséquence : depuis le mois de mars 2025,  les gabésiens  n’attendaient qu’une étincelle pour faire exploser leur colère. Le moment leur a été donné avec la multiplication des fréquences des fuites d’émissions de gaz, durant les mois de septembre et octobre 2025. Excédés, les gabésiens ont explosé pour une cause noble : leur droit à la vie et à un environnement sain.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes, ont répondu à l’appel du collectif « Stop Pollution », avec pour mot d’ordre « Le peuple veut le démantèlement des unités » du Groupe chimique tunisien (CGT). Ce qui en fait une des plus grandes manifestations de l’histoire du pays. Le même jour (le 21 octobre), l’appel à la grève générale lancé par la centrale syndicale UGTT a été massivement suivi et transformé Gabès en «ville morte».

La décision de retirer le phosphogypse de la liste des déchets dangereux a été perçue comme un reniement total des engagements pris envers les Gabésiens.

 

Abstraction faite sur ces éléments d’éclairage sur un angle spécifique du problème, nous ne pouvons pas nous interdire de nous poser cette question : comment expliquer que deux chefs de gouvernement, Youssef Chahed, et Kamel Maddouri, ont pu  prendre, l’espace d’une période aussi courte(7ans) deux graves décisions contradictoires : démantèlement des usines et relance de la production polluante.

En principe, les deux chefs du gouvernement n’ont pu prendre de telles décisions que sur la base de rapports fournis par les experts et hauts cadres d’un même département,  celui des mines. Plus simplement encore, les deux décisions ont été instruites par des rapports élaborés par les mêmes experts. Entendre par là : il y a là un grave problème d’incohérence et de disfonctionnement au sein du ministère de l’industrie, de l’énergie et des mines. A méditer.

ABOU SARRA

EN BREF

  • Le 21 octobre 2025, près de 100 000 habitants de Gabès ont manifesté contre la pollution industrielle.
  • Les promesses de 2017 visant au démantèlement des unités polluantes n’ont jamais été mises en œuvre.
  • En mars 2025, deux décisions gouvernementales ont relancé la production et reclassé le phosphogypse, déclenchant une indignation générale.
  • Les fuites toxiques de l’automne ont déclenché l’explosion de colère.
  • Ces contradictions politiques révèlent un dysfonctionnement au sein du ministère des Mines.

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