Pourquoi Donald Trump fait-il de l’Unesco sa tête de turc?
Poursuivant dans sa logique de rupture avec les institutions internationales, Donald Trump a décidé mardi de retirer son pays de l’Unesco. Une décision motivée surtout par des raisons idéologiques dont le soutien aveugle à l’Etat hébreu.
Que faut-il s’attendre d’un homme qui brille par son inculture et sa crasse ignorance; mais qui, paradoxalement, se trouve à la tête de la première puissance économique, militaire, politique et culturelle de la planète? Suivre l’exemple, toutes proportions gardées, de Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande du régime nazi. Celui-ci menaçait « de sortir son arme quand il entendait le mot culture ». Et ce, en retirant son pays de l’Unesco, organisation onusienne pour l’éducation, la science et la culture, deux ans après l’avoir réintégrée.
Et pour quels motifs? Pour l’agenda « woke de l’agence onusienne, mais surtout ses penchants « anti-américains » et « anti-israéliens ». Voilà le fond du problème!
La bête noire des républicains
En effet, après avoir déjà quitté l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’être mis à l’écart de l’Accord de Paris sur le climat et claqué la porte à plusieurs instances de l’Organisation des Nations Unies (ONU) comme le Conseil des droits de l’homme, le 47e président des Etats-Unis a officiellement annoncé mardi 22 juillet le retrait des États-Unis de l’organisation onusienne qu’ils avaient déjà quittée fin 2018 sous prétexte de « gestion dispendieuse »; mais aussi déjà de faire preuve d’un biais anti-israélien, avant d’y revenir en juin 2023.
C’est la troisième fois que les États-Unis se retirent de l’Unesco, dont le siège est à Paris, et la deuxième fois sous l’ère Trump.
En effet, les États-Unis se sont retirés de l’ONU pour la première fois en 1983, sous la présidence de Ronald Reagan. Ce dernier déclarait à l’époque que l’organisation « avait politisé pratiquement tous les sujets dont elle s’occupait », l’accusant également de favoriser les intérêts soviétiques. La première puissance mondiale a réintégré l’organisation en 2003, sous l’impulsion de George W. Bush.
En 2017, l’administration Trump a annoncé le deuxième retrait du pays en raison de préoccupations similaires concernant le supposé parti pris anti-israélien, qui a pris effet un an plus tard. Les États-Unis et Israël avaient déjà cessé de financer l’Unesco après que celle-ci eut voté l’inclusion de la Palestine en tant qu’État membre en 2011.
Punition
Cherchant à justifier la décision présidentielle, la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce a déclaré dans un communiqué que « la poursuite de la participation des États-Unis à l’Unesco n’est pas dans l’intérêt national », estimant que l’agence fait preuve de parti pris contre Israël et promeut des causes « clivantes ».
« L’Unesco s’emploie à promouvoir des causes sociales et culturelles clivantes » et défend « une feuille de route idéologique et mondialiste pour le développement international, en contradiction avec notre politique étrangère « America First » (l’Amérique d’abord) », a-t-elle argumenté dans un communiqué.
« La décision de l’Unesco d’admettre l’État de Palestine comme État membre est hautement problématique, contraire à la politique des États-Unis, et a contribué à la prolifération de discours hostiles à Israël au sein de l’organisation », a ajouté Tammy Bruce en précisant que le retrait américain prendra effet le 31 décembre 2026.
« Si regrettable qu’elle soit, cette annonce était attendue et l’Unesco s’y est préparée », a d’emblée réagi la directrice générale Audrey Azoulay dans un communiqué. Elle a confirmé que l’organisation a diversifié ses sources de financement, la contribution américaine ne représentant plus que 8 % du budget total.
« Soutien indéfectible à l’Unesco, protecteur universel de la science, de l’océan, de l’éducation, de la culture et du patrimoine mondial », a écrit le président français sur le réseau X. Ajoutant que « le retrait des États-Unis ne fera pas faiblir notre engagement aux côtés de celles et ceux qui portent ce combat ».
Sans surprise, le ministre israélien des Affaires étrangères a salué la décision des États-Unis, les remerciant pour leur « soutien moral ».
« Il s’agit d’une mesure nécessaire, destinée à promouvoir la justice et le droit d’Israël à un traitement équitable au sein du système des Nations unies. Un droit qui a souvent été bafoué en raison de la politisation de cette instance », a déclaré Gideon Saar sur X.
Rappelons enfin que ce départ « si regrettable », n’est pas sans conséquences surtout sur le plan financier. Car premiers contributeurs de l’organisation onusienne, les Etats-Unis lui allouaient chaque année 75 millions de dollars soit environ 8 % de son budget de 900 millions de dollars.
Mais, faisant preuve de prudence et anticipant le retrait américain, la DG de l’Unesco a pris l’initiative d’économiser la contribution américaine de l’année 2025 et de réduire les programmes pour éviter un défaut de paiement. D’ailleurs, aucun licenciement n’est prévu sur le millier d’agents que compte l’organisation.
L’arroseur arrosé
En attendant, la Chine est devenue un financeur beaucoup plus important, si ce n’est le premier de l’Unesco. En d’autres termes, chaque fois que les États-Unis claquent la porte au nez des institutions internationales à l’instar de l’OMS, de l’accord de Paris sur le climat ou le Conseil des droits de l’homme, ils laissent la place à leurs rivaux géopolitiques. Faux calculs doublés d’une troublante cécité politique.
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