Le logement, un luxe inaccessible ? L’expert Rhili alerte
Les derniers chiffres du recensement général de la population et de l’habitat réalisé en 2024 reflètent une évolution remarquable de la structure démographique de la société tunisienne qui est en train de vieillir mais à un rythme naturel qui, pour l’heure, n’a pas de quoi susciter l’inquiétude. Toutefois, la stagnation du taux de fécondité inférieur à deux enfants par femme et qui ne permet pas le renouvellement des générations et le faible taux d’accroissement annuel moyen de la population qui s’élève à 0.87% au cours des dernières décennies ont eu des répercussions, même si elles ne sont pas directes, sur plusieurs secteurs dont celui de la promotion immobilière.
800 mille logements sont actuellement vides car ils n’ont toujours pas trouvé acquéreur. Mais tout ne peut pas être imputable uniquement au facteur démographique. La cherté de la vie, l’inflation et la hausse du coût des matières premières seraient principalement responsables des prix hors de portées des logements. Toutefois, l’ensemble de ces facteurs ne justifieraient pas, selon l’expert Houcine Rhili, le coût hors de prix de ces logements défini par les promoteurs immobiliers sur la base de l’offre et de la demande régulé par le principal marché ciblé par ces derniers : celui des tunisiens résidant à l’étranger ainsi que des citoyens étrangers vivant dans les pays voisins et qui peuvent acheter des appartements mais sous certaines conditions.
Conséquence : le secteur de la promotion immobilière a enregistré une flambée des prix marquée par une hausse du prix des logements qui a sextuplé au cours des cinq dernières années, a affirmé l’expert Houcine Rhili lors de son passage récent à la radio. Aujourd’hui le coût moyen d’un logement d’une superficie de 70 m2 avoisine les 350 mille dinars alors que le m2 est estimé à trois mille dinars et plus dans certaines zones huppées de la capitale, ce qui le rend inaccessible pour un couple constitué de cadres moyens pour qui l’accès au logement est inenvisageable, au vu des prix quasi inaccessibles.
Toujours d’après Rhili, alors qu’il y a deux décennies et plus, un couple pouvait devenir propriétaire d’un logement au bout de dix ans en en a ayant remboursé totalement tous les frais, if faut, en moyenne, aujourd’hui, entre quinze et vingt ans et même plus pour se rendre acquéreur d’un logement sans qu’il soit hypothéqué auprès de la banque. En ces temps difficiles, l’accès à un logement passe aujourd’hui indéniablement par l’engagement d’une réflexion sur la baisse du taux directeur des prêts logements ainsi que la mise en place d’autres mécanismes d’incitation.