Crise de l’huile d’olive en Tunisie : Entre les coûts élevés et le rôle controversé de l’Office national de l’huile
Le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), Moez Ben Zagdane, a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la situation critique de la filière de l’huile d’olive en Tunisie. Selon lui, le coût de production oscille entre 13 et 14 dinars par kilogramme, mais les prix offerts aux agriculteurs, notamment par l’Office national de l’huile (ONH), ne couvrent pas ces coûts.
Lors d’une interview accordée à l’Agence TAP, Ben Zagdane a déploré que l’ONH ait récemment acheté de l’huile d’olive auprès des agriculteurs de Zarzis, dans le gouvernorat de Médenine, à des prix avoisinant seulement 8 dinars. Cette pratique contribue à faire chuter les prix sur le marché local, accentuant les difficultés des producteurs.
En effet, la saison 2024-2025 de l’huile d’olive se distingue par une augmentation significative de la production nationale, mais également par des difficultés à valoriser cette production. L’année précédente, bien que marquée par une production moyenne en termes de quantités, avait généré des revenus prometteurs grâce à des prix mondiaux élevés, permettant aux agriculteurs, aux exportateurs et à l’État de tirer profit de cette manne. En effet, les recettes en devises avaient avoisiné 5 milliards de dinars.
Cependant, cette année, les prix internationaux sont en baisse et l’ONH, censé jouer un rôle régulateur, n’a pas été à la hauteur des attentes. Ben Zagdane estime que “l’ONH n’était pas prêt à gérer une augmentation de la production nationale d’huile d’olive”. Jusqu’à présent, l’office n’a accepté que des quantités très limitées, adoptant une approche préventive plutôt que prospective.
Des coûts de production non couverts
Et avec des coûts de production variant entre 13 et 14 dinars, voire plus dans certains cas, les prix actuels ne permettent pas aux agriculteurs de rentabiliser leur activité. Les oliveraies irriguées, qui représentent entre 60 et 70 % des exploitations en Tunisie, sont particulièrement touchées par des coûts de production plus élevés que celles en pluvial. De plus, le recours à la main-d’œuvre pour la récolte augmente encore les charges.
Face à ces difficultés, certains agriculteurs préfèrent attendre une éventuelle hausse des prix plutôt que de récolter leurs olives. “Il ne s’agit pas d’une réaction à la situation actuelle, mais d’une nécessité économique. Les agriculteurs veulent vendre leur production à un prix qui couvre au moins leurs coûts”, a expliqué Ben Zagdane.
Sur un autre plan, il a souligné que la consommation locale d’huile d’olive reste faible, avoisinant les 40.000 tonnes par an. Ben Zagdane plaide pour l’instauration d’un prix national pour l’huile d’olive sur le marché intérieur, via un mécanisme de soutien ou d’intervention de l’État. Toutefois, il précise que 90 % de la production nationale devrait continuer à être orientée vers l’exportation, en fonction des prix mondiaux.
Malgré les défis actuels, Ben Zagdane reste optimiste quant aux perspectives futures. Selon lui, les indicateurs climatiques et les analyses prospectives annoncent une bonne saison pour 2025-2026. “Il est crucial que l’ONH et l’État préparent une stratégie efficace pour anticiper les problèmes structurels de la filière et soutenir les agriculteurs dans les saisons à venir”, conclut-il.
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