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DOSSIER | Agriculture tunisienne : quand l’intelligence locale finit à l’export

14. Oktober 2025 um 10:35

La Tunisie, pays des occasions perdues. Un cliché ? Non. C’est une réalité qui se confirme à chaque fois qu’une initiative audacieuse pointe le bout de son nez. Dans un pays où les idées brillantes ne manquent pas, la volonté politique pour les faire aboutir fait malheureusement défaut.

Très fréquemment des solutions sont sabordées avant même qu’elles ne prennent racine et nous ne savons plus si elles sont écartées par ignorance, par lâcheté, par inconscience ou sciemment.

L’agriculture — pourtant levier stratégique — reste l’otage de l’immobilisme, d’un certain clientélisme et de la bêtise bureaucratique. L’exemple de la plateforme “Wise Agriculture Exchange Trading System” conçue par Yassine Grissa illustre à merveille cette incapacité à transformer le potentiel en progrès.

Tout était possible, il suffit de vouloir

Initier de sérieuses réformes agricoles peut pourtant de toute évidence stimuler la croissance réelle et améliorer le PIB. Malheureusement, à chaque tentative pour des changements positifs réels, le scénario est le même : on salue poliment, on applaudit en réunion, puis on enterre proprement. Tout projet innovant est tué dans l’œuf, mais pas sans que les hauts responsables l’aient d’abord salué, histoire de pouvoir dire plus tard : “On en avait entendu parler.”

« En Tunisie, les projets innovants sont applaudis avant d’être enterrés, souvent par paresse ou calcul politique. »

Une plateforme innovante… ignorée

“Wise Agriculture Exchange Trading System” est un outil unique en son genre : centralisation de données agricoles, cartographie des terres, identification des agriculteurs, accès au financement, aux semences, à la production, à la récolte, jusqu’à l’exportation.

Une révolution numérique pensée pour fluidifier toute la chaîne de valeur agricole tunisienne. Si elle avait été adoptée – ne serait-ce qu’un peu – par ceux qui doivent justement porter ce genre d’innovation, à commencer par le ministère de l’Agriculture, elle aurait pu : briser le monopole des spéculateurs, libérer les petits agriculteurs du joug des rentiers, booster les exportateurs modestes et économiser des centaines de millions de dinars.

Adoptée au Togo, ignorée en Tunisie

Rien que les 100 millions de subventions de l’APIA pour les exportateurs auraient pu être redéployés. Quant au CEPEX, il aurait enfin pu se concentrer sur d’autres marchés, d’autres stratégies. Grâce à la plateforme, tout pouvait se vendre depuis Tunis. Facile. Transparent. National.

Mais non…Ceux censés servir les intérêts nationaux ne la voient pas et cela date d’au moins 8 ans !

La plateforme tunisienne est aujourd’hui utilisée… au Togo. Oui, vous avez bien lu. Là où les dirigeants ont su voir l’intérêt stratégique du projet.

« Cette plateforme tunisienne, ignorée par nos institutions, fonctionne aujourd’hui au Togo, preuve qu’elle était viable. »

Quand un haut responsable joue les VRP de l’Égypte

En Tunisie ? Un haut responsable a préféré suggérer à son créateur, Yassine Grissa, de travailler avec un homme d’affaires égyptien, sous prétexte que ce dernier possède une plateforme sur le coton. “Vous savez, les relations Tunisie-Égypte sont bonnes. On ne voudrait pas froisser cet investisseur…”, a-t-il osé dire. Le pompon ? Quand Grissa demande: « Et nos données agricoles, elles seront hébergées où ? La réponse fuse : « En Égypte ! *

Un dicton qui en dit long

On brade nos terres, nos agriculteurs, nos données pour faire plaisir à un homme d’affaires étranger. Pendant ce temps, ceux qui veulent construire, innover, investir localement sont poussés vers la sortie et on parle de souveraineté !

Dans pareils cas, refuser la proposition comme l’a fait Grissa, devient un acte de résistance parce que certains parmi ceux censés défendre les intérêts nationaux sont ceux-là-même qui par calcul politique ou par paresse intellectuelle, les torpillent. Ce qui nous renvoient à ce dicton populaire qui dit ‘’ inti qui kandil bab Mnara, tdhawi al barani” (Vous être telle la lanterne de Bab Mnara, vous éclairez la route des étrangers aux dépends des vôtres” !

« Dans ce contexte, refuser la compromission devient un acte de résistance face à la démission institutionnelle. »

À quand une vraie politique de soutien national ?

Nous pouvons multiplier les exemples. Ils sont pullulants.

En attendant quoi ? Que des responsables patriotes nettoient les appels d’offres minés, corrigent les cahiers des charges discriminants et cessent de traiter les opérateurs tunisiens comme des figurants.

Sinon, la Tunisie continuera à être le dindon de toutes les farces économiques.

Amel Belhadj Ali

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