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Gestern — 09. November 2024Haupt-Feeds

La République islamique d’Iran face à l’ouragan Trump

09. November 2024 um 11:46

C’est la séquence géopolitique la plus attendue du nouveau mandat de Donald Trump et la question qui taraude partout dans le monde: Que va-t-il se passer avec la République islamique d’Iran après le retour au pouvoir du président républicain, qui avait ordonné, début janvier 2020, l’assassinat de Qassem Soleimani, le chef des Forces Al-Quds, unité d’élite des Gardiens de la révolution, et architecte de l’influence iranienne au Moyen-Orient ? Il a aussi accusé l’Iran de vouloir l’assassiner après les deux tentatives ratées durant la campagne électorale qui vient de s’achever. En même temps, l’ennemi irréductible de l’Iran, Benjamin Netanyahu, a l’oreille de son ami américain. Qu’en sera-t-il donc pour l’Iran?

Imed Bahri

Le Wall Street Journal a publié une étude préparée par Warren Strobel, Benoit Faucon et Lara Seligman dans laquelle ils affirment que le président récemment élu prévoit d’augmenter considérablement les sanctions contre l’Iran et d’étouffer ses ventes de pétrole dans le cadre d’une stratégie agressive visant à saper le soutien de Téhéran à ses groupes mandataires considérés violents au Moyen-Orient et à son programme nucléaire, selon des personnes proches. 

Le journal américain a indiqué que Trump avait adopté une ligne dure à l’égard de l’Iran au cours de son premier mandat en faisant avorter un accord entre six pays avec Téhéran -connu sous le nom de Plan d’action global commun- qui visait à limiter le développement du programme nucléaire de l’Ira. Il a également imposé ce qui a été décrit comme une stratégie de pression maximale dans l’espoir que l’Iran abandonnera ses ambitions d’obtenir l’arme nucléaire, cessera de financer et de former ce que les États-Unis considèrent comme des groupes terroristes et améliorera son bilan en matière de droits de l’homme.

Mais lorsqu’il prendra ses fonctions, le 20 janvier, l’approche de Trump à l’égard de l’Iran sera probablement influencée par le fait que des agents de la République islamique ont tenté de l’assassiner, lui et ses anciens conseillers à la sécurité nationale, après qu’ils aient quitté leurs fonctions, ont déclaré d’anciens responsables de l’administration Trump. L’Iran chercherait à se venger d’une frappe de drone américaine en 2020 qui a tué Qasem Soleimani, le chef des opérations paramilitaires secrètes iraniennes.

L’Iran dans une position de faiblesse

Mick Mulroy, un haut responsable du Pentagone au Moyen-Orient lors du premier mandat de Trump, a déclaré que «les gens ont tendance à prendre ces choses personnellement. S’il veut adopter une ligne dure à l’égard d’un pays en particulier ou d’un adversaire majeur spécifique, c’est bien l’Iran»

Des personnes proches des projets de Trump et en contact avec ses principaux conseillers ont déclaré que la nouvelle équipe agirait rapidement pour tenter d’étouffer les revenus pétroliers iraniens notamment en s’en prenant aux ports étrangers et aux négociants qui traitent du pétrole iranien. Cela recréerait la stratégie adoptée par le président élu lors de son premier mandat avec des résultats mitigés.

Un ancien responsable de la Maison-Blanche a déclaré: «Je pense que vous verrez les sanctions revenir, vous le verrez tenter d’isoler davantage l’Iran, diplomatiquement et financièrement. Je pense que l’on a l’impression que l’Iran est définitivement dans une position de faiblesse à l’heure actuelle et qu’il [Trump] a maintenant l’occasion d’exploiter cette faiblesse.»

Les responsables familiers avec le plan de Trump n’ont pas fourni des détails sur la manière spécifique d’augmenter la pression sur l’Iran.

Le WSJ a aussi indiqué qu’au cours des derniers mois, Israël a tué des dirigeants de groupes mandataires pro-iraniens à Gaza et au Liban et causé des dommages importants à la structure de direction de groupes tels que le Hezbollah et le Hamas. Il a également lancé des frappes contre l’Iran, en réponse à la salve de missiles iraniens ayant frappé Israël, qui a infligé de graves dommages aux capacités de Téhéran à produire des missiles et des défenses aériennes.

L’Iran s’est engagé à répondre à l’attaque israélienne du 26 octobre mais il n’est pas clair si la victoire électorale de Trump cette semaine modifiera les calculs de Téhéran ou son timing.

Trump cherchera à affaiblir davantage l’Iran

Brian Hook, qui a supervisé la politique iranienne au Département d’État pendant le premier mandat de Trump et est maintenant le responsable du département en charge de la transition vers l’administration Trump, a déclaré jeudi que le président élu n’avait aucun intérêt à chercher à renverser les dirigeants iraniens.

Toutefois, dans une interview accordée à CNN, Hook a noté que Trump s’était engagé à isoler l’Iran diplomatiquement et à l’affaiblir économiquement afin qu’il ne puisse pas financer toutes les violences commises par le Hamas, le Hezbollah, les Houthis au Yémen et d’autres groupes mandataires en Irak et en Syrie.

On s’attend généralement à ce que Hook obtienne un poste de haut niveau dans la sécurité nationale au cours du deuxième mandat de Trump. Au cours de son premier mandat, il a préconisé une campagne de pression maximale sur l’Iran. Les défenseurs de cette politique affirment que cela a réduit les fonds disponibles pour les services de sécurité de Téhéran. Mais il n’a pas réussi à arrêter les opérations iraniennes par l’intermédiaire de ses mandataires ni ses travaux nucléaires.

Les exportations de pétrole iranien ont augmenté l’année dernière dans le cadre de négociations discrètes pour libérer les Américains détenus par le régime ce qui a incité les Républicains à accuser l’administration Biden de ne pas appliquer pleinement les sanctions pétrolières actuelles ce que la Maison Blanche a démenti.

L’arme du pétrole pourrait bien être utilisée

Trump a réimposé une interdiction complète sur les exportations de pétrole brut iranien en 2019 et ses exportations sont tombées à 250 000 barils par jour début 2020 ce qui est bien en-dessous de leur niveau d’il y a deux ans mais après l’entrée en fonction de Biden, il a atteint son plus haut niveau depuis six ans en septembre de cette année.

Une fois de retour à la Maison Blanche, Trump pourrait être confronté au même dilemme que celui auquel Biden a été confronté : limiter les ventes de pétrole de l’Iran et d’autres adversaires comme le Venezuela mais risquer ainsi une hausse des prix du pétrole et déclencher une inflation.

Robert McNally, un ancien responsable américain de l’énergie, a déclaré que l’administration Trump pourrait imposer un embargo américain sur les ports chinois recevant du pétrole iranien ainsi que des sanctions visant les responsables irakiens qui financent des milices soutenues par l’Iran. Il a indiqué que estimations d’une application stricte de l’embargo pétrolier suffirait à réduire d’au moins 500 000 barils par jour principalement des achats de pétrole chinois.

«Ce sera une pression maximale version 2.0», a déclaré McNally qui dirige désormais le cabinet de conseil Rapidian Energy Group basé à Washington.

Helima Croft, stratège en chef des matières premières de la société canadienne RBC Capital Market, a déclaré que les principaux conseillers de Trump avaient exprimé leur ferme soutien à une frappe israélienne sur les installations nucléaires et énergétiques iraniennes. Une autre personne en contact avec l’équipe de Trump a déclaré que le nouveau président pourrait être moins enclin à s’opposer à une telle démarche d’Israël.

Biden a demandé et obtenu l’assurance d’Israël avant son attaque contre l’Iran le 26 octobre qu’il ne frapperait pas des sites nucléaires ou des infrastructures énergétiques car les États-Unis craignaient que cela entraînerait une hausse des prix du pétrole et une escalade régionale plus large.

Le président iranien Masoud Pezeshkian a déclaré mercredi soir que le résultat des élections américaines n’avait pas d’importance pour son pays.

L’agence de presse de la République islamique d’Iran a cité Pezeshkian disant: «Pour nous, peu importe qui a gagné les élections américaines car notre pays et notre système dépendent de notre force interne.»

Un accord diplomatique États-Unis-Iran n’est pas exclu

Toutefois, les responsables iraniens sont divisés sur la question de savoir si la République islamique peut résister à une pression économique supplémentaire.

«La situation pourrait devenir catastrophique pour l’industrie pétrolière iranienne», a déclaré un responsable pétrolier iranien ajoutant que la Chine achète déjà du brut iranien à prix réduit tandis que l’Iran souffre d’une pénurie de gaz naturel -utilisé pour le chauffage et l’industrie- en raison des années de sous-investissement.

Pour sa part, un diplomate iranien a déclaré que Téhéran compenserait les restrictions américaines en approfondissant ses partenariats commerciaux par le biais de l’Organisation de coopération de Shanghai, axée sur l’Asie et d’autres alliances. Il a ajouté qu’elle pourrait également répondre aux pressions en intensifiant son programme nucléaire ou en menaçant les installations pétrolières du Moyen-Orient.

Malgré l’hostilité mutuelle, certains qui ont travaillé avec Trump n’excluent pas de parvenir éventuellement à un accord diplomatique entre les États-Unis et l’Iran au cours de son deuxième mandat. Toutefois, Mike Mulroy a précisé, et c’est une précision de taille, que «Trump aime conclure des accords mais seulement si c’est son accord».

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Au cœur de la guerre des espions entre l’Iran et Israël

23. Oktober 2024 um 07:58

À l’heure où la confrontation devient directe entre Israël et la République islamique d’Iran, une autre guerre est enclenchée entre eux, une guerre de l’ombre. Celle de l’espionnage. Jusque-là, ce sont les Israéliens qui sont parvenus à infiltrer l’Iran jusqu’à ses services de sécurité et leurs opérations ont porté un coup dur à leur adversaire cependant cette dernière tente tant bien que mal à prendre sa revanche.

Imed Bahri  

Le journal britannique The Times a publié une enquête de son correspondant de défense et de sécurité George Grylls depuis Tel Aviv dans laquelle il affirme que, selon les procureurs, des Israéliens auraient obtenu l’équivalent de centaines de milliers de livres de crypto-monnaie de l’Iran pour prendre des photos de sites militaires sensibles dans un contexte de recrudescence des preuves d’une opération d’espionnage réussie par Téhéran. 

La base aérienne de Nevatim, qui a été touchée par des missiles balistiques iraniens ce mois-ci, la base d’entraînement de Golani, où quatre soldats ont été tués dans une attaque de drone du Hezbollah, et les batteries aériennes Iron Dome, ont toutes fait l’objet de reconnaissance par des espions iraniens présumés.

Sept citoyens juifs israéliens de la ville de Haïfa dont un transfuge de l’armée et des mineurs ont été arrêtés après une enquête menée par le Shin Bet, l’agence de renseignement intérieur et la police israélienne. Selon les procureurs, certains suspects espionnaient depuis deux ans.

La guerre d’espionnage au Moyen-Orient

Les dernières arrestations ont mis en évidence l’escalade de la guerre d’espionnage au Moyen-Orient alors qu’Israël se prépare à répondre à la dernière attaque de missiles balistiques de l’Iran.

Des documents américains top-secrets contenant des détails sur l’entraînement militaire israélien ont été divulgués vendredi sur une chaîne pro-iranienne de la plateforme Telegram constituant la plus grave faille de sécurité à ce jour.

En Israël, Téhéran semble avoir recruté des dizaines d’agents en exploitant les sans-abri, les toxicomanes et les criminels.

Un homme nommé Vladimir Varkovsky, 35 ans, a été arrêté la semaine dernière à Tel Aviv après avoir été jusqu’à obtenir une arme après avoir négocié une somme de 100 000 dollars avec ses agents iraniens pour tuer un scientifique israélien.

Le journal souligne qu’il y a quelques jours, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté Vladislav Viktorsson (30 ans) et sa compagne Anna Bernstein (18 ans), accusés d’avoir obtenu 20 dollars pour chaque graffiti anti-Benjamin Netanyahu qu’ils avaient fait à Ramat Gan et Petah Tikva.

Le mois dernier, l’homme d’affaires israélien Moti Maman, âgé de 72 ans, a été impliqué dans une affaire plus grave dans laquelle il a été accusé de s’être rendu en Iran pour exiger 1 million de dollars pour aider à assassiner Netanyahu.

En offrant d’énormes sommes d’argent à des traîtres potentiels, Téhéran semble avoir tiré les leçons des récentes opérations de renseignement du Mossad.

Yossi Cohen, l’ancien chef du Mossad, a donné un rare aperçu des opérations en Iran lors d’une interview d’adieu il y a trois ans lorsqu’il a révélé un vol des archives nucléaires iraniennes en 2018 commis par 20 agents dont aucun n’était israélien.

Bani Sabti, 52 ans, un juif né à Téhéran, a déclaré: «Il est tout à fait normal que les Iraniens qui souffrent du régime se rendent au Mossad ou à la CIA et leur vendent des informations ou mettent quelque chose quelque part ou prennent une photo d’un voisin qui peut être un scientifique ou un dirigeant des Gardiens de la révolution iraniens.» Il a ajouté: «Des millions d’Iraniens veulent coopérer avec Israël. Personne ne gagne beaucoup d’argent et pourtant les appartements sont chers. C’est comme à la fin de l’Union Soviétique. Pourquoi être un travailleur bon marché avec un petit salaire quand on peut devenir un espion?»

Condamnations à mort contre des traîtres présumés

Sabti, consultant auprès de l’armée israélienne pour sa production en persan, est également consultant sur ‘‘Téhéran’’, une série télévisée à suspense israélienne sur une juive d’origine iranienne qui retourne dans son pays natal pour espionner pour le compte du Mossad, une histoire basée davantage sur la fiction que sur la réalité, a-t-il précisé.

Les succès célèbres du Mossad en Iran incluent l’assassinat du responsable du programme nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh à l’aide d’une mitrailleuse télécommandée, l’infection du réseau informatique nucléaire iranien avec des logiciels malveillants et l’assassinat d’Ismail Haniyeh, le chef du Hamas, dont la planque à Téhéran était truffée d’explosifs.

L’espionnage israélien à Téhéran est si étendu que Mahmoud Ahmadinejad, l’ancien président iranien, s’est plaint le mois dernier que le chef du contre-espionnage du pays -chargé de découvrir les espions- avait été en réalité un agent double du Mossad.

L’Iran exécute régulièrement des condamnations à mort contre des traîtres présumés. Ces dernières semaines, la facilité apparente avec laquelle Israël a assassiné Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a conduit à de nouveaux soupçons de trahison.

Ismail Qaani, le commandant de la Force Al-Quds, l’unité spéciale des Gardiens de la révolution chargée des opérations extérieures, a disparu pendant trois semaines, ce qui a donné lieu à des rumeurs selon lesquelles il avait été convoqué pour un interrogatoire car soupçonné d’être un agent double.

Finalement, Qaani est apparu la semaine dernière aux funérailles d’un commandant supérieur des Forces Al-Quds tué à Beyrouth avec Hassan Nasrallah, il a été filmé essuyant ses larmes devant les caméras et Téhéran a démenti les informations selon lesquelles il était un espion du Mossad.

Le rôle déterminant des juifs iraniens

Dans le centre de Tel Aviv, les convives dégustent des bols de qourmeh sabzi, une soupe persane composée d’herbes, de viande et de citron séché, accompagnée de cornichons et de tahini. Une photo du Shah et de son épouse la Shahbanu Farah Pahlavi portant un voile éclatant surplombe l’agitation du déjeuner. «Je suis iranien et israélien», déclare Yoav (35 ans) dont la famille a immigré d’Ispahan et a ouvert un restaurant iranien au marché Levinsky à Tel Aviv. «J’appartiens aux deux cultures», a-t-il ajouté. 

Après la révolution islamique iranienne en 1979, des dizaines de milliers de Juifs iraniens qui bénéficiaient de la protection religieuse sous le Shah ont fui. La population juive d’Iran est passée de 80 000 à la veille de la révolution à seulement 10 000 aujourd’hui mais elle reste pourtant la plus grande communauté juive du Moyen-Orient en dehors d’Israël.

Téhéran tente souvent de forcer les membres de sa minorité juive à mener des opérations secrètes et psychologiques contre Israël en partageant des photos de la communauté protestant contre la réponse israélienne à l’opération Déluge d’Al-Aqsa du 7 octobre 2023.

L’année dernière, le Shin Bet a arrêté un jeune juif iranien qui rendait visite à sa famille en Israël. Il a été expulsé vers l’Iran après la découverte qu’il avait introduit clandestinement du matériel de surveillance dans une boîte de mouchoirs.

Les Irano-Israéliens se retrouvent souvent pris dans une lutte acharnée entre les superpuissances militaires du Moyen-Orient. «Je reçois tout le temps des messages sur Facebook et Instagram de gens disant: ‘‘S’il vous plaît, faites-nous sortir’’ ou ‘‘Dites à Bibi (surnom de Benjamin Netanyahu en Israël, Ndlr) de continuer’’ ou encore ‘‘Si Dieu le veut, le régime va changer et vous pouvez venir chanter ici’’», a déclaré Rita Yahan-Farouz, 53 ans, chanteuse originaire de Tel Aviv.

Rita Yahan-Farouz est née à Téhéran et sa famille juive a traversé la frontière montagneuse avec le Pakistan pour échapper au régime en 1983. Ses chansons en persan, imprégnées du soufisme, ont une large base de fans dans son pays de naissance, et des Iraniens lui ont souvent demandé de les aider à communiquer avec le Mossad. Mais, malgré son amour pour le peuple iranien, elle ne s’oppose pas à la manière dont Israël gère la menace iranienne à la suite de la récente attaque de missiles balistiques. «Quand vous devez tirer, tirez d’abord», a-t-elle déclaré.

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