Merci du fond du cœur au grand peuple espagnol !
Reconnaissance de l’Etat palestinien, dénonciation du génocide à Gaza, boycott culturel et sportif d’Israël, embargo sur les armes destinées à Tel-Aviv. Le gouvernement espagnol et son peuple sont en pointe dans le soutien à la cause palestinienne. Et c’est tout à leur honneur.
Drôle d’époque. L’Histoire retiendra qu’au moment où le dernier Sommet arabo-islamique de Doha se transforma en un concours de rhétorique où les tribuns de 57 pays arabes et musulmans se couvraient de ridicule avec leurs discours creux et ampoulés pour mieux anesthésier leur opinion publique et afin de dissimuler leur incapacité à venir concrètement au secours de leurs frères que les forces d’occupation israélienne massacrent allégrement à Gaza. Et alors que le dit Sommet de la honte n’a accouché que d’une piteuse résolution finale exhortant du bout des lèvres les participants à « revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël. L’Espagne, un pays de tradition catholique, situé de surcroit à des milliers de kilomètres de la Palestine occupée, aura pris en revanche des mesures à la fois concrètes et symboliques pour dénoncer le génocide qui se perpétue depuis deux ans à Gaza.
Boycott culturel espagnol
Comment ? En annulant des contrats avec l’Etat hébreu et en menaçant de boycotts sportifs et à l’Eurovision si Israël participait à ces événements. A ce titre, la télévision publique, chargée de sélectionner le représentant ibérique, a annoncé qu’elle ne participera pas « si Israël continue à prendre part au festival de musique, alors que le massacre à Gaza persiste ». Sachant que l’Irlande, la Slovénie, l’Islande et les Pays-Bas ont déjà annoncé qu’ils n’enverraient pas de représentant lors de la prochaine édition si Israël y prend part.
Zapper le Mondial 2026 ?
Plus spectaculaire. L’Espagne, une grande nation de football et sérieuse prétendante au titre, prête à boycotter la Coupe du monde de football 2026 si Israël participait à la messe mondiale ?
La position du gouvernement espagnol et de son parti au pouvoir, le PSOE, est claire : ils demandent l’exclusion d’Israël des compétitions sportives internationales, un peu comme la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Ainsi, le porte-parole du PSOE, Patxi López, a indiqué lundi dernier sur la chaîne publique RTVE que l’Espagne « examinerait la question et ne tolérerait pas la présence israélienne dans de tels événements ».
Sachant que pour l’heure, la qualification d’Israël à la Coupe du monde 2026 est possible : les Israéliens pointent à la troisième place de leur groupe, à six points de la Norvège avec encore trois matchs à jouer. Ils ont le même nombre de points que l’Italie, provisoirement deuxième, avec une rencontre de plus déjà jouée. Donc tout est possible.
Le Tour d’Espagne perturbé
Toujours dans le domaine des compétitions sportives, rappelons que le Tour d’Espagne de cyclisme a été régulièrement perturbé par des manifestations pro-palestiniennes afin de protester contre la présence de l’équipe Israël-Premier Tech. La dernière étape dimanche n’a pas été à son terme à Madrid, en raison des manifestants qui ont envahi le circuit final. Sachant que le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a exprimé son « admiration » à l’égard de ces manifestations militantes qui ont jalonné la course.
« La grande majorité de la société descend dans la rue pour s’exprimer et protester contre le génocide », a expliqué Patxi López, le porte-parole du Parti socialiste ouvrier espagnol. « Elle le fait surtout lorsqu’une équipe israélienne, financée par quelqu’un qui soutient directement Netanyahu et son massacre, parcourt nos rues. C’est ce qu’on appelle la dignité d’un peuple qui ne veut pas être complice ». Chapeau bas senior López !
Un milliard de dollars partis en fumée
Mais au-delà de la mobilisation dans les manifestations sportives et la menace de boycott de l’Eurovision si Israël y participait, le gouvernement du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a accentué la pression sur Tel-Aviv en annonçant la semaine dernière de nouvelles mesures qui visaient à « consolider juridiquement » l’embargo sur les contrats d’armement avec Israël.
En effet, en attendant le décret royal visant à interdire légalement tout commerce d’armes, de munitions et de matériel militaire avec Israël, le gouvernement applique déjà cette mesure d’embargo qui fait partie des neuf sanctions annoncées le 9 septembre.
Ainsi, le ministère espagnol de la Défense a annulé deux contrats d’une valeur totale d’environ 1 milliard d’euros avec des entreprises israéliennes portant sur des lance-roquettes mobiles Silam et le système de missiles antichars Spike L.R., tous deux destinés aux forces armées.
Le premier, un contrat de près de 700 millions d’euros pour des lance-roquettes de conception israélienne a notamment été annulé.
Ce contrat, attribué à un consortium formé par des entreprises espagnoles, prévoyait l’acquisition de 12 exemplaires du système de lance-roquette de haute mobilité (SILAM), développé à partir du système Puls du groupe israélien Elbit Systems.
Le second contrat d’une valeur de 287,5 millions d’euros a été également annulé le 9 septembre en cours. Il prévoyait notamment l’acquisition de 168 lanceurs de missiles antichars, qui devaient être fabriqués en Espagne sous licence d’une entreprise israélienne.
Rappelons enfin que les relations entre l’Espagne et l’Etat hébreu sont extrêmement tendues depuis plusieurs mois. Israël n’a plus d’ambassadeur en Espagne depuis la reconnaissance de l’État de Palestine par le gouvernement de Pedro Sánchez en 2024. Et Madrid a également rappelé son ambassadrice en Israël la semaine dernière. Et ce, après les échanges très vifs entre les deux pays qui ont suivi l’annonce des nouvelles mesures défendues par le gouvernement espagnol.
En comparaison, 1,6 milliard de musulmans, qui représentent environ le quart de la population mondiale, se contentent dans leurs cinq prières d’implorer le Tout-Puissant d’alléger la souffrance de leurs frères palestiniens et de lancer ses foudres sur l’occupant israélien. Ne vaut-il pas mieux en rire qu’en pleurer ?
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