Afrique du Nord : comment dépasser le crime moral des frontières coloniales?
03. November 2025 um 10:58
Considéré comme un compromis historique, le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, notamment en Afrique du Nord et au Sahel, perpétue en réalité un crime moral et un obstacle majeur à la stabilité, au développement et à la cohésion nationale. Telles sont les grandes lignes du post d’Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique. Il s’intéresse, en particulier, à la restitution des territoires illégalement attribués à l’Algérie par les ex-puissances coloniales. Elle lui apparaît comme un impératif historique et moral pour rétablir la justice entre voisins. Face à une politique algérienne « prédatrice et déstabilisatrice, la reconnaissance de cette injustice devient essentielle pour la paix, la liberté et le respect des peuples africains », déclare-t-il.
Vous trouverez ci-joint le post d’Elyes Kasri :
« Des « réalistes » pour certains, « défaitistes » pour d’autres, se prévalent de l’intangibilité des frontières pour dénigrer toute requête de restitution des territoires illégalement et injustement octroyés par les ex-puissances coloniales à d’autres pays notamment à l’Algérie, au détriment de tous ses voisins y compris la Tunisie.
Le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation a été un compromis qui a permis en 1963 la création de l’Union de l’Unité Africaine; mais s’est avéré par la suite- outre son péché moral de perpétuation du crime de pillage territorial par les ex-puissances coloniales, assimilable à un crime de guerre- être un obstacle à la stabilité et au développement économique de toutes les régions d’Afrique en particulier l’Afrique du nord et du Sahel.
Ce tracé imposé arbitrairement par les puissances coloniales pour faciliter leur pillage de l’Afrique n’a tenu aucun compte de l’histoire, de la culture et de la cohésion ethnique des territoires découpés. Créant ainsi un obstacle majeur à toute cohésion nationale des pays supposément décolonisés et à tout processus démocratique et de développement.
D’autre part, perpétuer les frontières tracées par les puissances coloniales au détriment de leurs voisins pour des considérations propres aux puissances coloniales ferait de ces pays décolonisés des héritiers et plus précisément des receleurs de territoires et de richesses volés par la force armée.
Recourir à l’argument fallacieux de justification de la perpétuation de ce pillage territorial avec ce qu’il peut renfermer de richesses et de moyens de développement pour des peuples voisins, par le nombre de martyrs de la lutte pour la libération nationale, serait déshonorer la cause d’émancipation du joug colonial, d’indépendance et de liberté pour laquelle ces combattants ont fait le sacrifice suprême.
L’Algérie a l’obligation historique et morale de rendre à tous ses voisins les territoires que s’est octroyés pour son compte la France en pensant que l’Algérie lui appartiendrait éternellement.
Ni les armes, ni le soudoiement par les fruits du recel des richesses volées servies en contrats de faveur ou en valises de dollars et d’euros n’assureront à l’Algérie ni la paix, ni la respectabilité, surtout après la chute de la feuille de vigne du Sahara Occidental et la prise de conscience par la communauté internationale de la véritable nature prédatrice et autocratique de ce régime ainsi que sa politique systématique de déstabilisation de ses voisins par différents moyens y compris la subversion et le terrorisme.
L’histoire est pleine de retournements et la volonté des peuples et leur attachement à la terre de leurs ancêtres est similaire à une rivière qui finit toujours par rejoindre son lit naturel. »
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